De janvier 2001 � mars 2003, Sos-racaille et certains sites h�berg�s par Liberty-web ont �t� un des foyers les plus actifs de racisme en ligne. Le 17 juillet 2003, le Mrap sortait un gros rapport pointant la naissance d'une "nouvelle extr�me droite sur internet". L'association d�non�ait l'impunit� dont les auteurs de ces sites islamophobes b�n�ficient jusqu'� pr�sent. Malgr� les nombreuses plaintes, les diff�rentes enqu�tes de police en cours n'avaient en effet pas encore permis d'identifier ou d'arr�ter les principaux responsables, issus des milieux d'extr�me droite, traditionnelle et sioniste. Or l�un des responsables, Jo�l Michel Sambuis, vient d��tre arr�t� � Moscou gr�ce � une mobilisation d�internautes. Les sites www.zdnet.fr et www.transfert.net ont enqu�t� sur ce sujet d�une mani�re tr�s exhaustive. Les articles de Jean-Marc Manach font d�sormais autorit� en la mati�re. Voici son enqu�te.
Surnomm� "cam�l�on", l'escroc multir�cidiviste �tait en cavale depuis des ann�es
Une op�ration conjointe des polices russes et fran�aises a permis l'arrestation, le 15 juillet � Moscou, d'un Fran�ais recherch� pour escroquerie � la carte bancaire depuis des ann�es. Il s'agirait �galement de l'un des principaux responsables de l'affaire sos-racaille.
Jo�l Michel Sambuis, un ing�nieur en informatique de 43 ans, a �t� arr�t� le 15 juillet au soir � Moscou par le d�partement "K" de la Direction centrale des affaires int�rieures (GOuVD) de la ville de Moscou, une unit� de la police russe charg�e de la criminalit� li�e aux nouvelles technologies, assist�e d'un commissaire divisionnaire de la police fran�aise.
Il �tait d�tenteur d'un passeport de la F�d�ration de Russie obtenu gr�ce � de faux papiers fran�ais �tablis au nom de Paskal Zhoel Boduin (le site newsru.com propose, entre autres photographies, celle de ce passeport), Sambuis, un multir�cidiviste de la fraude � la carte bancaire, �tait en cavale depuis sa derni�re condamnation � cinq ans de prison en 1998.
Depuis, Sambuis aurait poursuivi ses activit�s ill�gales. Le montant du pr�judice qui lui est imput� est pour l'instant estim� � 12 millions d'euros, et le mandat d'arr�t international lanc� contre lui par la justice fran�aise compterait au moins 13 chefs d'inculpation.
Sambuis r�pondait au surnom de "cam�l�on"
Selon les services de renseignements fran�ais, cit�s par un porte-parole des autorit�s russes, Sambuis serait �galement accus� de soutien et de financement � des "groupes extr�mistes". Il s�agit notamment de nazis russes tr�s impliqu�s dans de r�cents pogromes contre des Caucasiens.
Un fonctionnaire ayant requis l'anonymat a indiqu� au site transfert.net que Sambuis r�pondait au surnom de "Cam�l�on". Une autre source proche du dossier avance qu'il "aurait manipul� tout le r�seau" gravitant autour du site sos-racaille.org et de l'h�bergeur liberty-web.net.
� ce jour, on ne sait si Sambuis �tait seul derri�re ce r�seau arabophobe. Cam�l�on est � la fois un pseudonyme, et un site, cameleon.org, sp�cialis� dans les techniques d'anonymat sur l'internet, dont on ne sait non plus s'il �tait anim� par une ou plusieurs personnes.
Sambuis pourrait �tre tr�s rapidement extrad� vers la France. Sauf si la justice de la F�d�ration de Russie engage elle-m�me des poursuites. L'escroc pr�sum� aurait en effet pirat� des bases de donn�es et effectu� un certain nombre d'op�rations bancaires ill�gales depuis le territoire russe.
