DOSSIER / L�extr�me gauche fran�aise au c�ur des pr�occupations politiques.
Nov 4, 2003
La LCR aura r�ussi son premier pari : faire en sorte qu�on ne parle que d�elle. Son sigle est dans la bouche de tous les hommes politiques et fait de l�ombre � Lutte Ouvri�re.

Le XVe congr�s de la Ligue communiste r�volutionnaire, r�uni � La Plaine-Saint-Denis � aura �t� un de nos meilleurs congr�s", se f�licitait, Alain Krivine, porte-parole et dirigeant historique de la LCR, qui se r�jouissait tout aussit�t de la "diversit� des d�l�gu�s, des jeunes, des syndicalistes, des anciens du PC..." et de "la qualit� des participants et des d�bats".

Repouss� de juin � novembre pour cause de mouvement social dans lequel la LCR s'est totalement engag�e, ce congr�s aura �t� celui qui prend acte des changements majeurs qui ont transform� ce parti depuis le succ�s de son candidat � l'�lection pr�sidentielle de 2002. Le jeune facteur Olivier Besancenot avait rassembl� 4,25% des voix au premier tour. Les trois candidats trotskistes avaient recueilli plus de 10% des suffrages.

Le combat contre la pr�sence du pr�sident du Front national Jean-Marie Le Pen au second tour a donn� plus de lisibilit� politique � ce qui �tait jusque-l� un groupuscule d'extr�me gauche, notamment en doublant ses effectifs, qui sont pass�s de 1.500 � 3.000 adh�rents. Un succ�s qui va au-del� de ce chiffre comme le montre un sondage Ifop publi� par le Journal du Dimanche, selon lequel 22% des personnes interrog�es reconnaissent qu'elles sont pr�tes � voter pour la premi�re fois pour un candidat d'extr�me gauche.

Forte de cette reconnaissance, la LCR a tout fait pour que son congr�s traduise, dans les faits, cette nouvelle notori�t� et prenne toutes les dispositions pour accueillir les nouveaux militants dont la culture politique est souvent quasiment inexistante.

Au terme de d�bats parfois vifs, et face � une importante opposition interne qui rassemblait pr�s du tiers des adh�rents, le congr�s a finalement ent�rin� l'accord �lectoral avec Lutte ouvri�re pour les prochaines r�gionales et europ�ennes. Cet accord, qui doit encore �tre vot� au congr�s de LO d�but d�cembre, veut prouver que l'extr�me gauche ne refuse pas de jouer le jeu politique et entend prendre toutes ses chances pour gagner un maximum d'�lus.

Pour contrer toute accusation de "t�te-�-t�te exclusif avec LO", la LCR a �galement lanc� un appel pour la construction d'un grand parti anti-capitaliste, qui serait un grand parti des travailleurs. Il s'adresse "aux trois millions de personnes qui ont port� leurs voix sur l'extr�me gauche en mai 2002" car, d�sormais, "l'extr�me gauche a commenc� d'appara�tre comme une r�ponse alternative aux partis de la gauche traditionnelle", se f�licite-t-on � la LCR.

Enfin, symbole du rajeunissement de la LCR, qui a recueilli nombre de jeunes adh�rents tant apr�s la pr�sidentielle qu'au cours des manifestations contre la guerre en Irak et dans le mouvement social (retraites, �ducation, intermittents du spectacle), de nouveaux statuts ont �t� adopt�s pour remplacer ceux qui dataient de 1969, revus une seule fois en 1974.

Au-del� du toilettage du vocabulaire - on ne retrouve pas la dictature du prol�tariat et le comit� central devient direction nationale - il s'agit pour la LCR de prendre en compte "le tournant du si�cle et le tournant de la Ligue".

"Pour moi, explique Alain Krivine, toutes les d�cisions prises au cours de ce congr�s sont compl�mentaires". "Les listes communes pour les �lections avec LO prouvent qu'on sait faire un accord et l'appel � la cr�ation d'un grand parti anti-capitaliste montre que l'on ne se limite pas � un t�te-�-t�te exclusif � l'extr�me gauche politique".

Le plus curieux est cette alliance qui r�vulse un tiers des militants de la Ligue : celle d�une organisation pragmatique qui abandonne aujourd�hui le vieux dogme marxiste, dont le porte-parole se dit plut�t libertaire que l�niniste avec une v�ritable secte dirig�e secr�tement par un industriel de l�industrie pharmaceutique et repr�sent�e par une mamie de la r�volution d�octobre.

Et c�est pourtant Arlette Laguiller qui a r�ussi la premi�re perc�e de l�extr�me gauche. Aux l�gislatives de 1973, elle obtient 2,29% des voix sur 171 circonscriptions. Aux pr�sidentielles de l�ann�e suivante, 2 ?35% mais le nombre de voix obtenu passe de 194 889 � 601 519.
En 1977 LO fait liste commune pour les municipales, avec la LCR et l�OCT sous l�appellation � pour le socialisme la voix aux travailleurs � et obtient 3,78% dans les 56 circonscriptions o� elles se pr�sentent. Aux l�gislatives de 1978, c�est la chute. LO est pr�sente dans 470 circonscriptions. Bilan : 1,70% soit 474 378 voix. Les Europ�ennes de 1979 voient une liste commune avec la LCR. 3,08% et 668 057 voix. Toujours pas de d�collage.
Aux pr�sidentielles de 1981 marqu�es par l��lection de Mitterrand 668 057 voix et 2,30% des suffrages qui deviennent lors des l�gislatives une minuscule 1,11% des suffrages et 99 185 voix, vague rose oblige.
Rien de tr�s brillant en 1983. La liste LO-LCR aux municipales fait 2 ?16% mais seulement 62 235 voix.

Le v�ritable d�collage date r�ellement des pr�sidentielles de 1995 quand une petite partie du peuple de gauche se porte sur le nom d�Arlette Laguiller qui obtient 5,30% des voix et 1 615 000 voix. Puis nouveau tassement et rebond en 1998 aux r�gionales 782 727 voix, 4.50% mais surtout 20 �lus.
L�ann�e suivante, LO et la LCR pr�sentent des listes ensemble aux Europ�ennes : 914 680, 5.18% et 5 �lus.

Les scores de la LCR sont tellement d�risoires que mieux ne vaut pas les mentionner. Alain Krivine est un habitu� des chiffres inf�rieurs � 0,50%. Mais la Ligue s�en moque. Elle est persuad�e jusqu�en 1974 que la r�volution mondiale va �clater d�un moment � l�autre. Apr�s 1981, la victoire de la gauche c�est la descente aux enfers. La g�n�ration de mai 1968 d�sillusionn�e, min�e par l�horreur des exp�riences socialistes comme celle du Cambodge, s�en va souvent sur la pointe des pieds. D�autres gagnent le PS. Les cellules disparaissent au profit des sections. Plus assez de militants. L�investissement se fait alors dans le monde syndical. Ce sont des militants de la LCR qui contribueront grandement � former SUD apr�s une scission avec la CFDT dans les T�l�coms.

Mais l�organisation ne profite pas de ses ind�niables succ�s dans le monde du travail. Alain Krivine devient l�incarnation de cet �chec. Le vieux militant passe une partie de son temps � ensencer des mouvements �trangers incapable de drainer la sympathie des � masses populaires � qui semble aller vers LO ou plut�t Arlette Laguiller.

� la fin des ann�es 1990 c�est la r�volution dans l�organisation r�volutionnaire. La direction politique est colonis�e par des vieux militants qui en ont assez de voir leurs organisations d�p�rir. Ils lancent une op�ration des jeunes et se servent de ces derniers comme tremplin. Premi�re op�ration : se d�barrasser de Krivine qui, selon eux, trimbale une image vieillotte mais surtout une image de perdant. On lui fait comprendre que la LCR est pour la retraite � 55 ans et qu�il serait temps qu�il laisse la place � la � flamme de la r�volution �. Le grand artisan de cette r�volution de palais est Olivier Sabado.

Cet ancien dirigeant des Comit� d�Action Lyc�en est tr�s vite entr� dans la direction f�d�rale de Paris. Puis il est mont� au Comit� central. Un moment embauch� dans une entreprise comme � prol�taire �, il est ensuite devenu permanent.

Il se moque du dogme marxiste. Il veut des r�sultats. Il sent bien qu�il faut surfer sur le mouvement qui se heurte aux grandes centrales syndicales dans les gr�ves et cr��e des coordinations. Il sait que le mouvement anti-mondialisation est une chance pour l�extr�me-gauche beaucoup plus que ma lutte du Chiapas dont tout le monde se fout en France � l�exception d�une certaine gauche caviar.

Il met toute son �nergie dans une restructuration de la LCR. Mais en m�me temps il se m�fie de ces mouvements sans queue ni t�te qui, au bout du compte, font de l�anti-organisation comme monsieur Jourdain faisait de la prose : sans m�me le savoir. Il faut donc b�tir un p�le �lectoral dont se servira le futur parti de la classe ouvri�re. Car m�me si le dogme est abandonn� on n�oublie les bonnes vieilles le�ons manipulatrices de L�nine. Les masses sont molles, le parti est dur et il faut du dur pour l�emporter.

C�est pourquoi Sabado and Co militeront pour l�alliance avec LO. Non qu�ils s�aiment. Mais LO croit toujours pouvoir convaincre les trotskistes d�voy�s que sont les Ligards. Et la Ligue veut se servir du capital de sympathie de Laguiller pour consolider celui de Besancenot.

Qui mangera l�autre ? L�histoire seule le sait.

Qui est Lutte Ouvri�re ?

