Corse: une dizaine d'interpellations dans l'entourage de Charles Pieri
Dec 16, 2003
Une dizaine d'interpellations ont eu lieu lundi matin en Corse dans l'entourage du nationaliste corse Charles Pieri, qui �tait toujours en garde � vue � la brigade financi�re.

Ces interpellations effectu�es par la brigade financi�re de la PJ parisienne et le RAID ont eu lieu � Ajaccio et � Bastia et des membres de la famille de M. Pieri, dont son �pouse, figurent au rang des interpell�s, a-t-on pr�cis� de source polici�re. Des associ�s, dont au moins un comptable, ont �galement �t� arr�t�s.

Elles font suite � l'interpellation du responsable nationaliste corse dimanche en Corse, dans le cadre d'une enqu�te financi�re instruite � Paris depuis septembre.

Huit proches de Charles Pieri ont �t� interpell�s en Corse lundi, au lendemain de l'arrestation de l'ancien dirigeant nationaliste dans le cadre d'une enqu�te financi�re, a-t-on appris de source polici�re.

Les personnes interpell�es devraient �tre transf�r�es dans la journ�e pour �tre plac�es en garde � vue dans les locaux de la brigade financi�re de Paris, o� Charles Pieri a �t� transf�r� d�s dimanche, a-t-on pr�cis� de m�me source.

Parmi elles figurent Andr� N�groni, dirigeant de Corsica gardiennage service (CGS), et Marc Ninu, le comptable du Sporting club de Bastia, d�j� interpell� il y a quelques semaines.

Les enqu�teurs auraient �galement arr�t� des personnes ayant des liens financiers avec le nationaliste, notamment le propri�taire d'un h�tel et celui d'une soci�t� de location de voitures, un ancien tr�sorier de la Cuncolta vivant � Ajaccio, ainsi que l'�pouse de Charles Pieri, Antonia Marty-Dessus.

Charles Pieri �tait toujours en garde � vue lundi matin � la brigade financi�re � Paris (XIIIe) charg�e de cette affaire sur instruction du juge parisien du p�le financier Philippe Courroye. Les personnes interpell�es devaient �tre entendues par les enqu�teurs en Corse.

Une trentaine de policiers de la brigade financi�re sont partis dimanche soir de Paris en Corse afin de proc�der � ce coup de filet qualifi� de "suite logique" � l'enqu�te en cours depuis septembre.

Charles Pieri a �t� arr�t� sans heurt pr�s de Bastia avec l'assistance des hommes du RAID, alors qu'il accompagnait son petit-fils pour un match de football dans un petit stade de la banlieue bastiaise, � Biguglia.

Il a ensuite �t� transf�r� � Paris, o� il a �t� plac� en garde � vue dans les locaux de la brigade financi�re de la police judiciaire parisienne, rue du Ch�teau-des-Rentiers (XIIIe arrondissement), charg�e de l'enqu�te.

Les mesures de s�curit� avaient �t� renforc�es dimanche devant ce b�timent, selon une source polici�re. Des pr�cautions y avaient d�j� �t� prises pr�c�demment.

Cette interpellation est le fruit d'"un travail de tr�s longue haleine" qui n'est "peut-�tre pas termin�", a comment� dimanche depuis Dakar le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy.

Depuis plusieurs semaines, il ne se cachait pas de faire de Charles Pieri une cible prioritaire dans la lutte contre ceux qu'il d�crit comme des "nationalistes mafieux".

Charles Pieri, qui se pr�sente comme "simple militant" mais � qui les policiers pr�tent toujours une influence pr�pond�rante dans le nationalisme tant politique que clandestin, se d�pla�ait beaucoup et �tait surveill� en permanence par des hommes du RAID, selon une source polici�re.

L'information judiciaire contre X, ouverte en septembre, vise des faits d'"abus de biens sociaux", "escroquerie � la TVA" et "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Elle est instruite par M. Courroye.

