Les interrogatoires des mis en examen
Il �tait tout d'abord proc�d� par proc�s-verbaux distincts � la pr�sentation � chacun des mis en examen de l'int�gralit� des scell�s regroup�s par lieux de d�couvertes et de saisies.
Tous refusaient de s'expliquer sur les objets saisi. � l'exception de Jean VENTURINI, St�phane VERGELLATI et Dominique MATTEACCIOLI, ILS d�claraient que le mat�riel appartenait � leur organisation, le F.L.N.C., et que leur pr�sence sur le site ou sur leurs lieux d'arrestation ce soir-l� �tait li�e � la lutte arm�e men�e par le F.L.N.C. contre la sp�culation immobili�re.
Le journaliste J�r�me FERRACCI en revanche confirmait ses d�clarations et acceptait de les d�tailler.
Reconnaissant que la liste des v�tements contenus dans le scell� couvert n� C135 correspondait bien aux v�tements qu'il portait le soir de son arrestation, il indiquait qu'il s'agissait l� des seuls objets lui appartenant. Il se d�clarait par ailleurs surpris par l'ampleur du mat�riel saisi. Il trouvait que cela "faisait beaucoup" pour le peu de personnes qu'ils �taient.
Rappelant qu'il �tait assis � l'avant du v�hicule Renault Express, et qu'il faisait nuit noire, il affirmait n'avoir vu aucune arme dans le v�hicule. Sentant que "quelque chose clochait et ne s'�tait pas bien pass�" et pensant que "quelque chose allait se produire de mani�re imminente", il regardait droit devant lui pour essayer de voir o� ils allaient, sachant cependant qu'il y avait des gens � l'arri�re de la voiture, que certains, dont le conducteur, �taient porteurs de cagoules, et qu'ils �taient suivis par un second v�hicule dont il voyait les phares dans le r�troviseur lat�ral.
Lorsqu'ils avaient d�marr�, le v�hicule Express �tait le deuxi�me du convoi mais rapidement la premi�re voiture s'�tait arr�t�e sur le chemin. Ses occupants en �taient descendus et l'avaient pouss�e sur le bas-c�t�. FERRACCI qui avait pens� que le v�hicule �tait en panne avait constat� que ses occupants �taient mont�s soit dans l'Express, soit dans l'autre voiture, indication qu'il n'avait pas fournie aux enqu�teurs. Il ne pouvait donner davantage de pr�cisions sur leur nombre et le v�hicule qu'ils avaient emprunt� en raison de son �tat d'inqui�tude grandissant.
Au moment o� il les avait vus pousser leur v�hicule, il avait en effet entendu le bruit d'une explosion, la seule qu'il ait per�ue, et des occupants de la voiture dire "c'est le bateau".
Concernant les raisons et circonstances de sa pr�sence sur les lieux, J�r�me FERRACCI rappelait que son "contact", dont il refusait de d�voiler tout �l�ment d'identification, apr�s l'avoir appel� vers 15 heures 30, �tait arriv� chez lui vers 17 heures 30 lui demandant s'il �tait disponible pour le suivre et lui pr�cisant de ne prendre ni appareil photographique, ni magn�tophone.
Voyant sa tenue kaki et pensant � une conf�rence de presse du F.L.N.C., FERRACCI avait donc mis la tenue qui lui paraissait adapt�e.
Partis � bord du v�hicule de son "contact", une 404, ils avaient gagn� un bas-c�t� situ� sur la route BONIFACIO, pr�s de cette localit�, et s'y �taient arr�t�s, alors qu'il faisait encore jour.
Son chauffeur lui avait expliqu� que le F.L.N.C. ayant annonc� r�cemment dans une conf�rence de presse la rupture de la tr�ve, une op�ration d'envergure qu'il fallait m�diatiser allait avoir lieu.
FERRACCI avait �t� choisi pour assurer cette m�diatisation, car il �tait Corse, b�n�ficiait d'une certaine notori�t� et travaillait sur le continent.
Il avait sans succ�s essay� d'avoir davantage de d�tails de la part de son interlocuteur,. Il lui avait ensuite indiqu� que s'il devait couvrir cet �v�nement, il voulait une interview du responsable de l'op�ration, et que par ailleurs il n'�tait pas s�r que son article soit retenu. Mais que s'il l'�tait, il serait certainement assorti d'un �ditorial d�favorable au F.L.N.C., ce qui n'avait pas �mu son "contact".
� la nuit, ils avaient repris la route et �gaient donc arriv�s par des chemins ignor�s de FERRACCI jusqu'� une clairi�re en bordure de mer, qu'il ne pouvait situer. Il y avait vu au moins trois voitures dont la Renault Express et une plus petite mais aucun individu. Il n'excluait pas cependant la pr�sence d'une voiture suppl�mentaire.