Qui se cache derri�re Lutte Ouvri�re cette organisation aux �tranges contours de secte et de parti l�niniste � la fois ? Mais est-ce tellement contradictoire.

Cet �trange Docteur Barcia alias Hardy

Le Monde du 15 d�cembre 2001 publie sous la signature de Caroline Monnot un article d�crivant le marionnettiste de Lutte Ouvri�re, le docteur Barcia alias Hardy.

� Pas facile de se d�barrasser de soixante ans de r�flexes de clandestinit�. � Lutte ouvri�re, les restes de cette culture "clando" m�l�s � des efforts appuy�s de transparence produisent des r�bus in�dits. Il y a quelques jours, la formation d'Arlette Laguiller d�cidait de rendre publique la composition de son comit� central. "Elle est � la disposition des journalistes qui en feront la demande",indiquait obligeamment l'organisation trotskiste. Un simple coup de fil,et, effectivement, la liste nominative des cinquante-six membres composant l'instance de direction statutaire de LO arrivait sur les fax.

L'affaire, d�s lors, consistait � rep�rer les noms plus ou moins connus des dirigeants de cette formation. Le pointage commen�ait : "Arlette" y figurait bien, tout comme Jean-Pierre Vial, qui assure g�n�ralement les relations avec les autres organisations, ou Michel Rodinson, le directeur de publication de l'hebdomadaire Lutte ouvri�re. Ou encore les principales pi�ces ma�tresses de l'organigramme trotskiste, comme Roland Szpirko, �lu en Picardie,Fran�ois Duburg ou Georges Kaldy, souvent pr�sent� comme le futur patron de l'organisation. En revanche, pas de Robert Barcia en vue. Celui qui fut un des fondateurs de Lutte ouvri�re, le mentor d'Arlette Laguiller et le v�ritable num�ro un de cette formation, aurait-il �t� "oubli�"? Aurait-il,d'une mani�re ou d'une autre, renonc� � un r�le dirigeant effectif ? Le myst�re s'�paississait d'autant plus que M. Barcia �tait �galement aux abonn�s absents sous son pseudonyme, d�sormais connu, de "Hardy".

Ni Barcia ni "Hardy"... Il fallait en conclure, ce que nous f�mes dans notre�dition dat�e du 12 d�cembre, qu'il ne figurait pas dans la liste communiqu�e des membres du comit� central. Manquait toutefois l'explication. "Hardy"aurait-il �t�, malgr� tout, membre du comit� ex�cutif, �quivalent du bureau politique, mais dont LO n'a pas r�v�l� la composition ? Pouvait-on, d�s lors,participer au comit� ex�cutif sans �tre �lu au comit� central, alors que,dans toutes les organisations de tradition l�niniste, le premier est l'�manation du second ? Existe-t-il, alors, une instance de direction officieuse, non statutaire, au sein de laquelle "Hardy" si�gerait ? Force est de reconna�tre que toutes les hypoth�ses se bousculaient."

LE "NOM DE PLUME" DE "HARDY"

Pour en avoir le c�ur net, mieux valait faire valider ces interrogations par Lutte ouvri�re. La r�ponse, mardi 11 d�cembre, est venue en deux temps. Sur les questions strictement statutaires, LO n'�tait pas en mesure de fournir dans l'imm�diat l'�claircissement demand�. Toutefois, quelques minutes plus tard, le secr�tariat de Mme Laguiller rappelait : "Robert Barcia est bien s�r la liste", l�chait-il. Sur la liste ? Mais o� donc ? Sur la ligne "Roger Girardot, Ile-de-France", finissait par consentir votre interlocuteur.

Robert Barcia, alias "Hardy", s'est donc fait enregistrer sous une troisi�me identit�, "Roger Girardot", "son nom de plume", pr�cisait Lutte ouvri�re. Petite coquetterie d'un homme qui a tenu � rester dans l'ombre des dizaines d'ann�es durant et qui s'est toujours refus� � avoir le moindre contact avec les journalistes ? Go�t de son organisation pour le jeu de piste ? Ou encore difficult� de LO � assumer totalement une transparence � laquelle sa direction s'efforce depuis quelque temps ? Chacun s'essaiera � toutes les supputations. Toujours est-il que, pour la premi�re fois, Lutte ouvri�re a r�v�l� publiquement que, derri�re la signature de"Roger Girardot", qui appara�t de temps � autre dans son journal �ponyme,se cache, en r�alit�, Robert Barcia, alias "Hardy". Et qu'ainsi, d'une erreur,na�t parfois une information. �

Le m�me th�me avait d�j� �t� trait� par l'Express du 08/10/1998 sous la signature de Fran�ois Koch

� Patron de soci�t�s param�dicales d'un c�t�, dirigeant autocrate de Lutte ouvri�re de l'autre, ce trotskiste fait-il de l'entrisme dans les labos ou chez les gauchistes?

L'incroyable histoire de Barcia-Hardy semble inspir�e du r�cit de Robert Louis Stevenson, Docteur Jekyll et Mister Hyde. � 70 ans, Robert Barcia peut se vanter d'avoir r�ussi une brillante carri�re de businessman aux c�t�s des patrons de la tr�s capitaliste industrie pharmaceutique et de jouir d'une extraordinaire capacit� de dissimulation. Car le m�me homme, sous le pseudonyme d'Hardy, est depuis 1956 le principal dirigeant de l'Union communiste (Lutte ouvri�re), une organisation d'extr�me gauche trotskiste, dont l'objectif est �la destruction de l'appareil d'Etat de la bourgeoisie�.

Hardy le bolchevique a form� et lanc� la c�l�bre Arlette Laguiller,succ�s �lectoraux � l'appui: 5,3% � la pr�sidentielle de 1995 (1 600 000 voix) et 20 conseillers r�gionaux cette ann�e. Pendant plus de quarante ans, le visage et l'identit� d'Hardy ont constitu� l'un des secrets les mieux gard�s de la vie politique fran�aise. �Les vrais dirigeants de LO sont issus de la classe ouvri�re�, r�p�te inlassablement Arlette. Son mentor Hardy est pourtant un tr�s bourgeois chef d'entreprise. Il a fond� � Paris, en 1968 et en 1971, l'Epmed (�tudes et publicit� m�dico-pharmaceutiques) et l'OPPM (Organisation promotion prospection marketing), deux soci�t�s sp�cialis�es dans la prestation de services et la formation de visiteurs m�dicaux, qui d�marchent les m�decins pour le compte d'un industriel. Lorsqu'il s'agit d'am�liorer leur efficacit�, Robert Barcia passe pour un professionnel tr�s comp�tent.

En 1989, alors que la profession doit se doter d'un dipl�me obligatoire, c'est � lui que les patrons de laboratoire ach�tent un programme de formation m�dicale, par l'interm�diaire du Syndicat national de l'industrie pharmaceutique (Snip). Les soci�t�s de Barcia ont aussi un lien commercial privil�gi� avec les laboratoires Elert� d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis): Marie-Jos�e Plotkine, leur PDG, ignorait tout du r�le politique de celui qu'elle consid�re toujours comme son directeur de la visite m�dicale.

� ce titre, Barcia fut l'un des cofondateurs de l'Association des directeurs de r�seaux de visite m�dicale (Adrev), en 1973. �Nous sommes abasourdis, confie Christian Garbarini, pr�sident de l'Adrev, qui vient de d�couvrir la double vie de Barcia. Je vais faire changer l'adresse de l'association.� L'Adrev est en effet toujours domicili�e rue Rouvet, dans le XIXe parisien, si�ge de l'Epmed et de l'OPPM, dont les dirigeants actuels ont port� les couleurs de Lutte ouvri�re aux l�gislatives. La surprise est tout aussi intense chez Bernard Lef�vre, actuel directeur export des laboratoires Roche et cofondateur de l'Adrev: �Je fr�quente Barcia depuis vingt-sept ans et il semblait totalement int�gr� � notre univers politiquement plut�t lib�ral, en s'exprimant de mani�re toujours tr�s mod�r�e; il y avait donc deux hommes en un.� �Je ne l'aurais certainement pas vu de ce bord-l�, rench�rit Fran�oise Jubin, directrice des affaires sociales du Snip, dont la premi�re rencontre avec Barcia date de 1973.

Pour ses amis chefs d'entreprise ou cadres sup�rieurs, qui ont le sentiment d'avoir �t� tromp�s par Barcia, certains souvenirs deviennent croustillants: �Au cours d'un d�ner de l'Adrev, il y eut une discussion politique o� nous laissions para�tre nos opinions de droite et o� nous nous moquions beaucoup d'Arlette Laguiller, raconte un membre de l'association. Barcia n'a pas r�agi.� D'autres disent maintenant comprendre pourquoi il �tait si discret sur sa vie extraprofessionnelle. Quittant son masque quelques secondes, Barcia ajuste confi�, un jour, � un ami PDG qu'il avait connu les ge�les de Franco.

� l�abri de ses entreprises per�aient sous Barcia les m�thodes autoritaires d'Hardy. Deux visiteuses m�dicales auraient �t� licenci�es pour des motifs contestables: afin d'�viter les prud'hommes, les dirigeants d'Epmed ont d'ailleurs pr�f�r� verser � ces femmes des dommages et int�r�ts importants. M�res de deux enfants, elles ont �t� mises � la porte apr�s une demande de temps partiel ou quelques mois apr�s un retour de cong� parental. Faut-il croire qu'� l'Epmed ou � l'OPPM, comme � Lutte ouvri�re, on juge les enfants incompatibles avec un fort engagement professionnel? Contact� par L'Express,Robert Barcia n'a pas souhait� r�pondre.

