La perp�tuit� a �t� requise contre Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, qui auraient accompagn� Yvan Colonna pour tuer le pr�fet le 6 f�vrier 1998 � Ajaccio. Cette r�quisition �tait attendue et on voit difficilement comment il aurait pu en �tre autrement vu la tournure prise par la tr�s curieuse d�fense des inculp�s.
Plus choquant, la m�me peine a �t� demand�e sans �tre �tay�e par de quelconques preuves contre Jean Castela et Vincent Andriuzzi, qui auraient con�u et revendiqu� le crime.
Le magistrat, Yves Janier, a demand�, et c�est l� que risque de s�exercer la rupture, que cette peine soit assortie d'une p�riode de s�ret� incompressible de 22 ans, le maximum pr�vu par la loi, pour Ferrandi, Castela et Andriuzzi, mais pas pour Pierre Alessandri.
Le procureur a prononc� un v�ritable r�quisitoire politique � d�faut d��tre judiciaire. � La s�v�rit� de votre sanction doit �tre le r�v�lateur de l'attachement aux serviteurs de la R�publique �, a dit Yves Janier.
Ce dernier a cependant soulign� qu'il souhaitait faire des distinctions entre les accus�s suivant leur degr� d'implication pr�sum� dans le crime, m�me s'ils ne revendiquent qu'un � acte collectif � sans vouloir d�crire leurs r�les.
Il a requis 25 ans de r�clusion criminelle contre Didier Maranelli, qui aurait signal� par t�l�phone aux tueurs l'arriv�e du pr�fet, et contre Martin Ottaviani, chauffeur pr�sum� du commando.
Enfin, il a demand� vingt ans de r�clusion contre Marcel Istria, qui aurait recueilli dans un hangar apr�s le crime la voiture des tueurs, et la m�me peine contre Joseph Versini, qui a particip� � des r�unions pr�paratoires sans �tre impliqu� dans l'action.
Toutes aussi implacables sont les r�quisitions dans les affaires annexes.
Dans le dossier d'une attaque en f�vrier 1994 contre un concours de l'agr�gation � Nice, jug� dans le m�me proc�s, l'avocat g�n�ral a demand� � cinq � sept ans � de prison ferme contre Beno�t Fustier et St�phane Monti.
Enfin, il a requis quinze ans de r�clusion contre Jean-Philippe Antolini, qui compara�t notamment pour � complicit� � dans un attentat contre l'ENA � Strasbourg en 1997. C�est la peine la plus lourde jamais demand�e pour un attentat. Le drame pour Antolini est d�avoir �t� raccroch� on ne sait trop comment au dossier Erignac.
Yves Janier a �t� pr�c�d� par un autre avocat g�n�ral, Jean-Paul Bazelaire, et par le procureur g�n�ral Jean-Louis Nadal pour cinq heures de r�quisitions au total, apr�s plus d'un mois de proc�s.
"Ce sont des assassins que nous jugeons aujourd'hui, a dit le procureur Nadal. Ce n'est ni la Corse, ni les Corses, ni les opinions de certains d'entre eux. C'est un crime contre un serviteur de la R�publique. Mais l'homme ne se divise pas, les assassins du pr�fet Erignac sont aussi ceux de Claude Erignac, �tre de chair, �poux, p�re de famille �, a-t-il ajout�. Aux accus�s qui ont dit avoir voulu frapper le "symbole de l'�tat", il a r�pondu: "Les mots sont comme la cagoule sur le visage du terrorisme, un pauvre paravent."
L'association de soutien aux prisonniers politiques, le Comit� anti-r�pression (CAR), a aussit�t d�nonc� lundi 7 juillet les r�quisitions � iniques � contre les assassins pr�sum�s du pr�fet Erignac devant la cour d'assises sp�ciale de Paris, qui ne peuvent � qu'engendrer de nouveaux drames �.
� On en vient � remercier feu (le pr�sident) Fran�ois Mitterrand d'avoir aboli la peine de mort car si elle existait encore, ils l'auraient demand�e", a d�clar� lors d'un point presse � Ajaccio Jean-Marie Poli, porte-parole du CAR, en pr�sence d'une centaine de militants et d'un �lu de Corsica Nazione, Marceau Simeoni.
Le CAR appelle � un rassemblement jeudi soir 9 juillet, date attendue du verdict, devant l'assembl�e de Corse.
Le CAR a �galement r�affirm� son soutien � Yvan Colonna, ainsi qu'aux � personnes inqui�t�es pour avoir fait leur devoir de solidarit� entre Corses �, a poursuivi Jean-Marie Poli, qui �voquait le g�rant de la bergerie o� le tueur pr�sum� avait �t� arr�t� vendredi 4 juillet ainsi qu'un directeur de camping et son �pouse, tous trois interpell�s
� Je suis heureux de constater qu'on peut toujours passer quatre ans au maquis avec toutes les polices de France aux fesses, cela montre la solidarit� entre Corses �, a d�clar� pour sa part Marceau Simeoni, �lu Corsica Nazione qui s��tait r�cemment singularis� en �non�ant des propos particuli�rement stupides. Le cas �ch�ant, Yvan Colonna � aurait trouv� chez moi le g�te et le couvert comme partout pratiquement en Corse �, a-t-il affirm�.
Les avocats ont soulign� l�absence de d�monstration dans le r�quisitoire. De fait, pour de telles condamnations, il est tout de m�me de rigueur d��tayer les propos. L� pas grand-chose pour ce qui concerne les d�tenus qui n�ont jamais rien avou� et qui, surtout, n�ont jamais �t� mis en cause. L�intime conviction ne suffit peut-�tre pas pour envoyer des hommes dans un cachot. D�autant que les peines demand�es ne le sont que rarement pour des tortionnaires et des tueurs de vieillards ou d�enfants. C�est donc dans un souci de punir sans r�mission que le repr�sentant de l��tat a parl�.
� Un pr�fet est mort car il �tait le symbole le plus �loquent de ce qui leur �tait insupportable: la R�publique", a d�clar� le procureur. Nadal au d�but de ses r�quisitions, avant d'affirmer � l'imp�rieuse n�cessit� d'une r�ponse
judiciaire � la hauteur du crime commis �.
Dossier Erignac
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