Quatre autres personnes, appr�hend�es le m�me jour, devraient �tre d�f�r�es vendredi devant le juge d'instruction au terme de leur garde � vue.
Jean-Luc Romani, l'un des responsables de l'h�tel du Golfe � Saint-Florent, Jean-Baptiste Dominici, dirigeant de la soci�t� de location de voitures Holcar, et Edouard Figarella, responsable de l'h�tel des Sablettes au Cap Corse, se sont vus notifier leur mise en examen par le juge.
Mercredi, le magistrat instructeur a proc�d� � la mise en examen de Charles Pieri, 53 ans, pour "abus de biens sociaux, recel et complicit� en relation avec une entreprise terroriste". Il a �t� incarc�r� � Fresnes.
Marina Paolini, soeur de l'ancien dirigeant de Corsica Gardiennage Service (CGS), Jean-Dominique Paolini, toujours en garde � vue a �t� mise en examen mardi pour "recel d'abus de biens sociaux" et laiss�e en libert� sous contr�le judiciaire.
Le juge Courroye est en charge d'une enqu�te ouverte pour "abus de biens sociaux" et "escroquerie � la TVA", le tout en relation avec une entreprise terroriste qui visait implicitement Charles Pieri, �g� de 53 ans.
Le responsable nationaliste a bien du souci � se faire. Car il risque d�sormais dix ans de prison apr�s le r�quisitoire suppl�tif �tendant la saisine du juge � un attentat visant le Club Mediterran�e, dans le cadre de l'enqu�te sur le nationaliste corse Charles Pieri.
Selon les enqu�teurs plusieurs des personnes interpell�es auraient plus un statut de victimes que d�acteurs du racket. Ils pensent notamment � l�ancien propri�taire de l�h�tel d�sormais g�r� par la fille de Charles Pieri, Edouard Figarella. D�apr�s le quotidien Lib�ration � leurs auditions auraient donn� un aper�u des m�thodes de gestion de l'homme d'affaires bastiais : ponctions dans la caisse, emplois fictifs au b�n�fice des proches, pr�l�vements en liquide, frais de mission exorbitants... �Pour certains de ses associ�s contraints, la vie �tait devenue un cauchemar�, selon une source proche de l'enqu�te, qui assure que la principale difficult� lors de leur audition a �t� �de vaincre la peur�. �
Les sommes ponctionn�es par Charles Pieri pourraient atteindre le milliond�euros. L'H�tel du Golfe, dont la soci�t� dirig�e par sa fille Elodie (toujours recherch�e par la police) aurait vers� 51 000 euros de salaires � Pieri, plus une somme vers�e � son compte de 100 000 euros. Il disposait �galement de la carte bleue de l'�tablissement, sur laquelle il aurait d�bit� plusieurs centaines de milliers d'euros. M�me cas de figure pour l'H�tel des Sablettes, o� sa femme aurait �t� � la fois salari�e comme secr�taire, percevant des �indemnit�s kilom�triques� correspondant � 800 km par mois, et dirigeante de la soci�t� assurant le nettoyage pour des sommes tr�s �injustifi�es par rapport au service� selon Lib�ration. Enfin, Pieri et son entourage auraient utilis� sans compter les voitures de location de la soci�t� Holcar dirig�e par Dominici. Il y en aurait pour 50 000 euros.
Les enqu�teurs estiment que pour ce qui est du ressort des infractions financi�res, le d�lit sera d�montr�.
Pour ce qui est du terrorisme les enqu�teurs vont b�n�ficier de ce t�moignage du Club M�diterran�e r�v�l� par le Figaro.
D'autres interpellations seraient imminentes dont celle d�un chef d'entreprise bastiais qui serait connu pour ses amiti�s avec des dirigeants du FLNC.
Dans la matin�e de vendredi le Club Med reconnaissait collaborer dans l�enqu�te sur le racket dont il aurait �t� la victime.