Le minist�re de l'Int�rieur, reconnaissant qu'il s'agit d'une "affaire sensible", n'a pas donn� suite aux demandes de pr�cision du site transfert.net, indiquant que le dossier �tait d�sormais du ressort de la Justice. Le cabinet du garde des Sceaux n'a quant � lui pas �t� en mesure de r�pondre � nos questions.
"Artiste du clavier", "dominateur" et ancien n�onazi
D�crit par une personne proche du dossier comme un "un tr�s gros malin, artiste du clavier, dominateur et s�r de lui", Jo�l Michel Sambuis faisait partie des personnes les plus recherch�es par les enqu�teurs de l'Office central de lutte contre la criminalit� li�e aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC).
Signe du caract�re "sensible" et de l'ampleur de ce dossier, l'affaire sos-racaille a mobilis�, outre l'OCLCTIC, Interpol et la police russe, les Renseignements g�n�raux (RG), la Direction de la surveillance du territoire (DST) ainsi que la Division nationale anti-terroriste (DNAT).
En 1998, le tribunal de grande instance de Grenoble l'avait condamn� par contumace � cinq ans de prison. L'informaticien, qui �tait en cavale depuis, faisait l'objet d'un mandat d'arr�t international depuis deux ans. L'enqu�te conjointe des forces russes et fran�aises durait quant � elle depuis 18 mois.
Un lourd pass� d'escroc � la CB
Multir�cidiviste sp�cialis� dans les fraudes � la carte bancaire, Sambuis avait �t� mis en examen d�s 1992 pour "escroquerie en r�cidive, faux et usage de faux", au terme d'une enqu�te initi�e en 1990.
Ing�nieur en informatique et directeur d'une soci�t� de logiciels, il r�cup�rait des num�ros de comptes bancaires sur des facturettes, et avait fabriqu� un syst�me permettant de modifier les pistes magn�tiques des cartes bancaires. Plusieurs centaines de particuliers auraient ainsi vu leurs comptes d�bit�s par Sambuis.
En 1995, il fut de nouveau condamn� � quatre ans de prison, dont un avec sursis, pour cambriolages, vols de ch�quiers et de mat�riels informatiques, contrefa�ons de carte bancaire et escroquerie.
Se faisant passer pour un enqu�teur du groupement d'int�r�t �conomique des cartes bancaires (GIE-CB) enqu�tant sur des fraudes, il en profitait pour d�rober des codes secrets de cartes bancaires.
Vir� du FN pour "posture n�onazie"
Les liens �ventuels entre Sambuis, l'affaire sos-racaille.org et le site cameleon.org restent � �claircir. Son pass� politique est cela dit en phase avec le cyber-activisme d'extr�me-droite et le climat de guerre civile que cherchaient � instaurer les "Comit�s Canal R�sistance", bras arm� de sos-racaille.
Selon une source proche du dossier, Sambuis aurait �t� radi� du Front National en 1985 pour "posture n�onazie", avant d'int�grer un groupe paramilitaire informel. Contact� par Transfert, le Front National nous a d�clar� ne pas avoir trouv� mention de son nom dans ses fichiers.
Sur les cendres de la n�buleuse d'extr�me droite, des militants s'activent dont un ancien du FN
Depuis la fermeture des sites h�berg�s par liberty-web.net en mars 2003, nombre "d'anciens" de cette n�buleuse d'extr�me-droite tentent de recr�er le r�seau qui les avait f�d�r�s. Mais les scissions internes et l'absence d'un leader charismatique tel que le fondateur de Sos-Racaille, site pilier de cette n�buleuse, ont pour l'instant emp�ch� ces activistes islamophobes de retrouver la puissance que le r�seau avait acquise pendant plus de deux ans. Denis Greslin, un des contributeurs du site Sos-racaille, ancien du Mouvement national r�publicain (MNR) et du Front national (FN), souhaite quant � lui recr�er une version "l�gale" de Sos-racaille, dont les auteurs font actuellement l'objet de plusieurs plaintes et enqu�tes.
