L�avocat g�n�ral Yves Janier commence � comprendre qu�il a commis une fichue bourde en comparant l�assassinat du pr�fet Erignac � un processus comparable au massacre des Juifs. Il aurait d� apprendre l�histoire de la Corse avant de parler  
 L��crivain corse Rinatu Coti paraissait hors de lui, hurlant : � Les Corses n�ont d�port� aucun Juif �. L'�pouse de l'un des assassins pr�sum�s du pr�fet de Corse Claude Erignac venait tout juste de refuser de r�pondre aux questions de la cour d'assises de Paris apr�s que le minist�re public e�t compar� l'assassinat du repr�sentant de l'�tat � la barbarie nazie. 
 
L�avocat g�n�ral a tent� de faire marche arri�re expliquant qu�il avait seulement voulu �voquer un processus de � d�personnalisation �. 
 
Les avocats de la d�fense n�avaient d�ailleurs que modestement r�agi. "Nous ne laisserons pas comparer nos clients � des criminels nazis. Si cela devait se reproduire, cette audience se terminera sans eux", avait menac� Me Camille Romani. 
C�est Mich�le Alessandri, l��pouse de Pierre Alessandri qui avait refus� de r�pondre avec pour argument : "La Corse n'a jamais collabor� avec l'occupant nazi" 
La v�rit� historique est un peu diff�rente.  
 
La Corse a �t� majoritairement vichysoise si on en croit le vote des d�put�s insulaires lors des pleins pouvoirs au Mar�chal P�tain. Seul Paul Giacobbi, grand-p�re de l�actuel d�put�, a refus� d�opter pour la voie de la collaboration. Fran�ois Pietri, chef du clan de droite, a au contraire pr�n� la fusion avec � l�intelligence allemande �. D�autres Corses, qui militaient avec le fasciste Simon Sabiani appartenaient au PPF de Jacques Doriot et ont donc combattu pour certains sous l�uniforme nazi. Sur place la Corse est passive. Elle est dirig�e par le pr�fet Paul Louis Emmanuel Balley qui est nomm� � Ajaccio le 20 ao�t 1940. C�est un p�tainiste convaincu qui avec lui les partisans de Fran�ois Pietri, de son gendre Horace de Carbuccia, patron du journal extr�miste � Gringoire �, du pr�fet Chiappe et du parfumeur Coti. Ces fascistes corses, aid�s par les sabianistes de Doriot, se lancent dans des campagnes antis�mites qui trouvent des relais dans les catholiques ultras d�Ajaccio et de Porto-Vecchio. Les d�crets antis�mites de 1941 sont appliqu�s dans l�indiff�rence g�n�rale. Ils pr�voyaient le limogeage de tous les fonctionnaires � d�origine juive �. Plusieurs dizaines de Corses d�origine juive sont donc r�voqu�s pour des raisons raciales. En novembre 1942, la Corse est envahie par les Italiens avec l�accord du gouvernement de Vichy. Le choc est terrible dans l��le. La R�sistance est toujours inexistante. Elle va alors commencer � se former essentiellement derri�re les gaullistes et les communistes qui vont bient�t combattre sous la banni�re du Front national. Des mouvements collaborationnistes continuent d��uvrer sur des bases nationales et antis�mites. La venue de 80000 Italiens (1 pour deux Corses) pr�cipite des collabos vers la r�sistance ou, en tout cas, la neutralit�. 
 
En juillet 1942, les Juifs de France ont �t� d�port�s apr�s que les autorit�s de Vichy aient accept� la politique d�extermination pr�n�e par l�Allemagne. Dans la zone sud, dont fait partie la Corse, il n�y a pas de d�portations pour la simple et bonne raison que les Allemands n�y sont pas pr�sents. De novembre 1942 au 25 juillet 1943, date � laquelle Mussolini est d�chu de ses pouvoirs, les Chemises noires n�exercent que tr�s peu de campagnes antis�mites car les fascistes italiens sont relativement peu d�accord avec la politique raciale du Reich allemand. Tout change � partir de juillet 1943. Les SS prennent les choses en main en Italie et dans les territoires fran�ais de la zone libre pass�e sous contr�le italien (ailleurs les d�portations avaient d�j� commenc�). La p�riode de d�portation pour la Corse va donc durer du d�but du mois d�ao�t 1943 au mois de septembre, date du soul�vement g�n�ral en Corse.  
 
