Le juge Courroye ach�ve le premier round de l'enqu�te Pieri
Jan 17, 2004
Le clan Pieri est K.O. A l'issue d'un mois d'activit� intense du juge d'instruction parisien Philippe Courroye, le leader nationaliste corse Charles Pieri et quatorze de ses proches, parmi lesquels sa femme et sa fille Elodie, sont mis en examen dans le cadre d'une enqu�te sur des malversations financi�res.

Apr�s l'incarc�ration de Charles Pieri, 53 ans, le 17 d�cembre dernier, le magistrat financier a achev� mercredi le premier round de son combat contre le racket et l'extorsion de fonds en Corse avec la mise en examen de Charles-Philippe Paoli, un proche du chef nationaliste.

Outre Charles Pieri, cinq personnes sont d�sormais d�tenues dans ce dossier qui, fait rarissime, n'est pas instruit par les juges antiterroristes mais par le tr�s discret Philippe Courroye, connu pour sa pugnacit� dans les dossiers financiers.

En visite sur l'�le de Beaut� le 30 octobre 2003, le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy a d�nonc� des "pratiques mafieuses et affairistes" et "l'argent du crime qui corrompt tout en Corse". Il avait promis d'"�radiquer la peur en �radiquant l'argent sale".

Dans le collimateur de la place Beauvau depuis sa sortie de prison le 30 mai 2002, Charles Pieri a �t� interpell� moins de deux mois apr�s ce discours dans la r�gion de Bastia et mis en examen notamment pour "abus de biens sociaux" et "financement de terrorisme".

Et la chute du chef a entra�n� celle de ses proches: sa femme Antonia, mise en examen le 19 d�cembre dernier, sa fille Elodie mise en examen et �crou�e le 12 janvier, Charles-Philippe Paoli ou Jacques Mosconi, tous deux plac�s en d�tention ces derniers jours.

Philippe Courroye les soup�onne d'avoir particip� � divers degr�s � des extorsions de fonds, du racket ou des abus de biens sociaux au d�triment de soci�t�s corses, pour financer le terrorisme insulaire. Comptables, g�rants de soci�t�, secr�taires ou agents de footballeurs sont �galement poursuivis.

Pour l'instant la justice financi�re semble donc avoir plus de succ�s que la justice antiterroriste qui n'a jamais r�ussi � faire durablement tomber celui qu'elle consid�re comme le chef de file de la mouvance nationaliste et de l'organisation clandestine FLNC-Union des combattants.

Mais apr�s ces premiers coups gagnants, le magistrat doit d�sormais s'atteler au deuxi�me round de son combat, � savoir les auditions du clan Pieri, pour �tayer ses soup�ons. Une t�che ardue compte tenu des rapports tendus qu'entretiennent les Corses avec la justice et de la difficult� � prouver les transferts de fonds au mouvement nationaliste.

Il semble cependant que l'omerta, la loi du silence habituelle dans les dossiers corses, se fissure dans cette enqu�te particuli�re.

Il existe d'abord le t�moignage de Marina Paolini, ancienne secr�taire de Corsica Gardiennage Service (CGS), selon laquelle cette soci�t� servait de vache � lait au nationalisme. Selon des sources proches du dossier, Marina Paolini aurait cependant des comptes � r�gler avec le clan Pieri.

Reste que l'ancien gardien de but Fabien Piveteau mis en examen jeudi dernier a aussi d�clar� au juge avoir �t� contraint de r�troc�der � M. Pieri une partie de la commission qu'il avait per�ue l'�t� dernier � l'occasion du transfert du joueur Micka�l Essien du Sporting Club de Bastia (SCB) � l'Olympique lyonnais (OL).

Entendu une premi�re fois par le magistrat instructeur, Charles Pieri a ni� l'ensemble des faits qui lui sont reproch�s. La justice le soup�onne notamment d'avoir �t� le dirigeant de fait de l'H�tel du Golfe � Saint-Florent (Haute-Corse) et lui impute des abus de biens sociaux au d�triment de l'�tablissement.

Philippe Courroye enqu�te aussi sur une importante extorsion de parts sociales. Des proches de Charles Pieri auraient n�goci� avec les propri�taires de l'h�tel des Sablettes, pour que ces derniers c�dent leur participation � un prix tr�s inf�rieur � leur valeur � Charles Pieri et son entourage.

Mercredi, Nicolas Sarkozy a r�affirm� son intention de "mettre fin aux comportements mafieux en Corse". "La justice ira jusqu'au bout et la police et la gendarmerie �galement", a-t-il assur�, pr�disant d'autres arrestations pour 2004

TOUT LE DOSSIER CORSE

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s