L�affaire Sperone (III)
Jan 29, 2004
En 1990, le FLNC s�est divis� en deux organisations. La premi�re, le FLNC Canal habituel veut n�gocier avec Pierre Joxe un nouveau statut. La deuxi�me, le FLNC Canal historique refuse. Chacun sent la tension qui monte. Les deux organisations recrutent alors des dizaines de jeunes corses apolitiques mais fous de la g�chette. Ce sont eux qui fourniront les troupes pour la guerre qui d�butera � partir de 1994. Le Canal historique s�exhibe donc en 1990 dans une conf�rence de presse � Borgo o� des dizaines de cagoul�s arm�s proc�dent � une d�monstration agressive. Beaucoup de ces soldats sont issus des quartiers pauvres de Bastia et d�Ajaccio. Ils veulent bien parader la cagoule sur la t�te, mais ils exigent aussi que cela servent leurs petites affaires. C�est ainsi que la campagne de massacre des dealers de drogue va commencer. En fait sous couvert de morale, les deux organisations clandestines permettent � certains de leurs militants d�agrandir leur espace d�linquant. Il en ira de m�me dans le monde des machines � sous. Cette d�rive d�linquante ne touche �videmment que les franges du nationalisme mais ce sont ces franges qui d�sormais sont la force des clandestins.

En mars 1992, les nationalistes ont r�ussi autour de deux listes une perc�e remarquable puisqu�il r�unissent 25 % des suffrages. Mais aussit�t le climat se d�t�riore. Le 5 mai 1992 l�effondrement d�une tribune du stade de Furiani provoque la mort de 17 personnes et plus de 2 000 bless�s. L�enqu�te et la rumeur font �tat de complicit�s entre la direction du club de football bastiais et une partie du FLNC Canal historique. La soci�t� de convoyage de fonds Bastia Securit�, dirig� par les nationalistes de la Cuncolta et charg� du gardiennage du stade y serait m�l�.

Ce drame intervient alors que rien ne va plus entre les deux FLNC n� de la scission de 1990. En mai 1992, le FLNC Canal habituel (r�f�rent l�gal MPA) a condamn� � mort le dirigeant du FLNC Canal historique Jean-Michel Rossi, jug� � Paris pour une affaire d�imp�t r�volutionnaire c�est-�-dire de racket au profit de son organisation. Or au cours de sa d�fense, il a d�nonc� les � mafieux � du MPA et du FLNC Canal habituel. Le 15 juin 1993, le FLNC Canal historique fait assassiner son ancien militant Robert Sozzi, par ailleurs employ� de Bastia Securit�. L�homme connaissait les responsabilit�s des uns et des autres dans la catastrophe et aurait d�truit en guise de protestation un v�hicule appartenant au patron du club, Jean-Fran�ois Filippi qui sera abattu en d�cembre 1994. L�assassinat de Sozzi survient alors m�me qu�un d�bat faisait rage au sein du FLNC historique.
Le meurtre sera revendiqu� officiellement par le FLNC Canal historique au mois d�ao�t suivant et salu� par une salve d�applaudissements.

En 1993, la droite a remport� les l�gislatives et gouverne la France. Des contacts sont aussit�t nou�s avec le pouvoir par l�interm�diaire de Maurice Ulrich aujourd�hui conseiller personnel de Jacques Chirac. Or le pouvoir quel qu�il soit a vocation � n�gocier avec les groupes qui posent des probl�mes et donc les plus radicaux. Le FLNC Canal historique qui est n� de la scission provoqu� par les accords entre l�organisation arm�e et Pierre Joxe en 1991, sait pertinemment que si la violence cesse, le pouvoir cessera tout contact. C�est pourquoi au cours de plusieurs r�unions de direction, il est d�cid� de maintenir les attentats � un niveau � acceptable �. Les attentats ont une triple vocation : la premi�re est de donner une raison d��tre � l�organisation clandestine, la deuxi�me est de rassurer les militants en p�riode de n�gociation, la troisi�me est celle �nonc�e plus haut � savoir donner une raison au pouvoir de se � mouiller � avec les clandestins. La tr�ve doit r�pondre � des imp�ratifs pr�cis qui permettent aux uns et aux autres d�expliquer � quelles conditions elle a �t� conclu. L�ann�e 1994 renvoie � l�ann�e 1998 puisque plusieurs des attentats commis cette ann�e l�auraient �t� par les assassins pr�sum�s du pr�fet Erignac.