Le 21 octobre, une s�rie de perquisitions avait �t� effectu�e sur commission rogatoire dans des soci�t�s que les enqu�teurs pensent �tre g�r�es directement ou indirectement par Charles Pieri, des membres de sa famille et des proches.

D'importantes quantit�s de documents ont �t� saisies et analys�es par les enqu�teurs pour v�rifier si des malversations suppos�es rel�vent du terrorisme ou de l'activit� clandestine.

Plusieurs perquisitions ont �t� men�es dans le cadre de cette enqu�te notamment dans des entreprises g�r�es par les proches de M. Pieri interpell�s lundi, comme Corsica Gardiennage Services (CGS), ainsi que dans les clubs de football de Lyon et Bastia.

Le 6 novembre, lors d'une conf�rence de presse, la famille de Charles Pieri avait tenu � affirmer qu'aucun �l�ment ne pouvait �tre retenu � charge contre lui. Elle avait d�nonc� "une entreprise de d�stabilisation de l'union entre nationalistes".

Si Charles Pieri n'exerce plus, officiellement, de responsabilit� au sein de la mouvance nationaliste corse, il reste un militant tr�s actif, �ditorialiste du journal "U Ribombu" et un leader de tout premier plan.

Son interpellation intervient au moment o� s'ouvre une semaine d�cisive pour la constitution d'une ou de deux listes nationalistes aux �lections territoriales de mars 2004.

Suivent les articles de Lib�ration, du Parisien et du Monde

Le �simple militant� Pieri rattrap� par la justice
Par Marc PIVOIS


�Un simple militant qui n'a qu'� tousser pour que, la nuit suivante, on compte trois attentats.� Un ancien militant ind�pendantiste .

Le nationaliste corse Charles Pieri a �t� interpell� dimanche pr�s de Bastia dans le cadre d'une enqu�te financi�re. Pieri a �t� arr�t� par des hommes du RAID � Biguglia, alors qu'il se rendait avec son petit-fils � un match de football.

Charles Pieri se montrait beaucoup moins depuis quelques semaines. Il n'avait m�me pas assist� aux derni�res conf�rences de presse d'Indipendenza et de Corsica Nazione, les mouvements gigognes dont il �tait l'un des dirigeants de fait. M�me celle visant � �protester� contre le �harc�lement judiciaire� dont les nationalistes l'estimaient victime. A 53 ans, il se d�pla�ait beaucoup, vaquant � ses affaires. Des affaires qui pourraient servir d'appui aux policiers pour le faire tomber. Depuis le mois de septembre, une enqu�te pour abus de biens sociaux a d�bouch� sur une s�rie de perquisitions, notamment dans des �tablissements, h�tels, magasins dont il avait pris le contr�le, le plus souvent par l'interm�diaire de sa famille. Mais, s'il se doutait que son interpellation ne saurait tarder, il ne se cachait pas pour autant. Hier, alors qu'il accompagnait son petit-fils au stade de Furiani, il a �t� cueilli par les hommes du Raid alors qu'il sacrifiait � l'une de ses passions, le football o� il soutenait l'�quipe du SC Bastia. Les policiers, qui le surveillaient de tr�s pr�s, ont probablement choisi ce moment pour des raisons de s�curit� : en pr�sence de l'enfant, il y avait peu de risques pour que l'arrestation du chef nationaliste, consid�r� comme le vrai patron du FLNC, soit trop �d�licate�. Il a �t� conduit dans la journ�e dans les locaux de la brigade financi�re de Paris.

Lors de sa pr�c�dente arrestation, en septembre 1998, alors que les policiers venaient arr�ter son fils Christophe et son fils adoptif St�phane Sbraggia, recherch�s pour le meurtre d'un militant �tudiant, un arsenal (pistolets-mitrailleurs, armes de poing, munitions) avait �t� d�couvert chez lui. Il avait �t� condamn� � cinq ans de prison.

