Des erreurs impardonnables
L�AFFAIRE SPERONE VII
Concernant le mat�riel dont �taient �quip�s les quatre hommes, le caract�re tr�s succinct de la proc�dure ne permettait pas de d�terminer avec pr�cision sa localisation exacte au moment des arrestations : ainsi par exemple, il n'�tait pas possible de d�terminer si les cagoules extraites par l'officier de Police Judiciaire du sac � dos de CANONICI s'y trouvaient toutes deux, ou si CANONICI en portait une lors de l'intervention, et si la ceinture, les �tuis de ceinture et l'arme se trouvaient dans le sac, ou si, port�s par l'int�ress�, du R.A.I.D. apr�s menottage et fouille, y avaient �t� plac�s par les policiers.
Les cinq grenades offensives saisies dans le sac de St�phane GALLO �taient d�truites. Seuls deux bouchons allumeurs �taient conserv�s apr�s neutralisation. Celle saisie en possession de Michel HENRY, pour sa part, �tait vid�e de sa substance explosive qui �tait d�truite, de m�me que l'amorce, le d�tonateur et la m�che retard du bouchon allumeur. Seuls le corps et le bouchon allumeur, rendus inertes, �taient gard�s.
Toutes les armes saisies en possession des quatre hommes, � savoir les trois pistolets automatiques, les deux pistolet-mitrailleur Micro UZI et le fusil � pompe, faisaient l'objet de tirs d'essai par l'Inspecteur GIAVERI, tirs qui permettaient d'�tablir que les armes fonctionnaient normalement, �taient en bon �tat de conservation et inconnues du S.R.P.J. pour un usage ant�rieur.
En guise de premi�re conclusion, on remarquera combien le magistrat instructeur insiste sur des erreurs, par ailleurs fort courantes lors d�interpellations muscl�es : le doute quant � l�appartenance exacte des armes. Mais il semble au vu des divers documents que le doute l�gitime est accentu� par la juge LE VERT. Enfin, on a quelque peine � s�expliquer la destruction de preuves qui aurait d� �tre l�gitimement plac�es sous scell�s. Et plus encore on peut s��tonner du manque de protestation du juge charg�e de l�instruction.
Les arrestations effectu�es par la gendarmerie
L�attitude des gendarmes est fondamentale dans cette affaire. Leur appartenance au dispositif mis en place est marginale. Les auditions du Lieutenant-Colonel CHADUTEAU et du Lieutenant Claude PFISTER qui compl�tent la relation de ces arrestations effectu�es par le proc�s-verbal du gendarme BONAFE, laisse planer un curieux sentiment. Sans la d�bandade affol�e d�une partie du commando clandestin, ils n�auraient arr�t� personne.
Car l�un des aspects les plus surprenants de cette affaire est le sentiment d�impunit� dont para�t b�n�ficier le commando. Il circule dans des v�hicules vol�s ce qui est pour le moins maladroit puisque les militants du FLNC risquent gros au moindre contr�le. Une partie des militants est cagoul�e ce qui n�est pas tr�s discret en cas de rencontre fortuite. Mais de surcro�t, les militants ne cachent pas leurs armes au demeurant inutiles puisque, fort heureusement, ils n�en feront pas usage contre les gendarmes, � la diff�rence des Basques de l�ETA sur le continent. En cas contraire, combien de gendarmes auraient �t� tu�s ?
Commandant du Groupement 11/1 de Gendarmerie Mobile de MELUN en d�placement en Corse, le lieutenant-colonel Michel CHADUTEAU expliquait que ce soir-l�, en mission sur le dispositif de surveillance, il commandait le "Rideau" mis en place par la gendarmerie entre la plage de BALISTRA et le d�bouch� du C.D.59 sur la R.N. 198.
Vers 22 heures 30, remontant la R.N. 198 pour contr�ler un de ses postes, il avait not� que deux v�hicules circulant sur la R.N. 198 avaient marqu� un temps d'arr�t au carrefour du C.D. 59 avant de s'engager sur ce dernier.
Il les avait suivis et avait remarqu� que les deux v�hicules qui roulaient tr�s lentement s'�taient mis de front et arr�t�s.