Apr�s plus de deux ans de forte activit�, liberty-web, qui h�bergeait, entre autres sites d'extr�me-droite, sos-racaille.org, a �t� ferm� d�but mars 2003 par ses �diteurs. Anonymes, ceux-ci semblent avoir agi en raison de dissensions internes, et suite aux pressions exerc�es dans le cadre des diff�rentes enqu�tes judiciaires lanc�es contre leurs sites.
La fermeture de ce carrefour de l'extr�me droite en ligne, qui f�d�rait une s�rie de sites extr�mistes autour de ses forums, a donn� l'occasion � certains de lancer leur propre initiative. Et de faire �clater des querelles internes.
Peu de temps apr�s la disparition de liberty-web, est apparu le forum de la France en Marche (Frema). Il enregistrait, quinze jours apr�s la fermeture de sos-racaille.org, pas moins de 200 inscriptions, dont une part non n�gligeable provenait des habitu�s du r�seau.
Le fondateur de Frema, un activiste agissant sous le pseudonyme Jordy, a rapidement d�clench� la col�re du r�seau en menant une s�rie de "purges" sur les listes des usagers et des fils de discussion de son forum.
Cette purge a entra�n� la cr�ation d'un autre site web. Sur ces pages, tr�s simples, les auteurs d�non�aient l'animateur de Frema, pr�sent� comme un "ancien cadre du Parti Communiste, syndicaliste de la CGT, antis�mite notoire, fonci�rement raciste", "�g� de 64 ou 65 ans, habitant non loin de Limoges".
L'auteur de ce site dissident, Jean-Charles Sauvignon, un ancien des forums de Sos-racaille qui avait fait les frais des "purges" de Frema, en profitait pour annoncer la cr�ation de Zone Libre. Ce site entend lui aussi, avec SOS France, prendre la suite de feu Sos-racaille. Il propose principalement des forums, qui connaissent une fr�quentation assez limit�e.
Une initiative � visage d�couvert
Parmi les tentatives de faire rena�tre un mouvement sur les cendres de Sos-racaille, on trouve l'initiative de Denis Greslin, plus "officielle". Ce militant s'est pr�sent� � plusieurs �lections sous les �tiquettes FN puis MNR.
Lorsque Sos-Racaille �tait encore en activit�, ses auteurs pr�cisaient au sujet de Greslin : "Par s�curit�, nous ne pouvons divulguer les �minents Services rendus � la Communaut� de RESISTANCE, et ce � plusieurs reprises".
Denis Greslin est, avec G�rard Cazenave, l'un des rares internautes � avoir contribu� � Sos-Racaille sous son vrai nom. Cela a notamment eu pour effet de pr�cipiter son interpellation, le 10 juin 2003, au petit matin, par la brigade criminelle de Paris, dans le cadre d'une plainte concernant une menace de mort � l'encontre de Jacques Chirac �manant de proches de sos-racaille. L'interpell� relate cet �pisode en d�tail sur son site, Occidentalis .
Contact� par Transfert, Greslin estime avoir �t� d'autant plus rapidement rel�ch� qu'on ne semble lui reprocher que de s'�tre exprim� publiquement sur sos-racaille.org et d'avoir correspondu, au moyen d'outils de cryptographie, avec son webmaster.
Le responsable de Sos-racaille obligeait en effet ceux qui voulaient lui �crire � se servir de PGP (Pretty good privacy), le plus populaire des logiciels de cryptographie.
Greslin dit n'avoir �t� finalement rel�ch� qu'apr�s avoir accept� de r�v�ler ses mots de passe aux policiers, sous peine d'�tre transf�r� � Paris et de voir sa garde � vue prolong�e. En mati�re de terrorisme, elle peut durer 96 heures.
L'�quipe de six policiers venus interpeller Greslin comportait deux informaticiens. Il n'a �t� finalement ni inculp�, ni mis en examen. Ses disques durs ont �t� saisis, sa garde � vue a dur� 48 heures.