Le meurtre de Sozzi marquera le commencement r�el de la guerre entre factions nationalistes.
Pour le FLNC Canal historique il est vital de se recr�e une image de marque positive d�autant que les n�gociations ont commenc� avec Charles Pasqua, tout puissant ministre de l�int�rieur du gouvernement Balladur.

Fran�ois Santoni �crit dans � Pour solde de tout compte � (pages 78-79) :

� Au FLNC Canal historique, les dirigeants pr�parent la base � l'id�e qu'il va peut-�tre falloir discuter avec le gouvernement. Ce qui n'est pas �vident. Les gens ont encore un tr�s mauvais souvenir de la droite entre 1986 et 1988, quand Pasqua d�clarait qu'il fallait � terroriser les terroristes � et que ses services faisaient une guerre sans merci au mouvement. Quand il quitte la place Beauvau, en 1988, plus de soixante militants sont emprisonn�s. Tous seront ensuite rel�ch�s dans le cadre de l'amnistie pr�sidentielle de 1989.
Juste apr�s les �lections l�gislatives de 1993, comme pr�vu, Charles Pasqua devient ministre de l'Int�rieur. Maurice Ulrich nous fait savoir que d�sormais l'Int�rieur va g�rer directement le dossier corse. J'entre alors en contact avec Charles Pasqua par l'interm�diaire de Daniel Leandri, brigadier de police et relation personnelle que l'on m'a pr�sent� un jour en Corse. C'est par lui que nous passerons ensuite pour prendre les rendez-vous.

La premi�re rencontre avec Pasqua se fait dans son : bureau de pr�sident du conseil g�n�ral des Hauts-de-Seine. Le ministre est seul. Je suis accompagn� de Charles Pieri. Et Pasqua de nous expliquer qu'il n'est plus sur ses positions de 1986. Il nous donne les raisons de son revirement, en nous disant qu'� cette �poque nous repr�sentions 5 % de la population, mais que d�sormais il est oblig� de tenir compte du fait que les nationalistes p�sent 25 % des voix aux �lections. A partir de l�, nous sommes une composante essentielle de l'�chiquier et il faut discuter avec nous. Avant d'ajouter en toute franchise que si demain nous retombions � deux ou trois pour cent, il faudrait selon lui en revenir � la politique du b�ton. D'ailleurs, il maintient sa position de toujours, � savoir qu'il est anti-ind�pendantiste et qu'il n'est pas favorable � une �volution institutionnelle dans l'imm�diat. Il n'en voit pas la n�cessit�. Il pr�f�rerait pousser au maximum le statut Joxe, le peaufiner, mais si c'est la volont� g�n�rale il ne s'opposera pas � des avanc�es statutaires. Aucun engagement n'est pris, et nous nous s�parons apr�s �tre convenus de nous revoir le plus souvent possible.

Il y aura ensuite de nombreuses autres rencontres, essentiellement dans son bureau du minist�re. Le mode op�ratoire est tr�s simple. Je donne un coup de fil � Leandri, parfois la veille pour le lendemain. � l'heure dite, je me pr�sente � la porte principale du minist�re, je m'annonce comme n'importe quel visiteur, et apr�s avoir d�pos� ma carte d'identit� au poste de garde je suis conduit chez Pasqua. Pas de porte d�rob�e, pas de voitures avec gyrophare, pas de policiers pour m'attendre � Orly, tout se faisait de fa�on tr�s ordinaire.

Tr�s vite, Pasqua me pr�sente le pr�fet Pierre-�tienne Bisch, charg� de g�rer les affaires corses sur le terrain. Un homme sympathique, qui n'a de contacts officiels qu'avec les �lus, et pas avec le Front. Il ne s'occupe que des affaires �conomiques, et veille au partage �quitable des discussions entre les diverses tendances nationalistes. Il participe � la mise en place de Gilbert Casanova, important concessionnaire automobile d'Ajaccio �galement membre du WA, � la t�te de la chambre de commerce et d'industrie de la ville en 1994. On nous explique � l'�poque que Paris a d�cid� de confier le pouvoir �conomique � cette mouvance, et de poursuivre les discussions politiques et institutionnelles avec nous. Sur ordre, un haut responsable de l'�tat en Corse ira prendre 700 procurations au centre de tri postal d'Ajaccio, afin d'assurer l'�lection de Casanova.

