Apr�s six semaines de proc�s et sept heures de d�lib�rations, les sept magistrats de la cour d'assises sp�ciale ont prononc� la peine maximale contre Alain Ferrandi, 42 ans, et Pierre Alessandri, 44 ans, les deux hommes qui auraient accompagn� Yvan Colonna pour tuer le pr�fet. 
 
Ils ont condamn� � trente ans de r�clusion Vincent Andriuzzi, 47 ans, et Jean Castela, 43 ans, pr�sent�s par l'accusation comme les "cerveaux" du crime. 
 
Une peine de vingt-cinq ans de r�clusion a �t� prononc�e contre Didier Maranelli, 38 ans, qui aurait "couvert" les tueurs, une peine de vingt ans contre Martin Ottaviani, 35 ans, et contre Marcel Istria, 46 ans, impliqu�s dans le transport des assassins. 
 
Enfin, Joseph Versini, 45 ans, qui a particip� � des r�unions pr�paratoires mais a refus� de participer directement au crime, a �t� condamn� � 15 ans de r�clusion. 
 
Claude Erignac avait �t� tu� de trois balles le 6 f�vrier 1998 � Ajaccio. Le verdict �tait tr�s attendu en Corse, o� les ind�pendantistes mena�aient plus ou moins explicitement avant le verdict d'intensifier les attentats et la violence. 
 
� Paris, les proches des condamn�s ont entonn� le "Diu vi salve Regina", hymne national corse, le poing lev�, provoquant l'intervention des gendarmes. Alors que les gendarmes l'emmenaient. Alain Ferrandi a cri� en langue corse : "Evviva a lotta !" (vive la lutte !). 
 
Dans les couloirs, surveill�s par des dizaines de gendarmes, les proches des accus�s ont continu� de protester bruyamment et des incidents ont �clat� entre eux et les photographes. 
 
Les avocats de Vincent Andriuzzi et Jean Castela, qui demandaient l'acquittement, ont annonc� leur d�cision de faire appel de l'arr�t, ce qui provoquera automatiquement l'organisation d'un nouveau proc�s. Les avocats des autres accus�s ne se sont pas prononc�s dans l'imm�diat. 
 
"C'est honteux, ce jugement est une honte", a hurl� Me Eric Dupond-Morretti, avocat de Jean Castela. Me Philippe Lemaire, avocat de la famille Erignac, s'est d�clar� satisfait. 
 
"C'est un verdict qui est normal compte tenu des faits perp�tr�s, qui sont ce que l'on peut faire de plus grave, l'assassinat d'un homme. La justice est pass�e", a-t-il dit. 
 
Lundi dernier, le procureur g�n�ral Jean-Louis Nadal et ses avocats g�n�raux avaient demand� quatre peines de perp�tuit� pour Jean Castela, Vincent Andriuzzi, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, sollicitant de surcro�t une p�riode de s�ret� incompressible de 22 ans pour les trois premiers. 
 
Ils avaient demand� par ailleurs 25 ans de r�clusion pour Didier Maranelli et Martin Ottaviani, ainsi que 20 ans pour Joseph Versini et Marcel Istria. 
 
Dans des dossiers distincts de l'affaire Erignac, Jean-Philippe Antolini a �t� condamn� par la m�me cour � 10 ans de r�clusion pour un attentat contre l'ENA � Strasbourg en 1997. L� encore il n�y avait aucune preuve sinon des pr�somptions. Antolini avait toujours ni�. Beno�t Fustier et St�phane Monti , dont on se demande ce qu�ils faisaient dans ce cadre judiciaire, ont pour leur part �t� condamn�s � cinq ans de prison dont quatre avec sursis pour une action contre un concours de l'�ducation nationale en 1994 � Nice. 
 
Un verdict complexe 
 
L�int�r�t du proc�s des pr�sum�s assassins du pr�fet Erignac �tait son impartialit� et son caract�re indubitable. Ce devait �tre le proc�s de personnes mis en examen pour l�assassinat d�un pr�fet et non celui de militants politiques. Une majorit� d�avocats se sont d�ailleurs tromp� de strat�gie en voulant absolument expliquer l�assassinat par un contexte politique illisible depuis le continent. Ce faisant ils ont globalis� la cause de leurs clients alors qu�il eut mieux valu leur rendre leur responsabilit� individuelle. Ce faisant ils auraient oblig� les juges � voir des hommes l� o� ils n�ont per�u que les instruments d�un acte global.  
 