Le Club a pr�cis� dans une d�claration �crite re�ue par l'AFP, suite � des informations du Figaro, que "sur commission rogatoire, plusieurs salari�s ont �t� entendus sur les relations du Club Med avec la soci�t� Corsica gardiennage service (CGS) et ont remis � la Brigade financi�re l'ensemble des informations dont ils disposaient".
"Le Club M�diterran�e confirme qu'il collabore � l'enqu�te et a �t� amen�, dans ce cadre, � donner des �l�ments d'information concernant son village de Sant'Ambrogio (Haute-Corse)", pr�cise-t-il dans son communiqu�.
Le Figaro a �crit vendredi qu'un responsable du Club Med avait envoy� un fax au juge d'instruction Philippe Courroye, dans lequel il relatait comment sa soci�t� aurait �t� "rackett�e par le FLNC en Corse".
Le Club, qui indique ne pas souhaiter "faire de commentaires sur une proc�dure judiciaire en cours", pr�cise avoir utilis� les services de CGS depuis 2000, et pour des surveillances "ponctuelles". Le Club ajoute que ces missions de surveillance, "entre le 15 juillet et la fin ao�t, chaque saison depuis 2000", consistaient en la pr�sence d'un gardien de 22H00 � 06H00 du matin "et ont �t� factur�es pour la saison �t� 2003 � 13.440,36 euros TTC".
De source inform�e proche du Club Med, on indiquait que l'information sur le fax �tait en cours de v�rification, qu'il pourrait s'agir d'un mail, et qu'il �tait douteux que le responsable du Club Med ait parl� de "racket". On ajoute que des soci�t�s de gardiennage sont utilis�es dans plusieurs autres villages du Club dans le monde.
Le Club M�diterran�e poss�de en Corse depuis 1971 deux villages: Carg�se, pr�s d'Ajaccio qui a longtemps �t� rackett� par le secteur Carg�se du FLNC qu�Yvan Colonna est soup�onn� d�avoir �t� dirig�, et Sant' Ambrogio, pr�s de Calvi (Haute-Corse), qui sont ferm�s l'hiver. Le Club Med a longtemps eu un camp � Santa Giulia pr�s de Porto-Vecchio qui, lui aussi avait �t� racket� en son temps.
L'attentat d'avril 2002 � Sant'Ambrogio, deux jours avant une visite de Lionel Jospin dans l'�le, avait �t� qualifi� par le Club de "petit attentat".
Des suspicions de racket ont �t� r�guli�rement �voqu�es au sujet des op�rateurs touristiques en Corse.
L�article du Figaro
Le Club Med affirme avoir �t� rackett� par le FLNC en Corse
Ce fax a la puissance d'une bombe. Le juge Philippe Courroye, charg� d'enqu�ter sur les suppos�es d�rives mafieuses du clan du chef nationaliste corse Charles Pieri, a eu la surprise de recevoir r�cemment par t�l�copie le premier t�moignage direct d'un responsable du Club M�diterran�e qui raconte comment sa soci�t� a �t� victime d'une forme de racket de la part du FLNC. Cet �l�ment capital a �t� transmis depuis la Corse. Le procureur de la R�publique de Paris, Yves Bot, � l'origine de la nouvelle strat�gie financi�re qui vaut aujourd'hui � Pieri de s�journer en d�tention pr�ventive � Fresnes, a accord� au magistrat instructeur un r�quisitoire suppl�tif sur ces faits, mardi dernier, d�s qu'il en a �t� inform�.
Les faits sont-ils �tablis? Une chose est s�re: aucune des grandes soci�t�s mises � l'amende par le FLNC n'a jamais voulu coop�rer jusqu'ici avec les autorit�s pour d�noncer les pratiques de racket qui ont cours en Corse depuis des d�cennies. La m�thode qui pourrait avoir �t� employ�e contre le Club M�diterran�e se lit en filigrane dans le t�moignage transmis au juge Courroye. Le Club Med de Sant'Ambrogio (Haute-Corse) est d'abord approch� par la soci�t� Corsica gardiennage service (CGS) que la police soup�onne depuis longtemps d'�tre sous la coupe de Pieri. Elle propose d'assurer la s�curit� du site contre une forte prime. Le responsable de ce village du Club Med refuse. Peu apr�s, le 4 avril 2002, un attentat vise le complexe touristique. Et le patron du Club Med, prudent, accepte le march� de la CGS. Il ne sera plus importun�, mais il n'est pas dupe. Pas plus que la police.
