C�est la consternation parmi les supporters du football club de Bastia. On craint que l� � affaire Pieri � ne ternisse l�image du club. Les instances nationales du football fran�ais doivent d�ailleurs �tablir s�il y a lieu de sanctionner. De toutes fa�ons le mal est fait. Aussi les supporters ont-ils d�cid� de mettre les bouch�es doubles pour d�montrer que Charles Pieri et les magouilles financi�res ne sont pas le v�ritable club.
� M�me s�il devait sortir demain, il faudrait que Pieri se tienne loin des tribunes � maugr�e cet homme qui soutient le club depuis 30 ans. � On les a trop longtemps tol�r�s. ll faut maintenant qu�ils comprennent qu�ils doivent s�en aller. � De toutes les fa�ons les nationalistes ne retrouveront jamais leurs marques dans ce milieu qu�ils ont investi en force au point de le d�naturer.
Mais le juge Courroye risque de trouver de dr�les de surprises s�il d�cide de remonter longtemps en arri�re. Et le FLNC UC, tout au moins son secteur bastiais habitu� � vivre sur un train de voyou, va devoir trouver d�autres sources de financement. Le Figaro du 19 janvier consacre deux articles � la nouvelle g�n�ration de nationalistes.
Le nouveau visage des nationalistes corses
Ils ont une vingtaine d'ann�es, vivent de petits boulots offerts par des soci�t�s nationalistes aujourd'hui au coeur de l'affaire Pieri. Et posent � l'occasion des bombes pour le compte de leurs a�n�s. En remontant la piste du myst�rieux groupe Resistenza Corsa, � l'origine de plus d'une dizaine d'attentats entre 2001 et 2003, les policiers de la Division nationale antiterroriste du SRPJ d'Ajaccio et du Raid sont tomb�s sur l'un des visages de la �lutte arm�e� en Haute-Corse : un groupe de jeunes entre gal�re et exaltation r�cup�r� par le principal mouvement clandestin, le FLNC-Union des combattants, r�put� proche de Charles Pieri.
Une fois n'est pas coutume, cette histoire n'est pas narr�e par des policiers ou des magistrats mais par l'un des int�ress�s. Interpell� le 17 novembre dans la r�gion de Bastia, Dominique Casimiri, 23 ans, a en effet �t� tr�s bavard avant de se r�tracter. Un r�cit accablant pour le nationalisme insulaire.
�Dans la r�gion bastiaise, remarque un sp�cialiste du dossier corse, un jeune homme qui veut se placer a le choix entre les nationalistes et les clans traditionnels.� Et, en cette fin des ann�es 90, Dominique Casimiri, qui a quitt� l'�cole tr�s t�t, a bien besoin d'un soutien. L'argent manque chez lui, entre son p�re pensionn� et sa m�re au foyer. Seul motif de gloire : son oncle, Vincent Dolcerocca, secr�taire permanent d'A Cuncolta Naziunalista et membre pr�sum� du FLNC-Union des combattants, a �t� abattu le 26 juillet 1995, victime de la guerre entre nationalistes.
Dominique n'a que 21 ans quand, fin 2001, il d�cide de marcher sur les traces du d�funt. Son discours �pouse la vulgate nationaliste : souhaitant lutter contre le trafic de drogue et contre une immigration excessive, il estime que la r�ponse du FLNC-Union des combattants n'est pas pertinente et d�cide de passer � l'action. Le groupe Resistenza Corsa se limite d'abord � Casimiri et � l'un de ses compagnons. Les apprentis terroristes ont su assurer leurs arri�res. Ils sont tous deux salari�s de Corsica Gardiennage Services (CGS), soci�t� de surveillance contr�l�e par le clan Pieri, Dominique collaborant aussi au Sporting Club de Bastia. Tous les membres pr�sum�s de Resistenza Corsa auront d'ailleurs fait un passage, plus ou moins long, par la CGS : Dominique Casimiri, Paul-Andr� C., 22 ans, ou encore Fr�d�ric C., 29 ans. Accus� par les policiers d'�tre le chef de Resistenza Corsa mais n'ayant pas �t� inqui�t� dans ce dossier, Pierre-Ferdinand C. s'occupe au sein de la CGS du recrutement et du contr�le des recrues sur le terrain. D�tail cocasse : l'une des t�ches de Dominique Casimiri est de garder un hangar de l'a�roport de Bastia o� est entrepos� le mat�riel de tournage de L'Enqu�te corse, le film tir� de la bande dessin�e satirique de P�tillon.
