La formation de Toussaint Luciani et celle d'Antoine de Zerbi optent pour un mariage de raison afin d'impulser �un nouveau projet de soci�t�. Un article de l�hebdomadaire � La Corse votre hebdo �.
Des alliances � quelques mois des territoriales peuvent laisser planer un l�ger parfum d'�lectoralisme. L'union de deux mouvances, qui ne jouent pas dans la cour des grands, pr�te en effet le flanc � des consid�rations teint�es d'opportunisme.
Les acteurs de cette union rejettent d'embl�e toute interpr�tation frisant le proc�s en sorcellerie pour plaider au nom de la Corse. Et d'elle seule. Ils jurent et mart�lent que cette convergence est le fruit exclusif d'une authentique volont� de transcender les vaines joutes de la classe politique, afin d'offrir un �authentique projet de soci�t�.�
La Corse en serait-elle d�munie? Oui, r�pondent en ch�ur les divers responsables. Bannissant la vaine pol�mique, ils d�crivent l'actuelle situation en termes qui �quivalent � un r�quisitoire sans appel.
Panne
Dans leurs propos revient en leitmotiv lancinant la crise morale, sociale �conomique et politique d'une �le, offrant l'image d'un bateau ivre, sans rep�res ni lisibilit�. Propos exag�r�s? Nullement r�torque sans atermoiement le pr�sident du bureau Pierre Chiraelli. Tandis que le porte-parole Jean Toma dit qu'il suffit de d�ciller les yeux pour se rendre compte qu'une communaut� est en panne, faute d'id�ologie innovante et de perspectives globales.
En incidence tous s'accordent � dire que le foss� entre la classe politique et la population est d'une telle importance, qu'il s�cr�te ici le fatalisme, l� le d�sespoir, fa�onnant l'immobilisme � terreau de toutes les d�rives et de leur cohorte de dangers. �
Briser cette mal�fique spirale avant qu'il ne soit trop tard. Initier le salutaire sursaut.
Citoyennet�
Voil� le credo qui uni, au-del� des structures respectives, des hommes et des femmes refusant de laisser le champ libre � deux concepts antagonistes mais tout autant pernicieux: La stagnation et l'aventure. Le postulat implique dans ce droit fil la salutaire mutation des insulaires, convi�s � abandonner la posture de �t�moins passifs � dans lesquels ils ont �t� malgr� eux confin�s, pour devenir enfin � les acteurs � d'un destin collectif.
Cela s'appelle la citoyennet�,
dont l'on nous rebat � 'envi les oreilles. Au point d'en faire un vulgaire alibi lors des professions de foi et autres programmes jonchant les chemins des urnes.
Finalement, et en bannissant toute grandiloquence, il appara�t que � G�n�ration Corse � pr�ne une strat�gie de rupture, et la mise sous l'�teignoir des partis traditionnels, des clivages politiques insulaires. Avec en filigrane le rejet, sans autre forme de proc�s, de l'esquisse de l'ombre d'une subordination � aux appareils parisiens.
Rupture
Voil� discours aux accents de r�volution, fut-elle de velours, tant les termes employ�s et la dialectique choisie en appellent au sursaut.
Car c'est bien d'une rupture qu'il s'agit si l'on en croit les initiateurs. R�futant de s'enfermer dans quelque tour d'ivoire et distiller des pr�ceptes, ils veulent au contraire � donner la parole aux Corses, les �couter et tenir compte de leurs profondes aspirations � des changements concrets, dans la gestion des affaires publiques et dans leur vie quotidienne. �
Cela qui renvoie en saine logique � l'ouverture sur la soci�t� civile, inaugurant ainsi, une autre mani�re de faire de la politique. Invite de circonstance? Habile habillage d'un pacte essentiellement d�volu � passer sans emb�ches le premier tour du scrutin de Mars? Interrogation d�plac�e est-il r�pondu sans fards, car la r�alit� insulaire implique de s�parer sans perte de temps l'accessoire de l'essentiel.
Enjeux
C'est de la Corse et d'elle seule qu'il s'agit explicite pragmatique Toussaint Luciani. � ses yeux, le noble combat qu'il a entrepris depuis plusieurs ann�es, sans vell�it�s carri�ristes, le prot�ge de proc�s d'intention, exon�rant par l� m�me ses nouveaux compagnons de route qui se sont dress�s face � �mile Zuccarelli pour signifier � qu'autre chose �tait possible. �
Comme d'autres, ces deux formations ont refus� en leur �me et conscience d'accepter quelques strapontins et �charpes s'ils laissent au vestiaire des convictions ces � v�rit�s qui d�rangent. � Bref, s'ils s'ins�raient dans le moule du politiquement correct qui r�gne sur l'�chiquier insulaire.
