La d�signation de Camille de Rocca Serra comme � chef de file � pour les prochaines �lections territoriales a suscit� une vive r�action des responsables d�partementaux de l�UMP qui r�clament une r�union de concertations avec le d�put�-maire de Porto-Vecchio. Jacques Renucci, �ditorialiste de Corse-Matin fait le point.
Les responsables de l�UMP de Corse ceux qui, ils insistent sur ce point, ont �t� �lus par les militants insulaires dans des instances d�mocratiques d�partementales se sont r�unis � Casamozza pour faire le point sur la situation actuelle de la droite � l�gitimiste apr�s le retrait annonc� de Jean Baggioni et surtout la d�signation de Camille de Rocca Serra comme � chef de file � de la majorit� pr�sidentielle dans L��le.
Pas de concertation
L'ambiance �tait assez combative; elle annonce une pr�paration des �lections territoriales o� l'on va se dire ses quatre v�rit�s - tout comme sans doute un troisi�me tour � surprises. Le sud et le nord - Jos� Rossi et Roland Francisci, Paul Natali et Sauveur Gandolfi-Scheit, soutenus par Robert Feliciaggi, se sentent un peu mis devant le fait accompli ; ils savent qu'en politique il n'est jamais bon de subir. Les godillots n'aiment pas les peaux de banane. Ils r�agissent donc dans une formule d'apaisement tactique, qui vise � mettre le d�put�-maire de Porto Vecchio au pied du mur.
En ce qui concerne Jean Baggioni, l�UMP a �t� agac�e du concert de louanges m�diatiques et politiques qui lui a �t� adress� apr�s qu'il ait rendu public son d�part.
� Il ne s'est concert� ni avec sa majorit� �largie, ni avec sa majorit� restreinte. Il s'en va c'est une d�cision importante, et il n'a pas la courtoisie d'en informer les membres de son groupe. �a n'a pas �t� appr�ci�, m�me s'il n'y a pas eu de d�clarations en ce sens �, dit un responsable de l�UMP Le pr�sident du conseil ex�cutif � passe le flambeau � � ceux qui lui sont le plus proche, Camille de Rocca Serra et Ange Santini.
� Mais le flambeau de quoi ? Pas le flambeau de la majorit� r�gionale, mais de la partie r�duite du groupe Le Rassemblement, rien de plus. Camille de Rocca Serra trouve l� une premi�re l�gitimit�, Il pr�constitue une petite liste, pour les hommes en tout cas, Santin Sindal Giorg etc. Or, pour faire une majorit�, il faut �tre deux ou trois � s'entendre. Cette fa�on de proc�der n'est pas la meilleure fa�on d'y parvenir�, dit-on � l�UMP
L'implication parisienne dans le d�bat
Pour Jos� Rossi, qui sait faire comme si de rien n'�tait, il n'y a au fond pas de probl�me. Il a sa l�gitimit� reconnue de pr�sident de l'assembl�e de Corse, qui a accompagn�, voire initi�, l'�volution institutionnelle de l'�le depuis vingt ans, en devant parfois compter avec l'opposition de ses amis politiques. Le pr�sident sortant, partant d'une majorit� de 20 �lus sur 51, souligne qu'il a r�ussi, entre d�bats d'id�es, processus de Matignon et d�marche d'apaisement, � cr�er un rassemblement pour permettre � l'ex�cutif de gouverner dans la s�curit� et la stabilit�. � L'administration quotidienne avec ses r�sultats, ses r�ussites, est le patrimoine commun de l'assembl�e et de l'ex�cutif�, dit Jos� Rossi.
Ancrage dans la R�publique et responsabilit� r�gionale tr�s forte semblent actuellement les mots d'ordre conjoints de l'UMP de Corse : le d�bat suc les institutions est r�volu, il faut maintenant travailler de fa�on efficace, avec des moyens financiers enfin adapt�s, des aides au d�veloppement et des dispositions fiscales favorables - sans oublier le r�tablissement des arr�t�s Miot, cheval de bataille de Jos� Rossi.