L�impression dominante est donc que les juges ont rendu un verdict terriblement politique, un verdict de vengeance. C�est d�ailleurs ce qu�ont d�clar� les ind�pendantistes. Or, en Corse, le mot de � vengeance � est charg� de violence. � la vengeance on r�pond par la vengeance. D�sormais , chacun est suspendu aux cons�quences des condamnations.  
 
Et si demain il s�av�re que ces condamnations co�taient de nouvelles vies humaines, alors la justice aurait failli.  
 
Son r�le aurait d� �tre celui de la conciliation entre les int�r�ts de la soci�t� et celui des victimes, cherchant � �viter des troubles futurs qui risquent de faire couler le sang. La position des ind�pendantistes, qui est une position affective avant d��tre politique, risque d��tre comprise par une  
grande partie de la population corse pour qui le verdict est troublant.  
 
Contre ceux des accus�s qui avaient avou�, on voit difficilement comment la peine aurait pu �tre diff�rente. La perp�tuit� est inflig� ici en guise de symbole car on voit mal en quoi 30 ans ou la perp�tuit� sont diff�rents. L�important �tait d��viter l�incompressibilit� requise par l�avocat g�n�ral qui fermait la porte � toute esp�rance de r�glement ult�rieur. En Corse, tout le monde peut comprendre pourquoi ceux-l� ont �t� tr�s lourdement condamn�s. Ils ont agi en adultes responsables et devaient �tre jug�s comme tels.  
L�absence d�incompressibilit� doit donc �tre saisie comme une chance future pour que la peine soit r�duite. Il reste � savoir le moyen d�y arriver. Et les clandestins n�en connaissent qu�un : la violence qui, � leurs yeux, peut faire changer d�avis un pouvoir politique.  Si eux seuls avaient �t� condamn�s aussi lourdement, chacun en Corse l�aurait accept�. 
 
Mais il y a les autres, toutes les autres. 
 
L�acceptation par leur peuple d�une justice rigoureuse exige que les condamnations soient fond�es sur des preuves mat�rielles tangibles ou au moins sur un d�but de preuves. Il faut que le peuple puisse se dire en son for int�rieur : � Mais c�est vrai ce qu�ont dit les juges. Les �l�ments qu�ils ont produits permettaient qu�on les condamn�t ou qu�on ne les condamn�t pas �.  Sans une telle r�flexion intime qui entre en concordance avec le jugement, la justice est ressentie comme le fruit d�un rapport de forces qu�on subit ou qu�on cherche � changer. Pour ce qui concerne Castela et Andriuzzi, il n�y avait rien sinon l�intime conviction des policiers. Que Castela ait �t� condamn� pour l�attentat du rectorat qu�il avait avou� � mi voix, n�avait rien de r�voltant.  
 
Mais il aurait du �tre acquitt� pour un assassinat qu�il n�a cess� denier et qui n�a jamais �t� �tay� par la moindre preuve. Compte tenu de cette absence de preuves, 30 ans, c�est exorbitant.  
 
Pour Andriuzzi, la condamnation est plus terrible encore puisqu�il n�est m�me pas soup�onn� d�avoir ex�cut� le moindre acte violent. 30 ans, c�est tout simplement atroce.  
 
Et que dire de Marcel Istria qui, depuis le d�but, n�a pas d�vi� de sa ligne de conduite, refusant d�endosser la moindre responsabilit� et contre lequel rien n�a �t� prouv�. Mis en cause par des accus�s, il a ensuite �t� mis hors de cause. Il a �t� condamn� � 20 ans. C�est ubuesque 
 
Le guetteur, Didier Maranelli, a �t� condamn� � 25 ans de d�tention, une peine qui punit devant les Assises un assassinat commis sur plusieurs personnes avec actes de barbarie. Le chauffeur, Martin Ottaviani, a �t� condamn� � 20 ans. 
 
Enfin Joseph Versini, qui avait particip� � au moins une r�union pr�paratoire puis avait refus� de participer � une action qui consistait � "tuer un homme", selon ses propres termes, a �t� condamn� � 15 ans, la peine qui punit g�n�ralement un assassinat de droit commun. 
 
Il para�t donc que ces peines sont l�g�rement inf�rieures aux demandes de l'accusation. C�est heureux. 
Certains avocats, notamment ceux d'Andriuzzi et de Castela, qui avaient plaid� l'acquittement, ont d'ores et d�j� annonc� qu'ils faisaient appel du verdict. 
 