Le "contact" �tait reparti avec sa voiture et FERRACCI, rest� seul dans le froid et l'obscurit�, s'�tait assis dans l'Express, qui �tait vide de tout contenu et y avait attendu deux heures environ.
Il avait alors per�u un bruit de moteur de bateau suivi par un bruit assez fort, pouvant correspondre � un bateau qui s'�choue.
Pr�c�demment, lors de sa garde � vue, FERRACCI avait expliqu� que son "contact" avait attendu avec lui et qu'il ne l'avait perdu qu'au moment de l'arriv�e du bateau.
Aussit�t apr�s, il avait entendu des �clats de voix en langue corse, pens� qu'il y avait "une merde" quelque part. Il avait vu arriver dans la clairi�re des hommes arm�s, tandis que r�sonnaient des cliquetis du type de ceux faits par des armes qui s'entrechoquent. Il n'avait pas not� la pr�sence de gens portant des sacs mais tout s'�tait pass� tr�s vite, dans l'obscurit�, et lui-m�me commen�ait � �tre inquiet de se trouver l�.
Les hommes �taient mont�s dans les v�hicules. L�un d'eux, cagoul�, qui s'�tait mis au volant de l'Express lui avait fait signe de monter, ce qui lui avait fait penser qu'il savait qui il �tait. Il en avait eu confirmation � la Compagnie de Gendarmerie de PORTO VECCHIO o� l'homme lui avait dit "Monsieur le journaliste, on regrette beaucoup pour vous. Ce sera pour une prochaine fois". Ils avaient ensuite d�marr� et en dehors de l'incident de la Clio, les seuls �changes de paroles avaient concern� l'itin�raire. Tous les passagers de l'Express, devenu v�hicule de t�te, semblaient ne pas conna�tre les lieux et ne savoir o� aller. L'ensemble donnait une impression de d�bandade. Ils �taient finalement arriv�s sur la route de PORTO VECCHIO, qu'ils avaient emprunt�e sur leur droite.
Ils avaient peu apr�s tourn� � gauche. Selon J�r�me FERRACCI, ses compagnons avaient d�cid� d'aller vers la montagne pour quitter la nationale, mais ne savaient o� ils se trouvaient. � peine engag�s sur la route, ils s'�taient arr�t�s en apercevant au loin un feu rouge faisant penser � un barrage. Les deux voitures s'�taient mises � m�me hauteur pour que les occupants puissent discuter du probl�me et apr�s quelques h�sitations, ils avaient d�cid� de reculer mais tr�s vite les gendarmes �taient arriv�s.
J�r�me FERRACCI reconnaissait en outre que sur le trajet entre le point d'abandon de la Clio et la Nationale, les passagers arri�re avaient parl� en corse de coups de feu tir�s sur les lieux de l'op�ration, mais il avait eu l'impression qu'ils ne savaient ni qui avait tir�, ni ce qui s'�tait pass�.
Ses compagnons refusant de s�exprime, rien ne permettait d'infirmer ses d�clarations.
Fait troublant rest� inexpliqu� et qui pencherait en faveur d�une affaire � arrang�e �, pourquoi l'unique itin�raire pour rejoindre la clairi�re et en repartir avait-il �t� ce chemin de terre sur lequel �tait implant� un point de surveillance du dispositif confi� aux fonctionnaires de Police Judiciaire ? Pourquoi ces derniers n�avaient-ils consign� aucune observation, et selon leur Directeur n'en avait pas faites ? Et ce alors que selon FERRACCI, lui-m�me et son "contact" vers 20 heures puis la Renault 19 et la Renault Express avec dix hommes � bord �taient pass�s devant ce point de surveillance.
Les constatations mat�rielles effectu�es (d�couvertes du bateau et de la Renault 19 carbonis�s) accr�ditaient cependant la version de FERRACCI.
Au cours d'interrogatoires ult�rieurs r�capitulant l'ensemble des �l�ments mis en exergue par la proc�dure, la plupart des mis en examen refusaient de s'exprimer, Pierre GUERRINI, Jean Baptiste ISTRIA, Christian LANFRANCHI, Pierre LORENZI, Jean-Pierre LUCIANI, Dominique MATTEACCIOLI, Georges PREZIOSI et Jean VENTURINI cependant reconnaissaient leur appartenance au F.L.N.C., Horace ROSSI la niait et PREZIOSI, interrog� sur ses liens familiaux �ventuels avec J�r�me FERRACCI, sa m�re portant le nom de FERRACCI, disait les ignorer.
St�phane VERGELLATI maintenait les termes de sa d�position du 28 mars au soir, relatifs � sa participation personnelle mais ne reconnaissait pas son appartenance au F.L.N.C.
�ric CAPTIER, employ� depuis le 4 septembre 1992 comme gardien du site de SPERONE et log� dans l'immeuble du Hameau de PIANTARELLA depuis le 15 novembre 1993, r�v�lait dans une nouvelle audition qu�il connaissait St�phane VERGELLATI avec qui il s'�tait li� depuis le mois de juin 1993 et dont la concubine, Khadifa ADOUFAI, �tait une amie de sa femme.
