Le d�put�-maire PRG de Bastia, �mile Zuccarelli, a annonc� vendredi qu'il conduira une liste aux territoriales en Corse les 21 et 28 mars, sans l'investiture de son parti qui ne veut pas choisir entre lui et une autre t�te de liste PRG d�clar�e, le pr�sident du conseil g�n�ral et d�put� de Haute-Corse, Paul Giacobbi. La situation de la gauche insulaire appara�t comme particuli�rement suicidaire.
"J'ai d�cid�, apr�s m�re r�flexion, d'�tre candidat", a annonc� �mile Zuccarelli l'ancien ministre de la Fonction publique dans une interview au quotidien Corse-Matin.
Les instances nationales ont finalement d�cid� de n'investir ni Paul Giacobbi, ni �mile Zuccarelli. Celles du PRG de Haute-Corse ont toutefois d�cid� de soutenir le maire de Bastia et celles de Corse-du-Sud domin�e par la statue du commandeur Nicolas Alfonsi, va vraisemblablement faire de m�me.
Les deux hommes se sont brouill�s � l'occasion du processus de Matignon et, surtout, du r�f�rendum du 6 juillet 2003 sur une �volution institutionnelle de la Corse vers davantage d'autonomie. Le non l'avait emport� � une tr�s courte majorit�.
M. Giacobbi, qualifi� d'"�volutionniste" sur l'�chiquier politique insulaire, avait �t�, � gauche, le plus fervent d�fenseur du "oui" tandis que M. Zuccarelli, pr�sent� comme un "r�publicain" pur et dur, pourfendeur de toute �volution vers un nouveau statut sp�cial pour la Corse, avait �t� le champion du "non".
Mais la rivalit� est ancienne entre les deux h�ritiers des deux clans radicaux de gauche de la Haute Corse. Paul Giacobbi a re�u dans son berceau le fief de ses a�eux, la r�gion de Venaco, situ�e au centre de l��le. Autrefois, lorsque le littoral n��tait pas d�velopp�, le poids des bergers �tait consid�rable. Il est aujourd�hui n�gligeable. �mile Zuccarelli a eu pour cadeau la ville de Bastia qu�il g�re gr�ce au soutien d�un parti communiste particuli�rement accroch� aux anciennes valeurs du parti.
La haine entre les deux hommes tient aussi au choc de deux personnalit�s. Paul Giacobbi que ses amis d�crivent comme � redoutablement intelligent � est aussi redoutablement m�prisant envers ses adversaires jusqu�� collectionner les erreurs de psychologie. Il est par ailleurs extr�mement versatile dans ses choix. Ses adversaires lui reprochent d�avoir �t� Baggioniste (c�est-�-dire proche de la droite) en 1992, anti-nationaliste puis amical avec eux, d�avoir �t� pour le � oui � au r�f�rendum avant d�avouer tout r�cemment qu�il avait �t� tent� par le � non �. M�me ses proches ne s�y retrouvent plus. Dernier avatar, cet homme qui n�a de cesse de proclamer son attachement aux valeurs de la gauche s�est alli� avec l�un des lib�raux les plus confirm�s : Jean-Claude Guazzelli qui n�a jamais cach� son attachement aux valeurs de droite. Plus cocasse encore : Paul Giacobbi affirme que le terme de corsiste n� � est pas s�rieux � alors que son co�quipier Guazzelli se d�couvre corsiste. Cherchez l�erreur.
Il est vrai que Paul Giacobbi avait pris partie pour le � oui � au r�f�rendum donnant l�impression de scier la branche sur laquelle il �tait assis. Il est en effet pr�sident du conseil g�n�ral de la Haute-Corse gr�ce au retournement miraculeux d�un �lu, ami de Jean-Claude Guazzelli, preuve que leur � amiti� � ne date pas d�aujourd�hui. Homme de gauche �lu gr�ce � la droite, Paul Giacobbi a suscit� la col�re d�un Paul Natali, dirigeant UMP qui estimait que ce poste de pr�sident lui revenait de droit et celle d�un �mile Zuccarelli, d�fenseur de la R�publique une et indivisible. Le r�sultat est que Paul Giacobbi a d� donner des gages � son �lectorat plut�t Zuccarelliste. Il s�en est donc violemment pris aux nationalistes qu�il avait jusque-l� �pargn�s. Il a d�nonc� le syst�me de Charles Pieri juste avant les arrestations qui ont frapp� cette mouvance. De l� est n�e la rumeur d�une complicit� active entre le ministre de l�Int�rieur et le d�put� maire.
Derni�re mis�re : son ancien ami du PRG Fran�ois Tatti vient de gagner le proc�s que lui avait intent� Paul Giacobbi pour diffamation. Tatti l�avait accus� de jouer les marchepieds de la violence clandestine. Que des amis de 30 ans !
�mile Zucarelli est parti pour faire une belle �lection. Il va focaliser les anti-nationalistes de gauche. D�autant que selon certaines indiscr�tions, des communistes de Haute-Corse pourraient voter pour lui eux qui n�aiment gu�re leur camarade du Sud, Dominique Bucchini. Rumeur ou intox : plusieurs proches de Zuccarelli parlent de rapprochement avec le d�put�-maire d�Ajaccio. Mais il est vrai que les partisans de Paul Giacobbi affirment la m�me chose. Toujours est-il que le scandale Pieri joue en faveur de Zuccarelli lui qui a �t� toujours �t� intransigeant avec le terrorisme. En attendant Paul Giacobbi monte au cr�neau au moindre plasticage histoire de ne pas laisser le terrain de l�indignation � son fr�re ennemi. En d�finitive, Fran�ois Vandasi, maire de Furiani fera la diff�rence entre les deux hommes. Il hait Zuccarelli mais n�aime gu�re Giacobbi. C�est la Saint-Valentin fa�on Capone.
Le PRG est traditionnellement, et de loin, la principale force politique de gauche en Corse, le Parti socialiste ne d�passant jamais les 5% des suffrages et le Parti communiste se hissant p�niblement au-dessus.
Le r�f�rendum a boulevers� l'�chiquier politique corse en divisant chaque formation entre partisans du "non" et du "oui", entre "�volutionnistes" et "Jacobins" ou "R�publicains".
� droite, l'UMP part �galement divis�e en deux listes. Au total, les territoriales devraient mettre en concurrence 15 � 17 listes pour le renouvellement de l'Assembl�e de Corse.
La gauche, en Corse est de toute fa�on mal partie. Mais est-ce vraiment nouveau ?
TOUT LE DOSSIER CORSE
|
|