Olmeto : gentil petit village du sud de la Corse o� a s�journ� la Colomba de M�rim�e. L�arrestation d�Yvan Colonna n�a pas surpris cet homme qui est l�, dans un bistro. Il nous a �t� indiqu� par un ami du berger Paoli aussi appel� � Pipi � dans son entourage. Chacun d�crit ce dernier comme un homme qui n�est certainement pas un nationaliste. Il �tait d�ailleurs sur la liste du maire, un anti-nationaliste.
Notre interlocuteur a trouv� que l�arrestation d�Yvan Colonna � �tait pour le moins bizarre �. � Si vous promettez de ne pas donner mon identit�, je vais vous expliquer les faits. Aujourd�hui la police pr�tend qu�Yvan Colonna �tait en Corse depuis des ann�es.
J�ai m�me entendu pr�ciser deux ans. Ca je n�en sais rien. Mais je sais seulement qu�il n��tait pas chez Pipi. Mais Pipi ne pouvait pas refuser de recueillir quelqu�un chez lui quoi qu�on en pense. C�est comme �a dans notre culture. Et ce que peut raconter Monsieur Sarkozy n�y changera rien. Peut-�tre qu�il conna�t Sagone. Mais on ne peut pas dire qu�en connaissant Sagone il conna�t la Corse. En tous les cas, le jour de son arrestation, j�ai vu Yvan Colonna ici � Olmeto.
On a un peu discut� de choses et d�autres. Il m�a dit qu�il pensait qu�il �tait surveill�. Je lui ai dit de ne pas retourner � la bergerie. Et puis l�, tout aussi tranquillement, il m�a annonc� qu�il retournait � la bergerie. Je ne lui ai pas demand� plus de pr�cisions. Mais �a m�a �tonn�. Il me semble que quand vous �tes traqu�, vous ne retournez pas dans un endroit o� le danger guette.
Il y est retourn� et le soir il s�est fait arr�ter tranquillement. Je peux aussi vous dire qu�Yvan avait l�habitude de marcher et que je plains les policiers qui se seraient mis � sa poursuite s�il avait d�cid� de s�enfuir dans le maquis.
Mon avis est qu�il en avait assez de fuir, de toujours fuir. Et que les choses se sont pass�es comme lui a voulu qu�elles se passent. �
Changement de d�cor : Paris. L�homme se pr�sente comme un policier qui a �t� impliqu� dans l�enqu�te relative � l�assassinat du pr�fet Erignac. Il nous a donn� rendez-vous dans un caf� non loin de Notre Dame. Il a envie de dire ce qu�il a sur le c�ur. Il a pu observer la fa�on dont la police travaillait dans l��le. � C��tait n�importe quoi. Nous �tions nous-m�mes effray�s de la mani�re dont les enqu�tes se d�roulaient. Combien de fois nous avons �t� pr�venus que des enqu�tes balistiques s�interrompaient apr�s la perte des projectiles. Pour ce qui concerne le pr�fet Erignac, le plus grand d�sordre r�gnait autour de son corps. Tout avait �t� pi�tin�.
Mais on m�a dit que l�autopsie aurait permis de d�terminer que les balles qui ont tu� le malheureux n�avaient pas toutes �t� tir�es selon le m�me angle. On a m�me parl� d�un tireur plus grand qu�Yvan Colonna ce qui reviendrait � le disculper. En fait, un �l�ment dont on parle beaucoup en Corse aujourd�hui a �t� purement et simplement oubli�. Et si les tireurs avaient �t� deux ?
Jamais l�expertise balistique n�a cherch� � savoir si les balles avaient �t� tir�es par deux pistolets de m�me calibre. Aujourd�hui beaucoup de coll�gues se posent des questions sur ce qui est vraiment arriv� ce 6 f�vrier et sur l�identit� des tireurs �.
L�homme l�ve une main : � Attention, je ne veux pas tomber dans la th�orie du complot. Je crois seulement que l�enqu�te n�a pas �t� s�rieusement men�e et que nous sommes quelques-uns � croire que deux des protagonistes �taient capables de tuer. Je ne vous donnerai pas de noms parce que ce n�est pas mon travail. Mais, � mon avis, le magistrat instructeur avait tous les �l�ments entre les mains et il n�a pas su les exploiter pas plus que le pr�sident de la Cour d�assises sp�ciales. �
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