Ariane Chemin a trouv� un fil rouge dans la rencontre entre Bernard Squarcini, num�ro 2 des Renseignements g�n�raux et Antoine Sollacaro, l�avocat d�Yvan Colonna. Cette �nigmatique rencontre r�v�l�e par l�Est r�publicain du 5 juillet, veille du r�f�rendum en Corse, et d�clin�e presqu�� l�infini par Antoine Sollacaro dans de nombreuses interviews, appara�t donc un peu plus clairement dans l�article du Monde. Pourtant le style de l�article et la relation des faits rendent relativement incoh�rente ce � non �v�nement � qui n�en finit pas de faire couler l�encre.
� Rien n'est jamais ni totalement simple ni totalement clair lorsqu'il s'agit de la Corse �, �crit fort justement Ariane Chemin.
� Un mois avant l'arrestation d'Yvan Colonna, l'avocat ajaccien du fugitif, Me Antoine Sollacaro, et le num�ro deux des renseignements g�n�raux (RG), Bernard Squarcini, s'�taient rencontr�s � l'H�tel Lut�tia, dans le 6e arrondissement de Paris, comme l'avait r�v�l� L'Est r�publicain le 5 juillet. �
� Cette rencontre - que le minist�re de l'int�rieur n'a jamais d�mentie, mais qui n'a selon les deux protagonistes abouti � rien, et surtout pas � une reddition d'Yvan Colonna (Le Monde du 7 juillet) - avait �t� organis�e par le journaliste Jean Nicolas, patron du site Internet L'Investigateur. Ce m�dia, cr�� en 1999 et bas� au Luxembourg, est tr�s consult� en Corse, � laquelle il consacre nombre d'informations, parfois tr�s pr�cises lorsqu'elles sont polici�res, souvent partisanes, pol�mistes ou naus�abondes dans ses attaques ad hominem. �
Ce paragraphe contient une erreur par omission. Lorsqu�elle a pos� ses questions � Jean Nicolas, ce dernier a bien pris soin de sp�cifier que L�investigateur �tait d�abord un journal papier et ensuite un site. Si Ariane Chemin s��tait donn� la peine de seulement �couter ce que qu�on lui a dit, elle aurait m�me pu sp�cifier que L�investigateur se vend tr�s bien au Luxembourg et que ses num�ros hebdomadaires sont � chaque fois �puis�s.
Le site n�est d�ailleurs pas bas� au Luxembourg. C�est le journal papier qui l�est et tout � fait l�galement. L�investigateur est peut-�tre un myst�re dans le petit monde journalistique fran�ais. Il ne l�est �videmment pas dans le Grand-Duch� o� il d�nonce hebdomadairement les scandales. � son actif, une lutte incessante contre les r�seaux p�dophiles mais aussi une d�nonciation intransigeante de scandales tels que celui d�Edith Cresson ou encore l�affaire Elf, pour ne citer que ceux la.
Ariane Chemin devient tout � fait pernicieuse lorsqu�elle �crit que nos informations seraient pr�cises lorsqu�elles � sont polici�res �, souvent partisanes, pol�mistes ou naus�abondes dans ses attaques ad hominem.
En gros, Ariane Chemin nous fait exactement le proc�s que lui ont fait Cohen et P�an dans � la Face cach�e du Monde. � Reprenons ces piques venimeuses les unes apr�s les autres. Nos informations seraient pr�cises lorsqu�elles seraient polici�res. Il va de soi que Le Monde n�utilise jamais d�informations polici�res. Ariane Chemin qui fr�quente les couloirs du Minist�re de l�Int�rieur comme n�importe quel journaliste, n�y va que pour flairer l�air du temps. Rappelons tout de m�me les scoops du Monde qui restent tout � sa gloire : les Irlandais de Vincennes, source Laurent Fabius� Le Rainbow Warrior : sources Fabius et Joxe. Affaire Colonna : source : la pr�fecture.
Nous pourrions allonger ainsi � longueur de site ce que tout le monde journalistique conna�t. Sans oublier les articles directement �crits � partir de note blanche r�dig�e pour la circonstance. Nous avons l�honn�tet� de produire des documents qui pour certains proviennent en effet des services de police. Et alors� Sans de telles pratiques, qu�Ariane Chemin nous explique, du haut de la grandeur du Monde, comment se pratique le m�tier de journaliste. Faut-il s�effondrer en pri�res sur le parvis des cath�drales pour recevoir soudain la v�rit� divine ?
�tre journaliste, signifie aller fouiller la merde et tenter d�en exhumer une forme de v�rit�. Un point c�est tout. On n�a jamais r�ussi � inventer autre chose sauf � faire de l�intellectualisme analytique.
