Oui, il existe un syst�me mafieux en Haute-Corse
Dec 22, 2003
Un rapport du S�nat d�non�ait apr�s l�assassinat du pr�fet Erignac, un syst�me mafieux en Corse, m�langeant tout et n�importe quoi � la fa�on du rapport Glavany.

Apr�s la mort du pr�fet Erignac, le parlement et le s�nat s�attelaient � deux rapports de commission. L�un et l�autre, �crits dans la h�te, utilisaient le terme de � mafia � et de � mafieux � sans exactement parvenir � cerner le probl�me.

Aussi paradoxal que cela puisse para�tre, c�est bien la d�sagr�gation du syst�me de violence clandestine qui permet l��mergence d�un vrai syst�me mafieux et non le contraire.

En �crivant cela nous ne voulons pas construire une �chelle des valeurs. Nous l�avons dit et redit : la violence politique est ha�ssable en ce sens qu�elle fonde un syst�me bas� sur le rapport de forces et non sur l��change d�mocratique.

Pourtant : une premi�re r�alit� s�impose en Corse. La clandestinit� seule n�aurait pas r�ussi � s�imposer comme syst�me �conomique souterrain. Il lui fallait faire la jonction avec le monde �conomique, le monde du grand banditisme, celui de la politique. Il lui fallait enfin b�n�ficier de la mansu�tude du pouvoir �tatique.

La mansu�tude du pouvoir �tatique a �t� acquis au grand banditisme d�s ses origines. Certains membres de la Brise-de-Mer ont fourbi leurs armes dans le mouvement anti-nationaliste. Nous pensons aux fr�res Pattacchini. D�autres faisaient dans les ann�es 80 le service d�ordre du syndicat Force Ouvri�re. Mais ce n�est pas nouveau : la France a l�habitude de ce type de connivences. Certains voyous accompagnaient le service d�ordre insulaire quand le pr�sident Pompidou venait en Corse.

Le pouvoir �conomique n�a pas �t� acquis au nationalisme � ses d�buts. Dans la r�gion de Porto-Vecchio, la puissance charismatique du vieux Jean-Paul de Rocca-Serra, son art de ne se f�cher avec personne (le FLNC Canal historique � le faisait voter �) constituait un paravent naturel. .

Deux zones posent probl�me : celle de Porto-Vecchio autrefois partag� entre un nationalisme affairiste, celui de Fran�ois Santoni qui, pourtant, avec beaucoup de sagesse, avait mis tous ses espoirs dans la ville d�Ajaccio o� il s�entendait fort bien avec les Filippeddu et moins bien avec les Lantieri. Ces derniers, propri�taires de l�immense bo�te de nuit � Amnesia �, b�tie sur un terrain inconstructible gr�ce � l�appui du beau-p�re de Johnny Halliday, Adnr� Boudou, avait saut�. Le 15 avril 2000 � 21 heures, une �quipe d�inconnus d�posait 300 litres de nitrate fuel � diff�rents endroits de l��difie qui explosait. Dans l��quipe des plastiqueurs se trouvaient plusieurs anciens soldats du Canal historique pass�s avec armes et bagages du c�t� de l��quipe adverse dirig�e par C�..

Le grand b�n�ficiaire de cet attentat qui n�a pas �t� �lucid� est en terme de fr�quentation le Via Notte dirig�e par Paul Canarelli et qui affirme n�avoir rien � voir avec l�attentat. Puisqu�il le dit. Ce Paul Canarelli a �t� vu en compagnie de Richard Casanova, suppos� baron de la Brise de Mer en cavale. Ce qui bien entendu ne signifie rien sinon de t�moigner d�une affection mutuelle ce qui n�est pas condamnable en soi.

Pourtant, si la Brise-de-Mer est aujourd�hui dominante sur Porto-Vecchio, elle souffre de dissensions internes. Richard Casanova ne repr�senterait aujourd�hui qu�une fraction de la bande bastiaise et les Porto-Vecchiais en seraient les b�n�ficiaires. Ne dit-on pas que dans l�entourage de Camille de Rocca Serra se lovent des repr�sentants des int�r�ts bastiais ?

Porto-Vecchio est donc plut�t un lieu de convergence o� se rencontrent divers int�r�ts.

