La soci�t� � capital-risque Femu Qui dont l�un des dirigeants a �t� Jean-Nicolas Antoniotti, a d�nonc� mardi 13 mai le r�cent attentat perp�tr� contre l'h�tel Ibis en construction � Bastia. Plusieurs de ces membres se sont rassembl�s ce matin devant la construction pour assurer de leur solidarit� le propri�taire des lieux, Jean-Nicolas Antoniotti et pour r�clamer aux autorit�s la s�curisation du chantier. Le PNC, Partitu di a Nazione Corsa condamne l'attentat, pr�cisant que les deux pr�c�dentes actions contre l'h�tel avaient �t� revendiqu�es par le FLNC et que les pr�textes mis en avant pour tenter de justifier ces actions �taient sans fondements. Et le PNC de conclure " :
� S'il y avait confirmation de l'implication de nationalistes dans ce nouvel attentat, nous ne pourrions qu'en prendre acte et d�noncer la continuation de graves d�rives au sein de la clandestinit�".
Cette d�claration, relativement inhabituelle de la part des nationalistes mod�r�s traduit la sale ambiance qui r�gne en Haute-Corse. Le FLNC et les voyous, chacun dans leur coin mais parfois conjointement, rackettent � qui mieux mieux. Il suffit d�ailleurs de voir les derni�res soci�t�s qui sponsorisent le club de foot de Bastia, de recouper avec certains attentats pour conna�tre les r�calcitrants qui ont fini par se plier � la loi de la peur. Les enqu�tes men�es par les gendarmes et l�antenne du SRPJ d�Ajaccio, pi�tinent faute de t�moins et de plaintes. La capitale du nord est donc soumise � une chape de plomb que viennent alourdir certains incidents. Nous relations dans ces colonnes le mitraillage du cercueil de Marcelli, �v�nement rarissime en Corse. Quelques jours plus tard, c��tait l�h�tel du p�re de Marcelli qui �tait � son tour mitraill�. Autant d�avertissements lanc�s � la m�re de Christophe Marcelli qui a toujours fait savoir qu�elle entendait t�moigner comme Jacques Mariani, le fils de Francis Mariani, ce baron pr�sum� de la Brise de Mer, actuellement incarc�r�. Or Jacques Mariani est accus� tout comme Menconi de l�assassinat des deux Marcelli. La famille de Christophe Marcelli est donc soumise � une pression terrible accompagn�e de menaces de mort. Il est vrai que sans cela l�accusation est faible : � peine un texto difficilement utilisable lanc� par l�un des Marcelli avant d��tre retrouv� assassin� et br�l�.
Les menaces contre la famille Marcelli sont accompagn�es d�autres menaces, contre les journalistes qui osent parler de cette affaire. Autant le dire : cela ne fonctionnera pas avec nous. Plus la pression sera forte, plus nous ferons notre travail.
N�anmoins, ce fait divers connu de tous les Bastiais est en train d�empi�ter sur le projet de r�forme initi� par Nicolas Sarkozy. On se raconte comment tel commerce lucratif a �t� pris en main par les voyous ou les clandestins. Parfois, les voyous n�h�sitent pas � acheter le commerce et � directement mettre un homme � eux � la direction. Parfois il garde un g�rant terroris� afin de pr�server l�apparence d�honn�tet�. D�sormais, il semblerait qu�Ajaccio soit �galement touch� : blanchisserie (sans jeu de mots), �lectrom�nager, concession automobile, caf�s� le grand banditisme a pris des marques sans pouvoir �tre arr�t�. La crainte est donc grande dans la population de Haute-Corse que demain, dans le cadre d�une collectivit� unique, cette voyoucratie ne parvienne � imposer sa loi � des �lus territoriaux tout puissants. � Mieux vaut un pouvoir dispers� et d�pendant de Paris qu�un pouvoir centralis� et faible � se dit-on dans les caf�s de la Place Saint-Nicolas.