L�attitude de la Cour d�Assises constitue une faute. Les juges professionnels avaient la possibilit� de juger avec discernement. C��tait m�me leur devoir. Il devait trouver une voie m�diane qui satisfasse la famille Erignac, indique la d�termination de l��tat mais d�samorce un �ventuel sentiment d�injustice des Corses. Ce faisant il apaisait la situation dans l��le o� ; la population n�a jamais �t� tendres avec les assassins du pr�fet Erignac mais redoute plus que tout les effets de l�injustice. De toutes �poques, c�est l�injustice qui a �t� pourvoyeuse de la fameuse � vendetta � dont on a beaucoup parl� ces derniers jours. 
 
Comment se pr�sentent les jours � venir ? 
 
Comment se pr�sentent les jours � venir ? De la plus mauvaise mani�re qui soit, il faut l�avouer. Les premi�res r�actions en Corse venues de la population sont l�abasourdissement et la r�volte. Les magistrats auront r�ussi en une d�cision � cr�er une base r�elle � une clandestinit� qui va se mettre en branle d�s cette nuit.  
 
Les arrestations de complices pr�sum�s d�Yvan Colonna, la d�cision de justice et la victoire du non ont cr�e en quelques jours un climat �pouvantable dont on se demande comment il va �voluer. Selon des rumeurs fiables, de petits groupes de clandestins sont d�j� pr�ts � agir quelle que soit la d�cision des directions clandestines. Des cibles sont pr�tes. La rumeur encore elle parle de gendarmeries mitraill�es. Pire de cibles humaines vis�es. On dit encore que le 14 juillet risque d��tre salu� d�une mani�re sanglante. La Corse, de nouveau, part � la rencontre de ses vieux d�mons. Les magistrats, engonc�s dans leur robe d�apparat, ont rendu un verdict que beaucoup de braves gens vont payer d�une fa�on terrible. En voulant signifier que le pr�fet Erignac �tait veng�, ils ont ouvert une atroce bo�te de Pandore.  
 
Quant � Yvan Colonna, on ne voit plus gu�re d�espoirs pour son avenir judiciaire. Si Castela, Andriuzzi et Istria, malgr� leur d�n�gation ont plong� pour des d�cennies, celui que la presse et la police ont d�ores et d�j� condamn�, ne pourra pas �chapper � un verdict terrible : la perp�tuit� assortie d�incompressibilit�. Dans de telles conditions, sa d�fense aura int�r�t � se d�fendre par tous les moyens, � provoquer une crise majeure de fa�on � pouvoir redistribuer la donne. Les semaines � venir s�annoncent terribles sur tous les plans. � la cr�tinerie institutionnelle va r�pondre la cr�tinerie clandestine. � l�attitude symboliquement criminelle des magistrats professionnels (car l�intransigeance est souvent pourvoyeuse de crimes) va s�opposer l�attitude authentiquement criminelle de fanatiques d�cha�n�s.  
 
Tout cela sonne le glas de bien des espoirs. � Avemu l�odiu in corpu � (Nous avons la haine au ventre) nous a d�clar� un militant clandestin bien d�cid� � en d�coudre. Les clandestins devraient d�abord penser aux d�tenus et s�interroger sur le fait de savoir si de nouveaux drames joueront en faveur de ceux qu�ils pr�tendent vouloir aider. La r�ponse est �videmment n�gative et la Corse en a assez du sang, des larmes et des explosions. Une mesure d�apaisement pourrait �videmment �tre la tenue d�une promesse faite il y a quelques mois : le transfert � Borgo des d�tenus condamn�s de telle fa�on � ce qu�ils puissent �tre visit�s par leur famille. Mais monsieur Sarkozy se rapelle-t-il encore de cette promesse faite par lui-m�me et le Garde des Sceaux ? 
  
"Une vengeance", selon les ind�pendantistes 
 
Le verdict rendu dans le proc�s Erignac constitue "davantage une vengeance qu'une d�cision judiciaire", ont d�clar� vendredi dans un communiqu� les organisations nationalistes Corsica Nazione et Indipendenza. 
 
"Face � un verdict constituant davantage une vengeance qu'une d�cision judiciaire, Corsica Nazione et Indipendenza apportent leur total soutien patriotique aux condamn�s", �crivent dans un communiqu� le porte-parole de Corsica Nazione Jean-Guy Talamoni et le repr�sentant de l'ex�cutif d'Indipendenza Fran�ois Sargentini. Les deux organisations nationalistes "Corsica Nazione et Indipendenza appellent le peuple corse � la mobilisation et � r�pondre massivement aux appels du comit� anti-r�pression", une association nationaliste de soutien aux prisonniers, poursuit le texte. � propos des condamn�s au proc�s Erignac, le communiqu� ajoute: "tous ceux qui se reconnaissent dans le mouvement national sont ce soir aupr�s d'eux et de leur famille, les entourant de leur solidarit� et de leur affection". 
 
