L�Est R�publicain donne une savoureuse description du roupillon piqu� par la greffi�re de la Cour sp�ciale d�Assise alors que se joue la libert� des accus�s du proc�s Erignac. Il est 14 h 50, de sa voix de stentor, Me Maisonneuve est en train de clamer que : � Jamais M. Andriuzzi ne s'est engag� dans le mouvement (nationaliste) public ! � La formule m�riterait d'ailleurs un instant d'attention puisqu'il est reproch� surtout ici au dit Andriuzzi d'�tre un chef du mouvement clandestin FLNC-canal historique. Mais bon... 
 
 
 
Patrick Maisonneuve a encore le bras droit lev�, il se fige. En roulant des yeux comme un acteur de cin�ma muet, le pr�sident Jacob semble lui indiquer qu'il se passe quelque chose dans son dos. L'avocat se tourne, et d'une voix parfaitement �gale : � Vous avez raison, M. le pr�sident. Je vais m'arr�ter. Il faudrait peut-�tre r�veiller la greffi�re ! � Et il ajoute, avec une �l�gance un peu perverse : � Vous n'y pouvez absolument rien, M. le pr�sident. Ce sont des �v�nements qui arrivent dans l'histoire judiciaire �. Robe noire remont�e sur ses bras nus crois�s, la greffi�re en chef de la cour d'assises sp�cialement compos�e pour juger des faits d'assassinat � caract�re terroriste, dort profond�ment. La t�te en arri�re, bouche ouverte... 
 
Le � trouble � de Colonna 
 
Devant les robes rouges rehauss�es d'hermine du procureur g�n�ral de Paris, des deux avocats g�n�raux, du pr�sident Jacob, les robes noires des huit juges et d'une quinzaine d'avocats, devant Mme Erignac et ses enfants, devant les accus�s dont quatre sont passibles de la r�clusion criminelle � perp�tuit�... Le silence de Me Maisonneuve l'a r�veill�e. Elle a bon sommeil, Mme la greffi�re, parce que cinq minutes seulement auparavant, la s�r�nit� de l'audience avait �t� d�j� troubl�e par l'arriv�e d'Yvan Colonna au palais. Sir�nes hurlantes et h�licopt�re en stationnaire. Mes Sollacaro et Garbarini, avocats de Colonna s'�taient alors �clips�s. Comment pr�tendre que ces deux �v�nements judiciaires ne sont pas li�s ! � Vous n'y pouvez rien, M. le pr�sident � disait Maisonneuve. Bien s�r qu'il pouvait. Rien ne sera �pargn� � ce proc�s. 
 
C'est vrai qu'arriv� en sixi�me semaine d'audience, tout le monde est fatigu�. Les plaidoiries ont d�but� hier matin, dans l'ordre inverse de la gravit� des peines demand�es, selon la coutume. Mais que ce soit pour les � fr�les petits soldats �, (Monti et Fustier, deux jeunes mouill�s dans quelques attentats reproch�s au groupe Andriuzzi-Castela en 1994 ! ) ou pour le commando Erignac plus tard, le m�me proc�s de la DNAT a commenc�. � Les incoh�rences � dit Me Antomarchi. � Les pratiques douteuses � selon Me Felli. 
 
Remis en libert� 
 
� Par piti�, doutez ! � a demand� le premier aux juges. Si l'ordre dans l'�nonc� des peines requises a un sens, Vincent Andriuzzi, lui, est � l'oppos� de Monti et Fustier. Son nom a �t� prononc� le tout dernier. Or � vous n'avez pas fait la preuve de sa culpabilit� � a lanc� son avocat, Me Maisonneuve, � l'accusation. Aucune preuve mat�rielle en tout cas n'a pu �tre retenue pour �tayer l'implication des deux profs bastiais dans l'assassinat de Claude Erignac. L'avocat d'Andriuzzi a dress� la liste des � comportements � qui avaient pu � contaminer la marche de l'instruction � : � l'expression ext�rieure � (la presse, les commissions d'enqu�te), � les t�moins singuliers � (Fran�ois Santoni ou le pr�fet Bonnet), � les th�ses invent�es � (� quand on est prof de maths, �a aide ! � a dit un avocat de la partie civile, � les sentiments policiers � (� il a le profil � ou � il consultait la presse �). Mais de preuves, aucunes... Au contraire, la d�fense a habilement d�mont� qu'il n'y avait pas � d'�l�ments indiscutables � comme se targuait d'en fournir l'accusation, permettant � de condamner cet homme � la r�clusion � perp�tuit� � l'issue de ce d�bat �. La chambre de l'instruction, en janvier 2001, a d'ailleurs remis Andriuzzi et Castela en libert� dans le dossier Erignac. Celui-l� m�me qui leur vaudrait ici 22 ans au moins de r�clusion. 
(Compte-rendu d'audience : Philippe JARRASS� publi� le 8 juillet 2003) 
 
Dossier Erignac 
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