Je ne rencontre Charles Pasqua en Corse qu'une seule fois, par hasard. C'est le jour des c�r�monies comm�moratives de la lib�ration de la Corse, en septembre 1993, pr�s du village de Levie. Je remonte du bapt�me de mon filleul � Sart�ne quand la voiture se trouve bloqu�e par la manifestation. Nous patientons, comme tout le monde, en allant voir ce qui se passe. Comme je reviens du bapt�me, je suis en costume cravate. Mon arriv�e provoque un certain �moi chez les forces de l'ordre et chez les journalistes. � un moment donn�, Darne ! Leandri m'aper�oit dans la foule, il tape sur l'�paule de Charles Pasqua et me d�signe du doigt. Le ministre prend tout le monde de court, y compris son service d'ordre. Il vient me serrer la main en me demandant, en corse : � Comment allez-vous ? � Nous discutons deux minutes. Malin, il saisit ce jour-l� l'occasion de montrer qu'il discute avec les nationalistes comme avec n'importe qui. Ce qui signifie que, d�sormais, nos discussions sont officielles et que je ne pourrai pas jouer sur les deux tableaux, le n�gociateur � Paris et l'intransigeant en Corse.

Les discussions vont s'�taler sur 1993-94. � chaque rencontre, Pasqua a le m�me ton paternaliste, sympathique, avec toujours quelques mots en langue corse au milieu de la conversation, pour cr�er une sorte de complicit� entre compatriotes.

Je monte plusieurs fois seul, parfois accompagn� de Charles Pieri ou de Jean-Martin Verdi, autre responsable bastiais. Marie-H�l�ne Mattei, avocate du mouvement et ma compagne d'alors, participe �galement � quelques entrevues, mais sans jamais prendre part aux discussions.

Du c�t� des militants, il y a un bon �tat d'esprit. Ils y croient et se disent que quelque chose de s�rieux est entam�, puisque personne ne promet la lune. La Cuncolta se structure v�ritablement en parti politique, de mani�re � pouvoir absorber le FLNC Canal historique.

Tout ce sch�ma se met lentement en place. �


Selon Fran�ois Santoni, tout semble donc bien se passer jusqu�� l�affaire de Sperone. La r�alit� est loin d�autre aussi idyllique.

Pierre Poggioli qui a �t� le dirigeant historique du FLNC avant d�en �tre �vinc� donne une analyse qui est vraisemblablement la vraie dans � Journal de bord d�un nationaliste corse. � ( )

� Pour l'instant, ces contacts ne suffisent pas au FLNC historique. Il doit aussi compter sur sa base qui, elle, veut en d�coudre. Le FLNC historique s'est soud� autour de l'affaire Sozzi et affronte toutes les attaques. La tendance Biancucci, que l'UPC croit capable de susciter une �volution au sein de Corsica nazione, est mise sous l'�teignoir. Le FLNC historique d�cide alors d'acc�l�rer les choses : le 16 f�vrier, dans le sud de la Corse, une centaine d'hommes arm�s tiennent une conf�rence de presse. Le FLNC, dans la forme et dans le ton, durcit ses positions. Il annonce la rupture de la tr�ve qu'il observait depuis tin juin, se montre tr�s critique � l'�gard du gouvernement et consid�re la visite d'�douard Balladur comme n�gative. Mais le FLNC historique laisse la porte ouverte : il jugera aux actes. C'est un message � destination de Charles Pasqua. Jean Baggioni est le premier � r�agir. Il demande la continuation du dialogue.

Le 17 f�vrier, le FLNC historique plastique trois �tablissements publics � Mende le palais de justice, l'inspection acad�mique et les services fiscaux. C'est un lieu symbolique puisque le Comit� interminist�riel pour l'am�nagement du territoire s'y �tait r�uni sous la pr�sidence d'�douard Balladur. Enfin, les cibles aussi sont symboliques (statut fiscal, langue et culture corses, appareil r�pressif). De plus, l'am�nagement du territoire est un souci constant de Charles Pasqua. �


Journal de bord d�un nationaliste corse, Ed. de l�Aube

Besoin de donner de grain � moudre pour la base mais aussi probl�mes d�intendance. Charles Pasqua a envoy� ses �missaires discuter avec toutes les tendances de la clandestinit� corse. Et cela se sait. Le FLNC Canal historique a toujours eu un complexe d�inf�riorit� envers le FLNC Canal habituel qui, avec �l�gance qualifie les � historiques � de � mongs � (mongoliens).