Les rapports d�Arlette avec son organisation
(selon L'Express du 27 ao�t1998 sous la signature de Fran�ois Koch)

Arlette et ses gardes rouges


Des militants asc�tes, une direction autocratique, une clandestinit� maladive: le parti de la sympathique Arlette Laguiller est un r�duit trotskiste au centralisme pas tr�s d�mocratique

Elle signe des autographes aux enfants, Alain Souchon lui a consacr� une chanson et les Guignols de l'info lui doivent une part de leur audience... C'est net, Arlette est devenue une starlette. La premi�re femme candidate � l'�lection pr�sidentielle, en 1974, qui a plafonn� � 2% pendant vingt ans, a bondi en 1995 au-dessus de la barre des 5% avec plus de 1,6 million de voix. Et rebelote cette ann�e: les 3,66% des listes estampill�es LO) ont provoqu� l'entr�e de 20 trotskistes dans les conseils r�gionaux.

Une structure politique aux pratiques d�mocratiques tr�s contest�es

Cinq mois plus tard, on se demande si cette irruption dans les palais de la R�publique bourgeoise �tait vraiment d�sir�e par LO. Car en sortant de la pure marginalit�, avec son petit bataillon de notables, l'organisation d'extr�me gauche doit aux citoyens une r�elle transparence. Or elle fonctionne depuis pr�s de soixante ans dans la clandestinit�. La direction nationale, dont Arlette Laguiller n'est que la porte-parole, se camoufle avec obstination, surtout, depuis plus de quarante ans, son vrai leader, surnomm� Hardy et dont L'Express d�voile le visage.

Hardy, Arlette Laguiller, Fran�ois Duburg, Georges Kaldy, Jean-Pierre Vial, Colette Bernard, Michel Rodinson, ils sont sept, en fait, � tirer les ficelles d'une double structure politique aux pratiques d�mocratiques tr�s contest�es. Contrairement � ce qu'ils affirment, le mouvement Lutte ouvri�re, du nom de leur journal hebdomadaire, n'est pas �le parti d'Arlette Laguiller�, mais le paravent derri�re lequel se cache l'ultra secr�te Union communiste (UC), elle-m�me membre d'une myst�rieuse Union communiste internationaliste. Curieuse n�buleuse qui n�cessite un d�cryptage.

Lorsqu�Arlette na�t, en 1940, l'ann�e o� Trotski est assassin� au Mexique d'un coup de piolet dans le cr�ne, l'UC n'a pas plus de quelques mois d'existence. Ses fondateurs s'appellent David Korner, dit Barta, un jeune communiste d'origine roumaine n� en 1914 dans une famille de petits commer�ants juifs, et Louise, sa compagne �g�e de 20 ans, fille d'un socialiste juif autrichien. Cinq ans plus tard, � la Lib�ration, l'organisation trotskiste ne compte pas plus d'une vingtaine de membres, intellectuels pour la plupart.

Mais cela n'emp�che pas l'UC de provoquer et de diriger, en 1947, une foudroyante gr�ve � Renault-Billancourt, qui acc�l�re le d�part des ministres communistes du gouvernement Ramadier. Barta, qui esp�re que ce mouvement social d�bouchera sur une gr�ve g�n�rale, met en avant un ouvrier de 25 ans membre de l'UC, Pierre Bois, aujourd'hui toujours dans le premier cercle dirigeant du �parti d'Arlette�. Depuis un demi-si�cle, l'organisation trotskiste n'a pas d'autre fait d'armes de la m�me envergure � son actif. Pourtant, si l'on en croit ses publications, cette grande gr�ve de 1947 est devenue un sujet tabou pour les dirigeants actuels de l'UC. Parce qu'Hardy et Barta se sont violemment querell�s � ce propos, justement � partir de 1947. Hardy a m�me provisoirement quitt� le groupe de Barta avant le d�clenchement du conflit de Renault.

Hardy, le rouge

Hardy est un ph�nom�ne de la politique fran�aise. Il est parvenu � diriger une organisation trotskiste pr�sente � toutes les �lections depuis 1973 en restant dans la plus stricte clandestinit�: il n'a jamais fait d'apparition publique. La photo que nous publions a �t� prise en septembre 1995 au cimeti�re parisien du P�re-Lachaise, lors des obs�ques du Belge Ernest Mandel, une grande figure de la IVe Internationale (trotskiste). Et, selon nos informations, sous le masque de son fameux pseudo, sa v�ritable identit� serait Robert Barcia, n� � Paris le 22 juillet 1928.
�Le culte de la personnalit� autour d'Hardy est dans la tradition d'une organisation sectaire�

Une biographie d'Hardy? Introuvable. Selon un ancien de l'UC, il serait issu d'une famille populaire parisienne de militants communistes, aurait �t�, tr�s jeune, victime de la tuberculose et aurait d� s�journer en sanatorium avant de prendre, en 1956, les r�nes de l'organisation, en l�thargie depuis cinq ans. Levant le voile sur la violente querelle d'h�ritage entre Barta et Hardy, le Groupe d'�tudes trotskistes, anim� par Louise et Richard Moyon, un ancien de LO, vient de publier un captivant recueil de correspondance de Barta de 1972 � 1976, ann�e de sa mort.

On y apprend que le fondateur de l'UC reproche aux organisations trotskistes en g�n�ral et � LO en particulier d'utiliser les m�mes recettes r�volutionnaires depuis 1945, des simulacres, et proph�tise am�rement qu'en l'an 2000 elles seront toujours en usage! Dans un texte interne attribu� � Hardy, la r�plique est cinglante: en osant �crire, pour expliquer le d�couragement des militants et la disparition de l'UC en 1951, que �l'arbre prol�tarien rejetait en fin de compte la greffe r�volutionnaire�, Barta a commis un coupable renoncement, qualifi� de �pessimisme r�actionnaire�.

Ce qui justifie, aux yeux d'Hardy, que le nom de Barta soit gomm� des livres d'histoire: �Un pass� auquel on renonce ne nous appartient plus. Pour nous, maintenant, c'est l'organisation et non un homme retir� qui assumait la direction [de l'UC] et inspirait directement tous les actes de nos militants dans la gr�ve de 1947�! R�action imm�diate de Louise Barta: elle accuse Hardy de falsifier l'Histoire avec des proc�d�s staliniens. Insulte supr�me, puisque les trotskistes n'ont pas eu de pires ennemis que les staliniens!

Vingt-cinq ans plus tard, cette gu�rilla entre r�volutionnaires remonte � la surface alors que l'existence du leader de l'UC, camoufl� derri�re Arlette, est d�sormais connue. Et qu'il est publiquement critiqu�. �Le culte de la personnalit� autour d'Hardy est dans la tradition d'une organisation sectaire, stalinienne, qui manque de d�mocratie interne�, ass�ne aujourd'hui Fran�ois Sabado, membre du bureau politique de la Ligue communiste r�volutionnaire (LCR), un autre mouvement trotskiste, qui n�gocie pourtant en ce moment avec la direction de l'UC une �ventuelle liste commune pour les Europ�ennes de 1999.

Pour le prot�ger, et sans doute dissimuler son r�le r�el dans l'organisation, Arlette Laguiller le d�crit comme un homme sur le d�clin: �Hardy est fatigu�, comme Pierre Bois; cette g�n�ration de militants ne joue plus le m�me r�le qu'avant... bien qu'ils soient toujours membres de la direction et que leurs conseils comptent beaucoup�, expose la c�l�bre porte-parole, tr�s agac�e par le soudain int�r�t que suscite son ma�tre.

�Depuis quelques mois, Hardy est malade et il vient moins souvent au comit� ex�cutif, confie Georges Kvartskhava, 61 ans, ex-�lectrom�canicien de Peugeot-Sochaux, aujourd'hui � la retraite. Et s'il ne venait pas au congr�s de d�cembre prochain, ce serait une premi�re.� Ce dirigeant provincial, � la moustache fine et au visage rond et paysan, est l'un des rares authentiques ouvriers de la direction de l'UC et use moins de la langue de bois que les autres. �Fatigu�, Hardy est sur la touche depuis trois ou quatre ans, ose Jean-Pierre Vial, 60 ans, l'un des �l�ments du premier cercle, qui se dit journaliste.

En raison de leur �ge [70 et 76 ans], Hardy et Pierre Bois ne viennent plus au comit� ex�cutif depuis plusieurs ann�es.� Or, en 1997, l'exclusion de deux anciens membres de cette instance, Yvan Le ma�tre et Jos� Chatroussat, a �t� impos�e et men�e par Hardy lui-m�me, manifestement toujours n� 1 de l'organisation. De surcro�t, leur �viction s'est faite dans des conditions r�v�latrices des pratiques sectaires et intransigeantes de la direction du �parti d'Arlette�. Un psychodrame d'une rare violence, dont nous avons pu lire un compte rendu confidentiel et tr�s volumineux.