Nos articles seraient souvent partisans. La belle trouvaille que voil�. Mais c�est notre credo, l�esprit partisan. Et o� Ariane Chemin a-t-elle lu que nous d�sirions autre chose ? Nous sommes horrifi�s par l�injustice et nous la combattons. Mais nous n�agissons pas du bout d�une plume au cul serr�. Nous gueulons, nous temp�tons, nous d�non�ons. Contre ceux qui brisent des vies nous n�avons aucune piti�. Nous agissons de la m�me mani�re contre ceux qui placent des bombes et pratiquent les attentats aveugles. Oui, mille fois, oui, nous sommes des partisans et tant pis pour les esprits ti�des qui pensent que le lectorat va comprendre entre les mots les notions de � salauds � et de � victimes �.
Quant au caract�re naus�abond de certains de nos articles, nous n�allons pas discuter ici des go�ts et des odeurs avec la journaliste. � chacun sa culture et ses valeurs. Le Monde a publi� en son temps un manifeste de p�dophiles. C��tait indubitablement une erreur naus�abonde. Mais c��tait une erreur. Quand Le Monde publiait un article de Pierre Vidal-Naquet d�fendant un violeur c��tait naus�abond �galement. Pourtant le Monde est un bon journal.
Nous avons d�nonc� les d�rives de Charles Pieri non � cause de ses id�es qu�il a le droit d�avoir mais � cause de ses pratiques. Et � cela, nous n�avons pas l�intention d�y mettre un terme. Ariane Chemin devrait se demander pourquoi la presse fran�aise est en queue de peloton de l�Europe. Peut-�tre parce que la d�mocratisation fait qu�aujourd�hui le petit monde, si m�pris�, a d�sormais droit au chapitre. Il a besoin de lire qu�un violeur est une ordure, que les femmes viol�es sont des victimes, qu�un Christophe Garelli n�avait pas � mourir sur une place de village parce que de petites frappes nationalistes en avaient ainsi d�cid�.
Notre site est visit� par des milliers de personnes chaque jour. C�est donc que le public en g�n�ral trouve sur notre site ce qu�il ne trouve pas ailleurs. Tout simplement parce que nous remplissons un certain r�le que nous n�h�sitons pas � d�finir comme citoyen. Alors peut-�tre que la d�mocratie est en d�finitive naus�abonde pour les narines aristocratiques du Monde. H� bien tant pis pour le Monde.
Restent les attaques ad hominem. En deux mots, Le Monde a �t� accus� du m�me p�ch� par ses d�tracteurs � commencer par Fran�ois Mitterrand dans sa fameuse diatribe contre les journalistes chien. Alors nous ne serions donc pas meilleurs que Le Monde ? Nous nous y ferons. Mais poursuivons l�analyse de l�article du Monde.
� L'affaire commence par un myst�rieux coup de t�l�phone. Vendredi 6 juin, Me Sollacaro apprend en retrouvant son bureau ajaccien qu'un certain Jean Nicolas - sa secr�taire comprend "Nicoli"- a cherch� � le joindre. Il a laiss� un num�ro de t�l�phone au Luxembourg. L'avocat le rappelle. "Je prends contact avec vous parce qu'un repr�sentant de l'�tat fran�ais est pr�t � vous rencontrer", dit l'homme au l�ger accent, en se pr�sentant. L'�diteur de L'Investigateur explique qu'il s'agit de M. Squarcini, et l'avocat s'�tonne. "C'est �trange, je le connais bien, il est souvent en Corse. Il a mille fa�ons de me contacter", l�che-t-il, en donnant n�anmoins son num�ro de portable. Une minute � peine s'�coule avant que son t�l�phone sonne de nouveau. �
Saluons ce v�ritable Fr�goli qu�est Ma�tre Sollacaro. Ce grand avocat nous livre la ni�me version de cet �pisode qui devient au fil des interviews un grand classique journalistique. Hier encore, le myst�rieux correspondant anonyme � parlait au nom de l��tat fran�ais �. Nous avons d�j� relev� l�audace de Ma�tre Sollacaro qui apr�s un appel soi-disant anonyme, donne son num�ro de portable. Cette fois-ci l�identit� de monsieur X nous est donn�e par Sollacaro : il s�agit de Jean Nicolas de L�investigateur. Et nous confirmons. Il ne s�est en effet pas pr�sent� � au nom de l��tat fran�ais � � Sollacaro, mais pour le mettre en contact � avec un repr�sentant de l��tat fran�ais �. Formidable nuance de la langue fran�aise.
Ma�tre Sollacaro ne s�est d�ailleurs pas �tonn� du proc�d�. Il a seulement soulign� qu�il avait confiance en Squarcini avec qui il avait d�j� eu � faire.
