Des dirigeants nationalistes corses t�moignent au proc�s Erignac
Jul 4, 2003
Auteur: L'investigateur

Plusieurs personnalit�s des milieux nationalistes corses, notamment Edmond Simeoni, ont t�moign� jeudi au proc�s des huit assassins pr�sum�s du pr�fet de Corse Claude Erignac, pour demander une "solution politique" aux probl�mes de l'�le.

"Tant que la justice n'aura pas �t� rendue � la Corse, je pense que, malheureusement, elle ne trouvera pas la paix", a dit � la barre de la cour d'assises sp�ciale de Paris, Edmond Simeoni, 69 ans.
Il a parl� de "proc�s politique" et laiss� entendre qu'il souhaitait un verdict de cl�mence pour les accus�s. "Quand les proc�s sont finis, la vie continue. Et alors, il faut la vie, pas la mort", a-t-il expos�.
Th�oricien de la lutte nationaliste, il a dirig� lui-m�me en 1975 une action violente � Aleria, un an avant la cr�ation du FLNC. Deux gendarmes avaient �t� tu�s. Une semaine plus tard, une �meute � Bastia le concernant causait la mort d�un CRS. Condamn� puis lib�r�, il a occup� plusieurs fonctions �lectives sur l'�le.

Dans un t�moignage d'une heure et demie, d�clam� souvent avec l�emphase qu�on lui conna�t, il a exprim� sa condamnation pour l'acte mais sans se prononcer sur les huit auteurs pr�sum�s pr�sents dans le box.

Tout en exprimant sa "compassion" pour la famille Erignac, il a mis sur le m�me plan le pr�fet et les victimes des luttes entre factions nationalistes au d�but des ann�es 90.

"J'ai un sentiment de g�chis (...) Je ressens toujours, quelle que soit la victime, quelle que soit son origine ethnique, un sentiment d'�chec", a-t-il d�clar�.

Apr�s sa longue d�position, le pr�sident de la cour Yves Jacob l'a remerci� en d�clarant ironiquement et avec un mauvais go�t certain: "Je suis toujours heureux d'entendre un Corse qui parle".

La veuve du pr�fet et ses enfants ne sont pas venus � l'audience, pour la premi�re fois depuis le d�but du proc�s ce qui peut se comprendre.

Jean-Guy Talamoni, chef de file des �lus ind�pendantistes � l'assembl�e de Corse, a demand� jeudi apr�s-midi, � la cour d'assises de Paris une "d�cision d'apaisement" pour les huit assassins pr�sum�s du pr�fet Claude Erignac.

Confondant encore une fois la culpabilit� des hommes et une situation politique qu�il analyse avec ses propres crit�res, il a d�clar� "En faire des boucs �missaires serait injuste moralement, inepte politiquement et catastrophique pour les relations futures entre la Corse et Paris".

Au 22e et dernier jour des d�bats, l'�lu ind�pendantiste, qui d�posait � la demande de la d�fense, a r�p�t� qu'il condamnait "l'acte mais pas les auteurs", auxquels il a m�me exprim� sa "solidarit� patriotique".

La d�claration de Jean-Guy Talamoni, 43 ans ressemblait parfois � une mise en garde. Il sait combien un verdict jug� injuste par la base nationaliste risquerait d�avoir des effets contraires � ceux escompt�s par la justice.

"Votre verdict va avoir des cons�quences politiques importantes. J'ai la pr�tention modeste de vous demander de nous aider, d'aider la Corse (...) Nous serons l� pour le dialogue, encore faudrait-il qu'il soit possible", a-t-il insist�, ajoutant qu'il parlait au nom de sa "famille politique".

Parlant sans grande pudeur "d'attentat" et non d"assassinat" il a expliqu� que, selon lui, les accus�s ne devaient pas "porter sur leurs �paules toute la responsabilit� de la mort du pr�fet Erignac". Il est vrai que les nationalistes dans leur ensemble porte une partie de cette responsabilit�. Mais Jean-Guy Talamoni, s�r de son fait, continue � exon�rer les individus de toute responsabilit� : � ses yeux, le crime serait le r�sultat de la d�gradation de la situation sur l'�le, et il faudrait donc placer aussi dans le box des accus�s "les nationalistes, les �lus clanistes, les responsables parisiens et les hauts fonctionnaires". Il oublie que les accus�s ont d�sign� la d�gradation de la situation au sein m�me de la famille nationaliste et qu�on voit difficilement comment la Corse enti�re pourrait en �tre responsable sauf � d�cr�ter que tout le monde est responsable de tout ce qui revient � proclamer une irresponsabilit� g�n�rale qui conviendrait bien aux militants nationalistes toujours prompts � d�signer comme coupables le monde entier � l�exception d��eux-m�mes.

L'avocat de Mme Erignac, Me Philippe Lemaire, a interrog� Jean-Guy Talamoni sur une conversation t�l�phonique de f�vrier 2000 avec St�phane Colonna, fr�re de l'assassin pr�sum� du pr�fet, Yvan, en fuite.

Dans cette conversation enregistr�e par la police, l'�lu annon�ait son intention d'�crire � la veuve du pr�fet.

Jean-Guy Talamoni a expliqu� que St�phane Colonna �tait un militant de son mouvement et qu'il lui avait sembl� normal de lui annoncer sa d�marche.

Autre personnalit� ind�pendantiste appel�e � t�moigner, Antoine Acquaviva, ancien journaliste de l�Humanit� puis responsable du Ribombu, n'a pu se d�placer. Il a fait lire par un avocat de la d�fense une lettre dans laquelle il emploie des arguments voisins. Un quatri�me t�moin, Thierry Casanova, initiateur de la Tramula, a d�velopp� les arguments de cet appel.

Dossier Erignac

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