Il faut faire le boulot avec Arlette malgr� Hardy, presque contre lui

Tout commence en 1996, lorsqu�Yvan, professeur de lyc�e �g� de 50 ans et responsable de la section bordelaise, refuse de se s�parer d'un couple de militants inscrits dans la caravane d'�t� de la r�gion Aquitaine, une activit� de propagande itin�rante. Le rappel au r�glement ne tarde pas. Dominique Chablis, membre du comit� ex�cutif, explique � Yvan qu'il faut apprendre aux camarades �� ne pas afficher leurs relations et m�me � ne pas les laisser percevoir, y compris entre minuit et 7 heures du matin�, avant d'ajouter: �Je suis profond�ment d'accord avec ce qu'a dit Hardy au comit� central: � choisir, il vaut mieux �tre des moines-soldats que des petits-bourgeois faisant de la politique.� Pourquoi faut-il emp�cher les deux membres d'un couple d'avoir des activit�s militantes communes? �Parce que les filles ont tendance � aligner leurs opinions sur celles de leur copain�, explique Hardy, qui se fait mena�ant: �Les camarades qui ne sont pas d'accord se trompent d'organisation.�

Cette affaire de morale sexuelle n'est en fait qu'un pr�texte: Hardy reproche � Yvan de l'avoir critiqu� dans son dos. Un militant a en effet r�dig� un rapport d�non�ant les propos tenus par le responsable bordelais: �Hardy s'enferme sur lui-m�me et se sent attaqu� par tous, devient parano... Il faut faire le boulot avec Arlette malgr� Hardy, presque contre lui. Trop de choses reposent sur un seul camarade et cela finit par se traduire par des d�rives.� Un complot, une r�volution de palais? Pour le moins un crime de l�se-majest�. �Il s'agit, si tu le peux, de r�parer le mal que tu as fait et, si tu le souhaites r�ellement, la perte de confiance que j'ai envers toi, ass�ne Hardy � Yvan. Certains des comportements que tu as eus sont intol�rables. Ou tu les regrettes, ou tu les justifies, � toi de choisir!�

Yvan est somm� de jouer le r�le de l'accus� dans un proc�s de Moscou purement stalinien. Il sait pertinemment que la machine infernale de l'exclusion est lanc�e. Et parce que, depuis trente ans, le militantisme � l'UC remplit toute sa vie, il panique et se repent aupr�s d'Hardy: �Je regrette d'avoir eu des discussions en formulant des probl�mes sans avoir su te les soumettre ou les poser devant le comit� ex�cutif.� Cela ne suffit pas. Yvan s'avilit devant tout le comit� central: �Je regrette des conversations que j'ai eues. Je m'excuse aupr�s des camarades que j'aurais pu choquer par certains propos. J'ai toujours d�fendu la politique de l'organisation. Je ne reproche rien � personne si ce n'est � moi.� Impressionnante autocritique. Mais humiliation bien vaine.
Car quelques semaines plus tard, en novembre 1996, �le CE [comit� ex�cutif] condamne n�anmoins le comportement occulte du camarade Yvan au sein de l'organisation et son attitude hypocrite vis-�-vis du CE�. Motif: �Il a contest� aupr�s de divers camarades non-membres du CE notre politique, a tenu aupr�s d'eux des propos critiques ou diffamatoires envers certains camarades du CE.� La direction de l'UC ajoute que la morale de l'organisation, qui impose la transparence politique pour tous, donne raison aux militants qui lui rapportent les discussions entendues, encourageant donc l'espionnage � son profit. Avant d'ajouter: �Ceux qui ont besoin du silence sont des adversaires, ceux qui se taisent, des complices.� La sentence tombe.

Un mouvement de 800 militants

Que fait donc Arlette Laguiller, d�cid�ment bien silencieuse pendant qu'Hardy produit ses anath�mes? �Elle l'a v�cu comme un drame, confie Jos� Chatroussat, patron de la section de Rouen, solidaire d'Yvan. Mais elle s'est rang�e, a fait all�geance � Hardy.� Arlette aurait effectivement �crit un petit mot � Yvan: �Voil�, je suis malheureuse, perturb�e. Mais j'ai choisi, car j'ai besoin de quelque chose de solide pour tenir mon r�le de porte-parole.� Dans un bulletin int�rieur � l'UC, Yvan et Jos� croient pouvoir �voquer les �r�ticences� d'Arlette, balay�es � l'aide d'un chantage d'Hardy: �Avec eux ou avec moi!� �Mensonge pur et simple�, r�torque s�chement Arlette.
L'exclusion d'Yvan et de Jos�, avec 70 de leurs camarades, a �t� d�finitivement ratifi�e le 23 mars 1997 par une assembl�e g�n�rale exceptionnelle de l'UC. Sur les quelque 800 militants que compte le mouvement trotskiste, seule une centaine a vot� contre: les sections de Bordeaux et de Rouen ont re�u le soutien de la Fraction. Unique tendance oppositionnelle face � la direction, la Fraction ne p�se pas plus de 3 � 4% de l'organisation et est n�e, il y a deux ans, � la suite de divergences sur l'analyse de l'ex-URSS. Selon la majorit� de l'UC, la Russie serait un �Etat ouvrier d�g�n�r�, tandis que la Fraction y voit plut�t un �Etat bourgeois depuis les ann�es 80�. Pour le leader de la minorit�, Jacques Maurand, un professeur de lettres et d'histoire de 60 ans, l'exclusion des Bordelais et des Rouennais est un mauvais coup port� � l'UC: �Lutte ouvri�re doit viser � construire un parti r�volutionnaire, pas une secte pr�occup�e seulement de pr�tendue morale et de comportements, plaide-t-il devant les membres de l'organisation. Le temps du phalanst�re est d�pass�.�

Il n'emp�che. Au nom du comit� ex�cutif de l'UC, Jean-Pierre Vial, petit bonhomme courrouc� aux rares cheveux blancs, justifie l'�viction: �Ils ont commis des fautes de comportement - camoufler leurs divergences dans les instances de direction - et ont donc trahi notre confiance, explique-t-il. On ne les a pas envoy�s au goulag, ce n'est pas un crime!�
Apr�s leur bannissement, Yvan et Jos� ont cr�� leur propre organisation trotskiste, intitul�e Voix des travailleurs, et revendiquent 180 militants. Aujourd'hui, Yvan r�ve � la fois d'une r�unification des marxistes r�volutionnaires dans un parti � la gauche du PCF... et de son retour � Lutte ouvri�re, le mouvement o� il s'�tait engag�, croyait-il, pour toute sa vie. � l'entendre, le seul obstacle, c'est Hardy, devant lequel il faut toujours s'aplatir. �D�s qu'un camarade ose exprimer un doute sur Hardy, cela devient une ``odieuse trahison'', soutient Jos�. Un peu comme un gourou, il gratifie et a le pouvoir de d�grader les militants. Et il invoque la morale avec une phras�ologie de cureton.� Ses col�res sont r�put�es. Et ses fid�les leur trouvent des vertus p�dagogiques: �Hardy explose quand il entend une �nerie? Certes, affirme Fran�ois Duburg. Mais tous ceux qui ont �t� form�s gr�ce � cette ``irritabilit�'' ne le regrettent pas.� Est-ce si s�r?
Au-del� de la minuscule Fraction, des militants critiquent la fossilisation du fonctionnement de l'UC, comme son go�t maladif du secret. Exemple: Arlette Laguiller affirme que Lutte ouvri�re compte 7 000 militants cotisant. Mais combien sont �int�gr�s�, c'est-�-dire ont le droit de voter aux congr�s de l'UC? �Je ne vous r�pondrai pas�, se cabre la r�volutionnaire romantique, manifestement d�cid�e � refuser le parler-vrai. Pourquoi cacher que l'UC compte environ 800 membres seulement? Pourrait-il d'ailleurs en �tre autrement, eu �gard aux scissions, aux exclusions et aux conditions d'int�gration draconiennes?

La discipline, toujours

Signe d'un centralisme pouss� � l'exc�s, chaque incorporation doit �tre approuv�e au plus haut niveau par le comit� ex�cutif, apr�s un parcours du combattant qui peut durer des ann�es. La commission d'int�gration juge � la fois le d�vouement militant, la vente du journal LO, les distributions de tracts devant les usines et la bonne assimilation des ouvrages de Marx, d'Engels, de L�nine et de Trotski. Originalit� de LO, on y cultive aussi une passion pour la culture scientifique et pour les romans. Pas tous. Celui de Thierry Jonquet � Rouge, c'est la vie � (Seuil) n'a pas �t� appr�ci�: l'auteur de romans noirs y d�crit pourtant avec talent l'aventure de son int�gration dans l'organisation �pro-l�-ta-rien-ne�, au travers d'�preuves initiatiques.

Lorsqu'on interroge un dirigeant, il se dit invariablement �membre de la direction nationale�. Est-il au comit� central (100 membres) ou au comit� ex�cutif (40 membres)? R�ponse tr�s r�ticente, �galitarisme (de fa�ade) oblige. Quant au secr�tariat central, instance supr�me et qui n'est pas �lue: top secret. Aux congr�s annuels, la presse n'est pas admise: c'est le huis clos. Il y a dix ans, G�rard Filoche a �t� le dernier � repr�senter la LCR � un congr�s de l'UC. �Le jour venu, on me donna un rendez-vous secondaire, car le lieu du congr�s �tait clandestin�, raconte dans 68-98, histoire sans fin (Flammarion) celui qui, depuis, a rejoint le Parti socialiste. Il se souvient pr�cis�ment du discours fleuve d'Hardy, long de deux heures pleines, que les militants �coutaient totalement fig�s, dans un impressionnant silence religieux.