� C'est Bernard Squarcini. "Quand est-ce que vous remontez � Paris ?", demande le num�ro deux des RG. Rendez-vous est pris pour le mardi suivant, � l'issue de l'audience du proc�s Erignac, � Paris. "Ne vous inqui�tez pas, �a sera s�curis� et prot�g�", ajoute le policier. D�s le lendemain, Me Sollacaro rencontre le p�re d'Yvan Colonna, son fr�re, sa s�ur et sa compagne pour les informer de ce myst�rieux rendez-vous et recommander discr�tion et prudence. Par pr�caution, Me Sollacaro demande � Me Patrick Maisonneuve, un confr�re et ami, de l'accompagner. Le rendez-vous a �t� volontairement fix� dans un endroit couru : le bar de l'H�tel Lut�tia, o� loge Me Sollacaro. �
On se reportera avec un int�r�t aigu aux deux articles paru l�un dans La Corse votre hebdo et l�autre dans France-Soir car, sans quelques pr�cisions l�article d�Ariane Chemin est incompr�hensible. Selon Ma�tre Sollacaro, jamais le nom d�Yvan Colonna n�aurait �t� �voqu� lors de la discussion avec Squarcini. C�est donc gr�ce � une sorte de t�l�pathie admirable que Ma�tre Sollacaro comprend dans le silence qu�il s�agit d�Yvan Colonna. Il convoque la famille et sans qu�il soit question d�un quelconque arrangement, tout le monde tombe d�accord. Alellujah ! Quant � Bernard Squarcini qui n�a demand� qu�une rencontre, il pr�cise sans plus de d�tail : � Ne vous inqui�tez pas, �a sera s�curis� et prot�g�. � Etrange�
� La rencontre tourne vite court. "On m'a dit que vous vouliez me voir." "C'est un malentendu. Je crois que c'est vous qui voulez me voir." La conversation s'engage donc banalement sur le r�f�rendum � venir : "Vous allez perdre", pr�dit Me Sollacaro � ce proche du ministre de l'int�rieur �.
He oui, le pire �tait � craindre, le pire est arriv�. Un journaliste luxembourgeois met en contact deux sommit�s du myst�re corse. Et que se disent-elles ? On vous le donne en mille. � Vous allez perdre le r�f�rendum �. Au passage Ma�tre Sollacaro appara�t comme un quasi-devin. Ca n�est jamais mauvais. Quant � Bernard Squarcini, il a fait s�curiser les abords du Lutetia, il s�est d�plac� pour se retrouver pantois et sans r�action.
� Avant de prendre cong�, l'avocat s'inqui�te toutefois de la publicit� que pourrait donner L'Investigateur � ce dr�le de rendez-vous : "Dites � Jean Nicolas que, si cette rencontre est racont�e, je l'attrape par les deux oreilles et je le ram�ne en France." "Ne vous inqui�tez pas. S'il y a quoi que ce soit, c'est moi qui l'am�ne dans le coffre de la voiture", aurait r�pondu en riant M. Squarcini. Jusqu'au 5 juillet, aucun article n'est publi� par L'Investigateur, qui reprend alors les articles consacr�s � l'affaire. �
Foutre Dieu, que voil� un dialogue viril. L�un, Zorro l�avocat promet de ramener Jean Nicolas par les deux oreilles, et l�autre, Bernardo, le muet de le mettre dans le coffre de son auto. Tout cela pour un non-�v�nement qui deviendra d�ailleurs public par la faute de rivalit�s au sein du minist�re de l�Int�rieur. Personne ne ram�nera Jean Nicolas en France � moins bien s�r qu�il n�y soit gentiment invit� par l�un de nos deux sbires au verbe si latin. Quant � la reprise des articles, elle relevait d�un travail de journaliste int�ress� et amus� par la progression de la v�rit�. Jusqu�o� ira-t-elle, nous demandions-nous ? Mais vraiment jusqu�o� ira-t-elle ? continuons-nous � nous demander en notant avec une certaine inqui�tude la porosit� des services th�oriquement secrets.
� "C'est mon chef - Yves Bertrand - qui m'a demand� de me rendre � ce rendez-vous, explique M. Squarcini. Cette rencontre est un non-�v�nement. La seule chose int�ressante, c'est l'identit� de ceux qui ont actionn� L'Investigateur pour l'organiser" et les mettre sur une fausse piste, ajoute-t-il. "J'ai �t� manipul�", dit Me Sollacaro. �
Incompr�hensible et limite. Cela dit, on mesure les hommes � leur capacit� � assumer leurs victoires, leurs d�faites ou leurs faux pas. Quant � ceux qui ont actionn� L�investigateur, pourquoi ne pas penser tout simplement � certaines personnes proches de l�entourage d�Yvan Colonna ?
