La police s�attaque au � r�seau des bergeries �
Jul 9, 2003
Auteur: L'investigateur

Selon la police, le sc�nario est d�sormais bien ficel� : Yvan Colonna a err� durant quatre ans en Corse, sans changer de visage, de corpulence, gr�ce au � r�seau des bergeries � compos� d�une quinzaine d�individus d�cid�ment remarquablement bien organis�s. Il faut en effet accepter l�id�e que ces quinze personnes qui ne forment pas une organisation au sens plein du terme, ont r�ussi � mettre en �chec toutes les polices de France et des moyens techniques sans pr�c�dent. Un tel bilan n�est gu�re � l�honneur d�une police qui aujourd�hui fait le paon.

L'enqu�te se concentre donc sur une quinzaine de personnes, issues de l'entourage familial ou de proches du mouvement nationaliste Corsica Viva. Ce mouvement, vitrine l�gale du "FLNC du 5 mai", a �t� cr�� en 1996 � partir du FLNC-Canal habituel, rival du Canal historique. Le beau-fr�re d�Yvan Colonna, Joseph Caviglioli, originaire de Coggia et mort dans un accident de moto en septembre 1999, en �tait le responsable tout comme Joseph Peraldi et Jean-Fran�ois Ramoin-Luciani, tous deux emprisonn�s pour le double attentat de l�URSAFF et de la DDE d�Ajaccio.

Lundi 7 juillet dans la soir�e, Claude Serreri, un des beaux-fr�res d'Yvan Colonna, a �t� interpell� dans sa brasserie de Propriano. Dans la nuit de dimanche � lundi, les policiers du service r�gional de police judiciaire (SRPJ) d'Ajaccio et de la division nationale antiterroriste (DNAT) interpellaient Andr� Colonna d'Istria, le g�rant d'un camping � Propriano, � la sortie d'un restaurant. Ce dernier, militant nationaliste, avait �t� mis en cause par Fr�d�ric Paoli, le propri�taire de la bergerie o� a �t� arr�t� Yvan Colonna, Andr� Colonna d'Istria aurait conduit le fugitif dans sa derni�re cache.

Andr� Colonna d'Istria �tait le responsable de Corsica Viva dans le Sartenais. Corsica Viva �tait la vitrine l�gale du FLNC du 5 mai, organisation cr��e en 1996 par ceux du FLNC Canal habituel qui refusaient la disparition de la clandestinit�. Ancien g�rant d'un magasin d'armes et d'articles de p�che, il avait cr�� en 1991 une section locale du Mouvement pour l'autod�termination (MPA). Pendant un temps, lui et non Paoli comme nous l�avons indiqu� par erreur, avait cog�r� son camping avec Jean-Fran�ois Ramoin-Luciani, ancien porte-parole de Corsica Viva. Ramoin-Luciani est accus� d�avoir fait sauter l�URSAFF et la DDE en novembre 1999 au nom du groupe � Clandestinu �, un faux nez destin� � int�grer l�Union des Combattants en d�cembre 1999. Quelque temps apr�s ce double attentat, Lionel Jospin entamait le processus de Matignon apr�s avoir lev� le pr�alable de la violence.

Les interrogations sur les aspects curieux de l�arrestation


Cette traque des soutiens d�Yvan Colonna laisse dans l��le plus d�une personne perplexe. Il n��tait en effet pas tr�s dur pour les policiers de surveiller depuis quatre ans les anciens militants de Corsica Viva et plus encore ses beaux-fr�res. Pourquoi n�ont-ils pas pu le coincer durant ces ann�es ?

Dans les bars d�Ajaccio et de Bastia, on s�interroge sur bien des aspects curieux de cette arrestation. Les autorit�s ont annonc� la pr�sence d�une trentaine d�hommes du RAID sur l��le depuis trois mois. C�est �videmment faux. Il existait bien une �quipe sp�cialis�e mais forte d�� peine quelques hommes et incapables contrairement � ce que pr�tend la l�gende sarkozyenne de surveiller � eux seuls 220 bergeries.

On s��tonne aussi de ce que le fugitif soit parti de la cabane, u casellu, pour laisser la place � des stagiaires en laissant la fameuse grenade cens�e permettre au fugitif de se d�gager. Bref mille d�tails qui ne collent pas avec le r�cit abondamment repris par les journalistes fascin�s.

Interrog� sur les soutiens dont a b�n�fici� Yvan Colonna, son autre avocat, Me Antoine Sollacaro, a d�clar� qu'il ne voyait "pas tr�s bien ce que l'on pourrait reprocher � la famille Colonna".Pourtant, les policiers du RAID ont retrouv�, au moment de l'arrestation du fugitif, une lettre, �crite par son fils de 13 ans, datant de mai et attestant des contacts maintenus. Comment cette lettre lui est-elle parvenue ? Pour le savoir et retracer le parcours d'Yvan Colonna, les enqu�teurs veulent identifier et interroger les bergers, les commer�ants, les nationalistes ou les proches qui ont permis au fuyard de se fondre dans le maquis pendant quatre ans.

Le sens de l�hospitalit� corse �gratin�


Ce faisant ils risquent fort d��gratigner des Corses pour qui l�hospitalit� est un devoir sacr�. Tel votant pour le � non � affirme que si une nuit, Yvan Colonna ou toute autre personne s��tait pr�sent�e � sa porte, il ne se serait pas vu lui refuser le g�te et le couvert. � Chez nous, c�est culturel. Et la police pourra faire tout ce qu�elle veut. On ne demande au fugitif ni son identit� ni ce qu�il a fait. On l�accueille. C�est un � disgraziatu � un homme que la gr�ce divine a quitt�. Et s�ils veulent mettre en prison tous les Corses qui agiraient ainsi, il va falloir qu�ils construisent beaucoup de prisons. � Le ton n�est pas au d�fi mais � l�exasp�ration. � Ils sont en train de faire les m�mes conneries qu�apr�s l�assassinat du pr�fet. S�ils voulaient recr�er un courant de sympathie autour des nationalistes, ils ne s�y prendraient pas autrement. � Nombreux sont ceux qui ont condamn� sans h�sitation l�assassinat du pr�fet mais qui, aujourd�hui, pensent que l��tat devrait s�arr�ter. � Encore une fois, ils punissent la Corse dans son ensemble. Nous avons mal vot�. Du coup, apr�s la carotte, ils brandissent le b�ton. C��tait tr�s clair dans les propos de Nicolas Sarkozy. � C�est un maire qui parle. Et il r�p�te qu�il aurait accueilli Yvan Colonna tout en condamnant l�assassinat du pr�fet comme tout autre assassinat.

� Mais notre culture c�est notre culture, et en s�y attaquant Nicolas Sarkozy va nous obliger � nous unir comme en 1998 et en 1999. �

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