Se trouvant � quinze m�tres derri�re les deux v�hicules, le gendarme avait pu constater qu'� l'arri�re de l'un deux, un Express, des hommes �taient assis avec des fusils dont les canons �taient nettement visibles. Descendu du v�hicule avec une lampe �lectrique, il s'�tait rendu compte que la majorit� des occupants portaient des cagoules et il avait pens� qu'il devait s'agir "de terroristes arrivant de SPERONE". Il avait fait mettre les gendarmes qui �taient avec lui en position de tir pendant que le poste de contr�le situ� plus haut sur la route avan�ait vers l'avant des deux v�hicules. D�s l'arriv�e de ces effectifs dirig�s par le lieutenant PFISTER, les passagers avaient �t� somm�s de descendre et de s'allonger � terre, les mains dans le dos. Leur fouille sommaire avait montr� que la plupart d'entre eux �taient porteurs d'armes de poing plac�es dans des �tuis de ceinture et celle des v�hicules, que ceux-ci contenaient d'autres armes d'�paule et de poing ainsi que des explosifs.
Le responsable des gendarmes avait alors d�cid� de ramener � PORTO VECCHIO les individus, les v�hicules, et le mat�riel pour les mettre � la disposition du S.R.P.J.
Le lieutenant-colonel CHADUTEAU pr�cisait encore qu'un des individus, qu'il identifiera sur photographie comme Jean-Baptiste ISTRIA, "s'�tait adress� en corse � ses compagnons, pour leur demander, d'apr�s la traduction que lui avait faite un de ses gendarmes, "de ne plus rien dire, de ne pas d�voiler leur identit� et de ne parler que devant leurs avocats". � l��vidence, Batt� ISTRIA est l�un des responsables de ce groupe pr�cis.
Ce m�me homme lui avait d�sign� comme un interlocuteur pour les forces de l'ordre un de ses compagnons qu'il identifiait sur photographie comme Pierre LORENZI. Enfin, il avait not� qu'� l'avant de l'Express entre le conducteur et le passager, se trouvait une des armes d'�paule.
Pierre LORENZI, qui sera tu� lors de l�attentat � la voiture pi�g�e en juillet 1996, est �galement l�un des chefs du commando mais pour un autre secteur.
Le lieutenant Claude PFISTER relatait pour sa part que, responsable du dispositif de surveillance, qui s'�tait install� entre 20 heures et 20 heures 15 sur le C.D. 59 et qui comprenait vingt et un gendarmes et quatre v�hicules, il avait entendu vers 22 heures 35 sur les ondes radio qu'il y avait eu deux explosions.
Il s'�tait alors transport� conform�ment aux ordres re�us jusqu'au carrefour du C.D. 59 et de la route de POGGIO d'OLMO pour solliciter par radio des instructions compl�mentaires, et, voyant arriver de la R.N. 198 une Nissan Patrol puis une Toyota noire, il avait fait proc�der au contr�le de ces deux v�hicules respectivement conduits par les nomm�s Paul BAGGIONI et Henri BIANCHINI.
� notre connaissance, ni Paul BAGGIONI ni Henri BIANCHINI ne sont des militants du FLNC. Ils donnent un coup de main pour cette op�ration pr�cise et jouent le r�le de guide, rien de plus.
Alors que le contr�le du second v�hicule s'achevait, deux autres voitures s'�taient engag�es � vive allure sur le C.D. 59, arrivant du Sud par la R.N. 198.
Ces deux v�hicules s'�taient arr�t�s � une centaine de m�tres du poste de contr�le pour entamer une marche arri�re presque jusqu'� la nationale. Ils �taient ensuite revenus jusqu'� une centaine de m�tres du dispositif, o� ils s'�taient mis de front et immobilis�s, phares allum�s.
Le lieutenant PFISTER avait alors fait descendre vers eux les personnels de l'E.L.I. � bord d'un J.5 actionnant klaxon et gyrophares et suivi par les trois autres v�hicules du dispositif.
S'arr�tant � vingt m�tres des voitures, il avait constat� que le conducteur et le passager d'un des v�hicules, une R. 19, sortaient les mains par la fen�tre pour montrer qu'ils n'avaient pas d'armes et que les occupants du second, une Renault Express, ne bougeaient pas mais que le conducteur portait une cagoule. Il leur avait intim� l'ordre d'�teindre les phares et de sortir les mains sur la t�te, ce que tous, soit quatre personnes dans la R.19 et six dans l'Express, dont quatre � l'arri�re, avaient fait sans r�sistance.