Les responsables r�gionaux de la coalition gouvernementale n'admettent pas que, � dans la r�gion la plus d�centralis�e de France �, les d�cisions viennent encore d'en haut. Selon eux, avec le mode de scrutin tel qu'il a �t� maintenu en Corse, il valait mieux qu'il y ait un bon climat entre listes concurrentes de la m�me famille, et donc pas d'implication parisienne dans le d�bat, surtout, ajoute-t-on, � � un moment o� le gouvernement est au plus bas dans les sondages d'opinion
La responsabilit� de la division
Bref, pas d'investiture, pas de chef de file, une esp�ce de libert� laiss�e � l'�lecteur, tout cela aurait permis de ne pas �taler dissensions et rivalit�s sur la place publique ; m�me si les instances parisiennes ont tent� piteusement de rattraper le coup, en faisant savoir que chef de file ne veut pas dire t�te de liste, le mal �tait fait, et, par � fuite organis�e �, Camille de Rocca Serra intronis� en quelque sorte comme le patron de l'UMP insulaire. � Pour �tre chef, il faut �tre reconnu pas ses pairs �, dit un d�l�gu� d�partemental. � Or Camille en Corse-du-Sud ne repr�sente que 10 % des militants
Mais les chefs ont d�j� d�pass� ce stade de raisonnement au restaurant � Chez Walter �, entre la poire et le fromage, ils ont d�cid� de lancer une sorte d'ultimatum amical (expirant dimanche) au d�put�-maire de Porto-Vecchio qui, disent-ils, � fuit le contact depuis six mois �.
Ils demandent une r�union g�n�rale - auraient-ils peur qu'il tente de dissocier le groupe en s�duisant un � maillon faible � ? - au chef de file, dans l'exercice de ses fonctions de conciliateur et de f�d�rateur, pour trouver les voies d'une liste d'union � connotation UMP (dans laquelle Camille ne serait pas forc�ment num�ro un) ou de cr�er un climat de concorde propice � des rapprochements efficaces peur la suite.
Ce faisant, ils ne veulent par appara�tre comme les artisans de la division. Celle-ci �tait, selon eux, d�j� inscrite dans la r�alit� par les affirmations concordantes, sinon concert�es du pr�sident du conseil ex�cutif de Corse et de la commission d'investiture de l�UMP.
Commentaire : les partis politiques traditionnels en Corse n�en sont m�me plus � l��tape de la balkanisation mais au stade du puzzle. Sous l�effet de la d�sagr�gation fran�aise, chacun tente de faire valoir ses petites pr�rogatives et son petit pouvoir. Nous sommes en passe de battre le record de 1982 puisque nous devrions fr�ler les 20 listes si d�aventure les nationalistes rataient leur union. Certains font des efforts d�sesp�r�s pour appara�tre un peu plus unitaire. Ainsi Paul Giacobbi a r�ussi � un beau coup � en appelant Jean-Claude Guazzelli le grand argentier de la r�gion, sur sa liste. Homme � la r�putation d�efficacit�, Guazzelli appara�t comme un homme qui conna�t la r�alit�. N�anmoins, Paul Giacobbi peut compter sur �mile Zuccarelli et ses anciens amis du parti radical de gauche pour lui savonner la planche.
Les socialistes ont promis de partir seuls avec la certitude de ramasser un score parfaitement d�risoire. Les communistes devraient parvenir � d�passer les 5% et se maintenir au second tour en ramassant au passage quelques voix socialistes. Simon Renucci et son groupe Corse Social-d�mocrate, devraient eux aussi conna�tre une d�faite cuisante.
Quant � la droite elle part en biberine. Une dizaine de listes au total avec pour derni�re annonce celle de Jean-Luc Chiappini, pr�sident du parc naturel, un homme de droite qui, petite fantaisie d�un artiste, avait sign� l�appel d�A Tramula en faveur du commando Erignac. Une telle originalit� valait bien sa propre liste. C�est d�sormais chose faite.
L�UMP national, qui d�cid�ment ignore tout des subtilit�s locales, a cru bien faire en investissant Camille de Rocca Serra lequel �tait soutenu par le pr�sident de l�ex�cutif Jean Baggioni avide de r�gler ses comptes. Le r�sultat est que l�UMP corse est au bord de l�implosion. Jos� Rossi et ses amis ne pouvaient �videmment accepter un tel d�fi sans r�agir.
C�t� corsiste, on devrait conna�tre un score honorable, sans plus. De quoi avoir quelques petites voix � l�Assembl�e.
Plus les jours passent et plus il semble que les nationalistes sont en passe de r�ussir la belle. M�me s�ils partent divis�s aux �lections, la liste Corsica nazione PNC appara�tra comme la seule � rassembler plut�t qu�� diviser. Et si la Chjama d�Edmond Simeoni part de son c�t�, elle risque fort de se rendre compte qu�en trente ans ce sont les satellites du FLNC qui ont capitalis� une client�le fid�le, m�lange d�un �lectorat protestataire � la Le Pen et � la Laguillier en m�me temps qu�un �lectorat r�ellement travaill� par une conscience nationaliste sinc�re.
Tout reste donc suspendu au troisi�me tour. Mais l� encore la logique militante primera sur la logique d�int�r�t. Les nationalistes sans programme cr�dible auront profit� de l�insondable stupidit� des politiques corses et parisiens en m�me temps que de l�effondrement sur lui-m�me du syst�me �tatique fran�ais.
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