Seulement trois des huit hommes condamn�s par la cour d'assises sp�ciale de Paris pour avoir particip� � l'assassinat du pr�fet de Corse Claude Erignac font appel de ce verdict. Il s�agit de Jean Castela et de Vincent Andriuzzi, qui ont toujours clam� leur innocence et de Didier Maranelli, accus� d�avoir �t� le guetteur du groupe.  
 
Tous les autres condamn�s sans exception, Pierre Alessandri, Alain Ferrandi, Martin Ottaviani, Joseph Versini et Marcel Istria, ont d�cid� d�en rester l� et sont donc d�finitivement condamn�s pour assassinat ou de complicit� d'assassinat. Les trois hommes qui font appel sont, eux, pr�sum�s innocents jusqu'au prochain proc�s. 
 
Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, pr�sent�s respectivement comme l'homme ayant couvert le tireur et le "coordinateur", ont �t� condamn�s � la r�clusion criminelle � perp�tuit�. Martin Ottaviani - selon l'accusation, le chauffeur du groupe - a �t� condamn� � 20 ans de r�clusion criminelle.  Ils avaient tous trois, comme Didier Maranelli, reconnu pendant le proc�s avoir particip� � l'assassinat mais refus� de d�tailler leur r�le. Joseph Versini, qui avait choisi de ne pas participer � l'assassinat bien qu'il f�t au courant, a �t� condamn� � 15 ans de r�clusion criminelle. Marcel Istria, qui selon l'accusation se trouvait dans l'entrep�t d'o� le commando est parti et pour lequel ses avocats avaient plaid� l'acquittement, a �t� condamn� � 20 ans de r�clusion criminelle. Il n'a pas fait appel car "il refuse de participer � une seconde mascarade judiciaire", a d�clar� son avocat, Me Pascal Garbarini. 
 
"Tout au long de l'instruction il a clam� son innocence", a soulign� l�avocat, estimant que le verdict d'un second proc�s, une condamnation, est "connu d'avance". "On arr�te l'hypocrisie judiciaire", a ajout� qui a �t� tout � la fois l�avocat de Fran�ois Santoni et de Charles Pieri avant de d�clarer dans Lib�ration son trouble devant des � embrouilles � qui ont failli lui co�ter la vie. D�aucuns (mais les rumeurs sont tellement insens�es dans l��le) racontent en Corse que sa corpulence rappelait celle d�un des cagoul�s qui se tenait en premi�re ligne lors de l�unique conf�rence de presse du groupe clandestin Armata Corsa, hypoth�se parfaitement invraisemblable lorsqu�on conna�t l�objectivit� de ce tenorino du barreau.  
 
Pour ce qui concerne Alessandri et Ferrandi, c�est le bon sens qui a guid� leur d�cision. Ils risquaient en effet en appel d��tre condamn�s � la perp�tuit� mais assortie cette fois-ci d�une peine de s�ret�. Pour ce qui concerne Martin Ottaviani, le risque �tait grand d�un proc�s qui aurait donn� un r�sultat insatisfaisant. � l�inverse, Marcel Istria avait toujours proclam� son innocence et n�avait contre lui que la d�nonciation de certains des inculp�s . Ceux-ci s��taient ensuite r�tract�s devant le juge puis � l�audience. Istria pouvait donc esp�rer une peine inf�rieure. Mais il semble que la fatigue, le d�sespoir et la lassitude l�aient emport�.  
 
Les d�cisions des uns et des autres peuvent avoir �t� dict�es par le sentiment que la situation politique de la Corse allait se tendre et qu�ils n�avaient rien � attendre d�une nouvelle d�cision judiciaire. Ils ne peuvent plus aujourd�hui qu�esp�rer une amnistie dans le cadre d�un r�glement n�goci�e de la question corse ou, beaucoup plus tardivement, une remise de peine. Ils doivent cependant consid�rer que le corps de la pr�fectorale, veillera � ce qu�ils accomplissent la peine la plus longue possible.  
 
Enfin et �a n�est pas n�gligeable, les d�tenus condamn�s peuvent esp�rer �tre transf�r�s � Borgo relativement rapidement si le gouvernement tient ses promesses ce qui constituerait un adoucissement psychologique de taille. 
 
La d�cision de Didier Maranelli, que l'accusation avait pr�sent� comme le guetteur du groupe, l'homme qui avait pr�venu ses complices pr�sum�s de la sortie de Claude Erignac de la pr�fecture, peut-�tre lourde de menace. Condamn� � 25 ans de r�clusion, c�est aussi celui qui avait le premier donn� le nom d�Yvan Colonna comme l�assassin du pr�fet Erignac. Plus faible de caract�re que les autres conjur�s, il ne sera plus tenu lors d�un futur proc�s par une attitude commune. Il pourrait r�server des surprises aux uns et aux autres. Les avocats d�Yvan Colonna ont pu percevoir le danger qui naissait apr�s la d�cision de ce personnage. Son proc�s en appel aura toutes les chances d�avoir lieu avant le proc�s d�Yvan Colonna.  
 
Concernant, Vincent Andriuzzi et Jean Castela, leurs avocats peuvent �tre confiants � la condition d��tre plus brillants et plus proc�duriers qu�en premi�re instance. D�barrass�s du probl�me de ceux qui ont avou�, les juges pourraient prendre en compte l�absence de preuves et jouer sur le doute qui doit profiter � la pr�somption d�innocence. Ce serait une mani�re habile de mettre fin � l�indignation qui n�a cess� de grandir � la connaissance du cas de ces deux hommes. Le parquet g�n�ral a form� des appels "incidents" pour Jean Castela, Vincent Andriuzzi et Didier Maranelli, un acte de proc�dure qui permettra � la cour d'assises d'appel de fixer librement les peines �ventuelles. En effet, lorsque le parquet ne fait pas appel, la cour ne peut que prononcer des peines �gales o� inf�rieures � celles d�j� prononc�es. 
 
Dossier Erignac 
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