Une Corse qui �volue
Jan 19, 2004
C�est cette semaine que les nationalistes devraient annoncer la cr�ation d�une liste qu�ils esp�rent unique. Mais en quelques mois la Corse a chang�.

La famille Pieri est au tapis. Et personne n�est descendu dans la rue. Les attentats continuent mais le refus de la violence suscite de plus en plus de r�actions. Et celles qui sont visibles ne sont rien � c�t� de l�exasp�ration d�une population qui ne supporte plus ceux qu�elle d�signe comme � i pidochji � les poux c�est-�-dire les racketteurs de tous poils.

La Corse est la r�gion qui d�tient un triste record : celui de morts sur la route. La cause de cette h�catombe : l�incivisme. On peut toujours �voquer l��tat des routes. C�est une sinistre plaisanterie. Les raisons essentielles de ce drame sont la vitesse, l�alcool au volant et le non-respect du port de la ceinture. Point barre. Pour la premi�re fois, les autorit�s ont d�cid� de s�vir avec s�v�rit�. Le r�sultat est plus que positif. Il faut donc en Corse une bonne dose de r�pression pour faire rentrer dans la t�te de quelques individus born�s des r�gles qui ne visent qu�� les pr�server. D�sormais, il est impossible de faire sauter le moindre PV ce qui constituait encore hier un sport national. C�est une excellente chose.

Avec de la rigueur au sommet et un effort � la base on va y arriver. Quelques points noirs risquent de perdurer comme la premi�re place d�tenue par la Corse pour les cancers du poumon, faible prix du tabac oblige. Lorsque les Corses comprendront qu�en exigeant le maintien de tels � avantages � c�est leur propre jeunesse qu�ils flinguent peut-�tre accepteront-ils de venir dans le droit commun.

Dernier exemple : celui de la violence. On a pr�tendu que la violence avait pr�serv� la Corse. Cela a peut-�tre �t� vrai du point de vue tr�s �troit d�un certain �cologisme. Mais c�t� n�gatif, le bilan est lourd. En faisant mine de croire que le choix ne pouvait s�op�rer qu�entre le n�ant et le tout b�ton, la Corse est rest� sur le bord de la route du d�veloppement �conomique. Et parce que l��conomie en est rest�e au niveau artisanal, les mentalit�s ont stagn�. La violence est � la fois la r�sultante de ce marasme et son facteur aggravant. La faute en incombe-t-elle aux Corses ? En partie oui car leur passivit� et leur tentation � jouer sur tous les tableaux a laiss� s�installer les � poux � dont nous parlions plus haut. Mais les services de l��tat ont une lourde responsabilit� en ce sens qu�ils sont charg�s de la s�curit�. la preuve : en quatre mois, ils ont r�ussi � mettre � bas un syst�me r�put� imprenable : celui de Monsieur Pieri et consort.

C��tait donc possible. Et les m�dias nationaux pourraient si elles �taient honn�tes, relater les manifestations quasi hebdomadaires des Corses des villages contre les plastiqueurs. Il est vrai qu�il est plus vendeur de d�peindre cette population comme un ramassis de sauvages et de x�nophobes. He bien aujourd�hui, la Corse est la r�gion d�Europe qui t�moigne d�une solidarit� tout � fait unique envers les � �trangers � install�s sur le sol de l��le.

Si nous faisons le compte des activit�s men�es par les organisations anti-racistes, nous pouvons constater qu�elles sont � la hauteur du d�fi raciste lanc� en Corse par une frange de la population. En d�autres termes, les actions men�es contre le racisme sont au moins aussi nombreuses que celles des racistes. Dans quelle autre r�gion de France peut-on aligner un tel bilan ? D�sormais � chaque vague d�attentat correspond un appel contre la violence. Du jamais vu permis par l�offensive judiciaire contre ceux qui terrorisaient la population. Encore un an � ce train-l� et le pari du civisme sera gagn�. Il faudra pour obtenir une telle victoire que la justice ne transige pas au gr� d�un changement politique.

La Corse change doucement mais elle change. Et bien que cela d�plaise aux nationalistes, elle change avec la France.

Les listes politiques qui vont s�affronter aux prochaines territoriales vont d�ailleurs devoir tenir compte de ces nouveaux param�tres. Nous y reviendrons dans une prochaine analyse. Le r�seau de L�investigateur s�est livr� � un sondage officieux dont les r�sultats ne manquent pas d�int�r�t.

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