Brise de Mer. La prison, �Carlu� Pieri la conna�t bien. D�s la fin des ann�es 70, l'employ� aux �critures de la ville de Bastia, o� il est n�, milite dans les rangs nationalistes. En 1982, premi�re incarc�ration. Il est alors soup�onn� d'avoir particip� � l'attaque d'un camp de la L�gion �trang�re au cours de laquelle un militaire a �t� tu�. Il n'attend pas son jugement : en janvier 1984, il s'�vade de la prison de Borgo en compagnie de l'un de ses amis bastiais, Francis Mariani. L'homme n'est pas du tout nationaliste, mais c'est l'un des patrons du gang mafieux de la Brise de Mer, sp�cialis� dans l'attaque de banques et de fourgons blind�s sur le continent. Vingt ans plus tard, nombre d'observateurs estiment que les anciens braqueurs de la Brise r�gnent en ma�tres sur une bonne part de l'�conomie du nord de l'�le.

Mais cette �vasion donne du galon � Pieri. D'autant que sa t�te sera mise � prix en 1987 par Pasqua, avant qu'il ne soit acquitt� et ne participe, avec le m�me Pasqua, aux n�gociations entam�es par le gouvernement en 1993-1994. Il est alors � la t�te de la Cuncolta Naziunalista, avec Fran�ois Santoni. Les deux hommes se partagent surtout la direction du FLNC, Pieri pour le Nord, Santoni pour le Sud. Ces ann�es sont aussi les �ann�es de plomb� du nationalisme. Le mouvement �clate. FLNC-Canal historique et Canal habituel se livrent une guerre sans merci qui fait plusieurs dizaines de morts. Le 1er juillet 1996, sur le Vieux-Port, alors que la saison touristique vient de commencer, Pieri sort des locaux de Bastia Securita, qu'il dirige. Un v�hicule pi�g� explose. Son ami et �secr�taire�, Pierre Lorenzi, meurt. Lui-m�me est gri�vement bless�, perdant un �il et une partie de l'ou�e.

Durant sa d�tention, apr�s l'arrestation de septembre 1998, il va �participer� et donner son aval aux accords de Matignon par l'interm�diaire de Jean-Guy Talamoni et de ses �ditoriaux dans le journal U Ribombu. Deux de ses anciens compagnons d'armes, devenus ennemis jur�s, Jean-Michel Rossi puis Fran�ois Santoni, oppos�s au processus de Matignon, seront abattus. Un par un, quasiment tous les membres d'Armata Corsa, mouvement cr�� par Santoni et Rossi, seront physiquement �limin�s au cours de l'automne 2001. Les assassins pr�sum�s sont sous les verrous : ils appartiennent � la mouvance de la Brise de Mer. Au premier rang, Jacques Mariani, le fils de Francis Mariani, qui s'�tait �vad� avec Charles Pieri dans les ann�es 80.

H�tels. Depuis sa sortie de prison, en mai 2002, Pieri s'affirme �simple militant� nationaliste. Cela fait beaucoup rire, notamment lorsqu'il participe aux discussions entre nationalistes � Corte, cet automne. �Un simple militant qui n'a qu'� tousser pour que, la nuit suivante, on compte trois attentats�, s'amuse un ancien militant. Les enqu�teurs ont tent� de le prendre en �tau entre ses activit�s �commerciales� et celles, semble-t-il, li�es � la clandestinit�. Des coups importants ont �t� port�s r�cemment avec l'arrestation de militants du FLNC-Union des combattants et d'un mouvement satellite, Resistenza Corsa, sp�cialis� dans les attentats contre des Maghr�bins. Deux plastiqueurs, interpell�s en flagrant d�lit, auraient agi pour le compte des deux mouvements. Ces deux employ�s de Corsica Gardiennage Service, une soci�t� � laquelle Charles Pieri est li� par son fils, auraient beaucoup parl� depuis leur arrestation.

