Le quotidien Le Monde donne tr�s pr�cis�ment les charges qui p�sent contre Charles Pieri incarc�r� le mercredi 17 d�cembre � la prison de Fresnes.
En vieux routier de la proc�dure judiciaire, Charles Pieri, dans le bureau du juge Philippe Courroye, s'est content�, mercredi 17 d�cembre, d'une courte d�claration, couch�e sur proc�s-verbal : " Je ferai le distinguo (...). J'ai en face de moi un juge diff�rent de ceux que j'ai rencontr�s � la galerie Saint-Eloi.
" Une allusion tr�s claire aux magistrats antiterroristes qui, galerie Saint-Eloi, au Palais de justice de Paris, n'ont toujours pas d�col�r� de voir le "cas" Pieri leur �chapper, au profit d'un juge financier.
Interpell� dimanche 14 d�cembre pr�s de Bastia, le leader nationaliste a �t� mis en examen, mercredi, pour "abus de biens sociaux, recel et complicit�" et "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", puis plac� en d�tention provisoire � la maison d'arr�t de Fresnes. Mardi, Marina Paolini, employ�e de la soci�t� Corsica Gardiennage Services (CGS), une entreprise situ�e dans la "galaxie Pieri", avait elle-m�me �t� mise en examen pour "recel d'abus de biens sociaux". Sept autres proches de M. Pieri interpell�s lundi �taient toujours en garde � vue jeudi matin. Certains d'entre eux devaient �tre pr�sent�s au juge dans la journ�e.
Des faits nouveaux ont conduit mardi le procureur de Paris, Yves Bot, � d�livrer un r�quisitoire suppl�tif au juge Courroye, afin d'�tendre sa saisine � un attentat commis contre le Club M�diterran�e de Sant'Ambrogio (Haute-Corse), le 4 avril 2002, et revendiqu�, un mois plus tard, par le FLNC. Selon les enqu�teurs, cet attentat n'aurait pas �t� commandit� pour des motifs politiques : la direction du club de vacances aurait �t� "punie" pour avoir refus� de confier la protection du site � la soci�t� Corse Gardiennage Services. L'explosion du 4 avril 2002 semble avoir atteint son but puisque CGS a ensuite obtenu un contrat du Club M�diterran�e. L'enqu�te a r�v�l� que d'autres soci�t�s pr�sentes sur l'�le, dont au moins une entreprise de BTP, auraient �t� soumises � ce que la justice assimile � des extorsions de fonds.
Les policiers ont �galement mis au jour les flux financiers entre M. Pieri et une myriade d'entreprises dirig�es par ses proches. L'ensemble des d�tournements dont le chef nationaliste aurait directement ou indirectement b�n�fici� s'�l�verait � 360 000 euros. Premi�re soci�t� o� sont apparus des mouvements de fonds suspects : l'h�tel du Golfe, � Saint-Florent (Haute-Corse). M. Pieri aurait re�u, sur son compte, de cet �tablissement que sa fille �lodie avait tent� de reprendre une somme de 100 000 euros. Il aurait aussi per�u, en esp�ces, 51 000 euros du m�me h�tel pour le travail qu'il y aurait effectu� durant la "saison", et se serait servi de la carte de cr�dit de l'�tablissement pour un montant total de 400 000 euros. Par ailleurs, la SARL Corse Nettoyage entretien (CNE) lui aurait vers� de mani�re injustifi�e 17 000 euros et lou� � son profit, entre octobre 2002 et mars 2003, une voiture, pour 8 647 euros. CNE aurait aussi vers�, en 2002, � l'�pouse du chef nationaliste, Antonia Marty-Dessus, une somme de 3 500 euros sans contrepartie.
La soci�t� de nettoyage appara�t �galement dans la comptabilit� de l'h�tel des Sablettes, � Santa-Maria-di-Lotta, dans le Cap corse : trois factures de 16 000, 8 000 et 4 000 euros ont �t� �tablies sans justification apparente. L'achat de publicit�s pour l'h�tel dans l'hebdomadaire nationaliste U Ribombu, pour 3 000 euros, s'apparenterait, aux yeux des enqu�teurs, � de l'extorsion de fonds. La soci�t� CGS aurait, pour sa part, achet� des encarts publicitaires dans cette revue trois � quatre fois plus cher que le tarif habituel. Une diff�rence qui correspondrait au montant des salaires vers�s par U Ribombu � M. Pieri. L'h�tel des Sablettes a aussi vers� � Mme Marty-Dessus 15 000 euros en 2002 et 2003. Ce m�me �tablissement, dont l'un des dirigeants, �douard Figarella, aurait c�d� des parts sous la contrainte.