Dans un message rendu public peu apr�s le verdict, le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy a affirm� de son c�t�: "Faisons en sorte que plus jamais de tels drames ne se produisent". Il a souhait� que la Corse "accepte de tourner la page de la violence". Il faut d�abord le souhaiter pour elle-m�me 
 
La famille Erignac va enfin pouvoir faire son deuil 
 
La dignit� de la famille du pr�fet Erignac, son absence de sentiment de haine ou de vengeance au cours des six semaines d'audience au proc�s des assassins pr�sum�s de son �poux, ont �t� unanimement salu� par les avocats de la d�fense mais aussi par les accus�s. Les membres de la famille Erignac vont enfin pouvoir faire leur deuil. 
 
"Vous �tre une femme d'honneur", a salu� Me Vincent Stagnara s'adressant � Dominique Erignac et reprenant le titre d'un portrait qui lui a �t� consacr� dans la presse. Avocat de trois des nationalistes qui ont reconnu avoir particip� � l'assassinat, il poursuit "vous �tes cela mais vous �tes davantage". Vincent Stagnara s�est exprim� sans qu�on sache exactement s�il parlait ainsi par int�r�t ou par conviction. 
 
Toujours v�tue de couleur sombre, assise face aux accus�s et � leurs conseils, Mme Erignac a assist�e attentive � plus de quatre semaines d'audience consacr�e � la mort de son mari, laissant peu transpara�tre ses �motions. Parfois elle s'asseyait de profil et regardait le sol, assises aux c�t�s de ses deux enfants, Christophine, 30 ans, et Charles Antoine, 26 ans. 
 
S'exprimant devant la cour le 3 juillet, l'�pouse et les deux enfants n'ont pas exprim� de haine mais ont insist� sur les qualit�s de Claude Erignac - "tellement plus que ce simple symbole que certains ici tentent d'imposer", a dit sa fille -, et sur les questions rest�es sans r�ponse. 
 
"Je n'ai pas encore compris aujourd'hui la raison pour laquelle ces hommes ont pu commettre un tel acte", a expliqu� Charles-Antoine. Il est vrai qu�on voit encore mal pourquoi le malheureux Claude Erignac a pay� de sa vie la guerre intestine entre nationalistes. 
 
Mme Erignac a poursuivi : "Ma vie est marqu�e par une qu�te de v�rit�" depuis sa mort. Mais "tout au long de ce proc�s, de ces longs jours, la v�rit� ne m'a �t� que partiellement donn�e", a-t-elle regrett�, r�primant avec peine des sanglots. 
 
Tour � tour en plaidant les avocats se sont adress� � cette famille pour souligner "l'absence de haine", "de sentiment de vengeance" qui l'a anim�e. Certains ont insist� sur "son immense douleur" et rapproch� cette souffrance de celle ressentie par les veuves, dont les maris ont �t� assassin�s dans les ann�es 90, victime de la lutte fratricide. 
 
"Ces souffrances ne se comparent pas, elles s'additionnent", a convenu me Stagnara. Avec un peu de r�flexion il aurait m�me r�ussi � les hi�rarchiser. Il y a la souffance de ceux qui ne verront plus jamais l��tre cher et celles de ceux qui ont une chance un jour de le voir revenir. Et cela s�appelle la fronti�re entre la vie et la mort. 
 
M�me les accus�s ont soulign� l'attitude de la famille de la victime. Lors de l'audience, Alain Ferrandi a ainsi indiqu� souhaiter "pouvoir se hisser � la hauteur de la dignit� qui vous (Mme Erignac, ndlr) carat�rise ici et que vous affichez depuis cinq ans". 
 
Avant le d�lib�r� 
 
La cour d'assises sp�ciale, compos�e de sept magistrats, a d�battu toute la journ�e de vendredi avant de rendre son verdict dans la soir�e. Elle devait r�pondre � la majorit� � 268 questions sur la culpabilit� �ventuelle des accus�s. 
 
Jean Castela, 43 ans, Vincent Andriuzzi, 47 ans, pr�sent�s par l'accusation comme les "cerveaux" du crime, et Marcel Istria, 46 ans, qui aurait recueilli les tueurs apr�s l'action, ont r�p�t� qu'ils n'�taient pour rien dans les faits. "Je voudrais r�affirmer avec force que je n'ai pas particip� aux faits dont on m'accuse", a lanc� Vincent Andriuzzi, professeur de math�matiques. "Je confirme avec la plus grande vigueur mon innocence de l'assassinat du pr�fet Erignac", a lui aussi dit Jean Castela, professeur d'histoire-g�ographie. "Je veux remercier mon avocat et dire � la cour que je suis innocent", a fait �cho Marcel Istria. 
 
