La solitude de l��pouse et des deux enfants du pr�fet Erignac
Jun 3, 2003
Auteur: L'investigateur

Le proc�s de huit nationalistes corses accus�s de l'assassinat en 1998 du pr�fet de l'�le Claude Erignac s'est ouvert dans un climat tr�s tendu lundi au palais de justice de Paris, prot�g� par une centaine de gendarmes.

C'est dans un silence pesant que les accus�s, escort�s d'une quinzaine de gendarmes, ont pris place dans le box en face de la veuve du pr�fet et de ses deux enfants, parties civiles. Or tr�s curieusement l��tat ne s�est pas port� civile dans cette affaire o� son repr�sentant le plus haut plac� a �t� abattu. La premi�re question qui vient � l�esprit est � pourquoi ? �. L��tat, � force de vouloir nier le caract�re politique de cet affreux assassinat a fini par repousser dans une dramatique solitude Mme Erignac et ses deux enfants. Pourtant tout plaidait pour que l��tat se port�t partie civile. L�affaire avait �t� instruite par la justice anti-terroriste. Or qui dit � terrorisme � dit �videmment politique. Les assassins sont jug�s par une cour sp�ciale. Enfin Claude Erignac avait �t� abattu non pour ce qu�il �tait mais pour ce qu�il repr�sentait. En se portant partie civile, l��tat aurait enfin �clairci son r�le. En le refusant et en voulant � tout prix voir dans le geste insens� des assassins, � un probl�me de droit commun � il rend opaque sa lutte contre la clandestinit�.

Alain Ferrandi, Didier Maranelli, Pierre Alessandri, Martin Ottaviani et Marcel Istria, agriculteurs et employ�s de Carg�se (Corse-du-Sud), qui auraient particip� directement � l'assassinat, �taient des militants nationalistes, des militants extr�mistes qui ont commis l�irr�parables mais des militants tout de m�me.

A leur arriv�e dans la salle, ils ont souri et lanc� des signes amicaux � leurs proches.

L'enseignant Jean Castela, amaigri et affaibli, qui souffre de probl�mes cardiaques, a difficilement pris place dans le box avec Vincent Andriuzzi, un professeur de math�matiques. Les deux hommes auraient "con�u et initi�" le crime.

Le dernier accus� est Joseph Versini, un agriculteur qui aurait particip� � des r�unions pr�paratoires mais nie toute participation dans le passage � l�acte.

La cour, compos�e de sept magistrats professionnels, a fix� la fin du proc�s � la semaine du 7 juillet, apr�s le r�f�rendum sur la r�forme des institutions en Corse pr�vu le 6.

Le verdict, qui devrait intervenir vers le 11 juillet, avait initialement �t� programm� le 1er juillet, ce qui avait fait craindre une mont�e de la tension dans l'�le avant le scrutin et pouss� certains �lus � demander un report du vote. La cour a annonc� que plusieurs dizaines t�moins ne s'�taient pas manifest�s � ce jour ou bien qu'ils avaient demand� � ne pas compara�tre pour raisons m�dicales.

Certains ont fait valoir, selon les termes de leurs certificats lus � l'audience, un �tat de s�nilit� provoquant des "d�faillances de m�moire" ou encore "une d�pression anxieuse contre-indiquant un d�placement � Paris en cours d'assises".

Le patron de la brigade criminelle de Paris, Fr�d�ric P�chenard, dont le service a commenc� l'enqu�te sur le crime, a �crit � la cour pour dire qu'il ne voyait pas l'utilit� de son t�moignage et les magistrats ont renonc� � l'entendre.

Le pr�sident Yves Jacob a ordonn� des recherches de police pour faire t�moigner de nombreuses personnes et n'a pas exclu de d�livrer, si n�cessaire, des mandats d'amener. Parmi les t�moins pr�sents figurent St�phane, le fr�re, Christine la s�ur et l'ex-compagne d'Yvan Colonna, cit�s comme t�moins.

Les membres de sa famille seront entendus le 2 juillet par la cour, notamment le p�re d'Yvan, l'ancien d�put� socialiste Jean-Hugues Colonna.

La d�fense a cit� de son c�t� les leaders nationalistes corses Jean-Guy Talamomi et Edmond Sim�oni, signataires d'un appel qui d�nonce un "proc�s politique" et exhorte les magistrats � restituer l'acte dans le contexte de "l'histoire d'un peuple jamais reconnu dans ses droits". Ils seront entendus le 3 juillet.

La cour a d�cid� de ne commencer que le 17 juin � examiner les circonstances m�mes de l'assassinat. Auparavant, elle examinera la gen�se de ce groupe de nationalistes dissidents en jugeant d'autres actions qui lui sont imput�es, en commen�ant, jusqu'au 10 juin, par une s�rie d'attentats commis � Mende en Loz�re, Nice et Paris en 1994. Dans ce volet comparaissent �galement trois autres accus�s, Jean-Philippe Antoloni, Beno�t Fustier et St�phane Monti.

La cour se penchera du 11 au 16 juin sur les attentats commis en septembre 1997 � Strasbourg, Vichy et contre la brigade de gendarmerie de Pietrosella (Corse-du-Sud), o� a �t� vol�e l'arme qui a servi � tuer le pr�fet Erignac.

Le premier temps fort du proc�s sera, jeudi, la d�position de Roger Marion, patron de la police antiterroriste au moment des faits et actuellement pr�fet d�l�gu� � la s�curit� � Marseille. C'est lui qui a proc�d� � l'arrestation du commando mais il lui a �t� reproch� d'avoir "manqu�" Yvan Colonna, un �pisode qui reste obscur.

Le proc�s risque d��tre long et pourrait conna�tre des rebondissements si les pr�venus cherchent � all�ger leur propre responsabilit� au d�triment des autres. C�est ainsi que la d�position du pr�fet Bonnet pourrait �tre l�un des moments importants de ce proc�s.

Le dossier Erignac

D�autres nouvelles corses

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s