Or les discussions avec le minist�re de l�int�rieur accrochent sur un certain nombre de points et notamment sur les relations avec le MPA-FLNC Canal habituel. Marie-H�l�ne Mattei souligne � juste titre dans son ouvrage � Le prix du silence � que les envoy�s de Charles Pasqua rencontrent toutes les organisations clandestines. Charles Pasqua n�a pas de pr�f�rence particuli�re pour le Canal historique. Il s�est rendu compte que la violence corse avait des causes plus subtiles que la simple pr�sence d�une centaine d�excit�s. Les notables en jouent pour la d�noncer ou pour demander plus de moyens � l��tat. La population sait aussi s�en servir. En d�finitive, les FLNC sont les productions monstrueuses d�une soci�t� qui ne fonctionne pas. Il veut donc discuter avec tous quitte � octroyer des passe-droits. Mais il sait aussi que si le FLNC Canal habituel a l�impression d��tre mis hors jeu, c�est lui qui provoquera de nouvelles violences pour se rappeler au bon souvenir du gouvernement.
Or il est un point en apparence mineure qui g�ne le Canal historique : la pr�sence d�Henri Antona jug� � tort comme un vassal de Pasqua dans l�op�ration immobili�re de Sperone. Pour comprendre comment un si petit fait a pu d�boucher sur l�arrestation de 14 militants, il faut d�abord accepter l�id�e que bien des assassinats en Corse ont eu lieu � cause d�affaires �conomiques m�me lorsqu�ils sont habill�s d�id�ologie. Et l��conomique renvoie au pouvoir et � la certitude d��tre � consid�r� �. Les deux FLNC se disputent quelques tr�sors de guerre qui ne sont pas des tr�sors au sens propre du terme. Il s�agit de territoires � mettre en coupe r�gl�e. Ce sont les vaches � lait de l�imp�t r�volutionnaire. Les victimes de cette pratique sont de tous ordres : soci�t�s, particuliers, continentaux en vill�giature. Mais la somme n�cessaire au bon fonctionnement du FLNC est de l�ordre de 3 � 5 millions par an si on en croit Laetizia Sozzi, la veuve de ce militant assassin� en juin 1973 par ses propres fr�res d�armes du FLNC Canal historique.

Or ces sommes servent essentiellement � nourrir des militants transform�s en professionnels de la politique. Et qui dit militant dit famille de militant. C�est donc aussi une mani�re de former une client�le �lectorale � la fa�on des � clans � que l�on d�nonce par ailleurs.

Bastia Securit�, cette soci�t� de gardiennage prise en main par le FLNC puis le FLNC Canal historique, remplit �galement cet office comme toutes les soci�t�s de gardiennage qui ont pouss� dans l��le. En mettant un gardien � tel ou tel endroit, on nourrit une famille mais on prend aussi pied dans un territoire. Or Sperone est l�un des � clients � les plus juteux des clandestins.

La division du FLNC en deux groupes antagonique a exacerb� ces pratiques. Le seul secteur qui a �vit� la surench�re est celui de Sagone-Carg�se. L� le m�me groupe familial, celui des Colonna-Caviglioli, dirige � la fois le Canal habituel et le Canal historique. Le Club M�d, les h�tels, les simples particuliers versent leur contribution forc�e aux � structures �. Et pas de piti� pour les r�calcitrants. Deux d�entre eux seront abattus en guise d�exemple. L�assassinat du militant Robert Sozzi par ses fr�res d�armes, l��limination physique de grands voyous en Balagne, ont les m�mes origines : prot�ger les � tr�sors de guerre � c�est-�-dire la main-mise sur les productions de richesse. On aurait tort de n�y voir qu�un comportement d�linquant. L�argent est important mais moins qu�on le pense dans une soci�t� aussi exigu�. L�essentiel est de ne jamais l�cher pied devant l�adversaire.
Or l�ensemble Sperone-Cavallo-Bonifacio est essentiel en terme de puissance pour les organisations clandestines. Les raisons sont faciles � comprendre. Le milieu traditionnel y est faiblement implant� depuis 1983 quand le FLNC a liquid� physiquement une grande partie de la bande Jeannot Alfonsi dit Jeannot le long apr�s la disparition du militant nationaliste Guy Orsoni. Son alli�, Jean-Marc Leccia, un chimiste de la drogue alli� au clan Zemmour, a �t� liquid� dans la prison d�Ajaccio par trois membres du FLNC.