La discipline, toujours la discipline. Et un d�vouement total. �Nous choisissons des r�gles de militantisme, des r�gles de comportement, y compris sur le mariage, sur les enfants de cadre [dirigeant], etc.�, �crit Hardy dans un document interne. Arlette a reconnu publiquement que son organisation �tait contre le mariage, �l'un des derniers remparts de la morale bourgeoise�, et conseillait aux militants de ne pas avoir d'enfant. Car � l'UC l'action politique occupe toutes les soir�es, tous les week-ends et une grande partie des vacances, ce qui emp�che de �pouvoir donner � des enfants tout ce qu'ils sont en droit d'attendre de leurs parents�, explique Arlette. La m�me Arlette �crivait pourtant dans l'une des ses autobiographies (Moi, une militante, J'ai lu): �Le militant est une personne comme une autre, et qui vit la vie de tous les autres.� De fait, l'immense majorit� des membres de l'UC suivent les conseils de la direction et n'ont pas d'enfant (plus de 9 sur 10 au comit� ex�cutif). Y aurait-il d'autres r�gles �tranges dans ce mouvement trotskiste? Il y a deux ans, Hardy d�clarait en effet � ses militants: �Il n'y a pas de domaine qui soit r�serv�: on ne demande pas des rapports � chaque membre d'un couple pour savoir comment cela se passe chez lui, mais, malgr� tout, il n'y a rien qui �chappe � la discipline de l'organisation.�

Discipline et fid�lit�. Et immobilisme. L'activit� militante � l'UC n'a pas vari� depuis soixante ans: pour l'essentiel, distribuer des tracts devant les usines, les �feuilles de bo�tes�, dans le jargon. Elles sont toutes uniformis�es: au recto un �ditorial national, au verso des informations br�ves, m�lange d'analyses de la direction sur l'actualit�, disponibles sur un r�pondeur (01-44-83-08-92), et d'�chos sur l'entreprise, r�put�s irr�v�rencieux pour les chefs. Ces feuilles de bo�tes d'un autre �ge, seuls fers de lance de l'organisation, traduisent l'ouvri�risme de LO. Et expliquent son sectarisme vis-�-vis des mouvements radicaux en faveur des sans-emploi, des sans-logement ou des sans-papiers, autant que des associations anti-FN, tous accus�s d'�tre trop p�n�tr�s par les courants d'id�es petites-bourgeoises.

Rien ne vaut une �diff� - diffusion de tracts - aux prol�taires de l'industrie lourde. Dans les ann�es 60, � cause des �stals� - entendez les militants du PCF - ces diffs constituaient de v�ritables actes de bravoure. �En juin 1967, devant Berliet, anc�tre de RVI, � V�nissieux, nous avons ``tract�'' sous la protection d'une centaine de militants, mais 300 stals nous sont tomb�s dessus en nous balan�ant des pierres, raconte Jos� Chatroussat. J'ai pris de violents coups de pied et j'ai �t� tra�n� � terre. Puis nous avons �t� embarqu�s par les flics... avec l'aide des stals!� Trente et un ans apr�s, cela laisse des traces.


Michel Rodinson, 53 ans, en a gard� une cicatrice � l'arcade sourcili�re. Toutes ces bagarres, dont les ann�es 60 ont �t� riches, ont aussi profond�ment soud� les trotskistes entre eux.
En comparaison, les diffs d'aujourd'hui sont des promenades de sant�. Tout juste faut-il �viter de les faire ex�cuter par des ouvriers de l'usine: retrait�s ou enseignants sont plus appropri�s. �Nous faisons aussi des collectes au drapeau devant l'usine, en recouvrant parfois la cam�ra de surveillance du t�lier, pour l'emp�cher de fliquer�, raconte Patrice Cunil, 44 ans. Selon ce fraiseur � la Snecma-Gennevilliers, membre du comit� central de l'UC, on r�cup�re quelquefois jusqu'� 4 000 francs dans le drapeau rouge de LO. �Je veux la r�volution, mart�le Patrice. La dictature du prol�tariat sera indispensable pour se d�fendre contre la bourgeoisie, en n'h�sitant pas � utiliser des milices arm�es. Nous ne sommes pas de doux r�veurs!�

En attendant la r�volution, l'argent est pour LO le nerf de la guerre. Ses recettes annuelles sont de 14 millions de francs, avec pour principaux postes: les cotisations et dons (5,3 millions), la f�te de LO (3,3), le financement public (2,6) et les ventes de l'hebdomadaire (2,3). Officiellement, l'organisation ne compte que trois permanents, dont Michel Rodinson, tr�sorier et patron du journal, et Henriette Mauthey, attach�e de presse d'Arlette Laguiller, tous deux membres du comit� ex�cutif. Mais il y en aurait d'autres.

Selon Lib�ration, plusieurs dirigeants seraient salari�s de deux soci�t�s amies: l'OPPM Service (Organisation promotion prospective marketing) et l'Epmed (�tudes et publicit�s m�dico-pharmaceutiques). Hardy a lui-m�me �t� dirigeant de la premi�re et administrateur de la seconde. Qui plus est, c'est dans les locaux de l'OPPM Service et de l'Epmed, rue Rouvet, dans le XIXe arrondissement de Paris, que se r�unirait le comit� ex�cutif de l'UC, tous les samedis matin. Un secret parmi les secrets. C'est qu'il faut, d�s le premier grand soir de la r�volution, pouvoir basculer dans une clandestinit� encore plus totale. Ce n'est donc pas rue Rouvet que des journalistes sont parfois re�us, mais rue d'Hauteville, dans le Xe, c'est-�-dire au si�ge des �ditions d'Avron, qui �ditent Lutte ouvri�re, dans un appartement de 180 m�tres carr�s cossu mais �tonnamment vide.

Le joyau de l'organisation trotskiste est ailleurs. C'est le ch�teau de Bellevue, qui domine la tr�s bourgeoise ville de Presles et la vall�e de l'Oise, manoir bien connu du peuple d'extr�me gauche pour abriter chaque week-end de Pentec�te la f�te de Lutte ouvri�re. L'UC en est de fait propri�taire depuis 1981: le superbe parc de 13,2 hectares et le ch�teau du XIXe o� le g�n�ral Jacquin organisait jadis des chasses � courre auraient �t� alors acquis pour la somme modique de 1,6 million de francs. Or l'ensemble vaudrait aujourd'hui entre 5 et 10 millions: dans une vision �pouvantablement capitaliste, l'endroit serait la base id�ale d'un h�tel de luxe ou d'un Relais-Ch�teau, � quelques centaines de m�tres d'un golf de haut niveau...

Bizarrement, le tr�sorier de Lutte ouvri�re n'a inclus le ch�teau de Presles dans le p�rim�tre des comptes officiels de LO que depuis le 1er janvier 1996. Au cadastre, seul un nom figure: Th�odore Topolanski. �Une dizaine de personnes physiques qui nous sont proches sont copropri�taires du ch�teau, explique cependant Michel Rodinson. Seuls deux ou trois sont membres du comit� ex�cutif de l'organisation.� Il y a une dizaine d'ann�es, les RG auraient r�alis� une enqu�te sur le castel trotskiste: apr�s avoir rep�r� les all�es et venues de nombreux v�hicules immatricul�s en Allemagne et en Italie, les agents du renseignement auraient suspect� des connexions entre l'UC et les groupes terroristes de l'ultragauche europ�enne. Forc�ment romanesque. Car les amis d'Arlette ne repr�sentent pas un danger pour l'ordre public. La r�volution, ils se contentent d'en parler... entre eux, ou dans des publications � diffusion restreinte.

Il faut d�chiffrer un texte en microcaract�res dans Lutte ouvri�re pour d�couvrir que, pour l'UC, �les travailleurs devront d�truire l'appareil d'Etat de la bourgeoisie, c'est-�-dire son gouvernement, mais aussi ses tribunaux, sa police et son arm�e�. On est oblig� de lire les 200 pages de la derni�re autobiographie d'Arlette (C'est toute ma vie, Plon) pour apprendre que, selon elle, �appeler les travailleurs � ne compter que sur la l�galit�, c'est les tromper� et qu'ils doivent se pr�parer aux agressions de la bourgeoisie: �Les classes poss�dantes n'h�sitent pas � recourir aux m�thodes les plus violentes et les plus barbares pour d�fendre leurs privil�ges.�

De tout cela Arlette �vite de parler � la t�l�vision ou dans ses interviews aux journaux qu'elle choisit, Gala ou Playboy tout r�cemment. Comme elle s'abstient de pr�ner devant les cam�ras �la disparition des Etats nationaux et des fronti�res et leur remplacement par une conf�d�ration universelle des nations�. Comme elle se garde bien de dire publiquement: �Ce n'est pas en mettant un bulletin dans l'urne que l'on peut rompre avec le capitalisme.� Ces phrases-l�, pendant les �lections, mieux vaut les ranger au mus�e de l'histoire... de la r�volution russe, �le plus grand �v�nement de ce si�cle�, �crira aussi l'intarissable Arlette.

Hardy, le leader masqu�, a eu il y a vingt-cinq ans une id�e de g�nie, la seule sans doute, en propulsant Arlette sur la sc�ne m�diatique. L'employ�e de banque d'origine modeste est pass�e ma�tre dans les formules d�magogiques, inlassablement r�p�t�es: �Droite et gauche ont pris dans les poches des pauvres pour permettre aux riches de s'enrichir encore plus�; ou: �Le PS sert les int�r�ts de la grande bourgeoisie.�

Les dirigeants de l'UC se plaisent � dire que les �lecteurs d'Arlette sont des ouvriers qui votaient communiste. Or, selon un sondage, ce serait marginal: seuls 1% des �lecteurs du PCF aux Europ�ennes de 1994 ont vot� Laguiller en 1995, un taux qui monte � 4% aupr�s de l'�lectorat socialiste (enqu�te CSA � la sortie des urnes). �Un tiers des voix d'Arlette � la pr�sidentielle appartiennent � un courant populiste et protestataire qui aurait pu se porter sur le FN, affirme Jean-Christophe Cambad�lis, n� 2 du PS. Reste un tiers qui vote ``LO faute de mieux'', sensibles � la mode Arlette, et un tiers seulement d'�lecteurs d'extr�me gauche.� M�me analyse au si�ge du PCF, o� Jean-Paul Magnon, membre du secr�tariat national, se dit frapp� par �la similitude entre le vote Laguiller et le vote Le Pen, surfant tous deux sur la crise du politique qui affecte tous les partis classiques�.

