Proc�s Erignac: les accus�s ne parlent pas des faits mais de politique
Jun 19, 2003
Auteur: L'investigateur

Le pr�sident Jacob a du mal � se faire au proc�s et comme le proc�s ne se fera pas � lui, il patauge. Mercredi les t�moins se sont succ�d�s � la barre tandis que les mis en examen continuaient � r�p�ter qu'ils n'avaient "pas de d�claration � faire" . Pour eux le crime avait �t� pr�par� "� l'insu" des instances nationalistes ce qui est parfaitement exact.

Pourtant le pr�sident de la cour d'assises sp�ciale de Paris insiste : "Qui a particip� aux r�unions pr�paratoires?", demande Yves Jacob � chacun des accus�s qui a admis avoir pris part au crime. Il obtient pour toute r�ponse : "Je ne r�pondrai pas � la question" ou "Pas de d�claration � faire". Parfois il s��nerve.

"Etiez-vous grim�", demande-t-il encore apr�s qu'un t�moin soit venu affirmer avoir crois� un homme le visage dissimul�. M�me r�ponse.

Les inculp�s persistent dans leur attitude m�me quand il en appelle � la douleur de la famille Erignac, "au besoin de v�rit� que Mme Erignac a exprim� la veille par l'interm�diaire de son avocat", les r�ponses sont les m�mes : "Je ne r�pondrai pas � la question", "Pas de d�claration � faire".

"Il y avait deux hommes sur place vient de dire le t�moin, �tiez-vous l'un d'eux?", revient-il � la charge s'adressant d'abord � Alain Ferrandi, soup�onn� par les enqu�teurs d'avoir �t� aux c�t�s du tueur, Yvan Colonna, actuellement en fuite.

"Qui �tait sur les lieux du crime ?", "Et Yvan Colonna, il �tait l� ou il �tait pas l�", s'�nerve le pr�sident en haussant le ton, "C'est lui qui a tir�?". En r�ponse, le magistrat n'obtient que cinq fins de non recevoir. Car c�est justement l� o� les membres du commando ne veulent pas venir.

"Je le regrette, soupire alors Yves Jacob, pas pour moi mais pour la famille. Parfois l'espoir est d��u. En raison des mots que vous aviez eu en d�but d'audience, j'esp�rais un peu plus de responsabilit�".

Alain Ferrandi est par contre d�accord pour exprimer les raisons politiques de l�assassinat. Il affirme donc que les directions nationalistes ne savaient rien. Disons que celle de Bastia savait mais ne savait pas comment l�emp�cher. On lira avec int�r�t le t�moignage que le pr�fet Bonnet a donn� � ce site.

Parfois Ferrandi n'h�site pas � invoquer "le paradoxe corse" en r�ponse � une contradiction soulign�e par l'accusation. Reprenant une expression de l'accus�, l'avocat g�n�ral Yves Jannier a demand� si "en assassinant un homme, (ils) pensaient � retrouver la voie de la morale et de l'�thique �?" Ferrandi r�p�te qu�ils voulaient que le mouvement nationaliste retrouve une sorte de puret� originelle.

L'essentiel de la journ�e a �t� consacr� � l'audition des rares t�moins oculaires de la sc�ne du crime, notamment de Joseph Colombani, actuel directeur de cabinet du conseil ex�cutif de Corse.

Ce Corse qui attendait le pr�fet devant le th��tre a racont� les deux premiers coups de feu, qui ne touchent pas un homme qu'il voit plus bas dans la rue mais ne reconna�t pas comme �tant le pr�fet Erignac. "L'homme s'est courb� en avant et est parti d'un pas rapide comme pour fuir", les deux hommes arm�s. Il s�agissait du pr�fet d�j� touch� � mort.

Il raconte encore un troisi�me coup de feu, la victime qui "s'effondre", l'un des deux assaillants qui s'approche de sa victime, se positionne au dessus de lui et tire deux nouveaux coups de feu.

S'approchant du corps apr�s la fuite des deux assassins, Joseph Colombani, qui rencontre r�guli�rement le pr�fet, ne le reconna�t pas, "une vision que je ne d�crirai pas, le visage �tait dans un tel �tat".

On regrettera que le pr�sident ait cru bon agresse les t�moins en leur demandant ce qu�ils avaient ressenti en tant que Corse ou encore s�ils pensaient que l�assassinat du pr�fet Erignac avait chang� quelque chose � la situation. Et quand bien cela aurait chang� quelque chose est-ce que �a aurait justifi� la mort d�un homme ? C��tait en tous les cas une dr�le de question dans la bouche d�un magistrat.

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