Jean Castela, l'un des assassins pr�sum�s du pr�fet Erignac, a �t� au centre de l'audience de vendredi de la cour d'assises sp�ciale de Paris, consacr�e � son �ventuelle implication en tant qu'auteur ou complice dans des attentats de 1997 et � son calepin, pi�ce � conviction de l'accusation.
 
 
Agr�g� de g�ographie, Jean Castela, 43 ans, est soup�onn� d'avoir "inspir�" l'assassinat du pr�fet Claude Erignac, d'avoir initi� des attentats commis en 1994 et 1997, d'avoir commis celui contre l'ENA � Strasbourg en septembre 1997 et d'avoir r�dig� les communiqu�s de revendication de ces actions.
 
 
Il avait �t� le premier du groupe actuellement jug� � �tre identifi� par la police apr�s qu'un renseignement anonyme, eut d�nonc�, "courant �t� 1998", un certain "Castola" comme �tant m�l� � l'assassinat du pr�fet, a racont� Pascal Bize, policier de la Division nationale antiterroriste (DNAT). En fait les renseignements venaient de plusieurs sources.  � Castola � avait �t� donn� par une source agricole qui visiblement connaissait mal le milieu nationaliste bastiais et cortenais. 
 
 
Selon ce policier, il �tait membre d'un groupe compos� de deux cellules ayant men� ces attentats. L'une, en Haute-Corse, �tait "charg�e de commettre les actions � l'ext�rieur de la Corse", comme l'ENA et Vichy. L'autre, en Corse du Sud, avait en charge "des actions spectaculaires, avec Pietrosella et Erignac".
 
Le policier a aussit�t �t� vigoureusement attaqu� par Ma�tre Dupond-Moretti, moiti� pitbull moiti� taureau. C�est d�ailleurs la tactique � dupontesque-morettiste � que d�aboyer tr�s fort sans que l�on comprenne tr�s bien le but recherch� par une telle attitude sinon d�amuser l�int�ress�.
 
 
Le policier a d�menti qu'il s'agisse d'une construction intellectuelle "hasardeuse" des enqu�teurs, rappelant que plusieurs des accus�s l'ont �voqu�.
 
 
Mais surtout Castela d�tenait une pi�ce � conviction centrale pour l'accusation dont nous avons parl� dans notre pr�c�dente �dition: un petit carnet, retrouv� lors d'une perquisition � son domicile et d�j� pr�sent� � l'audience, sur lequel il a �t� longuement interrog� vendredi. Ce carnet est � lui seul � l�image de ce tragique dossier : du sang, de l�imprudence, de l�impudence et une immense b�tise.
 
 
Cette mine d'or contient des notes, des num�ros d'immatriculation, des plans d'acc�s, des r�f�rences � des b�timents d'inspections d'acad�mie et de rectorats, mais aussi le plan d�taill� du rectorat de Paris, cible d'un attentat le 15 septembre 1994, et m�me le brouillon d'une revendication. Les rep�rages concernaient des locaux de l'�ducation nationale partout en France, et notamment le rectorat d'acad�mie de Paris, vis� le 15 septembre 1994 par un attentat � l'explosif pour lequel Jean Castela est jug�, a fait remarquer le pr�sident du tribunal, Yves Jacob.
 
 
Le brouillon du communiqu� figurant dans le carnet correspond au texte envoy� au nom du FLNC-Canal historique � une radio pour revendiquer cet attentat, a ajout� le pr�sident.
 
 
Devant la cour, l'ex-militant d'A Cuncolta peine � justifier ces annotations. Il donne une explication qui, hors cette cour, tiendrait du comique. Castela affirme en effet avoir �t� successivement approch� par deux personnes qui lui ont dict� ou demand� de recopier des informations avant de les transmettre � celui qui les demanderait.
 
 
"J'ai �t� une boite aux lettres", indique-t-il, tout en reconnaissant avoir compris d�s qu'il a pris ces notes qu'il s'agissait "potentiellement d'�l�ments pouvant servir � une action". 
 
 
Pourquoi deux militants du FLNC de Bastia auraient besoin de Castela pour correspondre ? Myst�re et boules de gommes. Ma�tre Dupond-Moretti a une r�ponse toute pr�te : � Retrouvez-les et demandez-leur ! �. Il oublie ce faisant que c�est son client qui est jug� et qui risque de passer de longues ann�es en prison s�il s�en tient � ce genre de � boutades �.
 
 
Pour Me Philippe Lemaire, avocat de la famille Erignac, le simple fait d'avoir su que cela pouvait servir � des attentats constitue une infraction de "complicit� par aide et assistance".
 
Dans le box, Jean Castela ne r�agit pas. 
 