Bastia � l�inverse, est d�finitivement tomb�e entre les mains d�une coalition que l�ont peut taxer sans h�siter de mafieuse. Au c�ur de ce syst�me on trouve le noyau dur form� par un groupe d�industriels-commer�ants et de voyous. Contrairement � ce qu�affirment les journalistes, les nationalistes ne sont que les reliquats du syst�me. Au centre prosp�rent les membres de la Brise-de-Mer, deux industriels et un homme souvent d�sign� par la presse comme ayant des int�r�ts en Suisse ou Bahamas mais qui a toujours r�ussi � se sortir des mauvais pas dans lequel il s��tait fourr�. Ces hommes se r�unissent souvent pour discuter de la mise en coupe r�gl�e de l��conomie insulaire. Ainsi aujourd�hui, le grand banditisme et leurs affid�s ont mis la main sur la principale entreprise de transport (� elle de se sentir vis�e) sur le caf�, sur une grande partie des concessionnaires automobiles. Il n�est pas mal plac� dans l��lectro-m�nager, le BTP etc. Et il s�agit toujours d�un grand banditisme de chez nous c�est-�-dire de la Haute-Corse.

Avec les fonds du Pei (2 milliards d�euros) il s�agit donc de monter des capteurs � subvention. Dans ce syst�me, les nationalistes qui acceptent de participer ont un avantage certain : celui d�offrir un paravent politique aux op�rations de pure voyoucratie.

On l�a vu lors des premi�res op�rations men�es contre le syst�me Pieri : ce sont les nationalistes tous ensemble qui sont mont�s au cr�neau pour hurler au loup. Or, tous connaissent le syst�me Pieri et, dans le temps s�en sont assez plein. Mais aujourd�hui, ce syst�me est le garant d�un nombre important de voix aux prochaines �lections pour la simple et bonne raison que les soci�t�s mont�es autour du dirigeant nationaliste nourrissent au bas mot 300 familles. C�est d�ailleurs un vieux principe de la mafia en Sicile que de jeter dans la rues des employ�s �plor�s d�s lors que la justice s�attaquait aux soci�t�s dirig�es par des responsables criminels. Au nom de la garantie de l�emploi on exigeait que cessent � les pers�cutions �. Ce sont ces termes qui sont aujourd�hui employ�s par les avocats de Charles Pieri.

Le Ministre de l�int�rieur a employ� pour des raisons de marketing politique le concept de � mafieux �. Il est �tonnant qu�il est fallu la victoire du � non � au r�f�rendum pour qu�il s�aper�oive de l�existence de ces � dysfonctionnements � et lance sa phrase d�sormais c�l�bre : � L�impunit� c�est finie. �

Pour nous qui sommes Corses et fiers de l��tre, nous devons affirmer que la vraie Corse n�est pas celle de ces bandits parasites qui vivent du travail des autres. Nous voulons une Corse fi�re de s�assumer et de se r�aliser par le travail et dans l�honneur. En bonne logique, les nationalistes devraient nous suivre sur ce chemin quitte � ce que nous divergions quant aux solutions.

N�y a-t-il pas une terrible contradiction a toujours affirmer que la Corse a les moyens de s�assumer et de couvrir des agissements qui ne sont tol�rables ni aujourd�hui dans le cadre actuel ni demain dans une �ventuelle Corse ind�pendante ?

Lorsque Fran�ois Sargentiini dont on se demande ce qu�il pense aujourd�hui, jurait sur son honneur que Charles Pieri n�avait pas d�rob� un sou de TVA, il devenait le complice moral d�une infamie. Peut-�tre s�en moque-t-il jugeant que la cause qu�il d�fend vaut bien son honneur. Nous ne pensons pas que la Corse ait les moyens aujourd�hui de se permettre de telles entorses � sa propre morale.

On nous r�pondra que la France n�a pas de le�ons � donner elle qui a permis un financement des partis qui s�apparentait �trangement � du racket, elle qui est en train de quasiment amnistier ses propres d�linquants �conomiques. C�est vrai que la France est un pays o� la justice se montre cl�mente pour les puissants et impitoyable pour les pauvres. Mais cela ne nous concerne pas. La Corse que nous voulons doit �tre dynamique et propre. Or, aujourd�hui la perversion du syst�me encourag� jusqu�� maintenant par le laxisme �tatique, a fait que la canaille est plus attractive pour une partie de la jeunesse que le travail. Il suffit de mettre une cagoule et de brandir un flingue pour avoir l�impression que la vie est facile.

En acceptant cela, nous asssassinons nos enfants. Il n�y a d�ailleurs qu�� constater le triste destin des enfants de Charles Pieri. Nous affirmons ici que Nicolas Sarkozy a raison lorsqu�il d�nonce un syst�me mafieux en Haute-Corse. Nous en parlons en tant qu�habitants de ce d�partement. Il est grand temps de laisser l��conomie se d�velopper en fonction des savoir-faire et non du nombre de pistolets port�s par tel ou tel chefs. D�ailleurs nous remarquons que les nationalistes se montrent discrets quant au sort de Charles Pieri. C�est bien. Ils deviennent sages.