Autre point d�inqui�tude : quelques plasticages de demeures construites r�cemment en bord de mer d�montrent aux Corses qu�il est possible de transgresser les lois pourvu qu�on ait dans la poche un �lu, la passivit� des pouvoirs publics permettant le reste. Les clandestins apparaissent donc une fois encore comme des redresseurs de tort. Le r�sultat est catastrophique et vient conforter l�id�e que d�cid�ment, en dehors des coups de pied au cul, l��tat ne comprend rien � une Corse qui ne veut que l�application de la loi commune et rien d�autre.
L�ambiance est donc franchement mauvaise aggrav�e par la r�forme des retraites. En Corse, la retraite est presque une institution en tous les cas un but. Vouloir y toucher revient � s�attaquer � quelque chose de fondamental. Les manifestations du 13 mai sont les plus r�ussies de toute l�histoire de la Corse. Le malaise provoqu� par la r�forme des institutions pourrait donc bien �tre d�tourn� vers une gr�ve g�n�rale de l��le avant la fin du mois. C�est au moins ce qui se d�gage des discussions avec les syndicalistes. Les nationalistes semblent une fois encore � la remorque du mouvement syndical h�sitant � se lancer dans la lutte pour des retraites � pay�es par l��tat fran�ais � et � dirig�e par les syndicats fran�ais �. Mais ils ont encore en m�moire leur absence dans la gr�ve de 1989. Toujours est-il que d�j� il se dit que dans les �tats-majors hostiles � la r�forme, on pousserait � la roue afin de signifier au gouvernement le d�saveu de sa politique.
Nicolas Sarkozy devrait se rendre en Corse dans la deuxi�me quinzaine du mois de mai. Il va rencontrer le pr�sident de l�universit� de Corse, signataire du tr�s maladroit appel d�A Tramula. La marge de man�uvre du ministre de l�int�rieur est de plus en plus �troite. Il ne peut crucifier aujourd�hui un homme dont il a dit hier le plus grand bien. Mais les renseignements venus de Paris d�montrent que l�envie ne lui en manque pas. Il en veut � ce pr�sident qui, foulant au pied son devoir de r�serve, a confondu ses id�es personnelles et l�image qu�un pr�sident d�universit� se doit de r�fl�ter. Un mauvais pr�sage pour l�avenir d�une soci�t� o� la confusion des genres est de mise. D�aucuns pensent qu��lus gr�ce aux voix nationalistes mod�r�es et radicales, le pr�sident Aiello ne pouvait refuser de signer un appel tr�s tr�s cl�ment envers les assassins du pr�fet Erignac. Mais cela n�arrange gu�re les affaires de Nicolas Sarkozy. La passivit� des partisans du � oui � � la r�forme et la pugnacit� des � nonistes � lui rendent la t�che difficile. Dans l��le, certains partisans institutionnels du � oui � poussent en fait � r�pondre � non �. Il s�agit de Camille de Rocca-Serra et de Paul Natali. Dans les rangs de la gauche, chacun se compte et se rend compte que ceux qui auront pr�n� le � oui � seront en cas d��chec du r�f�rendum en position extr�mement difficile. D�o� une prudence qui d�sesp�re tous ceux qui sont persuad�s que la Corse n�a pas le choix.
Et, en fin des fins, ce sont bien les nationalistes qui risquent de faire la diff�rence. L�appel d�A Tramula est venu fausser les pistes en donnant aux � nationalistes mod�r�s � une image de marque radicale. Il est donc probable que la liste Corsica nazione se trouve en position de force, une fois de plus. Mais il n�est pas certain que les nationalistes aient vraiment envie que le � oui � l�emporte. Au moins pour les plus radicaux. Le � groupe sans nom � auteur de l�assassinat du pr�fet Erignac avait agi contre les �lections territoriales qu�il jugeait comme un pi�ge. Beaucoup de militants de base pensent encore la m�me chose et risquent d��tre stimul�s par la d�fense politique des assassins du pr�fet en juin prochain, un mois � hauts risques pour le gouvernement.
Personne ne peut dire aujourd�hui qui l�emportera. Les observateurs notent une v�ritable progression du � non �. Si leurs adversaires ne prennent pas l�offensive d�ici la fin du mois, l�option n�gative l�emportera notamment en Haute-Corse.
Il faudrait enfin que policiers et gendarmes marquent quelques points contre le grand banditisme de mani�re � rassurer une population dans l�attente.
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