Dans le m�me temps, les enqu�teurs ont auscult�, � coups d'�coutes et de perquisitions, plusieurs des affaires dont �Carlu� s'occupait. Transfert de joueurs pour le SC Bastia, magasin de sport, armurerie, mais surtout l'h�tel du Golfe et les Sablettes, qu'il contr�lait par l'interm�diaire de sa fille �lodie, g�rante de Corsica Hotels & Resorts (CHR), mais aussi de sa jeune �pouse, g�rante de la soci�t� de nettoyage Corsica Nettoyage Service. Exemple des m�thodes du boss : le g�rant de l'h�tel des Sablettes, pr�s de Bastia, avait d� non seulement �accepter� de prendre pour associ� majoritaire CHR, mais aussi, la saison derni�re, ne plus r�embaucher les femmes de m�nage habituelles et sous-traiter � la soci�t� de nettoyage de Mme Pieri, pour un co�t bien plus �lev�. Dans cette soci�t� de nettoyage, on retrouve, preuve de la convivialit� bastiaise, la compagne de... Francis Mariani, le boss de la Brise de Mer.

Aujourd�hui/Le Parisien


Nicolas Sarkozy en a fait un de ses objectifs prioritaires : confondre Charles Pieri, d�j� au centre de plusieurs enqu�tes financi�res. Le leader nationaliste, qui changeait de domicile quasiment tous les jours, a �t� arr�t� hier pr�s de Bastia.


IRONIE DU SORT, Charles Pieri a �t� interpell� hier apr�s-midi alors qu'il se rendait au stade de Biguglia, pr�s de Bastia (Haute-Corse), pour accompagner son petit-fils � un match de football. Fin novembre, les locaux du Sporting Club de Bastia (SCB) et de l'Olympique lyonnais (OL) avaient �t� perquisitionn�s dans le cadre de l'enqu�te financi�re visant implicitement l'ex-leader nationaliste. Les enqu�teurs cherchaient � d�terminer le r�le exact de l'ind�pendantiste dans plusieurs transferts de joueurs. Le ballon rond, dont Pieri est un fervent amateur, ne lui porte donc plus chance. Il a �t� arr�t� sur la route de Biguglia par les officiers de la brigade financi�re de Paris avec l'assistance du Raid, sur commission rogatoire du juge d'instruction Philippe Courroye, qui enqu�te sur des faits d'� abus de biens sociaux � et d'� escroqueries � la TVA �.

Un � m�rissement normal de l'enqu�te �

Depuis le d�but de l'enqu�te en septembre, les policiers - notamment ceux du Raid d�j� � l'origine de l'arrestation d'Yvan Colonna - avaient not� que Charles Pieri changeait de domicile quasiment tous les jours. � Ce n'�tait pas franchement une rupture avec son mode de vie habituel, raconte un policier. Mais il prenait plus de pr�cautions. � Il �tait �troitement surveill�. Selon une source proche du dossier, cette interpellation est le r�sultat d'un � m�rissement normal de l'enqu�te �, qui a, cependant, � avanc� plus vite que pr�vu �. Le juge d'instruction et les enqu�teurs financiers charg�s du dossier, dont les investigations sont suivies de pr�s par le minist�re de l'Int�rieur, auraient recueilli les � �l�ments suffisants � permettant cette interpellation.

