Pour les nationalistes plus Charles Pieri est mise en cause par la justice plus il devient innocent. Ainsi le dirigeant Fran�ois Sargentini, par ailleurs proche tr�s proche du FLNC UC, tenait � affirmer la main sur le c�ur que Charles Pieri n�avait m�me d�rob� un centime de TVA. Or l�enqu�te s�av�re difficile.
Charles Pieri est soup�onn� d'avoir �t� le "dirigeant de fait" de plusieurs soci�t�s g�r�es par des proches, notion juridique qui d�signe celui qui exerce la r�alit� du pouvoir, dans le cadre de l'enqu�te qui a conduit � son interpellation.
"Le dirigeant de fait c'est la personne qui dans une soci�t� exerce, en toute ind�pendance, le pouvoir r�el � la place du dirigeant", explique un magistrat sp�cialiste de ces questions, qui ne peut �tre nomm�.
En soi, �tre un dirigeant de fait ne constitue pas un d�lit mais permet de sanctionner l'auteur r�el d'un d�lit �conomique (type abus de biens sociaux) en le diff�renciant de l'homme de paille plac� � la t�te de l'entreprise.
"Cette notion permet de sanctionner le dirigeant de fait comme s'il �tait dirigeant de droit. Sinon, on ne pourrait le poursuivre que comme complice de son homme de paille", raconte ce m�me magistrat.
Dans le cadre de l'affaire Pieri, qui vise des faits d'"abus de biens sociaux", "escroquerie � la TVA" et "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", la justice cherche � savoir quelle influence avait Charles Pieri sur la gestion de plusieurs soci�t�s.
"Dans son cas, on utilise ce biais du � dirigeant de fait � pour tenter d'expliquer son niveau de revenu. Mais ce sera une autre paire de manches de prouver qu'il dirige une association terroriste", poursuit ce m�me magistrat.
De l�avis de certains enqu�teurs m�me le niveau de revenu sera difficile � prouver. Au moment de la catastrophe de Furiani il avait �t� �tabli que le SCB poss�dait une double comptabilit�. Rien de plus facile que de ponctionner de l�argent liquide dans cette caisse et de le distribuer. Mais comment le d�montrer si les individus vis�s continuent de mener un train de vie normal.
On remarquera que cet engouement de la justice corse pour les trains de vie est tout r�cent. Plusieurs fonctionnaires de niveau inf�rieur ont pu en effet acheter des bars ou des soci�t�s avec des sommes sans aucun rapport avec leurs revenus sans jamais �tre inqui�t�s. Que cela change est une excellente chose. Mais alors Bastia et Ajaccio vont devoir faire un beau m�nage dans leurs propres rangs.
Charles Pieri a �t� r�cemment film� � Paris en train d�acheter quelques armes d�militaris�es avenue Voltaire. Pas de quoi fouetter un chat. Ses enfants en d�finitive risquent plus que lui. Mais c�est lui le symbole et c�est lui qu�il fallait arr�ter avant la fin de l�ann�e histoire de d�montrer que l�offensive de l��tat n��tait pas un vain mot.
De plus la justice a peur de laisser passer l��ch�ance des �lections. Selon nos informations Charles Pieri devrait figurer sur la liste nationaliste en position �ligible. Arr�ter un �lu est autre chose que d�arr�ter � un militant de base �.
Il fallait donc trouver � tout prix les preuves des turpitudes de Charles Pieri. Les policiers de la brigade financi�re (BF) de la PJ parisienne, en charge de cette enqu�te sur Charles Pieri, ont b�n�fici� d'importants moyens d'investigation.
La saisine de la BF, habitu�e aux affaires politico-financi�res retentissantes, est inhabituelle pour des faits en Corse relavant de l�anti-terrorisme. Elle est devenue plus courante pour ce qui touche au grand banditisme. L'enqu�te pr�liminaire autour des activit�s de Charles Pieri avait �t� conduite par le parquet de Bastia l'�t� dernier.
En Corse, police et justice s'�taient int�ress�es � la gestion et � la comptabilit� de M. Pieri et s'�taient aper�ues que plusieurs autres militants nationalistes pourraient �tre mis en cause dans ce dossier.
Avis�e de cette enqu�te, la Chancellerie avait ordonn� au parquet de Bastia de se dessaisir du dossier au profit du parquet de Paris, qui a une comp�tence nationale sur la lutte antiterroriste ce qui a provoqu� une mini-crise entre le parquet corse et la Chancellerie le parquet Corse arguant qu�il s�agissait d�un nouveau manque de confiance et qu�on ne pouvait � la fois vouloir promouvoir un p�le financier dans l��le pour l��carter au moment de l�assaut.
Fait inhabituel, c'est un juge du p�le financier de Paris, Philippe Courroye, et non pas l'un des magistrats sp�cialis�s dans la lutte antiterroriste, qui avait h�rit� de ce dossier visant pourtant implicitement une figure du nationalisme corse.
