Resistenza Corsa revendique
Jun 26, 2003
Auteur: L'investigateur

Le groupe clandestin "Resistenza Corsa" a revendiqu� mercredi 25 juin dans un appel t�l�phonique authentifi� plusieurs attentats commis en Haute-Corse au nom de la "lutte contre le trafic de drogue".

Le groupe apparu en d�cembre 2002 a endoss� la responsabilit� d'attentats contre le v�hicule d'"un trafiquant d'h�ro�ne", un magasin de meubles � L'Ile-Rousse, un camp de vacances et un "double attentat" dans la plaine orientale de l'�le. Tous n'ont pas �t� identifi�s par les services de gendarmerie ou de police. On doute du fait que le camp de vacances ait �t� responsable d�un quelconque trafic de drogue. N�anmoins la pression port�e sur le nord de la Corse, essentiellement Bastia et la Balagne, fait penser � un faux nez de ces secteurs du FLNC Union des Combattants

Il a revendiqu� �galement la mise en place d'une charge explosive "volontairement d�samorc�e" contre un snack-bar du centre ville de Bastia. Dans le message, Resistenza Corsa a menac� de mener d'autres actions (l�utilisation du napalm (sic) est cit�e) si les "services de police" ne montraient pas "une r�elle volont� de lutter contre la drogue". Ce groupe myst�rieux avait d�j� revendiqu�, le 26 mai, une s�rie d'attentats, dont certains � caract�re raciste.

La question qui se pose est de savoir pourquoi Resistanza Corsa a orient� diff�remment sa campagne de terreur. Elle est le premier groupe � s��tre attaqu� � l�immigration maghr�bine soulevant un toll� de protestation parmi les organisations publiques. Deux faits ont boulevers� les plans de ses auteurs : le premier est l�impact de la campagne antiraciste sur le continent. Un r�cent article sign� Ariane Chemin dans Le Monde a g�n� les dirigeants nationalistes de la Haute-Corse. Cet article mettait en �vidence la fa�on dont l�extr�me-droite insulaire et notamment celle li�e � la mouvance du Front national, entendait utiliser le sentiment raciste qui grandit en Corse. Quelques militants chevronn�s d�extr�me-droite ont pay� des jeunes des villages du sud pour placer des bombes dans des lieux fr�quent�s par des Maghr�bins.

Parall�lement, dans la r�gion d�Ajaccio, des dizaines de bombages confus ont constell� les murs m�lant la lutte contre l�immigration, contre la drogue, l�ins�curit�. Souvent ces bombages �taient sign�s d�un sigle frapp� de la croix celtique, le symbole de l�extr�me-droite. Les nationalistes effray�s par la m�canique qu�ils ont contribu� � mettre en marche, craignent aujourd�hui que le Front national ne parvienne � capitaliser ce ressentiment anti-maghr�bins. D�autant que l�organisation d�extr�me-droite pourrait bien opter lui aussi pour une ligne d�centralisatrice. D�s lors, la diff�rence entre certains radicaux nationalistes corses et la position du Front national pourrait devenir aussi fine que la chastet� d�un moine paillard. Et la porosit� entre les genres devenir un souvenir du temps pass�. Voil� qui explique pourquoi Resistanza corsa cible d�sormais les � marchands de drogue �. Une telle campagne va h�las rappeler l�assassinat de deux malheureux Tunisiens en janvier 1986, assassinat revendiqu� le 17 octobre 1987, quatre mois apr�s celui du docteur Lafay, un opposant au nationalisme par le m�me tueur. La campagne avait �t� lanc�e par le FLNC � l�automne 1985. � partir de 1991, apr�s la scission entre les deux FLNC apparaissent deux organisations clandestines : A droga basta, compos�e de personnes proches du Canal historique et � A droga no � proche du Canal habituel. Ces deux organisations vont abattre plusieurs dizaines d�individus accus�s d��tre des � dealers �. Derri�re cette campagne se cachent bien souvent d�authentiques dealers qui �liminent de possibles concurrents.

La campagne actuelle pourrait mener � des telles outrances. Mais c�est surtout le signe que la situation se tend dans la clandestinit�. Resistanza corsa� Un bien curieux attentat rat� � Borgo� Les clandestins donnent � nouveau l�impression de se toiser et de se mesurer par des actes a priori sans relation entre eux. Et pourtant�

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s