Ouvrir dans une nouvelle fen�tre Antoine Sollacaro, un avocat au-dessus de tout soup�on
Aug 6, 2003
Auteur: L'investigateur

Ancien sympathisant de l�extr�me-droite nicoise, Antoine Sollacaro est sans aucun doute une sommit� dans le petit monde insulaire. Avocat de gros voyous, du casino d�Ajaccio, de nationalistes, de maris cocus, de femmes bafou�es, de club de football, il tra�ne dans tous les pr�toires sa silhouette alourdie par les ans et les soucis. Son nom est cit� lorsque Emile Mocchi avait vers� la somme de 500.000 Frs au FLNC par l'interm�diaire d'Alain Orsoni qui avait gard� 300.000 Frs pour lui. �mile Mocchi a toujours vers� de l'argent au FLNC (et sans doute aux autres tendances par la suite), son neveu Toussaint Mocchi, entrepreneur � Propriano, assurant les contacts. �

Un rapport pr�cise que Toussaint Mocchi est un ami personnel de Jean-Michel Emmanuelli, patron d�une bo�te d�immobiliers proprianaise et ajaccienne mais aussi directeur du � Journal de la Corse �. Le pr�fet Bonnet citait son nom dans le t�moignage qu�il voulait lire au proc�s des assassins pr�sum�s du pr�fet Erignac. Avec Fran�ois Santoni et Ren� Modat (devenu pr�sident de la FDSEA, Corse-du-Sud apr�s l�assassinat � miraculeux � de Lucien Tirroloni), il a mont� une Soci�t� d��conomie Mixte, Authentica, cens�e promouvoir les produits corses.

Antoine Sollacaro a �galement �t� l�ami et l�avocat d��mile Mocchi. Il �tait surtout destin� � lui succ�der � la mairie. Malheureusement pour lui, l�alliance des nationalistes proches du FLNC Union des Combattants et du radical de gauche Paul-Marie Bartoli va remporter la victoire et mettre un terme � l�irr�sistible ascension de l�avocat ajaccien.

Un temps, tr�s tr�s proche du FLNC uni, Antoine Sollacaro fait ses premi�res armes en Corse en d�fendant des militants nationalistes au point de devenir quasi-h�g�monique dans ce domaine. Sur le plan financier il ne fait aucun cadeau � ses � camarades � de combat. La d�fense moyenne revient � environ � 100.000 francs surtout quand il faut partager avec son vis-�-vis parisien, un certain Robaglia, ancien militant fasciste et aujourd�hui d�c�d�.

Lors de la rupture entre les deux branches ennemies du nationalisme corse, il prend le parti du MPA et du FLNC Canal habituel. Il est vrai qu�il conna�t bien Alain Orsoni.

Les 22 mars et 29 mars 1992, il appara�t sur la liste MPA qui s�oppose � celle de Corsica Nazione. Il c�toie du beau monde : Alain Orsoni, dirigeant du FLNC Canal habituel, tout comme Dominique Bianchi. Ou encore Tony Fieschi, arr�t� pour le double attentat contre l�URSAFF et la DDE en novembre 1999. Ou encore Jacques Marcellesi, r�put� responsable du FLNC Canal habituel puis du FLNC du 5 mai, ou encore Gilbert Casanova sorti de prison o� il y �tait entr� pour escroquerie apr�s avoir �t� un dirigeant du FLNC puis du FLNC Canal habituel. Sollacaro est d�ailleurs son avocat et a m�me �t� plac� en garde-�-vue pour lui.

On ne peut pas tous les citer mais tous devraient l��tre. Antoine Sollacaro est l� pour faire foule. La liste obtient 8% tandis que Corsica nazione en obtient 15%. Tout est en place pour que la guerre entre nationalistes commence. Elle d�butera l�ann�e suivante avec l�assassinat de Robert Sozzi.

Apr�s l�assassinat du pr�fet Erignac, Ma�tre Sollacaro, avocat d�Yvan Colonna est b�tonnier du barreau d�Ajaccio. Lors de la rentr�e solennelle du TGI d'Ajaccio en janvier 1999, il prend la parole et d�nonce les � pratiques � du pr�fet Bonnet en sa pr�sence. De cette voix si particuli�re qui rend souvent ses propos inaudibles, il parle et parle et parle encore de la r�pression, des � dragonnades �.

