Une extorsion de fonds pr�sum�e au pr�judice d'un village du Club M�diterran�e en Corse appara�t au C�ur de l'enqu�te sur la galaxie financi�re du nationaliste corse Charles Pieri. Un ancien g�rant du Club M�diterran�e de Sant'Ambrogio en Balagne a r�cemment envoy� un fax au juge d'instruction Philippe Courroye en charge de ce dossier dans lequel il relate comment sa soci�t� a �t� rackett�e par le FLNC en Corse.
Ce document a conduit le parquet de Paris � d�livrer mardi ,un r�quisitoire suppl�tif au juge d'instruction, ce qui lui permet d'enqu�ter sur ces faits pr�sum�s. Le fax du Club Med, m�me s�il est beaucoup moins direct qu�on n�a voulu lui faire dire, est une aubaine pour le juge Courroye
Le Club Med de Sant'Ambrogio aurait �t� approch� par la soci�t� Corsica gardiennage service (CGS), soup�onn�e par les enqu�teurs d'�tre contr�l�e en sous-main par Charles Pieri. La CGS avait pris la rel�ve de Bastia Securit� l�officine de gardiennage-transport de fonds contr�l�e � 100% par le FLNC Canal historique. Mais la CGS n�y op�rait que des actions ponctuelles.
Le Club Med aurait refus� dans un premier temps de laisser la soci�t� CGS assurer sa "s�curit�". Le 4 avril 2002, le complexe touristique est la cible d'un attentat. Le patron du Club Med aurait alors chang� d'avis, acceptant le contrat de la CGS. Pour autant, le Club Med se refuse � parler de racket. Mais on comprend � demi-mot qu�il n��tait pas question de passer � c�t� du message subliminal et explosif.
Le directeur g�n�ral Europe du Club M�diterran�e, Fran�ois Salamon, a confirm� vendredi que des salari�s avaient �t� entendus par la justice dans le cadre de cette enqu�te.
Il a donc bien confirm� que le Club employait bien "ponctuellement" les services de CGS depuis 2000, et pas seulement depuis cet attentat. Or 2000 est l�ann�e durant laquelle Jean-Michel Rossi, pr�sum� dirigeant du FLNC Canal historique puis dissident, est assassin� � �le-Rousse. Nous sommes en mesure d�affirmer que les deux faits ont une relation �troite entre eux. Nous y reviendrons dans un prochain papier.
M. Salamon a affirm� que "ces missions avaient �t� factur�es et r�gl�es" et ajout� que "le Club n'avait aucune raison de commenter une quelconque accusation de racket dans une affaire judiciaire en cours".
Vendredi, le PDG de CGS, Andr� Negroni, a �t� mis en examen et �crou� pour "abus de biens sociaux, complicit� d'abus de biens sociaux, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, extorsion de fonds en relation avec une entreprise terroriste et financement du terrorisme". Un mandat de d�p�t a �t� requis � son encontre.
La qualification d'extorsion de fonds en relation avec une entreprise terroriste est directement rattach�e � l'�largissement de l'enqu�te sur le Club M�diterran�e.
Pourtant d�un point de vue judiciaire, l�affaire est loin d��tre aussi facile � boucler. L�enqu�te doit d�terminer qu�il y a un lien direct entre l�attentat et le contrat de la CGS. Les policiers ne d�sesp�rent pas avoir des t�moignages plus probants sur cette relation.
"Les prestations ont consist� en la pr�sence d'un gardien de 22 heures � 6 heures du matin et ont �t� factur�es pour la saison �t� 2003 � 13.440,36 euros TTC" a soulign� Fran�ois Salomon. 13.440 pour un mois et demi de prestations c�est tr�s cher. Mais le prix n�est pas forc�ment la raison essentielle des pressions. La CGS a remplac� la partie gardiennage de Bastia Securit� tandis que le volet transport de fonds, a �t� remplac� par Esse d�sormais domicili� � La Punta (c�est un lieu historique mais aussi le village natal d�un bon nombre de pr�sum�s Baron de la Brise de Mer : hasard ou n�cessit� ?). � Esse � signifie modestement � �tre � .
Or la CGS a une vocation h�g�monique en Corse. Nous racontions comment elle a r�ussi � s�implanter � Sperone chassant les prestations d�un jeune homme tr�s en pointe dans l�extr�me-sud : Paul Canarelli, le fils de l�ancien maire de Figari. Ami d�un pr�sum� baron de la Brise-de-Mer en cavale depuis le casse de l�Union des Banques Suisses, Richard Casanova, il a aussi la haute main sur la bo�te de nuit qui compte � Porto-Vecchio le Via note. Sa famille est propri�taire d�un h�tel de luxe le Cala Rossa mais aussi de 600 hectares de landes qui s��tendent depuis les abords de Bonifacio jusqu�aux confins de Sart�ne.
Eh bien malgr� ses appuis cet homme a d� l�cher ses activit�s de gardiennage. C�est que CGS disposait d�un appui incontournable : celui de Francis Mariani ce pr�sum� baron de la Brise-de-Mer qui s��tait �vad� de la prison de Sainte-Claire avec son ami Charles Pieri. Tout cela cr��e des liens.
C�est dire que la CGS avait de beaux jours devant elle.
Le racket dont aurait �t� l�objet le Club Med n�a �tonn� personne Corse o� il est de notori�t� publique que les grandes entreprises continentales sont approch�es d�s leur arriv�e dans l��le. Au milieu des ann�es 1990, les attentats contre deux agences de voyages et deux h�tels de Nouvelles Fronti�res n'avaient cess� que lorsque la soci�t� a accept� d'acheter des encarts publicitaires dans l'hebdomadaire nationaliste � U Ribombu �.
Nouvelles Fronti�res est devenu l'un des sponsors du Sporting Club de Bastia, encadr� par les proches de Pieri.
� Carg�se dans le secteur du FLNC Canal historique tenu par Yvan Colonna tandis que le Canal habituel �tait dirig� par son beau-fr�re Joseph Caviglioli, Nouvelles Fronti�res et le Club Med avaient d� payer de fortes sommes et accepter de c�der au moins un h�tel � un homme de paille et employer de nombreux militants.
Autre cas d��cole : celui des Motards en Col�re qui avait d�cid� de s�installer � Bastia apr�s des discussions � amicales � avec des nationalistes locaux. Elle se heurte rapidement aux demandes exorbitantes du secteur du FLNC de Bastia. Les motards en col�re d�noncent le noyautage des salari�s, les menaces et les attentats dont ils sont les victimes.
En Ao�t 1984, une op�ration de d�m�nagement vers le continent est organis�e dans l'urgence. L'aide des militants de la FFMC est pr�pond�rante pour la r�ussite de cette op�ration qui prend des allures de commando. La fuite vers le continent a lieu dans le plus grand secret. Le lendemain, les employ�s corses d�couvriront le si�ge de leur soci�t� vide.
Un bon nombre de soci�t�s ont d�ailleurs suivi ce chemin du d�part en toute discr�tion pour �chapper au racket et aux menaces.
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