� Ce montage politique ne changera rien ! �

Nicolas Sarkozy a fait de cette enqu�te sensible l'un des symboles de la lutte contre la mafia en Corse. Le ministre de l'Int�rieur soup�onne l'ex-patron du FLNC d'�tre l'un des � parrains � de l'�le que le gouvernement souhaiterait voir tomber � la mani�re d'un Al Capone. � Plusieurs aspects du dossier concourent � d�montrer que Charles Pieri se trouvait au centre d'un r�seau qui le pourvoyait en argent �, estime un enqu�teur. Selon une source polici�re, Pieri devrait �tre interrog�, notamment sur des virements troublants sur son compte personnel dans le cadre de l'enqu�te visant l'h�tel du Golfe � Saint-Florent, dont il est soup�onn� d'avoir �t� le g�rant de fait. Des soup�ons d'emplois fictifs planent �galement sur le complexe �cheveau de soci�t�s li�es � la n�buleuse nationaliste (gardiennage, location de voitures, soci�t�s de nettoyage...). Pieri a �t� transf�r� � Paris d�s hier soir par avion sp�cial militaire et plac� en garde � vue dans les locaux de la brigade financi�re (XIII e arrondissement), qui fait l'objet depuis hier d'une surveillance renforc�e. La nouvelle de cette arrestation n'a pas laiss� sans voix les nationalistes, qui d�noncent depuis le d�but de l'enqu�te un r�glement de compte politique. � Cette op�ration vise � affaiblir notre sensibilit� politique, alors que tous les partis nationalistes vont se r�unir mercredi pour d�terminer les t�tes de liste dans le cadre des �lections territoriales, nous a indiqu� Fran�ois Sargentini, d�l�gu� du mouvement Indipendenza. Mais ce montage politique ne changera rien ! � Sur le fond du dossier, Fran�ois Sargentini est formel : � Je connais Charles Pieri depuis vingt ans, affirme-t-il. Je sais qu'il n'a organis� ni blanchiment d'argent ni escroquerie � la TVA. Si on lui reproche une simple location de voiture ou une erreur de 1 000 F dans la recette, cela va faire rire les Corses. � L'enjeu est maintenant de savoir si Pieri doit ou non �tre plac� en d�tention provisoire. Lors de sa pr�c�dente arrestation en 1998, les policiers avaient trouv� un v�ritable arsenal � son domicile, qui avait justifi� une incarc�ration prolong�e. Hier, il n'avait pas la moindre arme sur lui.
Christophe Dubois
Le Parisien , lundi 15 d�cembre 2003

Sarkozy : �un travail de tr�s longue haleine�


Le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy a d�clar� aujourd'hui que l'interpellation pr�s de Bastia du nationaliste corse Charles Pieri �tait le fruit d'un �travail de tr�s longue haleine� qui n'est �peut-�tre pas termin�.

�Cela a �t� un travail de tr�s longue haleine. Ce n'est peut-�tre pas termin�, a-t-il dit � Dakar au d�but d'une visite au S�n�gal.

M. Sarkozy a �tabli une comparaison avec l'arrestation le 4 juillet de l'assassin pr�sum� du pr�fet Erignac Yvan Colonna: �pour tout le monde cela avait �t� un moment cl�. Pour nous, non car cela avait �t� pr�par� pendant des semaines, des mois�.

Apr�s s'en �tre pris aux �nationalistes mafieux� lors de sa derni�re visite en Corse, Nicolas Sarkozy n'avait pas cach� faire de Charles Pieri une cible prioritaire.


Le Monde


Consid�r� par la police comme le dernier chef historique vivant du FLNC, il est implicitement vis� par une information judiciaire contre X, ouverte courant septembre.


Le responsable nationaliste corse Charles Pieri a �t� interpell� en Corse, dimanche 14 d�cembre, dans le cadre de l'enqu�te financi�re instruite � Paris depuis septembre, ont indiqu� des sources polici�res. Il �tait toujours en garde � vue lundi.

Une dizaine d'interpellations ont �galement eu lieu lundi � Ajaccio et � Bastia, dans l'entourage de M. Pieri.

Charles Pieri a �t� arr�t� sans heurts en d�but d'apr�s-midi pr�s de Bastia avec l'assistance des hommes du RAID, alors qu'il accompagnait son petit-fils au stade de Furiani. Il devait �tre transf�r� en cours d'apr�s-midi dans les locaux de la brigade financi�re de la police judiciaire parisienne (XIIIe arrondissement), charg�e de l'enqu�te. Les mesures de s�curit� avaient �t� renforc�es dimanche matin devant ce b�timent.