� l�inverse ils montent au cr�neau pour revendiquer, haut et fort, l'instauration d'une authentique d�mocratie locale, et d'ass�ner, tr�s force tranquille, que s'impose � l'�vidence le renouvellement des hommes et des pratiques � qui ont men� la Corse dans l'impasse et la faillite g�n�ralis�e. �
Diatribe d'une extr�me s�v�rit� et partant exag�r�e? Absolument pas. Ils persistent et signent ce constat cinglant, pouvant ais�ment emprunter � la formule de Fran�ois Mitterrand pour accr�diter leur th�se : � La v�rit� commence avec l'emploi du mot juste. �
Refondation
Au risque d'insister, seuls les b�otiens admettraient sans difficult� que la d�marche ignor�t superbement le prochain scrutin. Certes, d'aucuns pourront �voquer une tactique, �close de l'adage n�cessit� fait loi. Mais en un mot comme en cent, un responsable �nonce et formule que la finalit� de cette conjonction de forces ne s'arr�tera pas aux portes d'une soir�e �lectorale. Aussi importante soit-elle. Les uns comme les autres veulent conf�rer au d�bat une veine une dimension et une envergure p�tries d'altruisme et de responsabilisation en pr�nant � la refondation de la vie politique insulaire. �
Ce combat est leur honneur. Nul ne l'infirmera. Sauf � �ructer que chez nous tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et que n'existe nulle possibilit� entre le statu quo et l'aventure.
Dans le sillage d'une telle argumentation, il ne semble pas usurp� de souligner que � G�n�ration Corse � aspire � cr�er de nouveaux espaces, pr�mices d'une alternative qui enfermerait dans le tiroir de l'histoire un syst�me politique � � bout de souffle. �
Similitudes
Comparaison n'est nullement raison. Mais sauf � �tre frapp� de c�cit�, il est ais� de voir qu'avec sa sensibilit� et son temp�rament, Paul Giacobbi d�veloppe un raisonnement similaire. Se limiter � relever que tous chassent sur les m�mes terres serait argutie proprement r�ductrice qu'utilisent ceux dont l'entendement est scl�ros� par le comportement �lectoraliste. En contre-point, si la priorit� consiste � �difier la � maison Corse �, les ambitions individuelles, fussent-elles justifi�es, doivent logiquement s'effacer devant une mission noble entre toutes.
D�s lors, dans le camp qui se baptise lui-m�me � progressiste �, nul ne devrait prendre ombrage si la voix de Venaco fait chorus avec celles d'Ajaccio et Bastia. Car toutes, finalement, se fondraient dans un m�me creuset, appelant de leurs v�ux � la construction d'un �avenir collectif serein et b�n�fique.�
La donne, en effet, n'admet que des interpr�tations � la marge. Pour l'essentiel,d�cline en substance Toussaint Luciani, qui oserait nier que notre �le, est frapp�e de plein fouet par une crise majeure, dont les solutions p�rennes n'appara�tront pas sous la baguette magique de prestidigitateurs qui instaurent l'illusion? Comme le font � perdre haleine ces disciples patent�s du � y'a qu'� �, et � il faut �, abreuvant les derniers salons ou l'on cause d'incantations de litotes et d'ukases, alors que l'heure est � l'initiative politique. Qui est, comme chacun sait, l'art d'inventer le possible.
Contribution
�G�n�ration Corse � sait que le chemin qu'elle emprunte est parsem� d'emb�ches. La d�mocratie offre le choix d'adh�rer � Son combat ou de le r�cuser. Mais nul ne peut sinc�rement lui �ter son caract�re m�ritoire, dans une classe politique balkanis�e et une communaut� priv�e de rep�res et de lisibilit�.
Persuad�s de n'avoir aucune exclusivit� ni droit d'a�nesse, leurs repr�sentants apportent une bienfaisante contribution au d�bat et font une v�ritable offre politique, soumise � validation ou refus � l'ensemble du �peuple corse �.
Elle tient en six points majeurs: �tablissement d'un pouvoir local fort dans le cadre d'une relation partenariale avec l'�tat et l'Europe. Recherche de l'efficacit� par la clarification et la simplification de la vie administrative, l'adaptation des lois et r�glement. Un d�veloppement �conomique bas� sur l'entreprise et l'initiative. La priorit� � l'�ducation et la formation. La d�fense de l'identit�. L'instauration d'une solidarit� active.
En p�roraison Jean Toma n'h�site pas � lancer un brin provoquant �Que ceux qui mettent un veto � ce projet l�vent le doigt.�
(Jean POLETTI)
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