Proc�s Erignac: que faisaient Castela et Antolini � Strasbourg le soir de l�attentat contre l�ENA ?
Jun 17, 2003
Auteur: L'investigateur

La dixi�me audience du proc�s de l'assassinat de Claude Erignac a �t� consacr�e lundi sur un voyage � Strasbourg, trois mois avant un attentat contre les locaux de l'Ena, de Jean Castela, pr�sent� par l'accusation comme le "cerveau" qui a con�u le meurtre du pr�fet de Corse en 1998.
C'est ce mardi que la cour d'assises sp�ciale de Paris commencera r�ellement � aborder les faits directement li�s � l'assassinat de Claude Erignac.

Jean Castela est soup�onn� d�avoir le concepteur d�attentats qui pr�paraient en fait cet assassinat et dont la plupart ont �t� ex�cut�s par le groupe des anonymes, responsable de l�assassinat du pr�fet.
Parmi ces op�rations, l'attentat contre les locaux de l'�cole nationale d'administration (Ena) perp�tr� � Strasbourg le 4 septembre 1997 a �t� la premi�re des op�rations revendiqu�es par les assassins du pr�fet. Or, en juin, Jean Castela s'�tait rendu dans la capitale alsacienne - selon l'accusation pour pr�parer cet attentat.

Pour expliquer son voyage � Strasbourg en compagnie d'un autre accus�, Jean-Philippe Antolini, l'un de ses �tudiants, le professeur d'histoire-g�ographie a longuement d�velopp� lundi son int�r�t pour l'architecture gothique. Explication r�ellement baroque !

Il s'agissait de visiter la cath�drale de la ville, a dit Jean Castela. "En Corse, nous n'avons pas d'art gothique, seulement le roman et le baroque. Il �tait donc int�ressant de pr�senter un autre style", a-t-il expliqu�. Lumineux comme la r�v�lation divine.

Il a ajout� qu'il s'�tait ensuite rendu dans le Jura suisse pour y rencontrer des militants autonomistes. Il est vrai qu�il avait souvent �crit dans le Ribombu sur ce mouvement s�paratiste.

Pour l'accusation, la visite � Strasbourg couvrait un "rep�rage" en vue de l'attentat � l'explosif contre l'Ena.
L'avocat g�n�ral Yves Janier a soulign� que les deux hommes �taient descendus dans un h�tel proche des locaux de l'�cole o� ils n'ont pas donn� leurs v�ritables identit�s.

La d�fense a produit des documents d�montrant que les deux hommes s'�taient bien rendus en Suisse apr�s leur passage � Strasbourg. Elle a pr�sent� un m�moire d'�tudiant o� Jean-Philippe Antolini a consign� des remarques sur "l'arch�odrome de Bourgogne" visit� sur la route en juin 1997. Jusqu�� ce mardi nous resterons donc dans cette p�nible impression d�� peu pr�s d�un c�t� comme de l�autre.

Ce mardi, la cour va aborder pendant treize audiences, jusqu'au 3 juillet, les faits concernant l'assassinat du pr�fet.

Cinq accus�s reconnaissent leur participation au meurtre de Claude Erignac: Pierre Alessandri, 43 ans, Alain Ferrandi, 42 ans, Joseph Versini, 45 ans, Martin Ottaviani, 35 ans, et Didier Maranelli, 37 ans.

Trois autres nient les faits: Marcel Istria, 46 ans, Vincent Andriuzzi, 47 ans, et Jean Castela. Jean-Philippe Antolini n�est pas mis en examen pour l�assassinat du pr�fet.

Marcel Istria est mis en cause par ses co-accus�s comme participant, Vincent Andriuzzi et Jean Castela derniers sont cens�s avoir con�u l'action.

Une filature polici�re a �tabli que Castela et Andriuzzi s'�taient rencontr�s pendant pr�s de quatre heures au domicile de la s�ur d'Alain Ferrandi � Ajaccio le 19 ao�t 1998. Les deux hommes affirment que cette rencontre portait sur des affaires communes dans l'immobilier.

