Ceux qui auraient aid� Yvan Colonna
Jul 10, 2003
Auteur: L'investigateur

Tandis que les manifestations en faveur des hommes accus�s d�hospitalit� envers Yvan Colonna grandissent en Corse, les enqu�teurs mettent de l�eau dans leur vin et semblent r�duire le fameux r�seau des bergeries � une accumulation d�amiti�s et de parent�s.

Le village d�Olmeto a manifest� en masse en solidarit� avec le berger Paoli accus� d�avoir h�berg� Yvan Colonna. Des �lus et des hommes et femmes de toutes conditions s��taient r�unis sous une banderole sur laquelle �tait inscrite : � L�hospitalit� n�est pas un crime �.

La Corse toute enti�re ne parle plus que de �a : � Comment ose-t-on arr�ter des personnes qui n�ont fait qu�ouvrir leurs portes � une personne recherch�e ? � Les op�rations de police se heurtent � une tradition s�culaire. Du coup les enqu�teurs mettent de l�eau dans leur vin. L'�ventuelle appartenance d'Andr� Colonna D'Istria - interpell� dans l'enqu�te sur les soutiens � Colonna- � Corsica Viva, organisation nationaliste dont le bras arm� est le "FLNC du 5 mai 1996" ne doit pas induire en erreur, insistent les enqu�teurs.

"Ce qui compte, c'est la r�gion, le Sud. Il y a davantage d'affinit�s g�ographiques que li�es � un mouvement", pr�cise un homme du RAID.

Au sein m�me de la famille Colonna, certains sont proches d'un mouvement, comme le FLNC Canal Historique, et d'autres avaient des liens avec le Mouvement pour l'autod�termination (MPA) dont le bras arm� �tait le FLNC Canal habituel (voir l�un de nos pr�c�dents articles). En 1996 le Canal habituel se dissolvait. Mais les militants les plus intransigeants fondaient alors le FLNC du 5 mai bient�t rejoints par certains membres de Resistanza ancien bras arm� de l�ANC. Ce sont certains de ces militants que l�on retrouve aujourd�hui pour partie dans le FLNC Union des Combattants et pour partie dans le FLNC 3. Certains membres de Resistanza �taient tr�s surveill�s et ont souvent �t� arr�t�s pour la fuite d�Yvan Colonna. Citons seulement F. M� dont la maison a �t� maintes fois perquisitionn�e. Les policiers pensent qu�Yvan Colonna a d�abord �t� pris en charge par des membres du FLNC du 5 mai pendant quelques mois. Le r�seau de l�extr�me-sud l�a men�e de cache en cache. � Pr�tendre qu'il se soit uniquement cach� dans des bergeries est idiot, nous d�clare un militant clandestin. Quand Yvan a pris la fuite au mois de mai il commen�ait � y avoir des randonneurs. Il a �t� cach� chez des personnes. Puis il a �t� exfiltr�. Il revenait souvent en Corse. Mais il n�y s�journait pas �.

Le "fugitif" a en r�alit� b�n�fici� d'aides "multiples", qui reposaient "sur des cercles diff�rents (...) parfois sans liens r�ciproques, mais pas franchement tr�s proches du nationalisme corse", ajoute une autre source.

C'est � peut-�tre d'ailleurs pour cela qu'il n'a pas �t� arr�t� plus t�t �, soulignait-on mardi au minist�re de l'Int�rieur. Sacr�e perspicacit� !

� Yvan Colonna savait que la direction du FLNC balan�ait des renseignements aux RG � nous d�clare une autre source. Il savait que cela se passait ainsi en 1986-87 quand son ami Jean-Baptiste Acquaviva a �t� abattu par le colon Roussel. Il ne faisait plus confiance aux chefs. C�est pour cela que le secteur Sagone-Carg�se s�est autonomis�. Ici, le Canal habituel et le Canal historique s��taient alli�s puisque Joseph (Caviglioli) le beau-fr�re d�Yvan dirigeait le Canal habituel. Joseph, apr�s une p�riode tr�s dure en 1990-91, s��tait rapproch� d�Yvan. Il �tait d�ailleurs l� quand la conf�rence de presse a �t� donn�e devant TF1 juste avant qu�Yvan ne prenne la fuite. On est d�ailleurs tr�s intrigu� par le r�le jou� par Joseph dans l�assassinat. Ceux qui le connaissent ne le voient pas rester les bras crois�s alors que se pr�parait un pareil coup. S�il �tait au courant bien s�r. �

� Lorsque son nom appara�t apr�s l'arrestation de l'essentiel du commando, en mai 1999, et surtout lorsque commence sa cavale, Yvan Colonna est peut-�tre devenu un "symbole" pour les nationalistes � note un enqu�teur. � Mais, m�me si ces derniers ne se privent pas d'en profiter, il n'est plus franchement des leurs �.

Ce m�me enqu�teur note �galement qu�il aurait �t� plus dangereux que productif pour le fuyard de trop s'en remettre � ces milieux, divis�s voire r�ciproquement hostiles. Les balances n�ont jamais manqu� dans le mouvement nationaliste qui ne compte plus les � cozze � lanc�s par les uns contre les autres.
Le risque que certains tentent de n�gocier leur libert� en � vendant � Colonna �tait �galement probable.
Les enqu�teurs pensent ou font sembler de penser qu�il a b�n�fici� � 80% du r�seau des bergeries dont il faudra un jour expliquait comment il fonctionnait puisque les bergeries sont inoccup�es durant une moiti� de l�ann�e. La neige qui couvre les massifs emp�che de plus le cheminement dans la montagne. Mais un haut fonctionnaire de la police qui ne conna�t pour seuls sommets que les trottoirs de Paris insiste avec des airs importants sur ce � r�seau des bergeries � si commode. Il d�crit tout de m�me d�autres possibilit�s comme les cercles "de la simple camaraderie, ceux li�s � l'esprit de clan et, bien s�r, � la famille � les cibles des prochaines descentes polici�res. Voil� qui va arranger le climat dans l��le.

Pour l�instant la famille n'a, � ce jour, fait l'objet d'aucune interpellation �� il ne faut pas la transformer en martyre �, soulignait-on mardi � Paris- elle devra, au minimum, �tre entendue, ne serait-ce que pour expliquer comment Colonna a pu �tre arr�t� en possession d'une lettre de son fils, dat�e du 3 mai.

En attendant Fr�d�ric Paoli, le propri�taire de la bergerie o� a �t� arr�t� Yvan Colonna vendredi dernier, a �t� mis en examen mercredi � Paris pour "recel de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste �.

Le juge d'instruction Gilbert Thiel lui a �galement notifi� des poursuites pour � association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste �. Le parquet a requis son placement en d�tention provisoire, qui devrait �tre prononc� dans l'apr�s-midi par un juge des libert�s.

Quatre autres personnes �taient par ailleurs toujours en garde � vue � la Division nationale antiterroriste (DNAT), jeudi apr�s-midi, � Paris et en Corse.

Il s�agit du fr�re de la compagne d'Yvan Colonna et de la compagne du premier, du propri�taire d'un camping de Propriano et de son �pouse.

Ils sont donc soup�onn�s comme Fr�d�ric Paoli d'avoir fourni des h�bergements ou des moyens de subsistance � Yvan Colonna lors de ses quatre ann�es de cavale.

Dossier arrestation Colonna

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