Le juge Courroye avait exig� de saisir les policiers de la BF en qui il "a toute confiance", selon des sources proches du dossier, avec qui il a l'habitude de travailler notamment dans la vaste affaire dite de "l'Angolagate", ce trafic d'armes pr�sum� vers l'Angola.
La BF de p�le financier parisien n'avait jamais enqu�t� directement sur les affaires corses. Dans un premier temps, il a fallu s�arranger avec les autres services de police de lutte contre le terrorisme � la direction centrale de la PJ (DCPJ) ou celle des Renseignements g�n�raux (DCRG), qui n'ont pas dissimul� leur amertume d'�tre �cart�s. Pour ce qui concerne la DNAT, elle en avait gros sur le c�ur depuis l�arrestation d�Yvan Colonna dont elle avait �t� exclue. Enfin Roger Marion est cens� chapeauter la r�gion corse depuis peu. Nicolas Sarkozy l�a remis en selle en englobant dans ses responsabilit�s cette �le dont il est tellement friand.
Une r�union au sommet a eu lieu en septembre dans le bureau de M. Courroye, toujours selon ces sources, au p�le financier.
Y assistaient, outre les responsables de la BF, les num�ros 2 de la DCPJ et DCRG, Mireille Ballestrazzi et Bernard Squarcini, ainsi que le "patron" de la division nationale antiterroriste (DNAT, de la DCPJ) habitu�e, elle, aux enqu�tes sur le terrorisme en Corse.
Dans une ambiance tendue, pr�cisent ces sources, le juge Courroye a expliqu� pourquoi il avait saisi la BF et indiqu� que celle-ci �tait comp�tente pour d�m�ler les fils d'une affaire qu'il voulait technique. Il semblerait qu�il ait r�ussi � �viter une nouvelle guerre des polices. Il est vrai que Nicolas Sarkozy a jet� tout son poids dans l�affaire expliquant qu�il ne tol�rerait pas de bavures. C�est � cette occasion qu�il a fait une fleur � Marion et qu�il a fait miroiter � Bernard Squarcini le fait de pouvoir un jour devenir le directeur des Renseignements g�n�raux, une fois Yves Bertrand parti � la retraite.
La BF a alors dispos� de moyens extraordinaires: avions gouvernementaux pour se rendre en Corse, hommes et femmes en nombre mobilis�s sur cette seule affaire, assistance du RAID, l'unit� d'�lite de la police d�sormais privil�gi�e par Nicolas Sarkozy d�s avant l�arrestation d�Yvan Colonna. Il faut dire que Sarkozy t�l�phone souvent � un homme de confiance promis � un grand avenir policier : le pr�fet de Guyane, Ange Mancini, ancien pr�fet charg� de la s�curit� pour la Corse et fondateur du Raid. Cet homme a �galement la particularit� de ne pas aimer Roger Marion.
Les policiers, - souvent en costume cravate, jamais en jean et baskets selon une source interne -, ont donc travaill� comme ils le font d'habitude, saisissant des kilos de documents comptables dans les diff�rentes soci�t�s de M. Pieri et interrogeant les personnes sur place.
Ils ont ainsi d�couvert, parfois avec surprise, qu'"en Corse on ne parle pas sur proc�s-verbal (PV)" mais plut�t en � off �, par images ou onomatop�es voire en �tant mena�ant", selon ces sources. Une fois qu�ils ont eu compris que ces � menaces � �taient souvent du vent les policiers ont fonc� malgr� quelques plasticages.
Une derni�re r�union "pour caler l'interpellation" a eu lieu vendredi avec M. Courroye. Mais d�j� en Corse courrait la rumeur que � Charles serait arr�t� avant la fin de l�ann�e �.
Dimanche, le RAID et la BF ont donc interpell� en douceur Charles Pieri, ex-dirigeant ind�pendantiste d'A Cuncolta Indipendentista (devenue Indipendenza) et figure du nationalisme corse.
Selon certaines sources, il y a toutes les chances que le juge �mette un mandat de d�p�t au moins pour Charles Pieri. Apr�s il restera � la justice d��tre probante pour ne pas transformer cet homme d�cri� jusque dans les rangs nationalistes en un martyr. Il faudra donc que la communication soit habile et s�rieuse.
Pour l�instant, l�arrestation de Charles Pieri en arrange plus d�un au sein m�me de sa propre mouvance. � C�est encore le meilleur service que Charles pouvait nous rendre, plaisante un rien cynique un membre d�Indipendenza. Non seulement il n�est plus l� mais il va sortir blanchi de cette affaire et nous aurons une figure de proue � mettre en avant pour d�montrer la perversit� de Nicolas Sarkozy. En d�finitive, nous avons le m�me but : lui, il veut mettre en avant le cas Corse comme un repoussoir pour les Fran�ais. Nous, on a envie d��tre ce repoussoir pour faire avancer les id�es ind�pendantistes. �
TOUT LE DOSSIER CORSE
|
|