Dossier Erignac / Versini : un accus� d�accord pour l�assassinat mais "pas capable" de tuer
Jun 26, 2003
Auteur: L'investigateur

La cour d'assises sp�ciale de Paris a interrog� mercredi Joseph Versini, seul membre du commando accus� de l'assassinat de Claude Erignac � avoir refus� de participer directement � l'attentat contre le pr�fet de Corse.

Au 17e jour du proc�s des huit suspects de ce crime, cet agriculteur de 45 ans a expliqu� qu'il n'avait pas �t� capable, � la diff�rence de certains de ses co-accus�s, d'accepter l'id�e de tuer un homme.
"J'�tais d'accord avec le choix du symbole de l'�tat mais je ne voulais pas tuer l'homme (...) Je ne me sentais pas capable de monter sur une action comme celle-l�", a-t-il dit � la barre.

Jug� pour "complicit� d'assassinat" en raison de sa participation � des r�unions pr�paratoires � l'attentat, Joseph Versini encourt la r�clusion � perp�tuit� bien que l'enqu�te ait �tabli qu'il n'�tait pas pr�sent � Ajaccio le 6 f�vrier 1998.

Perturb� par le crime qui allait se commettre, l'�leveur �tait ce soir-l� dans sa ferme, alit� avec une forte fi�vre.

Lors des r�unions pr�paratoires d�but 1998 avec les autres membres du groupe, il avait d'abord �t� question d'enlever le pr�fet, puis l'id�e de le tuer a �t� retenue, a-t-il expliqu�.

Joseph Versini a reconnu qu'il n'avait rien fait pour dissuader ses camarades. Il a ajout� qu'il n'avait pas particip� � la revendication et n'avait plus parl� du crime avec eux jusqu'� son arrestation en mai 1999.
"Bien s�r que je regrette la mort du pr�fet Erignac, comme je regrette la mort de plusieurs de mes compatriotes (...) Je reste solidaire du groupe, je ne suis pas juge, mais l'action, je m'en suis d�tach�", a-t-il dit.

Dans ses premi�res d�clarations en 1999, Joseph Versini expliquait qu'il figurait deux ans plus t�t avec Yvan Colonna, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri parmi les fondateurs d'un nouveau groupe clandestin.
Didier Maranelli, Marcel Istria, puis Martin Ottaviani les avaient ensuite rejoints, expliquait-il. Au-dessus de ce groupe, "il y avait d'autres gens que je ne connaissais pas, mais je savais qu'Alain Ferrandi les connaissait et faisait le lien avec eux", pr�cisait Joseph Versini dans ses premi�res d�clarations lues � l'audience.

Il est revenu cette fois-ci sur le r�cit de la pr�paration du crime qu'il avait fait � l'instruction, tentant d�sormais d'innocenter Yvan Colonna, l'auteur pr�sum� des coups de feu actuellement en fuite.

A la barre, il a expliqu� mercredi que la police et le juge d'instruction avaient fait pression sur lui pour qu'il mentionne les noms de Marcel Istria (accus� pr�sent dans le box mais qui, � la diff�rence des autres, nie toute implication) et d'Yvan Colonna, et pour qu'il parle �galement "d'autres gens".

En dehors de ces d�clarations initiales et de quelques indices, l'accusation n'a gu�re d'�l�ments � charge contre les enseignants Jean Castela et Vincent Andriuzzi, les deux accus�s qui auraient �t�, selon l'avocat g�n�ral, ces "autres gens", concepteurs du crime.

En fin d'audience, la cour a examin� un de ces indices, un texte retrouv� dans l'ordinateur de Vincent Andriuzzi. Il s'agit, semble-t-il, d'un document interne au FLNC-Canal historique, r�dig� entre 1993 et 1998, o� l'auteur fait des propositions d'organisation.

Vincent Andriuzzi a alors expliqu� qu'il n'avait "rien � voir avec ce texte" et a parl� d'un "montage" r�alis� par la police apr�s son arrestation.

S�ance donc sans surprise qui donne l�impression que les accus�s parviennent � s�en tenir � une ligne de d�fense bas�e sur trois �l�ments :
- Ils ont subi des pressions de la police qui les a forc�s � donner des noms. Assertion hautement improbable puisque, rappelons-le, les policiers de la DNAT �taient � cent lieues de penser qu�ils tenaient les coupables.
- Yvan Colonna n��tait pas l�. Mais aucun d�entre eux n�a expliqu� pourquoi ils ont donn� le nom d�Yvan Colonna qui n��tait pas rep�r� par les policiers.
- Le refus d�expliquer le r�le des uns et des autres qui permettra peut-�tre d�all�ger les condamnations de quelques-uns m�me si en droit discuter de l�assassinat d�un homme sans d�noncer cet acte ouvre la voie � une condamnation aussi lourde que celle requise pour le geste lui-m�me.

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