Erignac: cinq accus�s reconnaissent l'attaque d'une gendarmerie
Jun 13, 2003
Auteur: L'investigateur

Madame Erignac �tait revenue dans la salle de la Cour d�Assises pour suivre cette demi-journ�e durant laquelle devait �tre analys�e l�attaque de la gendarmerie de Pietrosella au cours de laquelle avait �t� d�rob�e l�arme qui devait tuer le pr�fet Claude Erignac. La salle �tait plus remplie que d�habitude. De nombreux parents des accus�s �taient pr�sents.

En d�but d�interrogatoire, cinq des huit accus�s de l'assassinat du pr�fet de Corse Claude Erignac ont reconnu jeudi devant la cour d'assises de Paris avoir particip� � l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella (Corse-du-Sud) dans la nuit du 5 au 6 septembre 1997.

Pierre Alessandri, 43 ans, Alain Ferrandi, 42 ans, Joseph Versini, 45 ans, et Martin Ottaviani, 35 ans, ont employ� la m�me formule: "Je reconnais ma participation � un acte collectif".

Cela ressemblait � un d�but de d�fense commune.

Didier Maranelli, 37 ans, a d�clar� de son c�t�: "Je reconnais ma participation au groupe ayant men� cette action".

Ces accus�s ont d�j� implicitement admis leur participation � cet assassinat, expliquant d�s le premier jour du proc�s, la semaine derni�re, qu'ils avaient vis� non pas l'homme mais "le symbole de l'�tat".

Mis en cause par certains de ses co-accus�s, Marcel Istria, 46 ans, qui nie toute participation � l'attaque de la gendarmerie et � l'assassinat de Claude Erignac, a dit � la cour qu'il se refuserait � toute d�claration.

Jean Castela, 43 ans, et Vincent Andriuzzi, 47 ans, ont �galement ni� toute participation � l'affaire de Pietrosella, comme ils nient depuis leur arrestation toute implication dans l'assassinat du pr�fet.
La cour a retrac� l'attaque de la gendarmerie, en pleine nuit, alors que les gendarmes Daniel Hiernaux et Didier Panier, pr�sents en tant que t�moins, rentraient de patrouille.

� la barre, Daniel Hiernaux a pleur� lorsqu'il a rappel� que c'est avec son arme, d�rob�e, qu'Yvan Colonna, toujours en fuite, aurait tir� trois balles sur le pr�fet cinq mois plus tard.

Les deux gendarmes avaient �t� menott�s, b�illonn�s avec du scotch et emmen�s dans une estafette, la t�te couverte d'un sac de toile, par trois assaillants cagoul�s, tandis qu'un autre groupe faisait sauter les b�timents d�sert�s.

"On les tue ou pas ?", aurait demand� un membre du commando � un autre pendant le trajet. "Pas la peine", aurait r�pondu le second. Arriv�s dans un endroit d�sert du maquis, les deux gendarmes avaient �t� contraints de se mettre � plat ventre.

"J'ai cru que c'�tait bon pour nous", a dit Daniel Hiernaux. Les agresseurs partis, c'est torse nu que Didier Panier �tait all� chercher du secours dans une maison isol�e, habit�e par des continentaux.
Depuis les faits, gendarmes et t�moins ont d�m�nag� en Gironde, en Bretagne et en Corr�ze.
Cette huiti�me audience du proc�s s'est termin�e par accrochage entre le pr�sident de la cour Yves Jacob et les avocats de la d�fense.

Ces derniers se plaignaient de voir tous les faits �voqu�s sans que leurs clients soient interrog�s imm�diatement. "J'ai un plan d'audience, je continuerai comme je l'entends, les critiques me sont indiff�rentes", a lanc� le pr�sident.


En toute fin d�audience, Alain Ferrandi a enfin prononc� les mots qu�on attendait depuis le d�but du proc�s de la part de celui qui se pr�sente comme le responsable de ce drame. S�adressant � la famille Erignac et plus particuli�rement � Madame Erignac il a affirm� avec beaucoup d��motion que l�action ne visait pas le peuple fran�ais et encore moins la personne du pr�fet. Il a parl� de � d�sespoir �. Il a enfin affirm� que lui et ses camarades n��taient ni des h�ros ni des bandits. C��tait beaucoup et surtout cela paraissait sinc�re. D�cid�ment, dans le pire comme dans le meilleur, ces accus�s ne sont pas communs. Si le pr�sident daignait leur donner la parole et surtout savait intelligemment mener les d�bats, peut-�tre en apprendrait plus que nous ne savons sur le parcours de ces hommes m�rs qui un jour d�cid�rent de tuer le pr�fet de la R�publique.

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