Ils s'�taient allong�s sur le sol face contre terre, mains dans le dos, et avaient �t� neutralis�s chacun par un gendarme.
Armes et objets avaient �t� remis au gendarme BONAFE de la Brigade de PORTO VECCHIO, officier de Police Judiciaire territorialement comp�tent.
Le lieutenant PFISTER avait compris que les v�hicules �taient revenus vers le dispositif car ils avaient derri�re eux la voiture du Lieutenant-Colonel CHADUTEAU qui les avait emp�ch�s de regagner la R.N. 198.
L'un des individus qu'il reconnaissait sur photographie comme Jean-Baptiste ISTRIA, lui avait indiqu� qu'avec un autre qu'il identifiait comme Pierre LORENZI, ils �taient les deux seuls interlocuteurs.
Avec les effectifs du dispositif, il avait conduit � la Brigade de PORTO VECCHIO les dix personnes, leur mat�riel et les deux v�hicules.
Apr�s consultation des membres de son �quipe, le lieutenant PFISTER pr�cisait, au vu des photographies des personnes interpell�es et des armes saisies, que :
- Christian LANFRANCHI �tait passager de l'Express et portait une cagoule,
- Georges PREZIOSI de la R.19,
- Jean Baptiste ISTRIA chauffeur de l'Express, sur le si�ge conducteur duquel avait �t� trouv� un pistolet 11,43, et avait sur lui � la hanche une arme qu'il identifiait sur photographie comme le revolver Colt Diamant Back, � la cuisse un Holster vide, dans ses poches une grenade, une paire de jumelles, deux chargeurs de pistolet automatique et des munitions de 9mm,
- J�r�me FERRACCI passager avant de l'Express et n'avait pas d'arme,
- Dominique MATTEACCIOLI passager arri�re de l'Express et portait une cagoule ainsi que le pistolet automatique CZ 75,
- Pierre GUERRINI, passager arri�re gauche de la R. 19 et n'avait pas de cagoule mais un pistolet automatique 11,43, avec chargeur engag� et un autre chargeur dans sa veste de treillis,
- Pierre LORENZI assis du c�t� droit de la R.19 et avait un P.A. 11,43 avec un second chargeur dans sa veste, une pince coupante, du ruban adh�sif noir et une lampe �lectrique,
- Andr� ALBERTINI passager de la R.19 et avait le fusil d'assaut Ruger mais pas de cagoule,
- et Jean VENTURINI �tait passager arri�re de l'Express.
Il pr�cisait encore que les trois fusils d'assaut Olympic se trouvaient dans la R. 19, tandis que le pistolet MAC 50, le fusil Maverick, le Sig Manhurin et le fusil d'assaut Ruger �taient � l'arri�re de l'Express, ce qui, concernant cette derni�re arme, �tait en contradiction avec le fait qu'il la d�signait d�j� comme l'arme que d�tenait Andr� ALBERTINI, passager de la R.19.
Le magistrat instructeur �crit alors : � Il convient cependant de rappeler que cette partie de sa d�position ne constituait qu'un t�moignage indirect, rapportant les indications fournies par les gendarmes de son �quipe ayant proc�d� � l'arrestation et � la neutralisation, et dont les enqu�teurs n'avaient pas recueilli le t�moignage direct. �
Andr� ALBERTINI
Lors de son arrestation Andr� ALBERTINI �tait v�tu d'un jean bleu, d'un polo noir, d'un coupe-vent bleu marine de marque K-WAY, de chaussures en goretex kaki de marque Adidas et portait une casquette noire.
Sa fouille � corps amenait la d�couverte dans les poches de son K-WAY de gants noirs, d'une lampe de poche "Lumi-jet" et d'un couteau de marque "Rostfrei", ainsi que d'une somme de 2.890 Francs.
Ces objets ainsi que le coupe-vent et la casquette �taient saisis mais pas l'argent.
Il consentait d�s sa premi�re audition le 28 mars � 13 heures 45 � d�cliner son identit� et pr�ciser son domicile et sa profession, � savoir restaurateur � LORETTO DI CASINCA (Haute-Corse) ce qui permettait de le situer dans le secteur Marana du FLNC Canal Historique.
