Quand le ministre de l�int�rieur dialoguait avec le FLNC
Jan 27, 2004
En mars 1994, 14 hommes appartenant � un commando du FLNC-Canal historique sont intercept�s sur le domaine de Sperone, situ� � l�extr�me-sud de la Corse, alors qu�ils s�appr�taient � l�attaquer et � en plastiquer les installations.

Quatorze membres du commando sont donc pris en flagrant d�lit et inculp�s pour divers accusations. Une telle prise est unique dans les annales de l�anti-terrorisme. Le lendemain, la Cuncolta naziunalista, organisation l�gale se r�clamant du FLNC Canal historique, fait coller par ses militants sur tous les murs de Corse des affiches d�non�ant l�incarc�ration de ses quatorze militants. Une bien curieuse �preuve de force vient de commencer qui � elle seule, synth�tise toute l�attitude des diff�rents gouvernements fran�ais envers les terroristes corses.

Un an et demi plus tard, le dernier des quatorze d�tenus est lib�r�. Tous les � prisonniers de Sperone � ont retrouv� leur libert� malgr� les lourdes charges qui p�sent sur eux. Selon la justice antiterroriste, que l�on avait connue moins scrupuleuse, des fautes de proc�dures justifiaient ces lib�rations au compte-gouttes mais �tonnamment rapides. Selon les dirigeants du FLNC, elles avaient �t� le fruit de conciliabules secrets entre les plus hauts niveaux de l��tat, Charles Pasqua et la direction du FLNC Canal historique. Voici donc l�histoire de l�un des scandales politico-judiciaires de la Ve R�publique qui, � lui tout seul, explique bien des d�boires corses.

Les 14 de Sperone ne seront jug�s qu�en 2000 et les peines en appel tomberont en 2002 soit plus de huit ans apr�s les faits. La peine maximum sera de un an ferme. Trois des 14 mourront dans l�ann�e qui suit leur lib�ration, un de maladie les deux autres par assassinat. La plupart des autres ont quitt� le nationalisme.

Cette longue enqu�te n�est pas destin�e � jeter l�opprobre sur les nationalistes qui furent arr�t�s mais de parvenir � d�terminer les responsabilit�s des uns et des autres. Or, il nous est apparu que les n�gociations secr�tes de l��tat fran�ais, son amoralisme, ses tergiversations ont fait beaucoup dans la guerre entre nationalistes qui commen�ait � peine. Cette attitude a surtout confort� les organisations clandestines que, pourvu qu�on use de violence, on pouvait tout obtenir de l��tat fran�ais. Loin de nous l�id�e d�absoudre les plastiqueurs. Ils savaient en allant poser leurs pains d�explosifs qu�ils risquaient la prison en cas de capture. Et comment pourrait-on imaginer une soci�t� qui ne sanctionne pas ceux qui d�truisent au nom de leur justice priv�e ?

Mais il faut aussi admettre, � l�inverse, que la justice et le droit ont souvent �t� �touff�s dans cette �le en fonction justement du principe d�efficacit�. L�histoire du site de Sperone est d�ailleurs particuli�rement �clairante. On lira en fin d�enqu�te les donn�es produites par l�organisation �cologiste � U Levante �. Malgr� l�inconstructibilit� du site, Sperone a �t� construit. C��tait alors partie facile pour la clandestinit� que d�affirmer qu�elle au moins faisait respecter la loi et d�fendait la terre de Corse. Les interventions d�Ati Lantieri, maire de Bonifacio et de Jos� Rossi, d�put� de la Corse du Sud, pour permettre les constructions sur les sites de Sperone et de Piantarella, apparaissent aujourd�hui non seulement comme scandaleuses mais d�une certaine fa�on criminelles. Sans ces d�nis de justice en mati�re environnementale, la clandestinit� insulaire en serait rester au stade d�une cause se perdant dans le racket et la violence tyrannique. C�est gr�ce aux Sperone et Piantarella qu�elle a acquis des lettres de noblesse qui perdurent encore aujourd�hui. Combien de fois au cours de notre enqu�te avons-nous entendu dire : � D�accord le FLNC a tu� et il a vol�. Mais il a au moins r�ussi � prot�ger la Corse du b�ton. Il n�y a qu�� voir le reste de la M�diterran�e. �

Les partis politiques traditionnels ont jou� un r�le extr�mement pervers soutenant les promoteurs d�une main mais aidant le nationalisme clandestin de l�autre. Ils gagnaient alors sur tous les tableaux. Celui de l�argent, celui du soutien �tatique et enfin celui de la solidarit� avec les d�tenus nationalistes.
Ils ont souvent r�ussi � tuer des d�cisions de justice parce que les inculp�s appartenaient � leur client�le �lectorale. Combien de nationalistes emprisonn�s ont b�n�fici� du z�le jamais d�menti de Jean-Paul de Rocca-Serra, l�inoxydable d�put� de la Corse-du-Sud. Mais en �change il � devait le voter �. Les nationalistes n�ont fait que reproduire le sch�ma que, par ailleurs, ils d�non�aient.

Nous affirmons quant � nous que si la justice avait �t� respect�e scrupuleusement en Corse, la plupart des drames auraient �t� �vit�s. En jouant avec le monde de la clandestinit�, les repr�sentants des gouvernements de gauche comme de droite ont jou� avec le feu et souvent ont provoqu� des incendies. Pierre Joxe a n�goci� avec la tendance du FLNC qui allait devenir le Canal habituel. Charles Pasqua a choisi la tendance ennemie. Chacun a agi en fonction des rapports de force, en discutant avec ceux qui paraissaient les plus d�termin�s. C�est ainsi que la longue guerre en factions a d�but�. L�affaire de Sperone contient tous les germes de cette gangr�ne. C�est pourquoi elle vaut le coup d��tre racont�e par le menu.

2�me partie demain mercredi


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