De l� � penser qu'il n'y a dans le discours d'Arlette rien d'autre qu'une tactique �lectorale... Pour faire mentir ses adversaires de gauche, elle devrait un jour se pr�senter, en d�mocrate sinc�re, avec son vrai programme r�volutionnaire, sous sa v�ritable �tiquette politique, l'Union communiste. Obtiendrait-elle alors beaucoup plus de 1% des suffrages?

D�penses de campagne ; adh�rents ; �lecteurs de Lutte Ouvri�re

�lections Pr�sidentielles 1988 :
Recettes : 6.900.000 FF (1.050.000 � environ) dont : dons re�us par ch�ques : 6,20% ; avance Lutte Ouvri�re :93,5%
D�penses : 6.900.000 FF
�lectionspr�sidentielles 1995 :
Recettes et D�penses : 11.350.000 FF (1.730.000 �) : remboursement frais de campagne (plus de 5%)

Profil des militants � Lutte Ouvri�re :
Salari�s : 87% , Lyc�ens, �tudiants : 13% ; il y a 60 % d'hommes et 40% de femmes

�lecteurs 1995 :(sondage BVA)
�ge :
6% des 18/24 ans hommes et 7% des 18/24 femmes
6% des 25/34 ans hommes et 7% des 25/34 femmes
5% des 35/49 ans hommes et 7% des 35/49 femmes
4% des 50/64 ans hommes et 3% des 50/64 femmes
2% des + de 65 ans hommes et femmes
statut:
7% des salari�s
6% des ch�meurs
6% des �tudiants
3% des femmes au foyer
3% des retrait�s
2% des personnes � leur compte
religion
9% des ath�es
4% des catholiques
niveau social:
8% des classes moyennes populaires
6% des privil�gi�s
6% des classes moyennes inf�rieures
5% des d�favoris�s
4% des classes moyennes sup�rieures
3% des gens ais�s


Pour comparaison les adh�rents de LCR
environ 2500 adh�rents : 60% de salari�s, 20% d'enseignants , 15 % d'�tudiants
rajouter � cela 2000 sympathisants organis�s dans les groupes d'entreprise, les comit�s rouges et dans les JCR (Jeunesses Communistes R�volutionnaires)

85% des militants sont syndiqu�s : 30% CGT , 22 % CFDT , 22% FSU (noter une grande diff�rence � ce niveau avec Lutte Ouvri�re ou le syndicat de pr�dilection est Force Ouvri�re, un peu moins la FEN ou la FSU, et quasiment aucun CGT ou CFDT)


L'extr�me gauche "alternative politique" � la gauche ?

� l'occasion de son congr�s, ouvert jeudi, la Ligue communiste r�volutionnaire a avalis� l'accord �lectoral avec Lutte ouvri�re. Les deux formations fustigent l'action du gouvernement et se refusent, au second tour des r�gionales, � fusionner leurs listes avec celles de la gauche plurielle provoquant une lev�e de boucliers � droite comme � gauche.


Les listes Lutte ouvri�re-Ligue communiste r�volutionnaire seront-elles les seules listes d'union lors des r�gionales et des Europ�ennes du printemps prochain ? Le congr�s de la LCR a d�bouch� sur un accord avec Lutte ouvri�re. Avant que LO ne se livre au m�me exercice d�but d�cembre. Seul point de d�saccord entre les deux formations : l'attitude � tenir - retrait ou maintien - dans le cas o� l'extr�me gauche obtiendrait 10 % des suffrages dans une r�gion o� le FN peut l'emporter.

Pour les deux partis - dont les candidats � l'�lection pr�sidentielle de 2002, Arlette Laguiller et Olivier Besancenot, ont r�uni respectivement 5,75 % et 4,27 % des suffrages au soir du premier tour, soit un peu plus de 10 % en cumul� -, l'enjeu est de taille. Il s'agit d'ancrer durablement l'extr�me gauche comme quatri�me p�le dans le paysage �lectoral fran�ais et de se servir de ce socle comme un haut-parleur des luttes. Si l�extr�me-gauche obtient plus de 10% des voix, elle laminera le PC le renvoyant � dans les poubelles de l�histoire �.

"D�sormais, nous pouvons intervenir non pas comme simples opposants � la social-d�mocratie, mais comme une alternative politique directe", d�clarait, jeudi, Fran�ois Sabado, l'un des principaux dirigeants de la "Ligue", � l'ouverture du congr�s. Un congr�s qualifi� "d'�tape de ravitaillement dans la course qui s'est engag�e depuis la pr�sidentielle" par le porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot.

Les deux formations se refusent � faire le moindre pronostic. Elles craignent de faire les frais "d'une abstention par d�moralisation" apr�s l'�chec du mouvement sur les retraites du printemps. Il leur faut maintenant devenir un p�le cr�dible au moins comme amplificateur protestataire de gauche. Elles misent sur deux r�gions test : le Nord Pas-de-Calais, bastion de Lutte ouvri�re, o� l'apport de la Ligue peut leur faire esp�rer une quadrangulaire au second tour des r�gionales et l'Ile-de-France, ensuite, o� la liste commune sera conduite par Arlette Laguiller tandis qu'Olivier Besancenot m�nera la bataille dans cette r�gion pour les Europ�ennes.

Probl�me r�siduel : les consignes au second tour. Alors que les deux formations se sont mises d'accord "pour envisager d'appeler � voter pour la liste de gauche" dans les cas "o� il y aurait un risque de victoire du FN" dans une r�gion, � l'issue du premier tour, LO entend faire pr�ciser la "notion de risque de victoire" qui renvoie pour elle � une menace effective que le FN prenne la direction de la r�gion.

Pour l�heure, la LCR jubile � la lecture du sondage du Journal du Dimanche : pr�s d'un Fran�ais sur quatre (22 %) n'ayant jamais vot� pour un candidat d'extr�me gauche le fera "peut-�tre" lors des prochaines �lections r�gionales (contre 57 % qui ne le feront jamais). Par ailleurs, 9 % des sond�s d�clarant avoir d�j� donn� leur voix � un candidat trotskiste affirment qu'ils le referont "sans doute" (9 % ne le referaient pas) au printemps prochain, portant ainsi le r�servoir de voix des trois mouvements trotskistes (LO, LCR, PT) � 31 %.

Selon ce sondage, 71 % des personnes interrog�es ne souhaitent pas que la gauche recherche un accord �lectoral avec l'extr�me gauche aux prochaines �lections, tandis que 79 % des sond�s ne veulent pas que la droite passe un tel accord avec l'extr�me droite. Cette enqu�te a �t� r�alis�e les 30 et 31 octobre aupr�s d'un �chantillon de 1 007 personnes �g�es de 18 ans et plus.

La formation d'Arlette Laguiller souhaite �galement que soit inscrit noir sur blanc dans le protocole d'accord le principe "du maintien des listes communes LO-LCR dans toutes les r�gions o�, ayant recueilli plus de 10 % des votes, elles en auront la possibilit�". Pour Jean-Pierre Vial, l'un des dirigeants de LO, l'ajout de cette clause est "logique". "Nous ne sommes pas l� pour faire des candidatures de t�moignage, explique-t-il. Si les �lecteurs nous donnent les moyens de nous maintenir, il serait irresponsable que de ne pas le faire." "Il est bien �vident que cette clause de maintien ne joue que si Le Pen ne peut pas prendre la r�gion", souligne Alain Krivine, soucieux de rassurer ses troupes. Sans parvenir � convaincre totalement une partie d'entre elles.

"Le second tour de la pr�sidentielle a bien montr� que se lier les mains six mois � l'avance �tait une connerie. Au soir du premier tour, nous avons voulu refuser la banalisation du FN. Aujourd'hui, l'enjeu c'est de garder le cap de cette orientation, de bien veiller � ce que le Front national fasse les scores les plus bas possibles", estimait ainsi Fran�ois, un militant du 13e arrondissement de Paris. Du coup, les pr�cisions de LO dopent la minorit� de la LCR hostile � l'accord. "En Ile-de-France, lorsque Marine Le Pen sera qualifi�e pour le second tour, que dira Arlette, notre t�te de liste commune ? Elle se refusera � appeler � voter contre elle ?", s'interroge Alain Mathieu, l'un des chefs de file des opposants au texte d'accord.

"L'accord est totalement d�s�quilibr� en faveur de LO. Je les soup�onne en agissant ainsi de vouloir effacer l'effet Besancenot du 21 avril", estime Christian Picquet, autre animateur de la minorit�, qui souhaite voir adopter un amendement pr�cisant que le "maintien au second tour sera examin� au cas par cas, apr�s avis des sections locales de la LCR et de LO". "La Ligue doit se battre pour que les deux formations s'engagent � appeler � voter � gauche dans les cas de triangulaires o� le FN est pr�sent", ajoute-t-il. "C'est la menace r�elle qui compte, r�torque Alain Krivine. Le Pen sera pr�sent dans toutes les triangulaires. Appeler � voter � gauche s'il est pr�sent au second tour revient � appeler � voter � gauche dans tous les cas."

La Ligue communiste r�volutionnaire (LCR) a poursuivi lors de ce congr�s un projet � moyen terme, vieux r�ve trotskiste de cette tendance : le "rassemblement de la gauche anti-capitaliste", dans le cadre d'un nouveau parti politique, samedi au cours de son XV�me congr�s qui se r�unit jusqu'� dimanche � La Plaine Saint Denis.