Sos-racaille, en version l�gale
Aujourd'hui, Denis Greslin souhaite continuer l'activisme en ligne. Sur le forum de son site web, il pr�cise avoir pour objectif "de faire rena�tre le couple Sos-Racaille/AIPJ, mais dans une version l�gale, associative". Greslin, qui dit avoir cr�� son site pour r�sister � l'"imp�rialisme int�griste islamique", ajoute : "La recette a march� longtemps, il n'y a aucune raison que cela ne continue pas !".
Pour mener bien son nouveau projet, Greslin dit s'�tre associ� � une dizaine d'anciens de Sos-racaille, dont le webmaster d'aipj.net, "qui est sur la m�me ligne que moi". Le responsable de ce site pro-sioniste est consid�r� par le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amiti� entre les peuples) comme l'un des principaux animateurs de l'ancien r�seau f�d�r� par Liberty-web.
Greslin dit avoir tir� certaines le�ons de l'exp�rience Sos-racaille. Il affirme condamner la violence extr�me qui s'y exprimait : "Les appels � prendre les armes ont incit� les gens � s'�loigner, et les sites � fermer. On ne voulait pas faire sauter les mosqu�es". L'ex-candidat du FN consid�re par ailleurs les appels au meurtre comme "aberrants, inutiles". "Suffit de voir Brunerie, qui a fait beaucoup de tort � son milieu" ajoute-t-il, � propos de l'activiste d'extr�me droite qui avait tent� de tirer sur Jacques Chirac lors du d�fil� du 14 juillet 2002.
Pourtant, Greslin minimise la port�e des d�rives violentes de Sos-racaille, qui sont selon lui le fruit d'une "poign�e d'excit�s" mais aussi de la "parano�a entretenue par le webmaster". "Ca a servi de d�fouloir � certains. Mieux vaut qu'ils le fassent sur internet qu'en prenant un flingue", avance-t-il.
Pour Greslin, les appels � la violence des Comit�s canal r�sistance (CCR), qui faisaient office de branche arm�e du mouvement, avaient m�me une utilit�. "Les CCR voulaient cr�er une prise de conscience, c'�tait du racolage pour se donner plus d'importance et attirer du monde". Confirmant la strat�gie de la provocation m�diatique adopt�e par la n�buleuse Sos-racaille, il estime que "le r�sultat a �t� atteint : Le Monde en a parl�, c'�tait un bon moyen de se faire conna�tre."
Libert� rh�torique
S'il les souhaite "l�gales", Greslin consid�re que ses nouvelles activit�s en ligne pourraient tout de m�me lui valoir de nouveaux d�m�l�s avec la justice : "Il est probable qu'un jour je me retrouve au trou. Il est tr�s dur de rester dans le cadre de la loi, notamment de la loi Gayssot, qui oblige � prendre des gants pour s'exprimer."
Maniant la rh�torique, Greslin accuse cette loi de 1990, qui vise � r�primer "toute discrimination fond�e sur l'appartenance ou la non-appartenance � une ethnie, une nation, une race ou une religion". Consid�r� y compris par des personnalit�s de gauche comme une limitation � la libert� d'expression, ce texte est � l'origine d'un certain nombre des plaintes de ce dossier.
Selon Greslin, l'existence de "tabous" en France incite nombre des militants du r�seau d'extr�me droite � intervenir de mani�re anonyme sur internet : "L'anonymat est parfois indispensable, ils risquent des plaintes, de perdre leur travail ou de se faire remarquer."
En se faisant chantre de la libert� d'expression, Greslin avance m�me que la traque des responsables de Sos-racaille ne serait pas due aux agissements et propos haineux de ce r�seau. L'affaire se r�sume pour lui � un "pr�texte" visant � "contr�ler le Net, espace de libert� qui g�ne". Dans un �ditorial publi� sur son site, le militant s'explique : "La libert� de parole conduit � des abus. Mais c'est un choix : soit on censure et il n'y a pas de d�rapages, et c'est la dictature, soit on laisse chacun s'exprimer, et le bon-sens fait le reste. C'est la d�mocratie."