Enfin, la soci�t� de location de voitures Holcar, bas�e � Borgo (Haute-Corse), a mis � disposition des voitures de location, � concurrence de 50 000 euros, pour Charles Pieri et plusieurs de ses amis, parmi lesquels Charles-Philippe Paoli, que les policiers ont tent� en vain d'interpeller lundi matin. Les enqu�teurs s'interrogent aussi sur une facture de 24 000 euros que CNE a adress�e en 2002 au Sporting Club de Bastia, ainsi qu'aux indemnit�s de licenciement - 7 000 euros - vers�es par CGS � M. Pieri. Enfin, le leader nationaliste aurait fait ses courses, gratuitement, au supermarch� G�ant-Casino de Bastia. Des factures d'un montant de 32 657 euros, correspondant � des achats effectu�s en 2002 et 2003, n'ont pas �t� r�gl�es.
Par ailleurs, lors des perquisitions op�r�es le 22 octobre, un fusil de calibre 12 a �t� trouv� au domicile d'Elodie Pieri et une carabine a �t� saisie dans l'un des h�tels. Les policiers avaient �galement trouv�, au domicile de la compagne de M. Pieri, un "manuel du terroriste" r�dig� en anglais. Enfin, M. Pieri est suspect� d'avoir commandit� deux attentats ayant vis�, le 24 octobre, des policiers de la section financi�re SRPJ d'Ajaccio, qui avaient particip� la veille avec le RAID aux perquisitions dans les soci�t�s proches de M. Pieri. Ils avaient �t� revendiqu�s quelques jours plus tard par le FLNC-Union des combattants, principale organisation clandestine corse, dont M. Pieri serait, selon les policiers, le leader.
Ariane Chemin, G�rard Davet et Fabrice Lhomme
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"Suppositions et rumeurs" pour les avocats
Interrog� par Le Monde, l'un des avocats de Charles Pieri, Me Patrick Maisonneuve, a d�clar� que "les reproches d'ordre financier seront discut�s un � un par -son- client. En tout �tat de cause, ils ne justifient pas un placement en d�tention". "Par ailleurs, a ajout� l'avocat, on ne constate pas l'existence de flux financiers entre les entreprises vis�es et un quelconque mouvement clandestin. Sur la participation de M. Pieri � un mouvement militaire, l'accusation proc�de par suppositions. Faute de pouvoir le mettre en cause de fa�on significative, on revient � l'accusation, toujours la m�me, de chef du FLNC." Pour Me Eric Barbolosi, l'autre avocat de M. Pieri, "on habille l'infraction financi�re avec des rumeurs. On ne peut pas � la fois dire qu'il est le chef du FLNC, et lui reprocher de poss�der un "manuel du petit terroriste". C'est ridicule".
Notre commentaire : il est de notori�t� publique depuis les ann�es 80 que le FLNC s�enrichissait par les moyens qui sont aujourd�hui reproch�s � Charles Pieri : publicit�s surpay�es dans l�hebdomadaire U Ribombu qui doit se vendre � quelques centaines d�exemplaires, embauche syst�matique de la soci�t� de gardiennage suppos�e appartenir � l�organisation clandestine ou � l�un des chefs de l�organisation clandestine. Ainsi est ce Bastia Securit� qui a longtemps jou� ce r�le.
Lorsque Charles Pieri et Fran�ois Santoni sont pass�s de la direction du FLNC Canal historique � celle de la Cuncolta (investissement du terrain politique l�gal par le politico-militaire) ils ont �galement obtenu le statut de g�rants de Bastia Securit� et ont �t� r�mun�r�s en cons�quence. D�ailleurs Charles Pieri avait �t� mis en examen pour cette raison.