Depuis plusieurs jours, Charles Pieri, qui se d�pla�ait beaucoup, �tait particuli�rement surveill�, selon une source polici�re. S'il se pr�sente comme un "simple militant nationaliste", il semble une cible prioritaire dans la guerre engag�e par le ministre de l'int�rieur Nicolas Sarkozy contre les "nationalistes mafieux". Faute de pouvoir l'accrocher pour des faits de terrorisme, M. Sarkozy a dit qu'il le verrait bien "tomber" pour des d�lits financiers, "comme Al Capone".

LE "MIRACUL�" DU NATIONALISME CORSE

Une information judiciaire contre X, visant implicitement Charles Pieri, a �t� ouverte courant septembre et vise des faits d'"abus de biens sociaux", "escroquerie � la TVA" et "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Elle est instruite par le juge parisien, sp�cialis� dans les affaires �conomiques et financi�res, Philippe Courroye.

Plusieurs perquisitions ont �t� men�es dans le cadre de cette enqu�te notamment dans des entreprises g�r�es par des proches de Pieri, comme Corsica Gardiennage Services (CGS), ainsi que dans les clubs de football de Lyon et Bastia. Les policiers se sont notamment int�ress�s aux transferts r�cents entre les deux clubs de deux joueurs, Micka�l Essien et Fr�d�ric N�e. Ils tentent de v�rifier si les commissions vers�es � l'occasion de mutations de joueurs l'ont �t� dans les r�gles.

Selon une source proche de l'enqu�te, Charles Pieri n'appara�t pas comme g�rant ou dirigeant des soci�t�s concern�es, mais il est parfois charg� de missions, comme celle de responsable de travaux � l'h�tel des Sablettes � Santa Maria di Lota pr�s de Bastia. Il appara�t une fois comme salari�, en qualit� de directeur du personnel de l'h�tel du Golfe � Saint-Florent, en Haute-Corse, g�r� par sa fille. Reste d�sormais � savoir si un lien peut �tre �tabli entre des malversations suppos�es et des faits relevant du terrorisme ou de l'activit� clandestine. "Jusqu'� pr�sent on est dans une enqu�te d'enrichissement personnel", assure un enqu�teur.

Charles Pieri est consid�r� par la police comme le dernier chef historique vivant du FLNC, qui a travers�, en miracul�, l'histoire sanglante des dix derni�res ann�es du nationalisme corse. �lev� par le journal ind�pendantiste U Ribombu au rang de "figure charismatique" du mouvement, Carlu Pieri (son nom en corse), 53 ans, ex-employ� aux �critures des HLM de Bastia, a forg� son mythe dans le maquis en versant son propre sang, mais aussi en prison. Ancien dirigeant d'A Cuncolta Indipendentista (devenue Indipendenza) pour la Haute-Corse, vitrine politique du FLNC-Canal historique puis de l'actuel FLNC-Union des Combattants (FLNC-UC), il n'est plus, officiellement, que simple militant depuis sa sortie de prison en mai 2002.

Les apparitions publiques de cet homme au cheveu grisonnant mais au physique toujours imposant sont tr�s remarqu�es, que ce soit sur les bancs du public au proc�s Erignac, en juin 2003 � Paris, ou comme t�moin au proc�s de son fils Christophe, acquitt� d'un meurtre en 2002 par la cour d'assises de Bastia, devant laquelle les t�moins s'�taient d�rob�s. Le 9 septembre, � Corte, lors d'une r�union de tous les mouvements nationalistes sur la violence clandestine, il dirigeait les d�bats.



Charles Pieri interpell� dans le cadre d'une enqu�te financi�re


Le responsable nationaliste corse a �t� plac� en garde � vue, dimanche 14 d�cembre, � Paris. Huit membres de son entourage, interpell�s lundi matin, devaient le rejoindre dans la journ�e. M. Pieri est soup�onn� d'�tre le dirigeant de fait de plusieurs soci�t�s g�r�es par des proches.