Aujourd'hui, alors qu'il s'appr�te � relancer un r�seau d'extr�me-droite en ligne, Greslin veut se d�finir comme un homme de droite, mais "gu�re plus ferme que Berlusconi, Aznar ou Sharon". Le webmaster d'Occidentalis, qui soutenait l'intervention am�ricaine en Irak, dit vouloir en finir avec "ces relents de l'extr�me-droite des ann�es 20 anti-europ�enne, homophobe et anti-juive".
Il marche pourtant bien sur les traces de son mod�le, feu Sos-Racaille. Comme les acteurs de cette n�buleuse qui alliait militants d'extr�me-droite nationalistes et radicaux sionistes, il consid�re toujours que "le danger, c'est l'islamisme".
Enfin, Denis Greslin esp�re que le ou les responsables de sos-racaille.org, "suffisamment prot�g�s pour rester anonymes", ne seront pas arr�t�s par les diff�rents services de police qui les recherchent. Il ajoute : "Ils ont permis de prendre conscience qu'on pouvait faire des choses sur internet".
(sources : transfert.net, Jean-Marc Manach)
Liberty-web rassemblait l'extr�me droite traditionnelle et les sionistes radicaux
Alors que l'extr�me droite s'est maintes fois illustr�e par ses divisions, l'h�bergeur liberty-web.net a r�ussi, de f�vrier 2001 � mars 2003, le tour de force de cr�er les conditions d'un rapprochement "jud�o-chr�tien" entre diff�rents mouvements se r�clamant de cette tendance politique. Le portail cr�� par ces militants d'extr�me droite regroupait en effet 24 sites parmi lesquels cohabitaient sionistes radicaux et nationalistes fran�ais. Constitu�s en r�seau, les auteurs de ces sites partageaient une haine commune : l'islamophobie.
Cr�� � la mi-f�vrier 2001, le site liberty-web.net proposait, contre r�mun�ration, un h�bergement anonyme de sites web. Sa particularit� : � deux exceptions pr�s, 24 des 26 des sites h�berg�s �taient ouvertement racistes, nationalistes, catholiques int�gristes, royalistes ou sionistes extr�mistes.
Ces sites �taient tous accessibles depuis le portail Liberty-web. Pr�sent�s sur la page d'accueil de l'h�bergeur comme les maillons d'un r�seau fustigeant la "Ripoublique banani�re islamique de Francarabia", ils s'en prenaient aux Arabes, aux musulmans, aux anti-racistes et autres tenants de "l'anti-France". Chacun de ces sites proposait des liens qui renvoyaient vers les autres.
Un forum raciste tr�s fr�quent�
Plusieurs centaines d'intervenants se sont exprim�es sur ce forum, essentiellement sous pseudonymes. Selon le Mrap (Mouvement contre le racisme pour l'amiti� entre les peuples), qui a port� plainte � plusieurs reprises contre la n�buleuse f�d�r�e par Sos-Racaille, 150 000 messages y furent �chang�s.
Salle de r�union permanente et caisse de r�sonance du r�seau, il �tait fr�quent de voir appara�tre sur ce forum des incitations � la haine raciale ou religieuse. Y circulaient �galement des informations sur les "racailles", les anti-racistes ou encore les actions des Comit�s Canal R�sistance ou CCR, qui faisaient office de branche arm�e du r�seau. La majeure partie des �changes restait n�anmoins b�nigne.
S'il servait r�guli�rement de d�versoir � la haine des Arabes et des musulmans, les propos antis�mites y �taient par contre proscrits : aussit�t publi�s, leurs auteurs �taient bannis.
Ce forum permettait aussi de mettre en relation les militants d�sireux de cr�er de nouveaux sites web, ou de s'informer sur des questions techniques concernant l'anonymat sur l'internet.
Parmi les contributeurs, au moins deux d'entre-eux s'�taient vant�s d'�marger au minist�re de l'int�rieur.