�Du gardiennage au convoyage de fonds, en passant m�me par des services d'entretien et de nettoyage, les compagnons de route du nationalisme corse ont mille services � offrir � leurs clients, ironise un haut fonctionnaire, place Beauvau. Et ils ne l�sinent pas sur les moyens pour convaincre: bombes � r�p�tition, incendies de villas, de commerces, d'entrep�ts, les exemples d'intimidation sont l�gion.�
L'enqu�te confi�e � la brigade financi�re de Paris par le juge Courroye a r�v�l�, en tout cas, que d'autres soci�t�s install�es en Corse, dont au moins une entreprise de construction, auraient �t� soumises � cette forme d'imp�t sous la contrainte. �Derri�re les motifs politiques invoqu�s par les nationalistes, il y a souvent des pr�occupations purement financi�res qui rel�vent du droit commun�, affirme un magistrat parisien.
Depuis les ann�es 70, les policiers soup�onnent r�guli�rement de grandes enseignes d'avoir �t� amen�es � sponsoriser les clubs professionnels de football en Corse sous la menace. Ce fut apparemment le cas d'un grand groupe touristique dont les paillotes des villages de vacances br�laient myst�rieusement. Egalement concern�e : une c�l�bre compagnie a�rienne, dont le pr�sident achetait des espaces publicitaires dans un journal nationaliste pour avoir la paix.
Durant toutes ces ann�es, seul Jacques Dewez, le promoteur du golf de Sperone, avait bris� l'omerta en r�v�lant la tentative d'extorsion de fonds de 4 millions de francs dont il avait �t� victime en 1996. Cette affaire est �la premi�re o� un homme a eu le courage de d�noncer une entreprise de racket�, avait affirm� au moment du proc�s son avocat, Me Mario Stasi.
Aujourd'hui, Dewez n'est plus seul. Et la police maintient sa pression sur le milieu nationaliste. Hier, trois hommes pr�sent�s comme des associ�s en affaires du nationaliste Charles Pieri devaient �tre pr�sent�s au juge d'instruction Philippe Courroye en vue de leur �ventuelle mise en examen. Quatre autres personnes le seront aujourd'hui, au terme des 96 heures de garde � vue autoris�es par la loi antiterroriste.
Charles Pieri n'a pas �t� tr�s disert avec les enqu�teurs durant sa garde � vue. Le leader nationaliste, soup�onn� notamment d'avoir mis en coupe r�gl�e une myriade d'entreprises dirig�es par ses proches, se retrouve n�anmoins mis en examen pour �abus de biens sociaux, recel et complicit� et �association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste�.
L'un des avocats de Charles Pieri, Me Patrick Maisonneuve, affirmait hier au journal Le Monde que �les reproches d'ordre financier seront discut�s un � un par (son) client. En tout �tat de cause, ils ne justifient, selon lui, pas un placement en d�tention�. �Par ailleurs, pr�cise l'avocat, on ne constate pas l'existence de flux financiers entre les entreprises vis�es et un quelconque mouvement clandestin�. Le conseil de Pieri ajoute : �Faute de pouvoir mettre (son client) en cause de fa�on significative, on revient � l'accusation, toujours la m�me, de chef du FLNC.�
M�me ligne de d�fense pour Eric Barbolosi, l'autre avocat du chef de file nationaliste : �On habille l'infraction avec des rumeurs, a-t-il d�clar� au m�me journal. On ne peut pas � la fois dire qu'il est le chef du FLNC et lui reprocher de poss�der un �manuel du petit terroriste�, c'est ridicule.�
�Nous ne sommes pas des na�fs, r�plique un expert policier de l'antiterrorisme, la derni�re fois que Pieri a �t� serr�, il poss�dait chez lui un v�ritable arsenal.�
J.-M. L.
TOUT LE DOSSIER CORSE
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