Lundi matin 15 d�cembre � l'aube, les policiers, agissant sur commission rogatoire du juge parisien Philippe Courroye, ont proc�d� � huit interpellations en Haute-Corse dans l'entourage de Charles Pieri, qui avait �t� arr�t� la veille. Le leader nationaliste est implicitement vis� depuis septembre par une information judiciaire ouverte pour "abus de biens sociaux ", " escroquerie � la TVA" et " association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".
Les personnes interpell�es ont �t� imm�diatement conduites � la base militaire de Solenzara, d'o� elles devaient �tre transf�r�es � Paris dans la journ�e.

Ces huit personnes appartiennent toutes � l'entourage proche de Charles Pieri. Parmi elles figure Andr� Negroni, patron de Corsica gardiennage services (CGS) et pr�sident du directoire de l'hebdomadaire nationaliste U Ribombu. �galement interpell�s, Marc Ninu, le comptable du Sporting club de Bastia (SCB) et Jean-Luc Romani, consid�r� par les enqu�teurs comme un dirigeant de l'h�tel du Golfe, � Saint-Florent. Les policiers ont aussi arr�t� Jean-Dominique Paolini, ancien responsable de CGS, ainsi que sa femme, Marina. �galement interpell�s, Edouard Figarella, le patron de l'h�tel des Sablettes, situ� � Santa-Maria-di-Lotta, dans le Cap Corse et Jean-Baptiste Dominici, l'un des dirigeants d'une soci�t� de location de voitures, Holcar, bas�e � Borgo, en Haute-Corse. Enfin, les policiers ont arr�t� l'�pouse de Charles Pieri, Antonia Marty-Dessus.

COMME UN G�RANT

Dimanche en d�but d'apr�s-midi, Charles Pieri avait �t� "cueilli" en douceur par les policiers du RAID, sp�cialis�s dans les interpellations "d�licates", alors que le leader nationaliste accompagnait son petit-fils dans un petit stade de la plaine orientale, � Biguglia, en plein fief de l'ancienne Cuncolta bastiaise. Charles Pieri avait �t� imm�diatement emmen�, en convoi, � Solenzara, d'o� il avait �t� transf�r� en avion sur la base a�rienne de Vilacoublay (Yvelines). L'ancien chef de la Cuncolta avait ensuite �t� conduit, en fin d'apr�s-midi, dans les locaux de la brigade financi�re, rue du Ch�teau-des-rentiers, dans le 13e arrondissement de Paris, o� il s'�tait vu signifier le d�but de sa garde � vue - qui se poursuivait lundi matin. Huit de ses proches devaient conna�tre le m�me sort lundi apr�s-midi.

"Si le juge Courroye a d�cid� de l'interpeller, c'est qu'il a sans doute les �l�ments pour le faire", a simplement d�clar� au Monde Nicolas Sarkozy, dimanche, lors d'un d�placement au S�n�gal. "Cela a �t� un travail de tr�s longue haleine. J'avais dit qu'il �tait temps de mettre un terme � certaines pratiques et d�rives", a encore expliqu� le ministre de l'int�rieur. "Ce ne sont pas des id�es qui sont combattues mais des comportements. S'il y a des interpellations, c'est qu'il y avait des faits", a-t-il insist�, soulignant que "sur l'�le comme sur le continent, chacun doit pouvoir r�pondre de ses actes". Depuis plusieurs mois, M. Sarkozy avait multipli� les confidences sur son souhait de "faire tomber comme Al Capone"celui qui est soup�onn� d'�tre l'animateur de la principale organisation nationaliste, Indipendenza, vitrine l�gale du FLNC-Union des combattants.

Les enqu�teurs tentent d'�tablir que Charles Pieri est le dirigeant de fait de plusieurs soci�t�s g�r�es par des proches. C'est notamment le cas de l'h�tel du Golfe, � Saint-Florent, un port touristique de Haute-Corse, que �lodie Pieri, la fille du chef nationaliste, a tent� de reprendre par l'interm�diaire de la SARL Corsica H�tels et Resorts, cr��e en 2001 (Le Monde du 8 octobre).