C�est au moins ce qui appara�t comme le plus logique. Le mot de la fin appartient � Ma�tre Sollacaro : � J�ai �t� manipul� �. Il y a plusieurs fa�ons de lire cette phrase qui est peut-�tre la plus int�ressante de la rh�torique sollacarienne puisque cela fait deux fois qu�il la prononce. Soit il a �t� manipul� par L�investigateur mais on ne voit pas tr�s bien comment. Il a accept� de parler avec Squarcini. D�s ce moment, il �tait de sa propre responsabilit� d�en rester l� ou d�aller plus loin. Par ailleurs, quelle manipulation peut donc se cacher derri�re un � non-�v�nement �. Soit la notion de manipulation infirme tout ce qui a �t� dit plus haut. Auquel cas ce serait un message lanc� � Squarcini sur un �ventuel accord. Allez savoir.
� "Peut-�tre que ce qui s'est dit au Lut�tia n'a aucun rapport avec l'arrestation. S'ils l'ont retrouv� par leurs propres moyens, tant mieux, plaide M. Nicolas, qui pr�cise n'avoir demand� aucune compensation financi�re. Mais je persiste � penser que la disponibilit� d'Yvan Colonna d'arr�ter sa course �perdue �tait un bon tuyau."
Le journaliste explique que "l'un des contacts de L'Investigateur en Corse avait fait �tat, dans les dix derniers jours de mai, d'une disponibilit� d'Yvan Colonna d'arr�ter sa cavale", sans pouvoir le r�v�ler parce que "cela le mettait en danger". �
Rien � dire sur ce rapport de paroles.
� "J'ai un tr�s bon r�seau d'informateurs en Corse", insiste M. Nicolas, laissant planer le doute sur son journal, �crit, selon les uns, par des policiers jouant aux journalistes ou, selon les autres, par des journalistes qui se prennent pour des policiers. �
Ariane Chemin est encore une fois venimeuse. Il nous avait sembl� que �a n��tait pas le ton de la discussion durant laquelle � plusieurs reprises il a �t� question de confiance. Jean Nicolas l�a m�me invit�e au Luxembourg pour � enqu�ter � sur le journal L�investigateur. Quels �l�ments, sinon des rumeurs infond�es, lui permettent de pr�tendre que L�investigateur serait �crit par des policiers se prenant pour des journalistes ou le contraire ? Ariane Chemin ne se met-elle pas dans la situation qu�elle d�non�ait plus haut sur les attaques ad hominem, le ton partisan etc. En voulant nous faire passer pour des � ben�ts � (le surnom donn� � Edwy Plenel lors de l�affaire des �coutes), elle ne sert m�me pas sa propre cause. Son ton est par instant m�prisant et pour tout dire stupide. C��tait inutile.
Quoiqu�il en soit : Yvan Colonna a �t� pris � l�issue de tout ce micmac dont nous sommes � l�origine sans que nous puissions �videmment affirmer qu�il ait �t� suivi ou non d�effets. Nous ne pouvons que r�it�rer deux faits : contrairement � ce qu�a tent� de faire croire un fonctionnaire du minist�re de l�int�rieur, il n�a jamais �t� question d�argent. Nous n�avons agi que parce qu�une source s�re nous a fait savoir qu�Yvan Colonna d�sirait se rendre � condition bien s�r qu�il ait une chance de faire reconna�tre son innocence. Cela passait bien entendu par la r�it�ration de ses coinculp�s de son absence le jour de l�assassinat du pr�fet Erignac.
Nous n�avions pas � porter de jugement sur le fond de l�affaire, seulement nous mettre � la disposition des uns et des autres pour que tout se passe bien � savoir essentiellement que soit pr�serv�e l�int�grit� physique d�Yvan Colonna lors de sa reddition. En d�finitive, il aura �t� captur� quelque temps plus tard dans un calme et une s�r�nit� qui forcent l�admiration et des conditions parfois proches du burlesque (lire notre dossier ARRESTATION COLONNA)
Parions que cet article n�est pas le dernier sur ce sujet. Cette affaire ressemble � un d�ner de cons. Deux des protagonistes prennent le troisi�me pour un con. Il semblerait que les deux latins soient assur�s de leur supr�matie intellectuelle sur le germanique. Pourtant, les fuites sont parties du minist�re de l�int�rieur qui semble �tre une maison de verre. L�exp�rience nous apprend que quand un sujet commence � suinter, il est difficile d��chapper � l�expression de la v�rit�. Messieurs Sollacaro et Squarcini ont beaucoup arrang� la v�rit� et se sont pas tr�s bien comport�s envers nous. Ils savent tous deux comment nous contacter.
Le bureau corse de � L�investigateur �
Toutes les informations corses dans le DOSSIER CORSE
|
|