S�rs d'�tre pay�s � la fin du mois et de b�n�ficier le cas �ch�ant d'une couverture, les jeunes exalt�s se mettent � l'ouvrage. Leurs premiers attentats sont plus qu'artisanaux : feux dans les cages d'escalier, engins explosifs de faible puissance. Les objectifs, des commerces tenus par des Maghr�bins ou des lieux fr�quent�s par ces derniers, parlent d'eux-m�mes. Ces brillants �tats de service n'�chappent pas au FLNC-Union des combattants. Observant la mont�e en puissance de Resistenza Corsa, il d�cide d'en faire un associ�. Sur les 27 attentats revendiqu�s, comme auteur principal ou comme complice, par Dominique Casimiri, moins d'une quinzaine sont ainsi imputables � Resistenza Corsa, le reste portant la marque du FLNC-Union des combattants.
Casimiri explique comment ses anciens sont venus lui �commander� des attentats, comme celui contre l'h�tel Ibis de Bastia en avril 2003, en lui assurant qu'il entrerait ensuite au FLNC-Union des combattants. Au cours de sa confession, le jeune nationaliste donnera des d�tails que seuls les saboteurs pouvaient conna�tre, comme l'endroit pr�cis o� ont �t� plac�es les charges explosives. Plus encore, des enregistrements t�l�phoniques prouvent que, en revendiquant certaines actions, il disposait du �code d'authentification� du FLNC-UC. En ao�t 2003, Resistenza Corsa annonce sa fusion avec le FLNC. Ses nouveaux amis confient alors � Dominique, qui ne demande qu'� les croire, qu'il est devenu le �chef militaire du FLNC pour la Haute-Corse�. Une affirmation un peu na�ve qui, � n'en pas douter, doit encore faire sourire les vrais patrons des encagoul�s corses.
Jean Chichizola
Le Sporting Club de Bastia sur le grill
Salari� de Corsica Gardiennage Services, le jeune Casimiri a travaill� pour un autre vivier du nationalisme bastiais : le Sporting Club de Bastia (SCB). A l'�poque o� il posait ses premiers engins explosifs, le nationaliste assurait la s�curit� des matches du Sporting. Le club est, par ailleurs, au coeur de l'enqu�te men�e par le juge d'instruction Philippe Courroye sur le �syst�me Pieri�. Les enqu�teurs sont convaincus que le SCB, dont le directeur g�n�ral Jean Nicolai et le secr�taire g�n�ral Jean-Martin Verdi sont nationalistes, ne servait pas seulement � fournir un emploi � des ind�pendantistes dans le besoin. Ses dirigeants devraient �tre prochainement entendus sur de graves d�rives financi�res. Les policiers s'interrogent sur le devenir d'une somme de plus de 70 000 euros officiellement pr�t� en 2001 � un joueur. Dans un autre �pisode, un ancien cadre du SCB a reconnu qu'il s'�tait rendu � Monaco en ao�t dernier pour y recevoir une commission de la part des agents du joueur Micka�l Essien transf�r� de Bastia � Lyon. L'homme a pr�cis� avoir vers� l'argent �� des dirigeants du club� sans plus de d�tails. Mis en examen le 10 janvier, l'agent d'Essien, Fabien Piveteau, aurait d�clar� au juge que l'argent �tait destin� � Charles Pieri, affirmation contest�e par l'avocat de Pieri, Me Eric Barbolosi. N'exer�ant aucune fonction au SCB, Charles Pieri s'est personnellement impliqu� en juin et juillet 2003 dans des discussions concernant deux joueurs du SCB, Micka�l Essien et Alou Diarra.
J. C.
Notre commentaire :
ces excellents articles laissent quand m�me un peu perplexe sur des points en apparence de d�tail. Il n�est pas exact d��crire que Casimiri poss�dait le canal d�authentification. Il en poss�dait un qu�il avait cr�� pour Resistanza corsa mais certainement pas celui du FLNC. D�ailleurs aucun chef clandestin ne serait assez fou pour donner cette clef � quiconque. Elle est en effet le seul moyen d�authentifier des actions clandestines.
Nos informations diff�rent un peu de celles du journaliste du Figaro. C�est la direction bastiaise du FLNC UC qui, pour des raisons d�j� expos�es par notre r�seau, a pouss� ces jeunes � fonder Armata Corsa, organisation raciste. Les raisons �taient � la fois id�ologiques et financi�res. Si l�on s�en tient au strict calendrier d�crit dans les articles on se rend bien compte que Casimiri travaillait � la fois pour sa propre organisation et pour le FLNC UC (h�tel Ibis) qui ne formait en fait qu�un seul et m�me ensemble.
La pratique du faux nez est habituelle en Corse. Elle sert � exprimer un d�saccord avec sa propre organisation, � faire pression sur elle ou alors � faire pression sur l��tat alors m�me que l�organisation clandestine essentielle est en discussion.
Le FLNC 3 dit aussi du 22 octobre a d�cid� de lancer une offensive prochaine si le r�sultat des discussions entre organisations nationalistes ne lui donnait pas satisfaction. Pour cela il est entr� en relation avec des proches d�un dirigeant nationaliste en fuite.
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