Depuis les petites bandes ont prolif�r� mais aucune n�a pris le dessus. Le FLNC n�est donc pas confront� aux difficult�s de la r�gion ajaccienne o� le milieu traditionnel est puissant et celle de Bastia o� il faut composer avec la Brise-de-Mer. L�autre raison est le potentiel touristique de cette r�gion qui est l��quivalent de celui de Balagne. Il est donc n�cessaire de d�tenir le pouvoir ici.

L�arriv�e d�Antona et de responsables du FLNC Canal habituel dans cette sph�re inqui�te �norm�ment le Canal historique. Lors de la scission du mouvement nationaliste en 1990, ce sont les dirigeants de la Cuncolta-FLNC Canal historique qui ont lanc� l�id�e de la pr�sence mafieuse en Corse. Ce sont encore eux qui ont dirig� la presse vers Alain Orsoni, dirigeant du FLNC Canal habituel et du MPA en les d�signant comme le fer de lance de la pr�sence mafieuse. Ce sont eux qui ont donn� les noms de Lillo Lauricella comme �tant la t�te de pont de cette mafia sicilienne. Il est vrai qu�ils sont ensuite devenus ses alli�s.

Ces all�gations sont renforc�es par le rapport de la commission parlementaire pr�sid�e par le d�put� UDF, Fran�ois d�Aubert, qui le 4 f�vrier 1993 : a conclu � l�implantation de la mafia dans l��le de Cavallo.
� S�agissant de l��ventuelle implantation de la mafia italienne, de nombreux observateurs soulignent que l��le est suffisamment pourvue en bandits pour ne pas �prouver le besoin d�en importer de l�ext�rieur �.

En r�ponse � une question sur une �ventuelle implication du crime organis�, notamment italien, en Corse, le directeur g�n�ral de la police nationale indiquait � la mission d�information sur la Corse : " au plan op�rationnel, je n�ai pas eu, pour ma part, depuis que je suis � ce poste, d�indications pr�cises sur des liens entre la mafia italienne et les actions qui se passent en Corse. En revanche, il est certain qu�il y a des liens entre les personnes ".

Le rapport de la commission d�enqu�te sur les moyens de lutter contre les tentatives de p�n�tration de la mafia en France �voque cette question, relevant que " des t�moins ont cependant indiqu� � la commission que plusieurs r�unions de mafieux avaient eu lieu en Corse et que l�enqu�te sur l�affaire du casino de Menton (avait mis � jour des liens entre la Mafia et le milieu corse ". Il ajoutait que " quant aux investissements de la Mafia en Corse, souvent mis en avant par les nationalistes pour justifier leurs exactions, il n�existe gu�re plus de certitudes� Des rumeurs ont couru sur des investissements immobiliers, comprenant la construction d�un village de vacances dans l��le de Cavallo, au sud de la Corse. D�apr�s les renseignements fournis par la police italienne, ces investissements seraient financ�es par l�interm�diaire de M. Lillo Lauricello, consid�r� comme un sp�cialiste du recyclage de l�argent de la mafia. L�enqu�te men�e en France sur cette affaire a r�v�l� que des financements provenaient de pr�ts bancaires consentis par des banques helv�tiques, qui �taient eux-m�mes couverts par la garantie � l�exportation accord�e par l��tat italien ".

Sur cet �chiquier virtuel b�ti autour de r�alit�s et de rumeurs, chacun aiguise ses longs couteaux. Et d�j�, dans l�ombre une partie de la police et de la justice, appuie les efforts de Charles Pasqua tandis qu�une autre partie tente de les saborder. Car l��tat est non seulement partie prenante de ce grand jeu mais il s�en veut le grand manipulateur. Or dans ce jeu subtil, chacun est � la fois proie et pr�dateur.

DEMAIN Des attentats en forme de d�fi *** Une op�ration �vent�e

Les deux premi�res parties :
L�affaire de Sperone (II)
L�affaire de Sperone (I)


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