Reconnaissant avoir �t� arr�t� le 27 mars vers 22 heures 45 sur une route entre BONIFACIO et PORTO VECCHIO, il refusait en revanche de s'expliquer, se bornant � dire qu'il ne connaissait pas les personnes arr�t�es avec lui.
Les perquisitions effectu�es le 28 mars entre 17 heures 30 et 19 heures 15 � son domicile et dans son restaurant n'apportaient aucun �l�ment � l'enqu�te.
La d�position du Lieutenant PFISTER le situait comme passager de la R.19 et lui imputait le port du fusil Ruger, arme �galement d�sign�e par la m�me d�position comme d�couverte dans la Renault Express.
J�r�me FERRACCI
Apr�s avoir bri�vement refus� de d�cliner son identit�, J�r�me FERRACCI, journaliste, la pr�cisait d�s sa notification de placement en garde � vue le 28 mars � 4 heures 30.
V�tu lors de son arrestation d'un blouson type Bombers de couleur noire � int�rieur orange, d'un pull-over � col roul� en laine noire, d'un jean bleu, d'un ceinturon en cuir et d'une paire de baskets, il n'avait sur lui qu'une somme de 550 Francs et deux paires de lunettes de vue.
La perquisition effectu�e � son domicile � TIZZANO (Corse-du-Sud) le 28 mars � 12 heures 30 n'apportait aucun �l�ment.
Journaliste depuis 1963 au quotidien "Le M�ridional" J�r�me FERRACCI pr�cisait d�s sa premi�re audition le 28 mars, entre 21 heures et 21 heures 30, qu'il n'�tait pas un "terroriste" mais s'�tait trouv� dans des "conditions d'investigations professionnelles dans une situation tr�s s�rieuse sans arme ni cagoule sur le chemin o� il avait �t� arr�t�".
"Nationaliste au sens propre du terme", il indiquait avoir beaucoup de sympathie pour "ceux du mouvement dissout, au sein duquel il �tait dans la nuit du 27 au 28 mars".
Au terme d'un contact avec un sympathisant de ce mouvement dont il ne voulait pas d�voiler le nom, il avait accept� de "d�velopper un scoop". Quant � l'op�ration clandestine, il n'avait pas eu le sentiment qu'elle ait d�but�, qu'elle se soit d�roul�e, ou qu'elle ait �chou�. Dans une confusion quasi g�n�rale, se trouvant isol�, il avait embarqu� � bord d'un v�hicule qui avait �t� arr�t� par la gendarmerie. Avant qu'il ne soit isol�, son contact �tait pr�sent au milieu de personnes dont il ignorait l'identit�, car elles avaient le visage masqu� par une cagoule. Lorsque la gendarmerie avait intim� l'ordre aux personnes arr�t�es avec lui de retirer leurs cagoules, il n'avait pas davantage pu identifier ses compagnons. Il pr�cisait encore qu'il �tait sorti le premier du v�hicule o� il se trouvait assis � la place passager avant et que sa fouille avait montr� qu'il ne d�tenait ni arme, ni objet contondant.
R�entendu le 29 mars � 15 heures 30, il d�taillait et explicitait ces premi�res d�clarations au demeurant tr�s confuses.
Lorsqu'il avait �t� contact�, il lui avait �t� indiqu� qu'il s'agissait de donner � une op�ration, dont il ignorait l'origine, la cause et les effets, un caract�re m�diatique compte tenu de la rupture de la tr�ve.
Selon lui, s'il avait pens� que cette op�ration allait se d�rouler avec destructions et tirs sur les forces de l'ordre, il aurait refus�. Il reconnaissait cependant de mani�re un peu contradictoire qu'il se doutait qu'il ne pouvait s'agir que de la destruction d'un b�timent ou d'un �difice.
Le dimanche 27 mars vers 18 heures, son "contact" �tait venu le chercher, apr�s l'avoir avis� une heure plus t�t par t�l�phone qu'il avait des choses importantes � lui dire. Ils avaient pris la route de BONIFACIO et en cours de route son "contact" lui avait expliqu� ce qu'il attendait de lui. Pr�s de BONIFACIO, ils s'�taient arr�t�s pour attendre la tomb�e de la nuit, avant de reprendre la route en direction de cette localit�. Empruntant des chemins de traverse, ils avaient finalement gagn� une clairi�re situ�e dans le maquis, o� se trouvaient des v�hicules sans occupants. Son "contact" lui avait alors indiqu� qu'ils allaient attendre l� le retour du commando.