Le samedi 26 mars, VERGELLATI �tait d'ailleurs venu lui rendre visite dans l'apr�s-midi pour boire un caf�. CAPTIER connaissait par ailleurs de vue Baptiste Antoine CANONICI, pour l'avoir crois� � FIGARI. Le jour des faits, CAPTIER qui n'�tait pas d'astreinte avait pass� la journ�e chez des amis avec sa famille et avait regagn� seul son domicile peu avant les arrestations auxquelles il n'avait pas assist�.
Le 23 janvier 1995, l'Adjudant DOLAIN de la Brigade de Gendarmerie de BONIFACCIO faisait �tat par proc�s-verbal d'un renseignement anonyme dont il r�sultait qu'�ric CAPTIER et sa famille avaient quitt� pr�cipitamment la Corse en raison de menaces physiques qu'aurait exerc� le 13 janvier 1995 St�phane VERGELLATI, remis en libert� sous contr�le judiciaire fin d�cembre 1994.
Ces menaces seraient li�es � une ranc�ur de VERGELLATI cons�cutive au fait que son ami CAPTIER ne l'avait pas avis� de l'embuscade mise en �uvre par les services de police le 27 mars 1994 et qui avait conduit � son arrestation.
Ces faits poursuivis dans le cadre d'une proc�dure distincte ne devaient pas pouvoir �tre caract�ris�s.
Baptiste Antoine CANONICI, apr�s avoir longtemps refus� de s'expliquer consentait le 20 juillet 1995 � relater sa participation aux faits.
Il indiquait avoir �t� avis� par message, vingt-quatre heures avant son arrestation, qu'il devrait participer le lendemain soir � une op�ration de son mouvement contre la sp�culation immobili�re et � cet effet que rendez-vous lui �tait fix� dans le maquis. Apr�s avoir rev�tu la tenue vestimentaire qu'il portait lors de son arrestation, il s'�tait rendu au rendez-vous.
Concernant cette tenue vestimentaire, il pr�cisait que contrairement aux indications port�es en proc�dure, il n'�tait pas v�tu d'une parka mais d'une veste de treillis courte.
Sur pr�sentation de l'album regroupant les photographies de l'ensemble des gard�s � vue, il identifiait cette veste sur sa photographie en noir et blanc, les v�tements figurant sur la photographie en couleur en revanche �tant tous des v�tements apport�s par sa famille au cours d'une des "visites" qu'elle �tait venue lui faire pendant sa garde � vue.
En arrivant au point de rendez-vous dans le maquis, il avait retrouv� les trois hommes arr�t�s avec lui ainsi que le mat�riel qui lui �tait destin�, ce mat�riel appartenant � l'organisation et n'�tant confi� aux militants que pour la dur�e d'une op�ration.
S'il n'avait pas conserv� souvenir pr�cis du dit mat�riel, il ne contestait pas la liste des objets trouv�s sur lui ou dans son sac � dos.
Son r�le et celui des trois autres �taient de v�rifier s'il y avait des personnes pr�sentes sur le site et dans ses environs. S'il s'av�rait qu'il y en avait, ils devaient les �loigner et les mettre � l'abri dans le maquis, pour �viter qu'elles ne soient bless�es. Le seul but de l'op�ration �tait de lutter contre la sp�culation immobili�re mais en aucun cas de porter atteinte � l'int�grit� physique de quiconque. Ce qui semble un peu paradoxal avec l�importance de l�arsenal transport�.
Avec ses compagnons, il avait chemin� dans le maquis et �t� arr�t� alors qu'ils arrivaient devant l'entr�e d'un immeuble.
Au moment de leur arrestation, il avait entendu des coups de feu dont il ignorait la provenance. Mais il certifiait ne s'�tre en rien rendu coupable d'une tentative d'homicide volontaire sur les forces de l'ordre. Encore une fois se pose la question de l�utilit� d�armes dont on pr�tend n�avoir jamais voulu se servir.
Baptiste Antoine CANONICI pr�cisait tout ignorer du nombre de participants concern�s par l'op�ration, du mat�riel saisi, de l'existence du fourgon J5 ainsi que de l'objet exact de l'op�ration, de son ampleur et des b�timents vis�s. Son r�le se limitait, selon lui, � �vacuer toutes personnes pouvant se trouver dans la zone o� il avait �t� arr�t�.
Concernant ses co-mis en examen, il connaissait certains d'entre eux pour les avoir rencontr�s � l'occasion de soir�es ou manifestations, mais n'avait de liens qu'avec St�phane VERGELLATI et ce pour des raisons strictement familiales, celui-ci �tant le beau-fils de sa s�ur ayant �t� �lev� par cette derni�re.
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