Deux fondateurs pr�sum�s de l'ex-mouvement clandestin Resistenza Corsa ont �t� mis en examen jeudi par le juge d'instruction parisien Gilbert Thiel. Le ministre de l�int�rieur arrive dans une �le en proie � la plus extr�me confusion.
>

La Corse dans le brouillard
Jan 30, 2004
Deux fondateurs pr�sum�s de l'ex-mouvement clandestin Resistenza Corsa ont �t� mis en examen jeudi par le juge d'instruction parisien Gilbert Thiel. Le ministre de l�int�rieur arrive dans une �le en proie � la plus extr�me confusion.

Franck Rinaldi a reconnu �tre l'un des fondateurs de ce groupuscule qui a rejoint en ao�t le FLNC-Union des combattants, tout comme il a reconnu sa participation � au moins trois attentats, pr�cise-t-on de m�me source.

Il est poursuivi pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et "destructions de biens par substance explosive commises en bande organis�e", une infraction criminelle.

Dominique Casimiri, qui revendiquait �tre le chef militaire du FLNC-UC pour le nord de l'�le, a �t� mis en examen pour l'attentat perp�tr� en juillet dernier contre une pizzeria du vieux port de Bastia. Il a admis avoir fourni les charges explosives.

C�est donc d�sormais le c�ur m�me de la structure clandestine qui est mise � mal. La plupart des hommes arr�t�s en Balagne dont plusieurs appartenaient � la CGS ont �t� lib�r�s faute de preuve. N�anmoins, tout le monde en Balagne sait que c�est ce noyau-l� qui op�rait au nom du FLNC UC. Pas besoin d��tre un voyant d�ailleurs pour comprendre comment fonctionne le FLNC UC. Ce sont d�abord des intimidations puis des plasticages de fa�on � � amollir � la victime.

Aujourd�hui, les tenants du FLNC 3 tentent de gagner ce que le FLNC UC a perdu. Leurs militants parlent d� � honn�tet� � et de � militantisme � alors qu�ils sont en train de gagner des jeunes en perdition qui sont trop contents d�habiller leurs m�faits de politique.

N�anmoins, la plupart des Corses qui, eux aussi subissent cette d�linquance d�guis�e sont ravis des coups port�s � ces individus.

Pourtant le contexte dans lequel le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy arrive en Corse, n�a jamais �t� aussi trouble. Tout comme sa politique l�est. On dit ici qu�il soutiendrait les factions les plus conservatrices � d�faut d�avoir pu s�enorgueillir d�un � oui � au r�f�rendum. On craint dans l��le une alliance des partis les plus conservateurs qui pousseraient les nationalistes � une terrible radicalisation. Il court dans l��le depuis quelques semaines des rumeurs sur des meurtres qui se pr�pareraient en cas de d�faite nationaliste. Vrai ou faux ? Nul ne peut le dire. Mais ce qui est s�r c�est que l�effondrement du syst�me Pieri porte en lui beaucoup de d�sordre.

On raconte aussi que Nicolas Sarkozy sera tr�s attentif au sort que la justice r�serve � son vieil ennemi Alain Jupp�. Si le tribunal correctionnel de Nanterre le condamne � une peine d'in�ligibilit�, Alain Jupp� a annonc� qu'il se retirerait de la vie politique, ouvrant ainsi un boulevard au ministre de l'Int�rieur. Alors Nicolas Sarkozy deviendra le seul candidat cr�dible de la droite fran�aise et bien des �lus insulaires qui penchent pour Jacques Chirac feront all�geance.

Il est vrai que personne ne s�y retrouve plus dans le foisonnement de listes : nous en sommes aujourd�hui � plus de 20.

� droite, J�r�me Polverini, membre du Conseil ex�cutif de Corse et partisan du "non" au r�f�rendum, a ainsi d�cid� de mener sa propre liste devant le pr�sident sortant de l'Assembl�e de Corse Jos� Rossi, auquel l'UMP a refus� d'accorder l'investiture. C'est donc le maire de Porto-Vecchio Camille de Rocca-Serra qui fait campagne sous l'�tiquette du parti pr�sidentiel. C�est lui qui a l�appui de Nicolas Sarkozy qu�il voit r�guli�rement. L�entourage du ministre de l�int�rieur se d�sole toutefois de l�image que laisse derri�re lui cet homme qui, malgr� des qualit�s humaines, se laisse souvent aller en public.

� gauche, la situation n'est gu�re plus claire: le Parti socialiste et le Parti communiste ont chacun leur liste, alors que le Parti radical de gauche, principale force politique de gauche sur l'�le, est repr�sent� par deux candidats irr�conciliables: le pr�sident du conseil g�n�ral de Haute-Corse Paul Giacobbi, partisan du "oui" au r�f�rendum, et le maire de Bastia �mile Zuccarelli, chef de file du "non". Le maire divers gauche d'Ajaccio Simon Renucci conduit �galement sa propre liste, sans compter celles du Front national ou de l'UDF.

Pourtant la plupart des petites listes ne parviendront pas � d�passer le premier tour d�autant que le vote par correspondance annonce une fraude massive qui servira surtout aux grosses listes. Et s�il s�av�re que le scrutin est vici� les plus violents des nationalistes en profiteront pour le contester au moyen de la clandestinit�.

L'union des nationalistes va donc se faire aux forceps: le porte-parole de Corsica Nazione Jean-Guy Talamoni et le "p�re" du nationalisme insulaire Edmond Simeoni vont mener une liste faite de bric et de broc. En catimini, chacun dit du mal de l�autre.

La nouvelle assembl�e territoriale risque donc d'avoir du mal � se trouver une majorit� sinon par une sorte d�alliance du refus.

Sans surprise, Nicolas Sarkozy va donc r�affirmer vendredi sa politique de fermet� � l'�gard des clandestins. Dans sa lutte contre les "syst�mes mafieux", le ministre de l'Int�rieur a fait de la chute du leader nationaliste Charles Pieri sa priorit�. Et il y a r�ussi puisque les arrestations se succ�dent sans aucune r�action � croire que m�me dans les rangs du FLNC on se r�jouit de cette mise � l��cart.

Le FLNC dit "du 22 octobre" a revendiqu� mercredi sept attentats perp�tr�s entre le 29 novembre et le 21 janvier contre des r�sidences secondaires en Corse. Le FLNC-Union des combattants (FLNC-UC), en revanche, a mis fin � ses "actions militaires" pour ne pas nuire au processus d'union des mouvements nationalistes dans la perspective des �lections territoriales.

Ces silences et ces bruits n�annoncent rien de facile pour l�avenir.

TOUT LE DOSSIER CORSE

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s