L'id�e de cr�er un tel rassemblement n'est pas nouvelle mais elle est formalis�e officiellement pour la premi�re fois dans un appel au cours d'un congr�s de la LCR.

C'est forte de son succ�s dans le mouvement contre la guerre en Irak et au c�ur des manifestations sociales � propos des retraites, de l'�ducation ou encore des intermittents du spectacle que la LCR se lance dans cette d�marche pour r�pondre � l'attente de "milliers de personnes que nous avons retrouv�es dans les luttes". Aujourd'hui, "il existe une vie � gauche en dehors de la gauche plurielle", a lanc� Daniel Bensa�d, l'un des dirigeants historiques de la LCR. "L'extr�me gauche a commenc� d'appara�tre comme une r�ponse alternative aux partis de la gauche traditionnelle", se r�jouit-on � la LCR qui veut, avec ce projet, �tre pr�sente dans le d�bat politique apr�s les �ch�ances �lectorales.

L'appel s'adresse "aux trois millions de personnes qui ont port� leurs voix sur l'extr�me gauche en mai 2002, aux militants du mouvement social, syndical et associatif", mais aussi "aux militants communistes, socialistes, �cologiques".

Il s'adresse aussi � tous les militants de Lutte ouvri�re, avec lesquels la LCR va mener des campagnes communes pour les prochaines r�gionales et europ�ennes. Mais si l'accord �lectoral est en bonne voie, LO ne manifeste pas un enthousiasme d�bordant pour la mise en place d'une telle force politique qu'elle se contente de juger "souhaitable". L'appel stipule que "la LCR s'adresse � tous ceux et � toutes celles qui souhaitent une alternative � gauche en rupture avec toutes les politiques au gouvernement par la gauche sociale-lib�rale comme par la droite" pour "b�tir une nouvelle force politique large et pluraliste, radicalement anti-capitaliste et r�solument d�mocratique".

"Ce regroupement dans un m�me parti est n�cessaire et urgent", a affirm� la LCR, "pour agir ensemble sur des grands axes" tels que "l'opposition � l'imp�rialisme, l'ancrage dans le mouvement altermondialiste, le refus de la soumission au social-lib�ralisme et la perspective d'une rupture avec le capitalisme".

L'id�e est maintenant d'organiser dans toute la France, "partout o� cela est possible (...) des rencontres pour une gauche anti-capitaliste" avant de r�unir des assises nationales, � la fin de 2004, qui devront "constituer un pas en avant vers la formation d'une nouvelle force politique anti-capitaliste", selon les v�ux de la LCR.

Accord LO-LCR: la droite jubile

L'UMP a demand� au PS de "refuser toute alliance" avec le "front anti-r�publicain" d�extr�me-gauche renvoyant au PS sa prose sur le Front national.

D�non�ant l'accord conclu entre Lutte ouvri�re et la LCR, qualifi� de "front anti-r�publicain", l'UMP a souhait� lundi que le Parti socialiste "annonce clairement son refus de toute alliance avec des forces politiques fondamentalement �loign�es des valeurs r�publicaines et d�mocratiques".

"En choisissant l'alliance avec Arlette Laguiller, Olivier Besancenot choisit le camp de ceux qui ne se sont pas clairement oppos�s � Jean-Marie Le Pen" au lendemain du 21 avril 2002, a soulign� le porte-parole de l'UMP Renaud Donnedieu de Vabres lors du point-presse du parti de la majorit� pr�sidentielle � Paris. �tonnante intromission de droite dans un d�bat entre trotskistes.

D�s lors, "nous souhaitons qu'aucune passerelle n'existe entre les anciens trotskistes r�fugi�s au PS et les nouveaux trotskistes de l'extr�me gauche". Car "derri�re l'apparence d'ouverture sociale de certains d'entre eux se dissimulent en effet mal certaines d�rives sectaires, doctrinaires et x�nophobes", a-t-il affirm�.

Comme Fran�ois Mitterrand s��tait servi du Front national pour brise la droite, l�UMP esp�re bien porter le fer jumeau dans le sein m�me des socialistes qui se retrouvent avec un probl�me angoissant c�t� gauche. Que feront en effet les contestataires de la Gauche socialiste dirig�e par l�ancien militant LCR G�rard Filoche, et Julien Dray, ancien militant de la LCR�

Le porte-parole du gouvernement Jean-Fran�ois Cop� a aussit�t enfonc� le clou en d�non�ant "une extr�me-gauche tr�s virulente, parfois m�me violente, et dont le principal objectif est de bloquer le pays", mettant en garde le Parti socialiste contre une �ventuelle alliance avec ses repr�sentants aux prochaines �lections.

"Cela m'int�ressera beaucoup de savoir si la gauche, toujours tr�s active en le�ons de morale, fera ou non une alliance avec l'extr�me gauche" lors des �lections r�gionales de mars 2004, a ajout� sur LCI M. Cop�, soulignant qu'il avait lui-m�me "toujours refus� l'alliance avec l'extr�me droite".

La longue marche de la LCR

Petite formation issue de la ni�me scission trotskiste, la LCR conna�t enfin son heure de gloire. Itin�raire d�une production � Trotskist park �.


Le repr�sentant en France du Secr�tariat Unifi� de la Quatri�me Internationale (SUQI) est la Ligue Communiste R�volutionnaire (LCR).
Les autres organisations internationales trotskistes sont :
- l'Union Communiste Internationaliste (UCI) (Lutte ouvri�re)
- l'Entente Internationale des Travailleurs et des Peuples (EIT) et la "Quatri�me Internationale (Centre International de Reconstruction)" (CIR) (OCI-PT)

mars 1944
cr�ation du Parti Communiste Internationaliste (PCI), section fran�aise de la IV�me Internationale, par fusion du Parti Ouvrier Internationalistes (POI, ex-Comit�s pour la IV�me Internationale), du Comit� Communiste Internationaliste (CCI) et du groupe Octobre (Henri Claude)

1945 congr�s : division
* majorit� : Marcel Bleibtreu (secr�taire g�n�ral)
* minorit� : Yvan Craipeau

Une partie de la tendance "large" (David Rousset) quitte le PCI et participe � la cr�ation du Rassemblement D�mocratique R�volutionnaire (RDR)
1946 congr�s : la tendance "large" l'emporte; Yvan Craipeau secr�taire g�n�ral

novembre 1947 congr�s : la tendance "�troite" redevient majoritaire :

* Pierre Frank, Jacques Jacques Grinblat "Privas", Pierre Boussel "Lambert", Marcel Favre-Bleibtreu
* Capitalisme d'�tat (Marcel Pennetier), qui quittera ensuite le PCI
* Socialisme ou Barbarie (Claude Lefort, Corn�lius Castoriadis), qui quittera ensuite le PCI

13-14 juillet 1952 dissidence "lambertiste" (Pierre Boussel "Lambert", Marcel Gibelin, Marcel Favre-Bleibtreu, Michel Lequenne, Mich�le Mestre) et cr�ation de l'Organisation Communiste Internationaliste (OCI)

1962 dissidence "posadiste" (Juan Posadas) de la IV�me Internationale et cr�ation du Parti Communiste R�volutionnaire/Trotskyste (PCR/T)

1965 dissidence "pabliste" (Michel Raptis, "Pablo") de la IV�me Internationale et cr�ation de la Tendance Marxiste R�volutionnaire de la Quatri�me Internationale. les "pablistes" cr�ent en juillet 1969 de l'Alliance Marxiste R�volutionnaire (AMR), qui rejoint le Parti Socialiste Unifi� (PSU, autogestionnaire) en 1975

janvier-avril 1966
cr�ation des Jeunesses Communistes R�volutionnaires (JCR) apr�s la dissolution du "secteur Sorbonne/Lettres" de l'Union des �tudiants Communistes (PCF), qui avait refus� de soutenir Fran�ois Mitterrand � l'�lection pr�sidentielle de d�cembre 1965. L�un des dirigeants en est Alain Krivine.

12 juin 1968
dissolution du Parti Communiste Internationaliste (PCI) et des Jeunesses Communistes R�volutionnaires (JCR). Dans la clandestinit�, la JCR dissoute d�cide d�adh�rer � la 4�me internationale provoquant le d�part de la tendance 3 qui rejoint le mao�sme et formera plus tard Vive la R�volution.

5-8 avril 1969
l'ex-Parti Communiste Internationaliste (PCI, Pierre Frank) et les ex-Jeunesses Communistes R�volutionnaires (JCR, Alain Krivine, Henri Weber, Daniel Bensa�d) forment la Ligue Communiste

1er juin 1969
premier tour de l'�lection pr�sidentielle. LO appuie cette candidature.
01,06% Alain Krivine

28 juin 1973
d�cret de dissolution de la Ligue Communiste apr�s des affrontements avec l'organisation d'extr�me droite Ordre Nouveau (ON) le 21 juin 1973. Fin de la p�riode dite � insurrectionnelle �.

10 avril 1974
devient le Front Communiste R�volutionnaire et d�cr�te que l�heure n�est plus � la r�volution imminente. Il faut se prol�tariser.

5 mai 1974
premier tour de l'�lection pr�sidentielle :
00,37% Alain Krivine. L�hebdomadaire Rouge devient quotidien le temps de la campagne qui voit la victoire de Giscard d�Estaing.