 
Auparavant, l'"intellectuel" du groupe, a �t� d�crit par le policier Bize comme "un personnage tr�s froid, tr�s calme, tr�s retors, � la m�moire s�lective, qui r�fl�chissait beaucoup, �norm�ment, � chaque question embarrassante qui lui �tait pos�e". Remarque elle-m�me tordue qui a d�plu � son avocat.
 
 
"Je constate, Monsieur, que vous r�fl�chissez avant de me r�pondre et je ne trouve pas cela suspect", a remarqu�, sarcastique, Me �ric Dupond-Moretti avec sa voix de chantre. Sacr� Dupond-Moretti ! Ses remarques font vraiment mal � l�accusation.
 
 
On aura au moins appris de sa bouche que Jean Castela n'appartenait aucunement � l'organisation clandestine �. 
 
 
Le reste de l'audience de vendredi a cependant montr� que si l'accusation semble disposer d'�l�ments solides contre Jean Castela sur ce point, le lien avec l'affaire Erignac sera plus compliqu� � �tablir.
 
 
Selon l'accusation, Jean Castela aurait en effet quitt� le FLNC-Canal historique apr�s l'attentat contre le rectorat de Paris, l'organisation l'ayant d�savou� par un second communiqu�.
 
 
Il aurait ensuite entam� une "d�rive" avec quelques autres militants d��us, commettant des attentats en 1997 contre les locaux de l'Ena (�cole nationale d'administration) � Strasbourg et plusieurs b�timents � Vichy (Allier). Ils auraient �galement attaqu� une gendarmerie � Pietrosella (Corse-du-Sud), o� a �t� vol�e l'arme qui a servi � tuer le pr�fet Erignac.
 
 
Or, l'implication de Jean Castela dans ces op�rations en 1997 est douteuse, comme l'a montr� l'audition du policier Philippe Frizon.
 
 
Nous pouvons m�me ajouter qu�elle est indubitablement fausse. Policiers et magistrats raisonnent comme s�ils avaient � faire � une organisation structur�e ce qui n�est �videmment pas le cas. Le commando du sud avait ses propres imp�ratifs que n�avaient pas les militants du nord et vice-versa.
 
 
Le policier a fait �tat d'un trou dans l'emploi du temps de Jean Castela le jour de l'attentat contre l'Ena, le 4 septembre 1997.
 
 
Les avocats de la d�fense ont lu � l'audience des t�moignages semblant prouver sa pr�sence en Suisse ce jour-l�.
 
 
Le proc�s reprend lundi avec la suite des interrogatoires des accus�s sur les faits de 1994 et 1997. L'examen des faits directement relatifs � l'assassinat du pr�fet commence mardi. 
 
 
La famille nationaliste est loin d�avoir fait le plein
 
 
Samedi, entre cinq cents (selon la police) � quatre mille nationalistes (selon les organisateurs� ont manifest� en faveur des d�tenus et plus particuli�rement ceux du commando Erignac. Le nombre de manifestants d�montre que la famille nationaliste �tait loin d�avoir fait le plein. Toutes les organisations y appelaient y compris le manifeste d�A Tramula ce qui est �videmment la marque d�un �chec pour les initiateurs de cette initiative qui n�a r�uni � ce jour que 384 signataires. En effet, le Comit� Anti R�pression qui fonctionne sous l��gide d�Indipendenza et de Corsica nazione  et donc du FLNC Union des Combattants avait vu d�un mauvais �il cet appel en grande partie anim�e par des amis d�Edmond Simeoni, militant autonomiste historique en recherche d�un si�ge � l�assembl�e et de Jean Biancucci, ancien leader du FLNC Canal historique �ject� par Fran�ois Santoni en 1993-94. Or l�appel d�A Tramula sign� par ces deux personnes se voulait un appel � la r�flexion et non � une solidarit� inconditionnelle. En m�lant leur voix au CAR, les signataires d�A Tramula ont perdu le sens de leur premi�re d�marche. On aura �galement remarqu� les nationalistes mod�r�s marchaient aux c�t�s des militants d�Indipendenza, semblant ainsi d�montrer que eux-aussi, tentent de refaire l�union de 1991-1992 de Corsica Nazione, union domin�e par le FLNC Canal historique.
 
 
La v�ritable question est pour Edmond Simeoni de savoir s�il aura une place �ligible sur une quelconque liste lors des territoriales de 2004.
 
 
On remarquera que la veille de cette manifestation, un plasticage a endommag� une caserne de gendarmes � Borgo. Cela ressemble fort � un message du FLNC Union des Combattants. Nous reviendrons dans nos prochaines �ditions sur cet attentat qui p�sera dans le rapport de force interne aux nationalistes.
 
 
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