Quatre des assassins pr�sum�s du pr�fet Erignac ont mis jeudi matin hors de cause Yvan Colonna, le tueur pr�sum� actuellement en fuite, affirmant devant la cour d'assises sp�ciale de Paris que Colonna n'�tait pas pr�sent sur les lieux et n'a pas particip� au crime.
 
 
"Yvan Colonna ne faisait pas partie du groupe", a d�clar� Pierre Alessandri, l'un des accus�s qui a reconnu sa participation � l'assassinat du pr�fet Claude Erignac. Il a �galement mis hors de cause un coaccus� Marcel Istria.
 
 
Interrog�s � leur tour, Didier Maranelli, Alain Ferrandi et Martin Ottaviani ont confirm� l'absence d'Yvan Colonna dans l'organisation ou la r�alisation du crime. "Je reviens sur la mise en cause d'Yvan Colonna. Il n'�tait pas l� et Marcel Istria non plus", a expliqu� Martin Ottaviani, l'un des assassins pr�sum� qui avait donn� le nom d�Yvan Colonna comme celui d�un participant au crime sans jamais �tre revenu sur ses d�clarations. C'est la premi�re fois depuis le d�but de l'enqu�te que Marcel Istria, d�tenu depuis mai 1999, est disculp� par ses co-accus�s. Il avait �t� cit� par plusieurs d'entre eux comme ayant particip� � l'attaque de Pietrosella et l'assassinat du pr�fet. Il a toujours contest� toutes les accusations port�es contre lui.
 
 
Alessandri et Maranelli, qui avaient �galement d�sign� Yvan Colonna comme le tueur, avaient mis hors de cause Colonna durant l'instruction mais ne s'�taient jamais clairement exprim�s sur ce point durant l'audience. Mercredi � une question directe du pr�sident qui demandait "et Colonna il �tait l� ou il n��tait pas l�?", la cour n'avait obtenu aucune r�ponse.
 
 
Consid�r� par les enqu�teurs comme le tueur, Yvan Colonna avait �t� d�sign� comme tel par Maranelli, Alessandri et Ottaviani lors de leurs gardes � vue dans les locaux de la Division nationale antiterroriste (DNAT). Les deux premiers s'�taient d�j� r�tract�s � la fin de l'instruction. S'ils ont mis en cause Colonna, c'est � cause des "pressions polici�res", expliquent-ils. Personne ne parle de coups re�us mais de "pressions psychologiques".
 
 
Ainsi, Didier Maranelli souligne "la pression qui est exerc�e notamment � travers les proches". "J'ai eu tr�s peur (...) notamment pour ma compagne", explique-t-il. Il lui avait en effet demand� de mentir pour lui.
 
"Pourquoi citer Colonna?", demande le pr�sident Yves Jacob. "Le nom d'Yvan Colonna circulait depuis le d�but de la garde � vue", r�pond Maranelli qui explique ne "pas avoir mis en cause Colonna" mais avoir "abond� dans le sens des �l�ments pr�sent�s par les policiers".
 
 
Alessandri est encore plus pr�cis quand il raconte que sa femme �tait "enferm�e dans une cellule vitr�e", �galement en garde vue, et qu'on le faisait passer � chaque fois devant elle. "Il fallait arriver � un r�sultat, il fallait donner des noms", explique Joseph Versini qui ne reconna�t sa participation qu'� l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella , en septembre 1997.
 
 
Ces d�clarations un peu br�ves laissent �videmment un sentiment de malaise. Elles ne correspondent pas avec les r�v�lations du pr�fet Bonnet pas plus qu�avec les d�clarations de l��pouse de Maranelli qui affirmait qu�Yvan Colonna rendait souvent visite � son mari. Elles paraissent � combien loin de la v�rit� lorsqu�un des accus�s affirme que le nom d�Yvan Colonna circulait depuis le d�but de la garde-�-vue alors que le commissaire Marion lui-m�me expliquait qu�Yvan Colonna n��tait pas sa priorit�. Le nom d�Yvan Colonna n�avait non seulement pas circul� mais Yvan Colonna a pu  s��chapper facilement car son nom n�avait jamais �t� prononc� sinon par les personnes mises en garde-�-vue.  Le pr�sident Jacob a d�ailleurs fait remarquer aux accus�s qu'il ne comprend pas "pourquoi la DNAT aurait absolument voulu leur faire dire que Colonna y �tait sans aller l'arr�ter imm�diatement".
 