19-22 d�cembre 1974
Le FCR devient la Ligue Communiste R�volutionnaire (LCR) section fran�aise de la 4�me internationale

d�cembre 1976 congr�s du Mouvement d'Action Syndicale (MAS, autogestionnaire) qui veut concurrencer l�UNEF. Adh�sion des �tudiants de la LCR

mai 1977
congr�s du Mouvement d'Action Syndicale (MAS, autogestionnaire) : la LCR devient majoritaire.

10 juin 1979
�lections europ�ennes. liste commune avec Lutte Ouvri�re (LO) "Pour les �tats-Unis socialise d'Europe"

3-4-5 mai 1980
le Mouvement d'Action Syndicale (MAS) participe � la cr�ation de l'Unef-ID
septembre 1979 exclusion de la "Tendance L�niniste-Trotskyste" (Daniel Gluckstein connu dans la LCR sos le pseudonyme de Seldjouk) pro-Nahuel Moreno. les dissidents fondent la Ligue Communiste Internationaliste (LCI) et rejoindront en octobre 1980 l'Organisation Communiste Internationaliste (OCI) "lambertiste".

d�cembre 1981
scission de militants du Mouvement d'Action Syndicale (MAS) qui fondent Questions Socialistes. en mai 1982 Questions Socialistes rejoint le Parti Socialiste (PS). Les dissidents les plus connus sont :
- Julien Dray, ancien secr�taire g�n�ral du MAS
- Harlem D�sir (pr�sident de SOS Racisme de 1984 � 1992)
- Isabelle Thomas
- Laurence Rossignol...

Questions Socialistes prend le contr�le du courant Pour L'Unit� Syndicale (PLUS, socialiste) de l'Unef-ID et fonde SOS Racisme en 1984

18 avril 1984
d�c�s de Pierre Frank (n� le 24 octobre 1905) trotskiste historique qui est enterr� en grandes pompes au P�re Lachaise. C�est la derni�re grande manifestation trotskiste de la LCR.

24 avril 1988
premier tour de l'�lection pr�sidentielle : la LCR soutient le communiste dissident Pierre Juquin.

juin 1994
scission des militants de D�mocratie et R�volution (G�rard Filoche). D�mocratie et R�volution rejoint le Parti Socialiste (PS) en octobre 1994 et devient sous le nom de D�mocratie et Socialisme le mensuel de la Gauche Socialiste, courant du PS o� se retrouvent notamment les anciens de Questions Socialistes. Ces d�parts vont d�bloquer la situation interne de la LCR.

15 mars 1998
�lections r�gionales. la LCR obtient 3 �lus dans 2 r�gions (Bretagne : 1, Midi-pyr�n�es : 2)

13 juin 1999
�lections europ�ennes. liste commune avec Lutte Ouvri�re (LO) : 2 �lus LCR (Alain Krivine, Roseline Vachetta)


23 juin 2001
vote de la conf�rence nationale :
- 68% pour une candidature commune LO-LCR � l'�lection pr�sidentielle
- 75% pour la d�signation d'un candidat LCR dans l'attente du r�sultat des n�gociations avec LO. Olivier Besancenot d�sign� candidat par la direction nationale. Alain Krivine est �cart�.

vote des conf�rences locales :
- 45% motion A (Alain Krivine, "R�volution !") : candidature commune LO-LCR � l'�lection pr�sidentielle (candidature LCR si �chec des n�gociations), pas de consigne de vote au second tour
- 12,5% motion B : candidature LCR � l'�lection pr�sidentielle, appel � voter pour la gauche au second tour
- 20% motion C (proche de la gauche alternative) : candidature LCR � l'�lection pr�sidentielle
- 22% motion D (ex-Voix des Travailleurs) : soutien � la candidature d'Arlette Laguiller, pas de consigne de vote au second tour
1er-4 juin 2000
14e congr�s. vote des motions ("plates-formes") :
- 59,39% motion A
- 15,22% motion B
- 22,84% motion C
- 02,54% motion D
Adh�sion de Voix des Travailleurs (VDT), scission de Lutte Ouvri�re (LO)

21 avril 2002
La divine surprise : premier tour de l'�lection pr�sidentielle :
04,25% Olivier Besancenot
(tous ces renseignements sont tir�s du site � francepolitique.free.fr)

Quand les trostkistes mettaient sur le m�me plan les SS et les soldats alli�s

Pendant la Seconde guerre mondiale, les trotskistes condamnaient les horreurs nazies et� les bombardements alli�s. Extrait de LA LUTTE de CLASSES � n� 28 6 avril 1944 c�est-�-dire deux mois avant le d�barquement qui est ici d�nonc�.


� A BAS LES ASSASSINS

Les aboyeurs pay�s de Londres nous avaient expliqu� pendant des mois que seule la d�moralisation du peuple allemand par le bombardement syst�matique des villes industrielles pouvait mettre fin � la guerre et aux maux du peuple fran�ais Aujourd'hui les bombes de 2000 kg, les bombes au phosphore et � retardement s'acharnent sur Paris et d'autres villes fran�aises, tuant et mutilant en une ou deux heures des centaines d'ouvriers et d�truisant des quartiers entiers ; et les m�mes pensent att�nuer notre indignation et nous consoler en nous disant qu'il faut en passer par l� si l'on veut en finir. En attendant, ajoutent-ils, "Nous ne pouvons rien pour vous" ! Bien s�r les d�magogues � la Paqui, D�at ou Henriot ont beau jeu pour crier � la sauvagerie et � la terreur jud�o-anglo-saxonne, comme si leurs ma�tres n'avaient pas � leur actif les bombardements de Rotterdam, de France et de Londres en 1940, et comme si les SS ne venaient pas d'ex�cuter froidement un village entier pr�s de Lille.

La nouvelle le�on sanglante que nous venons de recevoir doit dissiper toutes les illusions : Quels qu'en soient les pr�textes ou les raisons, les coups que les imp�rialistes �changent entre eux au cours de cette guerre pour le partage des richesses du globe entre quelques milliardaires, retombent toujours directement sur les peuples. Les imp�rialistes alli�s lancent aujourd'hui leurs bombes sur nos quartiers ouvriers sous pr�texte de "lib�ration", bient�t, sous pr�texte de nous d�fendre et de se d�fendre, les imp�rialistes allemands mettront le m�me acharnement � d�truire tout ce que les premiers auront laiss� debout.

Le d�barquement anglo-am�ricain, en rapprochant de nous le th��tre des op�rations militaires, constitue une menace terrible. Les bombardements, et autres massacres, vont se multiplier et se pr�cipiter. Ceux d'entre nous qui ont �chapp� jusqu'ici, nous-m�mes, nos familles, nos camarades, nous pouvons tous �tre victimes demain.

SEULE UNE ACTION DES MASSES OUVRIERES PEUT METTRE FIN A LA GUERRE IMPERIALISTE ET AUX MAUX DONT ELLE NOUS ACCABLE. Il faut protester �nergiquement contre ces bombardements sauvages. Nous devons r�clamer des abris, le paiement int�gral et sans r�cup�ration des heures d'alertes. Il faut exiger le contr�le ouvrier des services d'aide aux sinistr�s et la r�quisition pour eux des vastes appartements et des h�tels particuliers inhabit�s.

Ne nous laissons prendre ni aux consolations ou promesses de Londres ni � la d�magogie de Vichy ou de Paris, mais r�pondons coup pour coup si nous ne voulons pas �tre �cras�s. �

CLASSE CONTRE CLASSE

Si les travailleurs fran�ais n'avaient pas �t� berc�s par l'attente de la victoire alli�e lib�ratrice qui, depuis 2 ans, doit toujours venir, ils se seraient certes davantage oppos�s aux entreprises patronales contre eux.

Mais l'espoir trompeur qu'un "2�me front" alli� compl�terait heureusement les victoires de l'Arm�e Rouge et d�livrerait le pays des maux qui se sont abattus sur lui avec la guerre et l'occupation, a laiss� les ouvriers sans d�fense contre la bourgeoisie. Il fallait faire "front" contre l'envahisseur avec les "bons" patrons, les mauvais n'�tant que des tra�tres et ne constituant qu'une exception dans la classe capitaliste.

Quoique la collaboration ait �t� le fait de toute la bourgeoisie fran�aise apr�s juin 1940 (les travailleurs se souviennent de l'isolement complet des �migr�s pro-alli�s � Londres avant le d�barquement anglo-am�ricain en Afrique du Nord le 6 novembre 1942), l'essentiel n'est pas de savoir comment la bourgeoisie entend d�fendre ses int�r�ts sur le terrain international. L'essentiel c'est que "bons" et mauvais patrons (sous Daladier comme sous P�tain) ont tous travaill� et travaillent pour la guerre et tirent des super-b�n�fices du sang et de la mis�re des masses travailleuses. LA GUERRE EST LEUR AFFAIRE A EUX TOUS.

La politique pr�conis�e par les dirigeants opportunistes de la classe ouvri�re ("ne bougez pas, les alli�s vont nous d�livrer, que seulement les plus courageux d'entre vous deviennent les soldats de la France en abattant le plus de Boches qui occupent notre territoire"), a amen� la classe ouvri�re dans une situation extr�mement grave.

D'un c�t� l'activit� chauvine anti-boche des partis fran�ais pro-alli�s a aid� l'imp�rialisme allemand � maintenir les ouvriers et paysans allemands sous l'uniforme dans une stricte discipline militaire et lui a permis de poursuivre sans risques r�volutionnaires toutes ses ignobles entreprises contre les masses travailleuses fran�aises.

D'un autre c�t� les imp�rialistes alli�s, sous pr�texte de "lib�ration", sont en train de d�truire "la substance vitale du peuple fran�ais" (De Gaulle), par les bombardements et la guerre d�cha�n�e sur le sol fran�ais.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s