Tard dans la nuit, J�r�me FERRACCI avait entendu un bruit de moteur, qu'il avait suppos� �tre celui d'un bateau, et dix minutes plus tard environ, il avait entendu des voix et vu surgir dans une grande confusion des hommes arm�s et porteurs de cagoules qui s'�taient jet�s dans les v�hicules.
Ne parvenant pas � retrouver son "contact" et comme tout le monde partait, il avait obtemp�r� � la demande du conducteur du v�hicule dans lequel il avait �t� arr�t�, lorsque celui-ci lui avait cri� "Cudetti" (montez). Il avait vaguement entendu une explosion et un des passagers de la voiture avait dit en corse :"Le bateau a saut�. Faites vite".
Par la suite le convoi avait stopp� et il avait vu des personnes, la t�te rev�tue d'une cagoule, pousser un v�hicule sur le c�t� de la piste sur laquelle ils se trouvaient et l'y abandonner.
Ils avaient ensuite repris leur progression et dans la voiture des passagers avaient parl� de coups de feu qui avaient �t� tir�s et pr�cis� qu'ils ne savaient pas qui avait tir� et qui avait ripost�.
J�r�me FERRACCI, qui ignorait o� il se trouvait, avait remarqu�, � un moment o� le v�hicule avait tourn� � gauche pour emprunter le chemin sur lequel ils allaient �tre arr�t�s, un panneau indicateur mentionnant le nom de la commune de "LEVIE".
Une centaine de m�tres apr�s ce panneau, un des passagers avait dit en corse : "Il y a une voiture arr�t�e". Ils avaient continu� � rouler et il avait alors aper�u un homme immobile sur le c�t� de la route qui portait un uniforme.
D'autres passagers avaient signal� la pr�sence de policiers et l'instant suivant deux v�hicules s'�taient avanc�s vers eux, phares allum�s, et des hommes en tenue bleu marine, armes � la main, les avaient cern�s, et leur avaient intim� d'�teindre les phares et de sortir des v�hicules en retirant les cagoules.
Il �tait sorti le premier � visage d�couvert puisqu'il n'avait ni arme, ni cagoule et, sur un ordre des gendarmes, s'�tait aussit�t allong� sur le sol, mains sur la t�te.
Ils avaient ensuite �t� tous embarqu�s �nergiquement dans des estafettes et conduits � la Brigade de PORTO VECCHIO.
� aucun moment personne ne lui avait demand� son nom, et dans la nuit ils avaient tous �t� emmen�s � AJACCIO, o� ils avaient �t� pris en compte par des "officiers du commissariat".
J�r�me FERRACCI pr�cisait encore que le v�hicule dans lequel il se trouvait �tait une sorte de camionnette, qu'il ne savait pas combien ils �taient dans les deux v�hicules et qu'il ignorait la marque du second v�hicule.
Le 29 mars � 16 heures 30, le Directeur du S.R.P.J. recevait un appel t�l�phonique de Ren� SERRA, r�dacteur en chef du � M�ridional �, qui voulait faire savoir qu'il ignorait la pr�sence de FERRACCI avec le commando ce soir l�, que celui-ci dans son service �tait connu pour avoir des sentiments anti-nationalistes, et qu'il s'agissait d'un journaliste pr�t � tout pour un scoop.
J�r�me FERRACCI devait alors admettre que la r�daction du � M�ridional � n'�tait pas inform�e de son projet. Il expliquait que g�n�ralement un grand reporter qui a la chance de traiter un gros sujet, se jette dessus en consid�rant qu'il int�ressera son r�dacteur en chef et le lecteur. Selon ses d�clarations, l comptait restituer cet �v�nement par un article comportant "le film" de l'�v�nement et les commentaires retranscrits sous forme d'interview des responsables du commando ayant entrepris l'op�ration.
Il reconnaissait savoir qu'il s'agissait d'une op�ration de l'ex-F.L.N.C. Historique, ce groupe �tant le seul � avoir rompu une tr�ve.
