Proc�s Erignac: les perdants
Jun 7, 2003
Auteur: L'investigateur

Triste impression que celle donn�e par la salle o� sont jug�s les assassins pr�sum�s du pr�fet Erignac. Les familles ont d� quitter l�endroit puisque la plupart sont t�moins dans l�affaire. Le spectacle ressemble donc � celui donn� par les membres d�Action directe. L� o� on attendait quelque chose de la Corse, on a rendez-vous avec huit hommes un peu perdus dont certains regrettent ce qu�ils ont fait, d�autres bafouillent en s�inventant un christianisme r�cent. Deux ont bredouill� les termes de � colonialisme � et de � situation d�sesp�r�e � qui, �videmment n�ont rien � voir avec la r�alit� corse. La salle est vide de sympathisant alors que pour le moindre plastiqueur les groupes ind�pendantistes envoient au moins une d�l�gation. Les mis en examen sont seuls, d�sesp�r�ment seuls. Pendant qu�ils sont jug�s cette �le qu�ils pr�tendent repr�senter est en partie paralys�e par une gr�ve massive d�clench�e par d�autre Corses qui sont � l�oppos� de l��chiquier politique. Pendant qu�ils sont jug�s, d�autres Corses se baignent sur les plages ensoleill�es. C�est dire la tragique erreur de ces hommes qui ont assassin� un autre homme sans m�me avoir r�ussi � faire bouger la situation d�un millim�tre. Le pr�fet Erignac est mort pour rien sinon pour calmer les angoisses d�une poign�e d�illumin�s qui prenaient leur d�sir pour une r�alit� qui n�existera jamais que dans leurs r�ves. Mais le sang a coul� et tous les regrets des uns et des autres ne feront pas revivre Claude Erignac.

Mis�rable �galement la prestation du fameux commissaire Marion emp�tr� dans ses mauvais r�sultats et incapable d�expliquer pourquoi lui, le flic qui savait tout, a ignor� Yvan Colonna jusqu�au bout du bout.

Mis�rable le manque d�entrain d�une cour qui donne l�impression de passionn�ment s�ennuyer. Hier Vendredi elle traitait curieusement d�attentats dont on a du mal � comprendre ce qu�ils viennent faire dans l�assassinat du pr�fet sinon qu�il fallait � tout prix ferrer Castela et ses camarades. Selon nos propres informations, le groupe du Nord d�crit par le pr�fet Bonnet et par les RG n�a pa particip� � l�assassinat du pr�fet Erignac. Mieux son responsable renseignait la direction nordiste du FLNC Canal historique au fur et � mesure que l�op�ration se mettait en place. Le groupe du nord et celui du sud �taient d�accord pour kidnapper le pr�fet et faire perdre la face � l��tat. C�est le groupe du sud qui s�est radicalis� provoquant une scission entre les deux parties. Le lien se faisait par le truchement des deux responsables. Castela n�est donc en rien impliquer dans l�assassinat proprement dit du pr�fet pas plus que ceux qui l�entourent. Quant au triple attentat de Mende, il est loin de tout cela.

Le 17 f�vrier 1994, un triple attentat est perp�tr� � Mende contre le palais de Justice, l'inspection acad�mique et des locaux du fisc. L'action qui a fait d'importants d�g�ts mat�riels est revendiqu�e par le FLNC-Canal historique. C�est donc une action destin�e � faire pression sur Charles Pasqua qui pr�sente alors son plan de d�centralisation devant une r�union gouvernementale d�centralis�e. Selon nos informations, le principe en a �t� d�cid� lors d�une r�union coll�giale du FLNC o� �taient pr�sents Charles Pieri et Fran�ois Santoni, futurs secr�taires g�n�raux de la Cuncolta, vitrine l�gale du FLNC.

Cette action sera suivie de Sperone 1 au cours de laquelle sur 40 membres cagoul�s 14 se feront prendre apr�s qu�une information myst�rieuse ait renseign� la police sur l�endroit et l�heure de l�action.

Deux mois plus tard, un commando de trois hommes cagoul�s fait irruption le 26 avril dans un lyc�e ni�ois o� des �l�ves planchent sur des �preuves d'agr�gation. Les hommes qui se disent membres du FLNC volent les copies et obligent ainsi le minist�re � r�organiser le concours dans tout le pays.

St�phane Monti et Beno�t Fustier, les deux seuls accus�s � compara�tre libre, sont soup�onn�s d'avoir particip� � ces deux actions. Interrog�s par le pr�sident, Yves Jacob, ils ont ni� toute implication � Mende, mais ont reconnu avoir fait partie du commando � Nice. "Le troisi�me, on voit qui c'est, mais il n'est pas dans la salle", ont-ils pr�cis�.

La justice n'a pas donn� la m�me interpr�tation, puisque Jean-Philippe Antolini est mis en examen pour avoir �t� le troisi�me homme. Il est �galement accus� d'avoir �t� l'un des auteurs des attentats de Mende, mais nie l'ensemble des faits.

Quant � Jean Castela et Vincent Andriuzzi, les pr�sum�es t�tes pensantes du commando Erignac, ils r�futent toute participation � ces actions. Ils sont accus�s d'avoir �t� complices de l'attaque de Nice. Jean Castela est par ailleurs l'un des auteurs pr�sum�s de Mende, tandis que Vincent Andriuzzi est renvoy� pour complicit� de ces faits.

On le voit : les arguments de l�accusation sont faibles et surtout ne reposent sur rien de tr�s concrets sinon les aveux de Monti et de Fustier.

La s�rie d'attentats commise en 1994 constitue, selon l'accusation, le point de rupture id�ologique entre MM. Castela et Andriuzzi et le FLNC qui les aurait ensuite conduite � pr�parer l'assassinat de Claude Erignac en 1998.

Cette explication outre qu�elle est totalement fausse est tir�e par les cheveux. En 1994, le FLNC canal historique est sur une pente ascendante. Il vient � peine de commencer les n�gociations avec Charles Pasqua. Mais rien jusqu�alors n�est choquant. Les premi�res f�lures commenceront plus d�un an plus tard alors que la guerre entre nationalistes a commenc�.

L'audience doit reprendre mardi � 9h30. La Cour va examiner un attentat commis le 15 septembre 1994 contre le rectorat de Paris, rue Curial, revendiqu� par le FLNC. L'organisation clandestine a d�menti le lendemain avoir �t� � l'origine de l'action. L�investigateur a d�j� produit le document prouvant cela. Fran�ois Santoni avait accus� le secteur bastiais d�avoir envoy� Castela � Paris pour commettre l�acte puis de l�avoir d�menti sous la pression du secteur ajaccien du FLNC.

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