On sait maintenant que sans les m�thodes muscl�es et particuli�rement stupides de la DNAT, les nationalistes corses n�auraient vraisemblablement pas pu se refaire une sant� de tous les diables apr�s l�assassinat du pr�fet Erignac.
Un homme incarnait ces m�thodes d�sign�es de mani�re excessive par la propagande nationaliste comme des � dragonnades � : le commissaire Marion. Apr�s avoir r�ussi � devenir le num�ro 2 de la direction centrale de la police judiciaire, il �tait rel�gu� comme pr�fet charg� de la S�curit� � Marseille sa ville d�origine. Or Roger Marion avait toujours cherch� � racheter son p�ch� originel : la fuite d�Yvan Colonna en mai 1999.
Lorsque l�arrestation d�Yvan Colonna appara�t possible en juillet dernier, les forces de police sur le coup (RAID et RG) d�cident � d�enfumer � leur vieil ennemi, Marion en lui envoyant une fausse information : Yvan Colonna logerait dans un g�te de la Loz�re � quelques dizaines de kilom�tres de la tombe de sa pr�sum�e victime : le pr�fet Erignac. Pour Roger Marion l�heure de gloire vient de sonner. L�information est envoy�e au juge Brugui�re qui signe aussit�t une commission rogatoire.
L�op�ration est donc mont� sous la houlette du pr�fet d�l�gu� � la s�curit� de Marseille avec les bonnes vieilles m�thodes de la DNAT. On en lira avec int�r�t le r�sultat dans cet article du Canard Encha�n�. Pendant ce temps le RAID mettait au point l�arrestation du v�ritable Yvan Colonna dans la r�gion de Propriano.
On appr�ciera la diff�rence d�attitude entre des policiers qui d�un c�t� se conduisent comme des brutes et de l�autre des hommes du RAID presque f�minins dans leur d�licatesse, s�excusant presque aupr�s d�Yvan Colonna.
Autant en emporte l'Yvan
C�est la police, ouvre, connard ! � Tel est le cri amical que Jo�l Bena a entendu � 6 heures du matin le 4 juillet dernier en apercevant par sa porte vitr�e une escouade de policiers d��lite casqu�s, en gilet pare-balles. Ces derniers s'�taient d�ploy�s � l'ext�rieur de la ferme auberge qu'il tient avec sa compagne, Camille Ferrer, � La Rochette, non loin de Qu�zac, en Loz�re.
Les flics de choc, une quarantaine au total, tr�s nerveux, se ruent ensuite chez lui, ouvrent les portes � coups de pied : � L'un des hommes en noir se met en face de la porte de la chambre o� dormait ma fille �g�e de six ans, deux autres se postent sur le c�t� avec des armes charg�es. J'ai eu peur pour ma fille, j'ai cri� : � La petite dort, attendez ! �� Rien n'y fait, ils se pr�cipitent dans la chambre, l'arme au poing, lampe frontale allum�e. Par bonheur, la petite fille ne se r�veille pas.
Apr�s avoir tir� Camille, la compagne de Jo�l, de son sommeil, ils lui pr�sentent une commission rogatoire sign�e du juge Brugui�re, puis lui fourrent une photo jaunie d'Yvan Colonna sous le nez. Elle leur r�pond, �berlu�e : � Je l'ai vu � la t�l�, mais je ne sais plus qui c'est � ! Ils exigent ensuite d'inspecter les dix
chambres inoccup�es du g�te.
�Je tremblais, je leur ai donn� les cl�s, se souvient Camille. Mais ils ont voulu que je les ouvre moi-m�me. Je leur ai lanc� : � Je ne peux pas, vous me faites peur.� ils m'ont r�pondu : "N'ayez pas peur, Madame, nous sommes la police" � Comme dans le sketch de Coluche !
D'autres flics les tiennent en joue � l'ext�rieur. Ils r�veillent brutalement un couple de Parisiens dans la derni�re chambre, puis s'int�ressent aux rares occupants du camping. Aucun ne reconna�t Colonna ! Ils fouillent ensuite fr�n�tiquement des caravanes et, bien s�r, deux bergeries. Dans la maison attenante, la m�re de Camille, qui a vu ce remue-m�nage � l'aube, a pens� qu'on attaquait sa fille et a r�veill� son p�re, soixante-quinze ans. Lequel s'est mis � chercher son fusil et ses cartouches � lapins ! Mais un flic est venu les tenir en respect, jusqu'� ce que ce soit leur tour d'�tre perquisitionn�s.
Sur les coups de 10 heures, et une fois les PV dress�s par quatre commissaires des SRPJ de Montpellier et de Marseille, tous les flics s'en vont. Mais trois d'entre eux reviennent en fin de matin�e, et s'int�ressent maintenant au v�lo d'un touriste hollandais blond, qui ne ressemble gu�re � Colonna. Camille s'�tonne : � Notre ferme est situ�e dans un cul-de-sac, u n'y a presque pas de touristes en cette saison, il faudrait �tre idiot pour se planquer ici, d'autant qu'on est � 15 kilom�tres de la tombe du pr�fet Erignac. �
R�ponse des flics : ils ont eu � un tuyau sur un homme ressemblant � Colonna remontant leur c�te � pied � c�t� de son v�lo �. Sic.
Puis ils l�chent cet avertissement, pas tr�s fiers d'eux-m�mes : � Ne parlez pas aux journalistes jusqu'au r�f�rendum en Corse, dimanche. � Motus, donc, face aux radios et t�l�s qui appellent � la ferme d�s l'apr�s-midi de ce 4 juillet. Voil� pourquoi cet �pisode est pass� inaper�u, � part deux mentions dans � Le Midi libre � et un article dans � Loz�re nouvelle � (11/7).
Colonna a �t� arr�t� le soir m�me en Corse, ce qui a achev� d'occulter dans les m�dias ce coup rat� en Loz�re : � L'arrestation nous a soulag�s, explique Jo�l, car cette descente de police a cr�� un soup�on sur nous qui n'a pas disparu. Il y a des gens qui disent : pas de fum�e sans feu. � Le couple affirme avoir d� arr�ter l'activit� de restauration, les clients du coin se faisant rares. Or les flics ne se sont m�me pas excus�s, �videmment�
Cela aurait �t� quand m�me dommage pour l'honneur de la police et la gloire de Sarko qu'un pareil exploit reste m�connu !
(source Canard Encha�n�, David Fontaine, 6/08/03)
TOUT LE DOSSIER CORSE
|
|