Il maintenait ne conna�tre aucune des personnes arr�t�es � l'exception toutefois de Dominique MATTEACCIOLI (ses coordonn�es avaient �t� trouv�es sur le carnet d'adresses de ce dernier) avec qui il avait trait�, celui-ci �tant fonctionnaire du Service des eaux, l'installation de son compteur d'eau � TIZZANO.
Invit� � s'expliquer sur son nationalisme, J�r�me FERRACCI d�clarait que son "nationalisme � lui s'appuyait sur le r�gionalisme". Fran�ais, il �tait profond�ment attach� � sa r�gion, sa deuxi�me patrie la Corse. Il aurait cependant "trouv� dans l'ex mouvement incrimin�, un certain nombre de gens sympathiques". Il n'appartenait en revanche � aucun mouvement politique.
Son "contact" lui avait fait savoir que l'ex-F.L.N.C. Historique avait observ� une tr�ve de longue dur�e et qu'il entendait revenir sur le th��tre op�rationnel au cours d'une conf�rence de presse. J�r�me FERRACCI affirmait ignorer l'objectif, m�me s'il se doutait qu'il s'agissait d'une op�ration visant la destruction d'un b�timent et "pensait sans fausse modestie" avoir �t� choisi en raison de sa notori�t� professionnelle de grand reporter. Il maintenait ne pas conna�tre son "contact" que, n'ayant rien � se reprocher et ne devant rien � personne, il avait accept� de recevoir apr�s l'appel que celui-ci lui avait pass� pour lui demander s'il �tait bien J�r�me FERRACCI et lui indiquer avoir des choses importantes � lui dire. Pour des raisons d�ontologiques, il ne pouvait pas donner la description physique de cet homme.
Il justifiait sa tenue "sportive" par la tenue de chasse que portait son "contact" lorsqu'il �tait venu le chercher, ce qui l'avait lui-m�me incit� � rev�tir cet "accoutrement".
Invit� � fournir davantage de pr�cisions sur le convoi de v�hicules reparti de la clairi�re et ses occupants, il pr�cisait que devant son v�hicule se trouvait un v�hicule de tourisme blanc, certainement celui tomb� en panne et derri�re un autre v�hicule.
Dans son v�hicule se trouvaient, outre lui-m�me passager avant, le chauffeur porteur d'une cagoule et � sa connaissance deux autres personnes, mais il n'excluait pas qu'il y en ait eu quatre comme le signalaient les gendarmes.
Il ne pouvait apporter aucune pr�cision sur l'armement de ses compagnons.
Enfin, si, dans un premier temps tr�s bref, � son arriv�e au S.R.P.J., il avait refus� de d�cliner son identit�, ce refus n'avait rien � voir avec l'attitude des autres gard�s � vue, mais �tait li� aux mesures de s�curit� brutales et vexatoires subies pendant son transfert de PORTO-VECCHIO � AJACCIO par la gendarmerie.
Pierre GUERRINI dit Petrone
V�tu d'un jean, d'une veste de treillis kaki, d'un pull-over noir et de chaussures de montagne fonc�es, Pierre GUERRINI, domicili� � BORGO VILLAGE (qui le situe dans la mouvance du secteur Marana du FLNC Canal historique), portait � la ceinture, c�t� droit, un �tui en cuir noir de marque GK professionnel n� 186, �tui d'arme de poing. Il avait par ailleurs, dans la poche de son treillis une cagoule en tissu noir � la partie inf�rieure bord�e de rouge et une cl� de v�hicule de marque Peugeot.
Refusant de d�cliner son identit�, il �tait identifi� par proc�s-verbaux de renseignement des 28 mars � 19 heures et 29 mars � 10 heures, comme Pierre GUERRINI n� le 17 d�cembre � BORGO, y demeurant, employ� de la S.A. FILAC.
La perquisition effectu�e le 29 mars de 16 heures 30 � 17 heures 30 � son domicile n'apportait aucun
�l�ment � l'enqu�te.
Il refusait de r�pondre � toutes les questions qui lui �taient pos�es.