Sos-racaille, pilier du r�seau
Cr�� en janvier 2001 dans le but de s'attaquer � Sos-Racisme et de d�noncer la "racaille" des banlieues, Sos-Racaille est sans conteste le plus connu et le plus m�diatis� de tous les sites qui �taient h�berg�s par Liberty-web. Les liens entre l'h�bergeur et ce site web sont �troits, puisque l'administrateur de Liberty-web �tait aussi l'animateur de Sos-Racaille.
� ce jour, l'auteur du site Sos-Racaille reste encore inconnu des services de police. Selon le Mrap, il aurait appel�, dans un message post� sur un forum usenet (fr.soc.politique) en juillet 1999, avant la cr�ation de Sos-racaille, les Fran�ais � se lever pour d�truire "cette merde inf�me qu'est le bougnoul !" (sic), parce qu'"un bon arabe est un arabe mort".
H�berg� sur Liberty-web au d�but 2001, sos-racaille.org s'est fait conna�tre des m�dias et du public en juillet 2001, en republiant la liste des avocats que l'association Sos-Racisme avait initialement mis en ligne sur son propre site web. Sos-racaille.org avait plac�, en pr�ambule � la liste, un commentaire les qualifiant d'"avocats haineux des associations anti-France (d�fendant) la racaille et les � nik'ta m�re �.
Certains des avocats vis�s avaient alors port� plainte.
Sur Liberty-web, l'extr�me droite "classique" a longtemps cohabit� sans souci avec l'extr�me droite isra�lienne.
Parmi les repr�sentants de cette tendance, Alexandre Attali, l'auteur du site Amisraelhai.org (en h�breu, "le peuple d'Isra�l vit", Ndlr) appelait les internautes � infliger crachats et coups de battes de base-ball � certaines personnalit�s d'origine juive.
D�ment nomm�es sur Amisraelhai.org, ces personnalit�s �taient accus�es d'avoir soutenu la Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient (CAPJPO). Nombre des victimes, juives ou non, de ce dossier, se comptent ainsi dans les rangs de ceux qui, sans �tre forc�ment �tre pro-palestiniens, d�non�aient l'attitude du gouvernement isra�lien.
Liberty-web h�bergeait par ailleurs aipj.net, une sorte d'agence de presse sp�cialis�e dans la "rectification" des d�p�ches AFP et dans la d�nonciation de la couverture du conflit isra�lo-palestinien par les m�dias, syst�matiquement accus�s d'�pouser la cause "terroriste".
Sur aijp.net, les antiracistes �taient pr�sent�s comme des "collabos" et J�rusalem comme "la capitale �ternelle d'Isra�l". On y trouvait, entre autres, les textes de La Haine et l'orgueil, le livre d'Oriana Fallaci haineux � l'encontre des musulmans, ou encore des �crits d'Alexandre del Valle, un intellectuel d'extr�me droite encens� de nombreux sionistes qui n'a de cesse de d�noncer le "totalitarisme islamiste".
Tr�s proche de liberty-web.net, le responsable d'aipj.org, qui h�bergeait les forums de sos-racaille.org, est consid�r� par le Mrap comme l'une des principales chevilles ouvri�res de la n�buleuse de sites de Liberty-web.
Paradoxalement, les noms de domaine aipj.net et aipj.org furent explicitement choisis en r�action � J'Accuse... ! Action Internationale Pour la Justice (AIPJ ). Cette association avait port� plainte contre front14.org, un h�bergeur am�ricain de sites racistes et n�o-nazis, pr�cis�ment au nom de la lutte contre l'antis�mitisme et le n�gationnisme (voir notre article).
Proche des associations antiracistes, J'Accuse pr�nait la surveillance de l'internet et la censure des sites web offensants : toutes choses qui ne pouvaient qu'irriter les proches de liberty-web.net, qui se pr�tendaient farouches d�fenseurs de la libert� d'expression.
Unis contre le monde arabe
Qu'ils aient �t� cr��s par des tenants de l'extr�me droite fran�aise traditionnelle ou par des militants de l'extr�me-droite juive ou isra�lienne, les auteurs de ces sites se rejoignaient sur un point : l'islamophobie.