De notre c�t�, nous allons nous efforcer de d�voiler la fa�on dont l�argent du crime est blanchi. Nous ne croyons pas � une soci�t� sans voyous mais nous croyons � une soci�t� o� la voyoucratie reste marginale. Lors du scandaleux proc�s des fils de Charles Pieri, nous nous �tions promis de mettre � bas son mis�rable empire. Tr�s modestement, nous pensons avoir contribu� � sa chute. Mais maintenant il faut aller jusqu�au bout. Nous sommes de ce combat. Pour la Corse� Pour les Corses.


***

Un article du Monde sur le syst�me Pieri

Le "pierisme", vestige d'un monde clandestin affaibli

Les autres mouvances h�sitaient � le critiquer.


Pas d'�motion. Un agacement devant l'"enl�vement" d'un des leurs par "Paris", mais pas de pleurs. L'arrestation de Charles Pieri, le 14 d�cembre, n'a pas provoqu� en Corse le malaise qui avait suivi celle d'Yvan Colonna, le 4 juillet. Evidemment, Indipendenza, son parti, a pris sa d�fense (Le Monde du 17 d�cembre).

Personne n'a pris publiquement la parole pour se f�liciter du coup de filet policier. Mais, regrette un militant de Corsica nazione, "c'est parce qu'on est comme une secte".

Avec huit personnes mises en examen, c'est en effet tout un petit monde qui est touch� au c�ur. Hommes et femmes, originaires de Bastia, de Borgo, de Lucciana, milieux plut�t populaires, qui restent et se marient entre eux, comme dans une contre-soci�t�. Un petit club v�tu de noir, qui a ses habitudes aux tribunes du Sporting club de Bastia (SCB) ou au Caf� du centre, juste en face de l'ancien local de la Cuncolta et de la boutique du SCB. Des amis que le "chef" avait aussi plac�s dans "ses" soci�t�s et dans l'ours de l'hebdomadaire U Ribombu, organe strat�gique d�s lors qu'on veut contr�ler la famille ind�pendantiste, donner la "ligne" politique, emp�cher les dissidents d'exister.

Un petit monde et un symbole. Charles Pieri �tait l'un des derniers � reproduire, � Bastia, l'ancien syst�me d'une clandestinit� aujourd'hui tr�s affaiblie, et qui consistait � mettre en coupe r�gl�e une r�gion, comme nagu�re le FLNC Canal habituel sur Ajaccio, Fran�ois Santoni dans l'extr�me sud de l'�le, ou Jean-Michel Rossi en Balagne. La clandestinit� n'a pas d'emplois publics � proposer, mais offre, comme les clans, des salaires et des protections. Le "pierisme" ressemble � la d�rive forc�e d'un mouvement terroriste qui n'arrive pas � ses fins.

De tout cela, � Ajaccio mais aussi chez ses contemporains en militantisme, on commen�ait � avoir assez. Depuis sa sortie de prison, en mai 2002, son arriv�e avec une demi-douzaine de 605 aux "Journ�es" de Corte, les mani�res voyantes de Charles Pieri aga�aient.

Sans le dire, l'initiative prise par Edmond Simeoni, le v�t�ran d'Al�ria, de r�unir, en mai 2003, les "anciens" du FLNC pour tenter aux �lections territoriales de mars 2004 une op�ration de la derni�re chance, �tait aussi une fa�on de dire "assez".

M�me chose sur le front de la clandestinit�. Le 22 octobre 2002, un nouveau "FLNC" dissident se cr�e, en concurrence avec le FLNC-Union des combattants de Charles Pieri, dont il conteste, sans le nommer, les "d�rives". C'est la phrase de trop, qui dispara�t des futurs communiqu�s. Pieri et ses amis "descendent" eux-m�mes avec deux 4 x 4 voyants sur le cours Napol�on, � Ajaccio, pour toiser en public l'un des instigateurs de cette nouvelle branche clandestine. Depuis, le ton s'�tait fait plus doux. Chacun est dans l'expectative.

"Le juge italien Falcone avait une grande angoisse", raconte l'�crivain Gabriel-Xavier Culioli. "Il disait que quand on coupe une vieille branche de la mafia, il y a de nouvelles petites pousses, mais on ne sait pas � quoi elles ressemblent."
(A.C.)

Commentaire : nous pensons, comme nous l�avons �crit plus haut que Le Monde commet une double erreur : d�une part le syst�me Pieriste est une d�formation monstrueuse du syst�me clandestin. En second lieu, il est partie prenante d�un syst�me plus vaste r�ellement mafieux.