Dans l��le la R�sistance s�est organis�e avec ses bonheurs et ses malheurs. Fred Scamaroni l�un des responsables gaullistes a �t� captur� et affreusement tortur� avant de se suicider pour ne pas parler. Le 4 avril 1943, le sous-marin Casabianca avait d�barqu� un faible contingent de troupes, � combien symbolique.  
 
Dans l�administration, le pr�fet a chang�.  
 
Le pr�fet Balley a �t� jug� trop mou et a �t� remplac� par Pierre Lec�ne qui lui ob�it aux ordres de Paris. Il commence � regrouper les Juifs. 
 
Contrairement � la l�gende r�pandue en Corse, 70 d�entre eux sont captur�s et seront d�port�s. Mais il est par contre exact que la population corse cache tous ceux qu�elle peut cacher. Souvent la nuit, avec les moyens du bord, elle fait monter hommes, femmes et enfants dans les villages de montagne afin de les prot�ger. Un haut fonctionnaire accomplit un travail admirable au m�pris de sa vie. Il s�agit du sous-pr�fet de Sart�ne depuis le 11 avril 1942, Pierre Joseph Jean-Jacques Ravail. Il avait �t� nomm� le 6 novembre 1940 � Corte o� il avait travaill� avec le r�seau mis en place par les partisans de Paul Giacobbi. Il a sauv� � lui seul plusieurs dizaines de Juifs. Il sera d�ailleurs nomm� pr�fet de la Corse d�l�gu� dans ses fonctions le 18 septembre 1945. La Corse eut donc une attitude plus qu�honorable envers les malheureux pers�cut�s. Mais la v�rit� oblige � dire que la population de l��le plac�e dans l�incertitude, fut d�abord p�tainiste comme le reste de la France avec son contingent de fascistes et de racistes.  
 
Le 9  septembre 1943, alors que Rome �tait d�clar�e ville ouverte parce que lib�r�e, des SS de la division � Reichsfuhrer � dirig�e par le g�n�ral Stenger, forte de 10.000 hommes et de 100 chars entrent en Corse. Petite curiosit� : cette division comprenait dans ses rangs, le futur d�put� lib�ral allemand Schonhuber. Elle ouvre la voie aux 30.000 hommes de la 90�me Panzer Grenadier Division du G�n�ral Lungerhausen. C�est elle qui va d�truire en partie la ville de Bastia. Les combats commencent. La R�sistance, jusqu�alors, tr�s faible, grossit de jour en jour. Des milliers de Corses font le coup de feu contre les nazis. Beaucoup d�Italiens les ont rejoints de m�me que des combattants marocains.  
 
La Corse se lib�rera seule et deviendra le premier d�partement fran�ais d�barrass� de l�occupant nazi.  
 
Pour en revenir aux Juifs, c�est en 1947, que la Corse renouera avec l�histoire du peuple d�Isra�l. Des Corses d�cident alors d�aider les combattants juifs de Palestine � former leur �tat. Il leur faut accueillir des avions qui vont �tre remplis d�armes pour s�envoler vers des lieux tenus par la Hagannah. Ajaccio est alors choisi comme piste d�atterrissage. Des hommes qui comptent parmi eux des policiers mais aussi des voyous rendent visite au pr�fet de l��poque. Il a pour nom Maurice Papon et il a �t� nomm� dans l��le le 21 janvier 1947 avec pour fonction de reprendre le pouvoir au parti communiste. L�homme a �t� secr�taire g�n�ral de la pr�fecture de Gironde. Il a un pass� confus. Trois Corses lui expliquent que l�a�roport d�Ajaccio sera r�serv� � ces transports d�armes. Les Corses ont l�autorisation du gouvernement socialiste qui ne peut agir ouvertement. Maurice Papon, en bon fonctionnaire ob�issant, ferme donc les yeux. Et les armes transitent par la Corse pour s�envoler vers la Palestine. En 1948 l��tat d�Isra�l est cr�� un peu gr�ce � des Corses. Papon recevra en guise de r�compense un fusil d�assaut fabriqu� en Isra�l. 
Conclusion : l�avocat g�n�ral aurait mieux fait d�apprendre l�histoire de la Corse puis de se taire avant de se lancer dans son petit r�visionnisme.  
 
Dossier Erignac 
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