Apr�s les d�clarations d�Alain Ferrandi dont nous reproduisons l�essentiel ci-dessous, s�amorce une strat�gie de d�fense des assassins pr�sum�s du pr�fet Erignac. Ceux qui ne reconnaissent rien continuent de nier leur participation aux faits. Mais ceux qui les assument ont dit ce qu�ils avaient � dire et n�entendent plus ajouter un mot. Ils ne rentreront pas � sauf accident - dans les d�tails de la pr�paration et de l�ex�cution de l�assassinat lui-m�me. Ils ne mettront donc pas en cause Yvan Colonna. Ainsi ils esp�rent �viter les contradictions qui sont apparues entre leurs premi�res d�clarations (� l�exception de celle d�Alain Ferrandi) et celles qui ont suivi.
C�est vraisemblablement l�attitude la plus astucieuse pour �viter tout d�abord que le proc�s ne tourne au r�glement de comptes sordides mais aussi pour donner une chance � Yvan Colonna de se rendre. Le principal suspect de l�assassinat du pr�fet peut ainsi esp�rer sur un flou artistique qui jouera in�vitablement en sa faveur en cas de reddition tranquille. Il est vrai que l�homme qui se cache depuis cinq ann�es n�a pas grand-chose � esp�rer d�une fuite qui risque fort d��tre sans fin. En effet la prescription joue apr�s vingt ans � la condition qu�aucun acte judiciaire n�ait �t� modifi�. Or on peut compter sur la justice pour joue sur ces modifications de fa�on � ce que jamais la prescription n�arrive. Les propos d�Alain Ferrandi doivent �tre lus entre les lignes. Il parle de d�sespoir et donne ainsi l�impression de revenir sur l�assassinat. Il ne veut pas qu�on le sacralise comme un h�ros. Il condamne donc � demi-mots les inscriptions qui avaient fleuri en Corse et glorifiant les membres du commando Erignac. Il ne demande pas pardon � Madame Erignac par d�cence mais de fait il demande pardon. Il fait enfin allusion au r�f�rendum en engageant la jeunesse � se servir du d�bat actuel pour construire une soci�t� fraternelle, comprenons sans violence. Alain Ferrandi pouvait-il aller plus loin dans une forme de retour sur lui-m�me.
Quant � Pierre Alessandri, moins profond,il donne la clef de cet acte insens�. Selon lui, l��tat aurait �t� responsable de la guerre entre nationalistes. Cette explication simpliste a l�int�r�t d��viter toute r�flexion sur les raisons profondes qui ont lanc� des fr�res ennemis dans une guerre fratricide.
En quelques jours, tout a �t� dit. Le reste du proc�s, men�e d�une main incertaine par un pr�sident peu au fait de la situation corse, risque fort de s�enliser dans l�ennui et l�inint�r�t.
Alain Ferrandi � Je veux pour la clart� des d�bats, donner le sens de notre action. Je voudrais m'adresser � la famille du pr�fet Erignac pour, bien entendu, leur dire qu'il nous est tr�s difficile aujourd'hui de nous expliquer. Au-del� des mots, nous sommes parfaitement conscients que la vie de Mme Erignac et celle de ses enfants a bascul� le soir du 6 f�vrier. Notre acte n'a pas �t� dict� par un sentiment de haine � l'�gard de M. Erignac ou du peuple fran�ais et n'avait pas pour cause un conflit personnel sur fond de contestation agricole. Il traduit nos d�sespoirs li�s � des frustrations diverses, aux atermoiements successifs de l'�tat fran�ais, et � nos esp�rances de voir les choses durablement changer sur notre �le.
La Corse est en nous comme une m�re porte son enfant. C'est une passion visc�rale, charnelle, d�mesur�e, qui peut para�tre presque un peu folle. Nous n'avons pas agi par cupidit� ni par fascination du pass�, mais nous estimons �tre les d�positaires d'une culture multis�culaire qui anime notre conscience, les d�positaires d'une langue, d'une histoire riche et pas reconnue. Nous avons toujours souhait� d�fendre notre pays des pr�dateurs en tout genre, institutionnels ou priv�s. C'est pour cela que nous avons eu recours � la violence. Je voudrais vous dire, Mme Erignac, que j'aimerais pouvoir me hisser, ici, � la hauteur de la dignit� qui vous caract�rise et que vous affichez depuis cinq ans. Je n'esp�re pas un pardon de votre part, ce serait ind�cent.� je souhaite simplement que vous n'ayez aucune haine � notre �gard comme nous n'en avons pas eu � l'�gard de votre mari. Nous ne sommes pas des bandits, mais de simples citoyens �pris de libert�. Nous disons � notre jeunesse que nous ne sommes pas non plus des h�ros, et nous les engageons � se saisir du d�bat actuel pour construire une soci�t� apais�e."
Pierre Alessandri : "Pendant plus de trente ans, l'�tat fran�ais a tent� de r�gler le probl�me corse par tous les moyens, la manipulation, la criminalisation ou la compromission, avec toujours le m�me objectif : �radiquer le mouvement nationaliste corse et r�duire le probl�me � une question d'ordre �conomique. Il ne lui restait qu'une seule carte � jouer, celle de l'affrontement entre Corses �
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