� Il y a des risques de radicalisation �
Edmond Simeoni, fondateur du mouvement ind�pendantiste, porte-parole d'A Chjama et p�re de Marc Simeoni s�est exprim� dans le Parisien.

Que vous inspire la situation que conna�t la Corse depuis le d�but de l'�t� ?

Edmond Simeoni. Une grande inqui�tude car la situation actuelle se caract�rise par une absence totale de perspectives politiques. Le projet de r�forme du gouvernement, faute de coh�rence et de volont� politique, n'a pas su cr�er l'espoir. Le non l'a emport� de tr�s peu au r�f�rendum, au surplus dans des conditions douteuses. Le gouvernement semble continuer de refuser de prendre en compte la dimension politique du probl�me corse. Ceci fait �videmment le lit des mouvements clandestins qui semblent �tre entr�s dans une logique de surench�re.

Comment arr�ter cet engrenage de la violence ?

Il faut retrouver le chemin du dialogue. Il existe en Corse une revendication forte en termes d'identit�, de ma�trise des choix, de retour � la paix civile, de r�glement d'un conflit qui perdure depuis plus de trente ans et pour lequel des hommes sont emprisonn�s ou recherch�s. Cela doit faire l'objet d'un r�glement global.

Le foss� ne s'est-il pas creus� entre les repr�sentants politiques nationalistes et certains membres de la base, tent�s par la violence ?

� l��vidence, il y a des risques de radicalisation. Ceux-ci sont d'ailleurs d�j� en partie r�alis�s. Quoi qu'il en soit, le lourd verdict du proc�s Erignac, la mise en place d'une politique r�pressive, per�ue comme une volont� de mise au pas de toute une communaut�, notamment dans le cadre des solidarit�s dont a pu b�n�ficier Yvan Colonna, sont autant d'�l�ments de crispation. Cela ne doit pas conduire les nationalistes � faire n'importe quoi. Ils doivent au contraire faire preuve d'esprit de responsabilit� pour �viter tout d�rapage ou provocation.

Que savez-vous de ce que l'on reproche � votre fils ?

Je sais ce que j'ai lu dans les journaux. L'exp�rience m'a appris � me m�fier des affirmations et accusations de la DNAT (NDLR : division nationale antiterroriste) , qui se sont souvent r�v�l�es infond�es. Je note que mon fils nie les faits qui lui sont reproch�s. Par ailleurs, se retrouver en garde � vue, transf�r� � Paris, voire incarc�r�, est une r�alit� que des centaines de Corses ont connue lors des derni�res d�cennies. Cela fait partie de notre lutte.

Que pensez-vous de l'enqu�te sur les r�seaux pr�sum�s de soutien � Yvan Colonna ?

L'hospitalit� est une vertu cardinale et un trait culturel profond�ment enracin� dans l'�me corse. Si l'on doit arr�ter tous ceux qui ont aid� Yvan Colonna ou sont susceptibles de l'avoir fait, il y aura des dizaines de milliers de Corses en prison.

Corses et continentaux peuvent-ils se comprendre ?

Je pense que tout le monde peut comprendre que les Corses veulent rester eux-m�mes. Cela est parfaitement compl�mentaire avec l'ouverture aux autres, � la France, � l'Europe. Je finis par me demander si j'ai encore le droit de me sentir corse. (Propos recueillis par Julien Dumond, Le Parisien , vendredi 29 ao�t 2003)


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