Le pr�fet estimant que Me Sollacaro �tait all� trop loin dans ses propos, sort de la salle, estimant que l'�tat �tait mis en cause. Le procureur g�n�ral Legras reste dans l'enceinte judiciaire, estimant que c'�tait la place d'un magistrat. Le pr�fet lui reprochera " de ne pas l'avoir suivi et d'avoir manqu� de solidarit� ", d'apr�s les propos rapport�s par le procureur g�n�ral devant la commission.

Ma�tre Sollacaro a r�ussi � �largir le foss� entre l�institution judiciaire et le pouvoir ex�cutif. Il ne demandait que �a.

Mais pourquoi �voquer ces vieux souvenirs ? Car il semblerait que Ma�tre Sollacaro soit en train de jouer une partie identique. Nous avons soulign� combien cet homme de robe avait tendance � varier dans ses r�cits. Peut-�tre est-il un peu po�te lui qui se pique d��tre un adh�rent de la Ligue des droits de l�homme et de r�ver � une humanit� meilleure.

On l�a ainsi entendu dire � peu pr�s tout et n�importe quoi sur le fameux rendez-vous du Lutetia avec Bernard Squarcini. Nous avons analys� les fuites concernant l��vocation de cette r�union et notre r�le sur le compte de divergences entre diff�rents chefs de la police.

Et puis, un de nos correspondants parisiens nous a souffl� un autre renseignement. Le premier �cho a �t� �crit par La�d Sammari dans l�Est R�publicain. Cet excellent journaliste est surnomm� en Corse � u Scurpinu � (la Rascasse, un poisson de roche tapi dans l�ombre auquel il ne fait pas bon se frotter). Il a �crit dans le Canard Encha�n� sous le pseudonyme de J�r�me Canard. Sa femme, magistrat en Lorraine, lui a ouvert bien des portes. L�homme est intelligent et tr�s bon analyste. Son audition par la commission d�enqu�te parlementaire relative � la Corse est un morceau d�anthologie.

L�homme a compris la Corse. Mais il est m� par une ambition journalistique qui, parfois, le m�ne un peu trop loin. Il a gard� de nombreux contacts en Corse parmi lesquels Antoine Sollacaro. L�hypoth�se est la suivante : Ma�tre Sollacaro sait que son client, Yvan Colonna, risque fort de prendre perp�tuit� assortie d�une peine de s�ret� de 22 ans. Il fait lui-m�me fuiter un secret qu�il pr�tend vouloir prot�ger et il s�adresse au journaliste ami.

Il est fort probable que, quoiqu�il dise, le sujet d�Yvan Colonna ait �t� abord� avec Bernard Squarcini. Ma�tre Sollacaro a dit et r�p�t� que le principe m�me d�une reddition de son client �tait inenvisageable avant la fin du proc�s. Dont acte. Et voil� qu�Yvan Colonna est arr�t� juste avant cette fin de proc�s. Ma�tre Sollacaro ne dispose donc plus de cartouches suffisantes pour n�gocier une reddition de son client. Mais il peut jouer sur cette fameuse r�union du Lutetia. Il tient un atout ma�tre : le droit de dire ce que bon lui semble sans que les autorit�s puissent r�agir sans s�enfoncer plus encore dans le scandale.

Pour ce faire amusons-nous au jeu des suppositions. Ma�tre Sollacaro nous pardonnera bien volontiers notre c�t� gamin. Admettons que nos informations soient justes. Auquel cas, dans les jours qui viennent d�autres papiers distilleront de nouvelles v�rit�s sollacariennes d�guis�es en suintements journalistiques. La pression montera et, peut-�tre un jour, apprendrons-nous que contrairement � ce qu�il a affirm� jusqu�� aujourd�hui tout avait �t� n�goci� jusqu�au moindre d�tail mais que l��tat a chang� son fusil d��paule�

Pour notre part, nous avons indiqu� l�endroit o� nous nous sommes arr�t�s laissant Squarcini et Sollacaro mener ou ne pas mener leurs affaires. Nous voulions �viter une � kelkalisation � d�Yvan Colonna, une de ces bavures m�diatiques qui aurait plong� la Corse dans un bain de sang.

Et si nous nous �tions tromp�s (mais tout notre r�cit n��tait qu�imaginaire) Ma�tre Sollacaro aurait le bon go�t d�accepter nos excuses.

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