Le procureur g�n�ral de Paris Jean-Louis Nadal a d�cid� d'intervenir en personne au proc�s des huit assassins pr�sum�s de Claude Erignac, au  moment o� les critiques s'accumulent sur la direction de l'audience. Il est vrai qu�� l�exception du conseiller Van Ruymbeke, sp�cialiste de la d�linquance financi�re, et fort heureusement pr�sent dans cette enceinte, la cour  fait preuve d�une indigence exceptionnelle. Les t�moins n�ont quasiment pas �t� questionn�s. Ce qui posait probl�me a �t� �vacu�. Mais surtout le pr�sident et les deux avocats g�n�raux ont �t� incapables de nouer le dialogue avec les pr�venus. Il aurait �t� possible d�amener ce proc�s du silence vers une sorte de catharsis heureuse. C��tait possible lorsque les pr�venus ont parl� de l�che attentat. Mais en l�occurrence, les magistrats ont fait preuve d�un autisme qui a pr�cipit� celui des accus�s. Ses deux avocats g�n�raux ont �t� tr�s critiqu�s dans la presse et m�me par certaines parties civiles, qui les jugent peu efficaces. Le 26 juin, Yves Janier a provoqu� un incident d'audience en dressant un parall�le entre l'assassinat du pr�fet et l'holocauste des Juifs durant la Seconde guerre mondiale, � la grande fureur des avocats de la d�fense mais aussi d�organisations de d�port�s. 
 
"C'est une v�ritable catastrophe. La cour et le parquet ont �voqu� � l'audience moins d'un tiers du dossier. Certains accus�s n'ont pas �t� du tout interrog�s sur certains faits", a dit un avocat de partie civile � Reuters. 
 
C�est pourquoi, d�marche exceptionnelle, le haut magistrat prononcera les r�quisitions lundi avant les avocats g�n�raux Yves Janier et Jean-Paul Bazelaire, qui ont  si�g� durant toute l'audience.  
 
Jean-Louis Nadal s'�tait d�ailleurs rendu d�s vendredi  matin au proc�s, alors que les parties civiles plaidaient. 
 
En principe, le procureur g�n�ral dirige ses magistrats mais ne se rend jamais aux proc�s. 
 
Son entourage a expliqu� que sa d�marche �tait due "au  caract�re exceptionnel des faits, l'assassinat d'un pr�fet de la R�publique" mais  pas du tout aux probl�mes que rencontrerait l'accusation. Il ne pouvait dire autre chose. 
 
Jean-Louis Nadal a �t� procureur g�n�ral � Bastia entre 1991 et 1992. 
 
Les avocats de la d�fense ont ironis� dans les couloirs du proc�s sur son intervention, qu'ils jugent symptomatique des inqui�tudes de l'accusation avant la fin du proc�s. 
 
Les huit accus�s encourent la r�clusion � perp�tuit� assortie d'une p�riode de s�ret� pouvant aller jusqu'� 22 ans.  
 
Le verdict ne peut �tre �videmment autre que s�v�re. Mais il doit laisser ouverte une porte � la r�demption. Tout se jouera donc sur la longueur des peines de s�ret�. Si elles sont accablantes, elles seront le signal en Corse que l��tat a voulu se venger plut�t que de rendre la justice. Si elles sont humaines, la soci�t� corse se l�vera comme un rempart contre ceux qui voudraient en d�coudre avec l��tat fran�ais.  
 
C�est en quoi nous �crivons que si le proc�s n��tait pas politique puisqu�il s�agissait de juger d�un assassinat, le verdict devait �tre pes� � l�once pr�s de mani�re � apaiser la situation. Si tant est que l�assassinat du pr�fet puisse servir � quelque chose (que la famille Erignac nous pardonne cela), qu�elle serve � �viter d�autres morts, d�autres drames. Pour cela, il faut rendre justice aux victimes mais laisser la voie de l�apaisement grande ouverte. 
 
Tel est le souhait d�une Corse qui n�en peut plus de survivre dans la violence et dans la menace du lendemain. Puisse l�accusation entendre cette supplique afin que nul ne sente �cras� apr�s le verdict, qui est annonc� pour jeudi. 
 
Dossier Erignac 
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