Le rapport du S�nat

L'�mergence d'un ph�nom�ne mafieux ?


Le terme de mafia, sans doute parce qu'il fait r�f�rence � un ph�nom�ne qui a prosp�r� dans un cadre g�ographique comparable � celui de la Corse, et parce qu'il d�signe une forme d'activit�s criminelles que l'Italie n'a toujours pas pu r�duire � n�ant, ne peut qu'inqui�ter. Est-ce la raison pour laquelle l'existence ou non d'activit�s de type mafieux dans l'�le suscite autant de controverses ? Certains responsables de la police ou de la Chancellerie, dont la commission a recueilli le t�moignage, ont cru devoir r�cuser ce terme.
En revanche, plusieurs membres du corps pr�fectoral ou de la magistrature, exer�ant ou ayant exerc� leurs fonctions en Corse, ont soulign� devant la commission l'existence de collusions constitutives, selon eux, de r�seaux de type mafieux.



(1) L'existence ind�niable d'un grand banditisme

Devant la commission, un membre d'un cabinet minist�riel comp�tent en ce domaine a d�plor� que : " la lutte contre le grand banditisme en Corse n'a pas mobilis� autant d'�nergie qu'elle l'aurait m�rit� ". Ce responsable s'est, par ailleurs, d�clar� " tr�s surpris de l'opinion, courante dans la police, selon laquelle la bande de la Brise de mer n'existait plus ". Cette d�nomination, h�rit�e du nom du caf� de Bastia que cette bande avait �lu comme quartier g�n�ral, d�signe la plus notable des associations de malfaiteurs actives dans l'�le depuis une dizaine d'ann�es.
Des contr�les renforc�s par les services fiscaux ont fait clairement appara�tre l'origine frauduleuse de nombreux investissements effectu�s en Corse.
Selon les t�moignages recueillis par la commission, il semble que " parmi les membres suppos�s de cette bande figurent plusieurs proches des mouvements nationalistes, comme les fr�res Guazzeli, dont l'un est un d�linquant notoire, et l'autre un militant, proche d'un notable de l'�le. Une dizaine de " familles " concourraient aux activit�s d�lictueuses de la Brise de mer ".
Un ancien responsable pr�fectoral a d�crit comme suit � la commission ces activit�s du grand banditisme durant les toutes derni�res ann�es :
" La Brise de mer, une association de malfaiteurs de la Haute-Corse, dispose d'un patrimoine dont l'�valuation est d�licate mais qui se situe entre 800 millions de francs et 1 milliard de francs. Il est constitu� du produit de vols � main arm�e tr�s importants, dont le Cr�dit Lyonnais en 1980 et l'Union des banques suisses en 1990, pour un butin � chaque fois �quivalent ou sup�rieur � 1 milliard de francs. Cet argent est blanchi sur place, utilis� dans l'acquisition d'�tablissements de nuit, de bars, de machines � sous. Nous le retrouvons �galement dans des casinos et cercles de jeux en Afrique et en Italie ".



(2) Les �l�ments constitutifs d'un ph�nom�ne mafieux

Selon ce m�me responsable : " la premi�re strat�gie de la Brise de mer �tait incontestablement celle de la grande criminalit�, op�rant des braquages et investissant sur place, mais elle s'est beaucoup affin�e, et on peut parler aujourd'hui de syst�me mafieux.
La Brise de mer soutient les entreprises locales qui ont quelques difficult�s � obtenir des pr�ts de la part des banquiers. Elle vient en haut de bilan et y reste parfois, en mettant en place des hommes de paille. Elle sert aussi de relais pour attendre les subventions europ�ennes dont l'octroi est toujours plus long. Bref, elle s'implante dans l'�conomie locale en l'acqu�rant.
Plus grave est sa participation � la vie politique. Longtemps, cette participation s'est faite sous forme d'aides pendant les campagnes �lectorales, puis de mani�re plus spectaculaire. D'apr�s des rumeurs persistantes mais apparemment tr�s inform�es, les r�sultats d'�lections cantonales r�centes en Haute-Corse n'ont pas �t� totalement �trangers � l'intervention d'�missaires de la Brise de mer. Il est un fait que le pr�sident du conseil g�n�ral de Haute-Corse a d�sormais parmi ses proches un interm�diaire de la Brise de mer. Cela se retrouve dans l'attribution des march�s publics et, comme il a �t� constat� par un investissement r�alis� dans un garage tenu par la Brise de mer, dans la modification imm�diate du parc automobile.
La d�marche, elle, est inqui�tante. Il s'agit non plus simplement de vivre du braquage, mais de s'implanter dans la vie �conomique et de s'immiscer dans la vie politique et, par cons�quent, de se doter d'une fa�ade d'honorabilit�.
Cette mafia corse dispose d'environ 500 comptes bancaires, d'un patrimoine immobilier important, mais les revenus d�clar�s au fisc sont d�risoires : quelque 3 000 francs par mois !

