Apr�s la destruction de la villa de Sin� une p�tition courageuse
Jan 13, 2004
� L�attentat qui a compl�tement d�truit la maison de Sin�, dessinateur satirique depuis 50 ans, le 2 janvier dernier � San-Gavino-di- Tenda (Haute-Corse) a suscit� '�motion, l'incompr�hension, puis la col�re du monde artistique et intellectuel de l'�le. Des voix s'�l�vent et non des moindres pour souligner qu'une � soci�t� se mesure � ses r�ves, et que ces r�ves sont r�v�s par les artistes �. On nous prie d'ins�rer De la col�re, bien s�r. Si elle est saine, elle n'est pas suffisante. Alors, la parole publique. Quand elle est un n�cessaire sursaut. Un urgent passage � l'acte. Le 2 janvier dernier, � San-Gavinu-di-Tenda, une charge explosive mettait enti�rement � bas la r�sidence secondaire de Bob Sin�. Une maison de plus, dans une liste d�j� bien longue. Une maison spacieuse, claire, ouverte sur la majestueuse conca du Nebbiu. Ouverte aux voisins. Rien de luxueux ni de tapageur dans cette demeure. Rien que la vie dans son all�gresse et sa saveur.

Depuis de nombreuses ann�es, du printemps � l'automne, Sin� y dessinait et y �crivait. Se plaisant � rappeler un po�me d'Apollinaire � Je souhaite dans ma maison/Une femme ayant sa raison/Un chat passant parmi les livres/Des amis en toute saison/Sans lesquels je ne peux pas vivre �. Et en notre �le, le vie) amadou de l'amiti� ne s'�tait pas �gar�. La cause de tous les damn�s de la terre Depuis toujours du c�t� des emp�cheurs d'opprimer en rond �,traquant tous les enfoir�s " et les "faux-culs " de la plan�te, sa plume et son pinceau n'ont rien respect�. Si ce n'est la cause de tous les damn�s de la terre. Une sinc�rit� et un vouloir flamboyant, un rire indompt�, qui ne pouvaient qu'exciter des adversaires. Au-del� les cyniques et les idiots.

Tout en livrant sa chronique hebdomadaire dans Charlie Hebdo, il a entrepris depuis 1999 de publier ses m�moires. Plusieurs volumes sous le titre Ma vie, mon �uvre, mon cul. N'en d�plaise � certains, mais dans le mot culture, il y a aussi le mot cul De quoi r�veiller les mauvais d�mons.

Un exemple de bouff�e d'intol�rance s'est ainsi manifest�, trois jours apr�s le plasticage, lors du Forum, quotidiennement ouvert � tout un chacun de 8 heures � 9 heures, sur les ondes de RCFM une femme n'a-t-elle pas applaudi avec v�h�mence au l�che attentat, tel un ch�timent expiatoire ? Tandis que dans villes et villages, bon nombre d'entre nous, au quotidien, se taisent et restent dans le rang. Laissant l'arrogance et la peur - mine de rien - op�rer leur savant maillage. Dans une soci�t� corse en apparence d�mocratique, pourquoi d�s lors craindre le pire ? Parce qu'il est ressemblant.

Est-il besoin de rappeler que la grandeur d'une soci�t� se mesure � ses r�ves et que ces r�ves sont r�v�s par les artistes ? Sin� en est un. � sa mani�re. Provocatrice. Mais l'art n'est-il pas l� pour lib�rer la vie que l'homme a emprisonn�e, ne cesse d'emprisonner, de tuer ? Si, dans notre �le, la libert� de parole, (a libert� d'�tre - qu'elle soit celle d'un artiste, qu'elle soit celle de tout individu - devaient ne plus avoir droit de cit�, c'est le principe d'humanit� m�me qui serait en danger. Si notre �le ne pr�serve pas cette �me hospitali�re dont elle se pr�vaut, alors, pour reprendre les mots d'Aim� C�saire, nous habiterions une version du paradis absurdement rat�e. Ce serait pire qu'un enfer.

Signataires Maddalena Rodriguez-Antoniotti (peintre), Antoine Arena (vigneron), Robin Renucci (com�dien et directeur artistique des Rencontres th��trales du Giunssani), Serge Oru (pr�sident de Festiventu � Calvi), L�o Battesti (chef d'entreprise), Dani�le Maoudj (enseignante), Henri Graziani (cin�aste), Marcel Mon (maire de San-Gavinu-di-Tenda), Jacques Fusina (�crivain et universitaire), Francis Beretti (universitaire), Mighele Raffaelli (peintre, sc�nographe et musicien), Mighela Cesari (chant traditionnel), Jean-Claude Loueilh (agr�g� de philosophie), Guy Firroloni (�diteur), Jean-Pierre Orsoni (sculpteur), Louis Mena (maire de Poghju d'Oletta), Alain Di Meglio (universitaire), Ariane Cazali (responsable INAO pour la Corse), Philippe Cazali (�nologue), Marc Ledoyen (sculpteur), Jean-Jacques Torre (producteur artistique � France 3 Corse), Henri Orenga de Gaffory (vigneron), Paul Filippi (responsable du magazine Ghjente � France 3 Corse), Charles et Nanou Morati (apiculteurs), Jean-Jacques Colonna d'Istria (�diteur), Mich�le Pache-Acquaviva (journaliste, �crivain), Pascal Lanternier (proviseur de lyc�e), Dominique Degli-Esposti (peintre et photographe), V�ronique Provost (enseignante), Florence Antomarchi (journaliste), Jean Guidoni (pr�sident Calvi Cultura) Dominique Guidoni (vice-pr�sidente Svegliu Calvese), Jean Zuccarelli (exploitant agricole), Marie-Charles Gilbert (exploitante agricole), Francette Orsoni (conteuse), Philippe Buisset (apiculteur), Guy-Paul Chauder (peintre), Jordi Bonnels (universitaire), Corinne Colombani (�tudiante), Erminie Carpina (technicienne INAO), Bernard Reboulleau (pr�sident du festival Arte Mare), Charles Santoni (avocat), Catherine Fieschi (charg� de communication SNCM), Mich�le Ettori (chor�graphe), Guy-Paul Chauder (peintre), Marie-Jeanne Nicoli (directrice des affaires culturelles), Lucia Santucci (po�te de langue corse), Jean T�mir (pr�sident du Svegliu Calvese), Marie-Pierre Vafi (productrice artistique � France 3 Corse), Viviane Marini-Gaumont (psychanalyste), Pierre Rossignol (plasticien), Marie-Jo Bellagamba (avocate), Patrice Antona (animateur de radio).

Notre commentaire : cette p�tition est une heureuse initiative. On peut simplement regretter qu�il faut le plasticage de la demeure d�un continental connu et artiste pour que ces signataires se r�veillent. Il eut �t� plus convenable qu�ils protestent lorsque d�autres maisons appartenant � des personnes plus modestes �taient d�truites. Il y a comme un parfum d��litisme. Mais c�est mieux que rien m�me si plusieurs des personnalit�s signataires l��taient �galement du manifeste en faveur des assassins du pr�fet Erignac, l�appel dit A Tramula. Plus sinistre encore : ce sont certains autres signataires d�A Tramula qui ont pris contact avec le FLNC 3 cette organisation clandestine qui a pris sous son aile protectrice les petits salauds qui plastiquent dans le Nebbiu. Enfin ne serait-il pas temps que l��mission le Forum soit contr�l�e comme le sont toutes les �missions de radio dans les r�gimes d�mocratiques ?

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