Dans une interview r�alis�e le 24 janvier 2002 pour Canal R�sistance, la radio du r�seau, le webmaster de sos-racaille.org avan�ait qu'"Isra�l est le rempart du monde non musulman contre les musulmans. De leur survie d�pend notre survie".
Soutenant "� 100%" l'intervention am�ricaine en Irak, le responsable de Sos-Racaille esp�rait voir s'embraser le Proche-Orient de sorte de contraindre la France et les Fran�ais � prendre position contre le monde arabe.
Le militant extr�miste pr�cisait que seule une "guerre civile" en France entra�nerait le renvoi des �trangers chez eux, et permettrait de "neutraliser" un certain nombre d'opposants. � commencer par Mouloud Aounit, secr�taire g�n�ral du Mrap, victime � plusieurs reprises d'accusations de Sos-racaille et de menaces de mort "anonymes".
Un dommage collat�ral inattendu
Apr�s plus de deux ans d'activit�, le 7 mars 2003, l'administrateur de liberty-web.net, �galement animateur de sos-racaille.org, fermait l'ensemble des sites h�berg�s, � la surprise g�n�rale. � commencer par celle des militants de base du r�seau et des webmasters des sites h�berg�s.
Cette fermeture faisait suite � des altercations survenues entre les membres des sites de l'extr�me droite "classique" et ceux cr��s par des militants de l'extr�me droite juive.
Selon le Mrap, la guerre du Golfe aurait entra�n� une "cassure id�ologique" entre les deux principales composantes du r�seau : Les activistes pro-isra�liens, "pour qui l'alliance avec les �tats-Unis est sacr�e", s'opposaient aux pro-lep�nistes, "pour qui l''alliance' avec l'Irak est le garant de la politique nationaliste".
Les responsables pro-isra�liens des principaux sites de la n�buleuse liberty-web.net auraient alors d�cid� "de jeter l'�ponge". En lieu et place de leurs sites, ils ont affich� un message rageur indiquant que "la bande de b�tards qui soutient Ben Shirak � 90 % ne m�rite qu'une chose : l'islamisation TOTALE de la France".
La guerre du Golfe, et la position de la France lors de ce conflit, aurait ainsi eu raison de ceux qui, pendant plus de deux ans, avaient r�ussi � constituer cette "nouvelle extr�me droite sur internet" que le Mrap cherche aujourd'hui � d�noncer.
� ce jour, aucun auteur de ces sites n'a �t� jug�. Si, selon le Mrap, une vingtaine de plaintes a �t� d�pos�e contre ces sites, aucune n'a donn� lieu � un proc�s. Ces plaintes ont �t� class�es sans suite car, b�n�ficiant des services d'anonymiser propos�s par Liberty-web, les principaux responsables des sites n'ont pu �tre poursuivis.
Seule exception : Amisraelhai.org. D�pos�e le 1er ao�t 2000 pour "provocation � la haine", la plainte du Mrap � l'encontre de l'auteur de ce site aboutira � un proc�s, dont les plaidoiries d�buteront le 30 septembre 2003.
Si ce proc�s peut avoir lieu, c'est parce que l'auteur d'Amisraelhai.org a pu �tre identifi� : il avait enregistr� son nom de domaine sous son propre nom avant de recourir aux services d'anonymisation de Liberty-web.
Face � la n�buleuse organis�e autour de Liberty-web, la justice est g�n�ralement dans l'incapacit� d'agir. Il semble toutefois que la police ait commenc� � s'int�resser de pr�s � ce r�seau. Selon un fonctionnaire de police proche du dossier, la police judiciaire a choisi le moment o� des dissensions sont apparues entre les deux courants principaux de cette extr�me droite en ligne "pour 'taper' et proc�der aux premi�res interpellations et perquisitions". Selon cette m�me source, d'autres interpellations et perquisitions devraient avoir lieu.
(source : transfert.net, Jean-Marc Manach)
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