D'autres associations de malfaiteurs m�ritent �galement d'�tre bien identifi�es, comme la bande dite " du Valinco " dirig�e par M. Jean-J�r�me Colonna, qui dispose d'un patrimoine h�telier aussi important que douteux dans son financement, avec des cercles de jeux et des �tablissements ".
Ainsi sont r�unies, si ce t�moignage bien inform� est exact, les composantes d'un banditisme qui ne rel�ve plus seulement du " droit commun ", mais qui s'immisce dans la vie �conomique et politique, s'acqu�rant ainsi des soutiens " respectables ". De surcro�t, son emprise sur l'activit� �conomique lui permet d'�tendre son influence sur la population � laquelle elle peut prodiguer subsides, emplois et id�ologie. L'emprise d'un r�seau en toile d'araign�e, typique de l'organisation mafieuse, est d�j� � un stade avanc�. Ces virtualit�s doivent, d�s � pr�sent, �tre s�rieusement combattues, notamment par la r�pression financi�re, pour �viter leur extension possible.

Enfin, selon ce m�me responsable, l'implantation de la mafia italienne en Corse n'est pas un mythe : " Elle a pris pied � Cavallo il y a une dizaine d'ann�es. Si elle n'est pas encore tr�s implant�e, elle est tr�s attentive - et tel est le danger - au potentiel de l'extr�me sud de l'�le, pour l'instant pr�serv� par une application stricte de la loi littoral, et par un plan d'occupation des sols de Bonifacio qui vient d'ailleurs d'�tre annul� par le tribunal administratif de Bastia en raison de sa souplesse. Les app�tits sont consid�rables, notamment � Bonifacio, avec la volont� de cr�er un casino dans l'ancienne caserne Montlaur et des r�sidences de luxe, qui d�note des projets de blanchiment et d'investissement, les deux pouvant �tre li�s. Ces app�tits doivent �tre pris tr�s au s�rieux ".
Ce t�moignage inqui�tant rejoint celui exprim� en 1994 par le procureur g�n�ral de Bastia, M. Christian Rayss�guier, lors d'une r�union franco-italienne sur le crime organis� :
" L'implantation mafieuse dans l'�le para�t actuellement se limiter essentiellement aux importants investissements immobiliers en cours, effectu�s par la soci�t� anonyme Codil sur l'�le de Cavallo, qui fait partie de l'archipel des �les Lavezzi situ� � l'extr�me sud de la Corse, � quelques kilom�tres de la Sardaigne.
Il est permis tr�s s�rieusement de penser, au terme d'une enqu�te pr�liminaire particuli�rement laborieuse, effectu�e pendant plus d'une ann�e par le service r�gional de police judiciaire d'Ajaccio, que le financement n�cessaire � cette op�ration immobili�re a trouv� sa source dans le recyclage de l'argent de la mafia ".

Il poursuivait ainsi :
" La Corse ne para�t donc pas �tre, sauf de tr�s rares exceptions, une terre de repli, de refuge de mafieux fuyant l'action polici�re et judiciaire de leur pays. Il existe en Corse un milieu corse suffisamment organis�, actif et puissant pour ne pas laisser directement agir sur son territoire les organisations criminelles �trang�res � l'�le.
En clair, et de fa�on caricaturale, la Corse n'a pas besoin de la mafia sicilienne, calabraise ou napolitaine, elle a la sienne !
Est-il besoin de rappeler que si la population de toute l'�le ne repr�sente � peine plus de 0,50 % de la population fran�aise, 20 % des individus inscrits au fichier national du grand banditisme se trouvent ou sont originaires de l'�le de Beaut� ! ".

Ces indications infirment donc les d�n�gations de la Chancellerie, et de certains policiers, recueillies par la commission sur le caract�re mafieux av�r� de nombre de faits d�lictueux. La d�cision de cr�er, � Bastia, un p�le �conomique et financier, fort de quelques magistrats, de plusieurs agents du minist�re des finances, et qui vient d'�tre install� par le garde des sceaux, lors d'un d�placement en Corse au mois de juin 1999 appara�t donc particuli�rement opportune comme il sera vu plus loin.

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