Les cinq autres accus�s ont maintenu leur position et expliqu� qu'ils n'avaient "rien � ajouter". Alain Ferrandi, 42 ans, Pierre Alessandri, 44 ans, Didier Maranelli, 38 ans, Martin Ottaviani, 35 ans, ont reconnu � l'audience leur implication dans l'assassinat, sans vouloir d�tailler leurs r�les respectifs. 
 
Joseph Versini, 45 ans, reconna�t sa participation � des r�unions pr�paratoires mais il n'est pas impliqu� dans l'action directement. 
 
Lundi dernier, les avocats g�n�raux ont requis la peine maximale, la r�clusion � perp�tuit� assortie d'une p�riode de s�ret� incompressible de 22 ans, contre Vincent Andriuzzi, Jean Castela et Alain Ferrandi. La perp�tuit� simple a �t� demand�e contre Pierre Alessandri, 25 ans de r�clusion contre Martin Ottaviani et Didier Maranelli, 20 ans de r�clusion contre Joseph Versini et Marcel Istria. 
 
Le verdict est tr�s attendu en Corse o� les ind�pendantistes ont organis� jeudi soir une manifestation de plusieurs centaines de personnes en soutien aux accus�s, devant le si�ge de l'Assembl�e territoriale � Ajaccio. De m�moire de nationalistes, cela faisait longtemps que les � vieux � n��taient pas venus en aussi grand nombre. Les ind�pendantistes ont multipli� les appels � la cl�mence, assortis d'avertissements plus ou moins explicites aux magistrats de Paris. 
 
Jeudi soir, Vincent Stagnara, avocat de quatre accus�s et ancien responsable du parti nationaliste Cuncolta, a m�me �voqu� la possibilit� d'une "vendetta". "Votre d�cision est importante. Elle est esp�r�e, redout�e, attendue. Actuellement, le droit est du c�t� de la famille Erignac. Descendez et descendez beaucoup par rapport aux r�quisitions (...) Autrement, d�s le 11 juillet, le droit serait de l'autre c�t�. Ne laissez pas la place � la vendetta", a dit l'avocat dans sa plaidoirie. 
 
Le 3 juillet, entendu comme t�moin � la cour, l'�lu ind�pendantiste Jean-Guy Talamoni, avait pr�venu la cour des "cons�quences politiques importantes" du verdict. Ces d�clarations ont fait �clater l'unit� de la d�fense. Hors-audience, Me Patrick Maisonneuve, avocat de Vincent Andriuzzi a protest� devant la presse, alors que le d�lib�r� commen�ait. "Je ne pense pas qu'on puisse dire raisonnablement � une juridiction : jugez dans tel sens car il y aura peut-�tre des bombes demain ou jugez dans le sens de la rigueur car il y a eu des bombes hier", a-t-il dit. 
 
Les milieux judiciaires et policiers craignent � juste titre une intensification des attentats et de la violence dans l'�le apr�s un �ventuel verdict s�v�re. Le proc�s intervient apr�s le rejet par r�f�rendum dimanche dernier de la r�forme des institutions, soutenue par les ind�pendantistes et aussi apr�s l'arrestation le 4 juillet d'Yvan Colonna, auteur pr�sum� des coups de feu sur le pr�fet.  
 
Dans la nuit de jeudi � vendredi, deux maisons de continentaux ont �t� plastiqu�es. Il est vraisemblable qu�elles l�ont �t� par de petits groupes qui ne r�vent plus que d�en d�coudre. La voiture d�un policier a �t� plastiqu�e � Ajaccio. Pour l�heure, la r�gion bastiaise est tranquille. Mais le FLNC 3 �tend son territoire jusqu�aux portes de la capitale nordiste. Et les observateurs notent que le secteur bastiais du FLNC Union des Combattants ne pourra pas se tenir tranquille dans son coin. Soup�onn� par la base de pr�f�rer les affaires � l�action clandestine, il va n�cessairement devoir faire preuve de sa d�termination. D�autant qu�il a �t� le meilleur soutien de Jean-Guy Talamoni, le responsable de Corsica nazione qui, avec la victoire du �non � a encaiss� une d�faite personnelle.  
 
Dossier Erignac 
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