L'accusation dispose aussi de relev�s t�l�phoniques montrant que Jean Castela a re�u, d'un correspondant inconnu, trois appels tr�s courts sur son portable et un appel de deux secondes � son domicile le soir de l'assassinat du pr�fet. Il pr�tend qu�il s�agissait de faux num�ros.

Selon Maranelli, Ferrandi et Alessandri, c'est Yvan Colonna, 43 ans, en fuite depuis mai 1999, qui a fait feu trois fois sur le pr�fet Erignac au soir du 6 f�vrier 1998. Ils sont ensuite revenus sur ces d�clarations.

Dans une lettre envoy�e fin 2000 � un p�riodique nationaliste, Yvan Colonna clamait son innocence et disait ne pas comprendre pourquoi ses amis le mettaient en cause.

Le porte-parole de Corsica Nazione Jean-Guy Talamoni a estim� lundi que le proc�s des assassins pr�sum�s du pr�fet de Corse, Claude Erignac, "est politique de toute �vidence" et qu'il serait "vain et grotesque de le contester".

"Le proc�s est politique de toute �vidence. Je crois qu'il serait vain et m�me grotesque de le contester", a-t-il affirm� sur RTL. Le dirigeant nationaliste corse souhaiterait que "le drame de l'attentat contre le pr�fet Erignac" soit replac� dans le contexte des "nombreux drames" qui "p�sent sur la Corse".

"Il serait injuste de faire reposer sur les seules �paules des accus�s l'ensemble de la probl�matique et les drames qui sont li�s � cette probl�matique", a jug� le chef de file des �lus nationalistes � l'Assembl�e de Corse pour qui "il y a de multiples responsabilit�s" dans cette situation.

M. Talamoni a demand� que l'�tat fran�ais et les Corses construisent un dialogue pour "essayer de construire une nouvelle situation dans laquelle plus personne n'aura � payer de sa vie le probl�me corse, qu'il s'agisse d'un pr�fet, d'un gendarme ou d'un militant nationaliste".

La Cour d'assises sp�ciale de Paris doit entendre M. Talamoni le 3 juillet � la demande de la d�fense des onze nationalistes corses, dont huit sont accus�s d'avoir particip� � l'assassinat du pr�fet Erignac le 6 f�vrier 1998 � Ajaccio.

Monsieur Talamoni en s�exprimant ainsi se trompe sur deux points. Le premier est que si l�assassinat du pr�fet Erignac est indubitablement politique, le proc�s ne l�est pas puisqu�il juge un assassinat. Ou alors il faut affirmer que lorsqu�un islamiste qui a tu� des innocents est jug�, son proc�s est �galement politique. Lorsque des militants d�extr�me-droite tuent un homme parce qu�il est noir, c�est �galement politique. En cons�quence le terme de politique n�a plus grand-chose de discriminant.

La deuxi�me erreur de Monsieur Talamoni est de consid�rer que la France et les Corses doivent construire un dialogue. Jusqu�� nouvel ordre, les nationalistes toutes tendances confondues r�unissent � peine un quart des suffrages exprim�s. Ce qui signifie que 75% de l��lectorat de Corse n�est pas d�accord. Et si on mesure le poids de l�ind�pendantisme en Corse, on tombe � moins de 10%. C�est l�ger pour se pr�tendre le porte-parole des Corses.

Enfin monsieur Talamoni devrait se rappeler que si les assassins du pr�fet Erignac sont aujourd�hui jug�s c�est en grande partie gr�ce aux renseignements donn�s par ses propres amis que cet acte g�nait grandement comme en t�moignent les d�clarations de Charles Pieri et de Fran�ois Santoni que nous avons publi�s dans ces colonnes. � l��poque Monsieur Talamoni occupait les m�mes fonctions qu�aujourd�hui mais il a la m�moire �lastique.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s