Jean-Baptiste ISTRIA dit Batt� ISTRIA
Bien que se refusant � toute d�claration d'identit�, Jean Baptiste ISTRIA, connu du S.R.P.J. d'AJACCIO et recherch� depuis plusieurs ann�es pour une condamnation par contumace pour meurtre de la Cour d'Assises de Corse du Sud en date du 18 mars 1991, �tait imm�diatement identifi�. Sa pr�sence dans le commando montre que les acteurs de cette action ne s�attendaient pas �tre arr�t�s car ISTRIA risquait gros. Il appartenait � un secteur volant du FLNC Canal historique charg� des mitraillages de b�timents publics ou de leur destruction.
Si aucune description de ses v�tements n'�tait faite par l'officier de Police Judiciaire qui le prenait en compte, la saisie d'un gilet de chasse multipoches "camoufl�" lors de sa fouille donnait une indication sur sa tenue.
Il �tait par ailleurs porteur d'une ceinture en Cordura avec un �tui d'arme de poing de couleur noir et avait dans les poches de son gilet une cagoule noire � liser� rouge, deux rouleaux de corde noire en nylon, trois gants de chirurgien en plastique, une paire de gants recouverts d'un produit argent�, un second �tui pour arme de poing de couleur noire, deux rouleaux d'adh�sif marron, une somme de 9.200 Francs.
Dans les poches de son pantalon, il �tait d�couvert une vignette automobile ann�e 1994 de la Pr�fecture des Bouches-du-Rh�ne. Les v�rifications t�l�phoniques effectu�es aupr�s du Centre des Imp�ts de MARSEILLE d�montraient, que la vignette fiscale saisie avait �t� vendue � la Soci�t� ALLIO � MARSEILLE pour un v�hicule Peugeot 504 Commercial, 6300 NS 13, v�hicule vol� avec la vignette appos�e sur le pare-brise le 26 d�cembre 1993 et non retrouv� depuis.
Il portait aussi sur lui un jeu de quatre cl�s, un sac en plastique contenant douze cartouches de calibre 9mm de marque IMI 93 et 90 SF 9, une paire de gants de cuir marron et un morceau de papier portant l'inscription manuscrite "Je vais bient�t avoir (avec un peu de chance) le canon du Glock 17 - 2000 Francs. Il y a peut �tre encore le HK 33 le type va me le dire cette semaine 20.000 Francs". L�arme devait lui �tre fournie par le secteur de Bastia alors riche d�une fili�re autrichienne qui lui permettait d�importer ce type d�armes particuli�rement recherch�es.
Enfin, il avait � la ceinture un �tui porte chargeur � deux places en cuir marron de marque GIL HOLSTER.
Les policiers du S.R.P.J. qui examinaient les traces argent�es maculant ses gants noirs estimaient qu'il pouvait s'agir de Sygmagel, explosif dont plusieurs pains ont �t� retrouv�s dans le coffre de la Renault Express. Ils en d�duisaient que ISTRIA connaissait les caches o� se trouvaient cet explosif et que c�est lui qui l�avait charg�. Curieusement, ils n�insisteront plus sur ce point lors de l�interrogatoire.
Jean-Baptiste ISTRIA refusait de r�pondre aux questions qui lui �taient pos�es, mais les d�positions du Lieutenant-Colonel CHADUTEAU et du Lieutenant PFISTER le d�signaient comme un des hommes qui s'�tait pr�sent� comme interlocuteur pour les forces de l'ordre.
Le lieutenant PFISTER pr�cisait en outre qu'il �tait le conducteur de la Renault Express sur le si�ge de laquelle il avait �t� retrouv� un pistolet de calibre 11,43, et qu'il avait par ailleurs � sa ceinture le revolver Colt Diamond Back et dans ses poches une grenade, une paire de jumelles, deux chargeurs de pistolet automatique, et des munitions de calibre 9mm.
Aucune perquisition ne pouvait �tre effectu�e � son domicile, ISTRIA �tant recherch� depuis plusieurs ann�es. Mention �tait cependant port�e, en fin de proc�s-verbal r�capitulatif de garde � vue, de la venue de membres de sa famille sans d�ailleurs que ceux-ci soient entendus pour une raison myst�rieuse.
� livre en format pdf
L�affaire de Sperone (V)
L�affaire de Sperone (IV)
L�affaire de Sperone (III)
L�affaire de Sperone (II)
L�affaire de Sperone (I)
TOUT LE DOSSIER CORSE
|
|