La piste des manouches de Montreuil
O� se cache Ferrara ?
La piste des manouches de Montreuil


Lire �galement : le dossier complet de l'affaire

Les complicit�s internes dont a b�n�fici� Joseph Menconi pour s'�vader de Borgo vendredi 7 mars seraient des prestataires de services, si on en croit le ministre de la Justice, Dominique Perben. Il a indiqu� que les complicit�s internes proviendraient "de gens qui viennent occasionnellement travailler dans la prison", c'est-�-dire "des prestations de services". C'est d'ailleurs ce qu'il avait laiss� entendre le lendemain de l'�vasion de Menconi. Il est vrai qu'apr�s l'�vasion de Ferrara, il serait mal venu de mettre en cause les gardiens. Et pourtant, la complicit� des prestataires de service ne suffit pas � expliquer comment Menconi a pu b�n�ficier du mat�riel qu'il a utilis� pour s'�vader. Rappelons que les prestataires de service sont �troitement surveill�s d�s lors qu'ils franchissent la porte de la prison. D'autre part, comment Menconi et Ferrara ont pu avoir sur eux des t�l�phones portables ? D'autant que la cellule de Ferrara avait �t� fouill�e peu de temps auparavant. On voit mal comment ces objets ont pu arriver l� sans la complicit� de gardiens. Il est connu qu'en prison tout s'ach�te pourvu qu'on en ait les moyens.

Monsieur Perben sait des choses que toute la presse a trompett� la veille

Le Ministre de la Justice a d'autre part admis que les deux r�centes �vasions de Borgo et de Fresnes pouvaient �tre li�es et a annonc� une surveillance renforc�e autour des d�tenus qui ont dans le pass� "approch�" les �vad�s. Dominique Perben a donc reconnu "un lien", "des proximit�s" entre Joseph Menconi qui s'est �vad� vendredi de Borgo et Antonio Ferrara qui s'est enfui mercredi de Fresnes.

"Il semble que ces deux hommes Menconi et Ferrara aient appartenu aux m�mes �quipes dans des op�rations de hold-up", a expliqu� le ministre qui a ajout�, sans vouloir donner de chiffres, que tous les d�tenus "qui les ont approch�s sont sous surveillance". Monsieur Perben sait des choses que toute la presse a trompett� la veille.

Hier les policiers de l'OCRB ont commenc� � �tudier les fili�res. Tous s'accordent � reconna�tre que plus encore que l'�vasion, la cavale de Ferrara va exiger des moyens peu ordinaires. Il va falloir organiser des circuits de planques, s'adresser � des gens discrets, couper les ponts avec les anciens amis qui risquent d'�tre surveill�s. Bref peu d'�quipes sont capables de soutenir un rythme pareil. L'une d'entre elle, susceptible de tenir la route, est dirig�e par trois fr�res d'origine manouche, les Hornec.

Les manouches de Montreuil

Ces manouches de Montreuil ont la r�putation de tenir le haut du pav� parisien. Les sp�cialistes les ont m�me soup�onn�s d'avoir fait liquider Francis le Belge qui commen�ait � prendre trop d'importance dans la capitale. Le 27 septembre 2000, Francis Vanverberghe, 54 ans, �tait abattu dans un PMU du 8�me arrondissement de Paris de 9 balles de 11,43 dont deux dans la t�te � bout touchant. Condamn� � plusieurs reprises pour prox�n�tisme et trafic de drogue, il avait �t� interpell� le 22 mars 2000 pour une affaire de prox�n�tisme � Paris. Plusieurs pistes �taient alors envisag�es dont celle des fr�res Hornec associ�s aux truands d'origine maghr�bine Ihmed Mohieddine et Nordine Mansouri. Il se serait agi d'une rivalit� pour le contr�le du quartier des Champs-Elys�es (racket, prostitution et machines � sous). L'autre hypoth�se �tait celle de Hanna Elias, dit Jo�l le Turc, coll�gue de Philippe Ottman, surnomm� le Blond, qui aurait fait descendre le Belge pour des affaires strictement marseillaises. Mais dans les deux cas, le nom des Hornec avait �t� prononc�.

Le 21 d�cembre 2002, l'un des fr�res Marc Hornec. tombait pour hold-up pour le plus grand bonheur des policiers qui cherchaient � le faire tomber depuis belle lurette.

Ainsi la justice mettait la main sur l'un des rois des machines � sous clandestines d'Ile-de-France et des bars � h�tesses des quartiers chics de la capitale. Et voil� que le magistrat en charge de l'affaire estime que l'incarc�ration de Marc Hornec ne se justifiait pas et le faisait lib�rer le jeudi 31 janvier de la prison de la Sant�. Une �vasion en beaut� puisque l�gale.

Le parquet d�cidait de faire appel mais sans trop d'illusions d'autant que Marc Hornec �tait dehors. Le nouveau juge d'instruction du tribunal de Paris, Mich�le Colin, allait devoir reprendre l'affaire depuis le d�but.

Aujourd'hui les Hornec des manouches s�dentaris�s de Montreuil sont affaiblis par cette offensive polici�re. Avoir des atouts comme Ferrara et Menconi dans leur manche peut �tre d�terminant pour faire face � la concurrence maghr�bine qui fait preuve d'une sauvagerie inou�e. Tout cela n'�tait �videmment que des suppositions.

"La guerre de Paris"

Certains policiers se r�pandent aujourd'hui dans la presse pour estimer que Ferrara a �t� lib�r� � cause de ses connaissances en explosif. " Il se pr�parerait un gros coup " assurent-ils. Dans le milieu on fait remarquer que ceux qui ont fait sauter la porte de Fresnes s'y connaissaient eux aussi en pyrotechnie et qu'ils n'avaient pas besoin de Ferrara.

La bataille de Paris ne ferait alors que commencer. Il ne faut pas oublier que les Hornec ont pris la place de Claude Genova dit "le Gros", opportun�ment assassin� sur un trottoir, Porte Maillot, en 1994, d'un coup de fusil dans le dos.

Les trois fr�res Hornec ont une r�putation impitoyable. Les policiers les soup�onnent d'avoir particip� aux plus gros braquages de ces derni�res ann�es, et d'�tre derri�re plusieurs r�glements de comptes � Paris ou en banlieue : Farid Sanaa, place des Ternes, le 19 octobre 1999, Francis le Belge le 27 septembre 2000, Antonio Lag�s peu de temps apr�s, abattu de deux d�charges de fusil de chasse avenue George-V, pour ne citer qu'eux. Or dans le petit milieu de beaux bracos tout le monde se conna�t et les Hornec avaient fr�quent� Ferrara. De l� � penser que� Mais tout cela n'est qu'invention de journalistes. Les Hornec sont comme leur casier judiciaire : vierges ou presque et ceux qui les soup�onnent d'�tre des voyous ne sont que des diffamateurs.


�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s