La constitution de la CGS avait donn� lieu � un affrontement avec l�adversaire direct en l�occurrence Pierre Albertini qui voulait monter sa propre soci�t� de gardiennage sur Bastia Securit�. Il sera assassin� en 1995 par un commando quasi exclusivement compos� de membres de Bastia Securit� et dirig� par un jeune homme tr�s tr�s proche de Charles Pieri.
La CGS a aujourd�hui r�ussi � � obtenir � de nombreux contrats dont celui du domaine de Sperone ce qui n�est pas un paradoxe. Pourtant sa puissance s�arr�te aux limites du grand Ajaccio. L�, ce sont des anciens du FLNC Canal habituel, amis d�Alain Orsoni, qui officient sans d�ailleurs qu�on puisse leur reprocher quoi que ce soit.
Le groupe G�ant Casino est un groupe qui pour des raisons qu�il reste � comprendre ne peut rien refuse aux militants nationalistes que ce soit � Bastia ou encore � Ajaccio. Il n�est pas rare que des dirigeants suppos�s du FLNC UC aient droit � des faveurs comme des chariots gratuits ou encore un report de dettes li�es � des achats anciens. G�ant Casino utilise souvent le vecteur du Ribombu pour sa publicit� comme hier il finan�ait le 3615 Ribombu. Charles Cappia, son dirigeant, n�est l�ennemi de personne pas plus de membres suppos�s de la Brise de mer que de nationalsites.
D�ailleurs dans le pass�, son entreprise a servi de point de chute � de nombreux militants du MPA-Canal habituel. Une fois cette organisation auto-dissoute, il a offert son immense g�n�rosit� aux militants ind�pendantistes qui, parfois, on ne peut pas le cacher, sont un peu clandestins. Mais cela Charles Cappia est trop bon pour m�me le soup�onner.
Et pour clore ce dossier, Alain Verdi militant nationaliste qui conna�t fort bien le secteur Maranna du FLNC Canal historique, celui qui comprend les communes de Lucciana et de Borgo, et aujourd�hui membre de la Chjama, s�int�resse beaucoup au transport rapide au point de vouloir monter une soci�t� concurrente de Chrono post. Est-ce pour cette raison que Chrono post conna�t beaucoup d�ennuis ? Allez savoir.
Trois hommes pr�sent�s comme des associ�s en affaire du nationaliste corse Charles Pieri dont �t� pr�sent�s au juge d'instruction Philippe Courroye � Paris en vue de leur �ventuelle mise en examen.
Il s'agit de Jean-Luc Romani, consid�r� par les enqu�teurs comme un dirigeant de l'h�tel du Golfe � Saint-Florent, de Jean-Baptiste Dominici, l'un des dirigeants de la soci�t� de location de voiture Holcar, situ�e � Borgo (et proche de Paul Natali), et d'�douard Figarella, le PDG de l'h�tel des Sablettes, au Cap Corse, qui avait annonc� � la t�l�vision qu�il n�avait subi aucune pression
C�est donc tout l��difice Pieri qui est aujourd�hui menac� car tous ces hommes sont fortement soup�onn�s d�abriter le syst�me de blanchiment de l�argent mis au point par Charles Pieri. L�un des noms int�ressants est celui de Jean-Baptiste Dominici car il fait la jonction entre l�empire Filippi (son fondateur avait �t� abattu � la veille du proc�s de Furiani) et celui de Paul Natali, entrepreneur tentaculaire de la r�gion de Bastia.
Il n�est �vident pas du tout d�montrer l�implication de ces groupes dans le montage de Charles Pieri. Mais il est certain que l�amiti� de ce dernier pour Vendasi (radical de gauche), ses contacts dans l�entourage tr�s proche de Paul Natali (UMP) et les relations historiques du FLNC avec les soci�t�s du groupe Filippi (notamment Hertz et Europcar), montrent � quel point le nationalisme affairiste avait r�ussi � s�imposer dans le paysage socio-�conomique de la Haute-Corse.
Les responsables nationalistes feraient bien, au point o� en est l�enqu�te, de se taire et de r�fl�chir sur la chute de la maison Pieri. N�est-il pas de leur int�r�t que l�affairisme soit enfin chass� de leurs rangs ? � m�diter.
En d�finitive, beaucoup de nationalistes ont r�v� d�un tel coup de balai. Sarkozy l�a fait. Qu�est-ce qu�on dit � Nicolas ?
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