 
 
Par ailleurs, certains des accus�s ont reconnu avoir "particip� � la r�daction des communiqu�s de revendication de toutes les actions reproch�es au groupe", � savoir l'assassinat du pr�fet mais aussi l'attaque de la gendarmerie et les attentats contre l'ENA � Strasbourg et celui de Vichy (Allier), tous trois commis � l'automne 1997.
 
 
C'est la premi�re fois depuis le d�but de l'enqu�te, que les accus�s, en l'occurrence Alessandri, Ferrandi, Maranelli, �tendent leur participation � la r�daction des revendications aux deux attentats de 1997 commis sur le continent. Ils ont cependant ni� avoir particip� � ces deux actions.
 
 
Deux hypoth�ses sont alors possibles. La premi�re est que les d�tenus disent la v�rit�. Il faut alors d�terminer qui a tu� le pr�fet Erignac. Cette hypoth�se n�est pas nouvelle et elle s�appuyait notamment sur la taille du pr�sum� tireur plus haute que celle d�Yvan Colonna. En pareil cas, il s�agit de savoir si Yvan Colonna a particip� ou non au complot. Les d�tenus affirment que non : cela para�t un peu gros. Il �tait le responsable du secteur Sagone-Carg�se. Mais enfin, la pr�somption d�innocence doit lui b�n�ficier. Il faudrait que les d�tenus s�en expliquent ou qu�ils donnent plus d�informations sur son r�le pr�sum�. Enfin pourquoi avoir donn� le nom d�Yvan Colonna s�il n�y �tait pour rien. Malheureusement le pr�sident Jacob, toujours aussi peu vaillant, s�est heurt� � un mur de silence mal venu.
 
 
Deuxi�me hypoth�se : Yvan Colonna est coupable et les inculp�s se sacrifient pour lui. C�est �videmment possible. Mais le mieux l� encore serait qu�Yvan Colonna se rende afin de donner sa version des faits. 
 
Paradoxalement, ce tardif � aveu � des inculp�s pourrait ouvrir la voie � une telle solution. 
 
 
Alain Ferrandi a enfin disculp� Jean Castela et Vincent Andriuzzi pour l�assassinat du pr�fet mettant encore un peu plus de confusion dans les d�bats.
 
 
On reste interloqu� devant la strat�gie de la d�fense dans laquelle se m�lent une volont� de sacrifice, un mutisme � contre-emploi et des contradictions immenses. Quant aux avocats, ils paraissent d�pass�s par les propos parfois incoh�rents de leurs clients.
 
 
Pour autant, ces aveux en tous sens ne r�glent pas la douleur de la famille Erignac confront�e � un n�ant �pouvantable et � une question d�sormais sans r�ponse : si Yvan Colonna n�est pas le tueur qui a tu� son mari, Claude Erignac ?
 
 
Madame Erignac a bien voulu, pour la premi�re fois depuis longtemps r�pondre aux questions de journalistes. Elle a stigmatis� lors d'une conf�rence de presse jeudi le manque de "panache et d'honneur" des assassins pr�sum�s de son mari, jug�s devant la cour d'assises sp�ciale de Paris.
 
 
"Les Corses revendiquent beaucoup �tre des hommes d'honneur. Je pense que l�, ils manquent d'honneur et de panache", a-t-elle estim�.
 
 
Elle a indiqu� qu'elle n'avait pas entendu de "remords" dans les d�clarations des accus�s. "Je n'ai pas entendu des remords. Tout �a c'est facile. Ils avaient le choix. Ils ont fait un choix. Je trouve qu'ils se retranchent devant un acte collectif. Ce sont des hommes, ce ne sont pas enfants. Ce sont des hommes de 40 ans. Je trouve qu'ils assument mal leurs actes", a poursuivi Mme Erignac.
 
 
Questionn�e sur les d�clarations de quatre des accus�s exon�rant jeudi le tireur pr�sum� Yvan Colonna de toute responsabilit� dans l'assassinat du pr�fet Erignac, sa veuve a r�fut� cette th�se. "De toute fa�on, il y a un homme absent. (En fait) deux: mon mari et Yvan Colonna qui selon tous les aveux des uns et des autres �tait le tireur. (...) je ne comprends pas leur tactique, je ne sais pas, je ne comprends pas", a d�clar� Mme Erignac.
 
 
"J'avoue que je suis en ce moment un peu d�sesp�r�e. J'aimerais bien que le proc�s avance, que l'on trouve peut-�tre une r�ponse. Comment est-ce qu'on peut avouer de mani�re aussi pr�cise et tout d'un coup se r�tracter", a-t-elle ajout�.
 
 
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