Les enqu�teurs se sont aper�us en juillet que le leader nationaliste se comportait comme un g�rant de l'�tablissement, dans lequel il n'avait pourtant aucune fonction officielle. Sur place, ils ont notamment not� que M. Pieri donnait des instructions au personnel. En examinant les comptes bancaires de M. Pieri, qui porteraient la trace de nombreux mouvements suspects, les enqu�teurs ont notamment d�couvert que l'ancien secr�taire national d'A Cuncolta avait b�n�fici�, cet �t�, d'un ch�que de 100 000 euros en provenance de l'H�tel du Golfe.

L'enqu�te a �galement mis en lumi�re le r�le jou�, dans l'ombre, par Charles Pieri au sein du Sporting club de Bastia, dont il serait �galement un dirigeant de fait. Les policiers s'int�ressent notamment � deux transferts de joueurs r�alis�s cet �t� : celui de Micka�l Essien, pass� de Bastia � Lyon pour 8 millions d'euros, et celui de Fr�d�ric N�e, qui a effectu� le chemin inverse, moyennant 3 millions d'euros.

Les enqu�teurs soup�onnent Charles Pieri d'�tre intervenu dans le cadre de ces transferts, alors qu'il n'occupe aucune fonction officielle au Sporting. Grand amateur de football, M. Pieri dispose de sa place de parking au SCB et assiste r�guli�rement aux matches, allant jusqu'� accompagner les joueurs lorsqu'ils jouent � l'ext�rieur.

"CONTRATS FORC�S"

Plusieurs t�moignages confirment que M. Pieri a jou� un r�le dans ces transactions. L'agent de joueurs Jean-Pierre Bern�s avait ainsi d�clar� au Monde qu'il avait bien "�t� en contact avec Charles Pieri � l'occasion du transfert d'Essien". "Je ne savais pas exactement qui �tait Pieri, mais je me souviens qu'il se pr�sentait comme un dirigeant du club bastiais", avait indiqu� M. Bern�s (Le Monde du 29 novembre). Le pr�sident de l'Olympique lyonnais (OL), Jean-Michel Aulas, avait quant � lui d�clar�, � propos du transfert de Micha�l Essien : " Il a d� y avoir un contact verbal avec - Charles Pieri - lors de la transaction, mais son nom n'appara�t sur aucun document".

Autre piste explor�e par les enqu�teurs : celle des emplois fictifs dont auraient b�n�fici� plusieurs personnes situ�es dans l'entourage de M. Pieri, qui auraient �t� embauch�es dans des soci�t�s "proches" du chef nationaliste. Enfin, les policiers s'int�ressent � ce qu'ils qualifient de "contrats forc�s" : des particuliers ou des entreprises auraient �t� contraints de faire affaire avec des soci�tes situ�es dans la "galaxie Pieri".

Ariane Chemin, G�rard Davet et Fabrice Lhomme
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Le SC Bastia, le "club de tous les Corses"


Le club de football du SC Bastia, au c�ur de l'enqu�te financi�re visant le nationaliste Charles Pieri, est "le club de tous les Corses, des nationalistes au RPR, en passant par les communistes", avait d�clar�, jeudi 27 novembre, � l'issue d'une perquisition, son secr�taire g�n�ral, Jean-Martin Verdi. "Ce club est fier de repr�senter tous les Corses et Pieri est un homme de ce pays", avait soulign� le dirigeant bastiais, en regrettant le "d�ferlement des forces polici�res et m�diatiques" dont il est l'objet. "On attaque des individus sur de simples rumeurs", avait-il ajout�.

"Nous n'avons rien � cacher. Ce club appartient � des hommes de Corse, notre plus grand plaisir serait que la Corse devienne ce que ce club est devenu", avait-il encore d�clar�. Selon lui, "pr�s de 100 % des dirigeants sont des b�n�voles et le club fait vivre directement 300 familles". "Nous prenons un coup s�v�re au niveau de l'image par rapport � nos sponsors", avait conclu le dirigeant, assurant que "le club - allait - �tudier, avec son conseiller, les recours juridiques possibles".

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