L'accident du sous-marin nucl�aire Hartford, survenu le 25 octobre dernier pr�s de l'�le de Caprera, continue � faire des vagues.
L'US Navy, relay�e par les autorit�s administratives des deux �les d�cid�ment peu curieuses, affirme que l'incident n'a eu aucune cons�quence sur l'environnement, les d�g�ts s'�tant limit�s au gouvernail et � la partie inf�rieure du submersible.
De telles affirmations apparaissent comme contradictoire avec le secret qui a entour� cet accident pendant 18 jours et des sanctions prises � l'encontre de l'�quipage. En effet Christopher R.Van Metre, commandant du sous-marin et six autres membres de l��quipage ont �t� rapatri�s dans le plus secret vers les �tats-Unis.
En Corse, � la demande de l'office de l'Environnement, des pr�l�vements d'eau et d'algues ont �t� effectu�s dans les bouches de Bonifacio par la direction r�gionale des Affaires Sanitaires et Sociales. Les analyses sont actuellement en cours, au laboratoire de l'IRSN (institut de radioprotection et de s�ret� nucl�aire) du Vesinet en r�gion parisienne. Les r�sultats devraient �tre rendus publics en fin de semaine.
L'Alliance de L'Olivier qui r�unit diff�rents partis de gauche en Italie, a demand� la cr�ation d'une commission d'enqu�te parlementaire pour faire la lumi�re sur l'accident du Hartford, mais aussi sur la base am�ricaine de La Maddalena et sur son projet d'extension qui a re�u l'aval du ministre italien de la d�fense malgr� l�opposition du parlement sarde. Pourtant, le ministre Matteoli a d�clar� durant la conf�rence sur la M�diterran�e qui s�est tenue � Catane (Sicile) que "le gouvernement italien a le droit de savoir tout ce qui concerne la s�ret�, notamment dans le domaine nucl�aire �. C�est bien le moins.
La gauche italienne a donc relanc� le d�bat sur l�existence de cette base de l�OTAN d�autant que cet organisme a demand� que le nombre de sous-marins nucl�aires passe de 2 � 8. � la gauche sont venus s�ajouter les �cologistes, les autonomistes sardes et m�me des �lus de droite.
Le gouvernement Berlusconi a r�pondu que la remise en cause de la base am�ricaine n��tait pas � l'ordre du jour�.
La presse sarde signale que le Hartford a quitt� La Maddalena mardi dernier en direction de Norfolk, aux �tats Unis mais qu�une nouvelle alarme s�est produite il y a exactement une semaine, le mercredi 19 novembre.
Selon l�Unione Sarda c�est � 20 h 15 que les habitants de La Maddalena ont per�u deux nouvelles explosions, suivies d'une extension des feux sur l'Emory Land, le navire d'appui aux sous-marins, qui se trouve actuellement dans la base en question. Selon les autorit�s militaires il s'agissait en fait d'un exercice incendie, nouvelle qui n'a �t� rendu publique qu'une dizaine d'heures apr�s les faits.
Corse-Matin signale sous la signature de Pierre Ciabrini, qu�en ce qui concerne les mesures de s�curit�, l'annonce faite par le maire de la Maddalena concernant le plan d'�vacuation de l'archipel en cas d'accident nucl�aire n'a �t� ni d�mentie, ni confirm�e. Ce plan, r�clam� depuis plusieurs ann�es, devrait �tre pr�sent� officiellement par le pr�fet de Sardaigne, vendredi 28 novembre � Sassari.
Les autorit�s am�ricaines ont lanc� une enqu�te afin de comprendre comment le secret qui entourait l�accident a pu �tre perc� � jour. Dans un premier temps, elles ont m�me tent� de faire croire que le sous-marin �tait de type conventionnel. En fait le Hartford (Ssn 768) jauge 6900 tonnes en immersion. Il est le long de 360 pieds et large de 33. Il est � propulsion nucl�aire. Il appartient � la classe Los Angeles et a �t� lanc� le 2 d�cembre 1993. C�est une unit� plus plut�t moderne qui a co�t� 900 millions de dollars qui peut combattre m�me � 300 m�tres de profondeur et lancer des missiles Tomahawak et Cruise �quip�s de t�tes atomiques.
En remontant le fil des informations, on trouve un premier papier dans un journal britannique � The day � qui met la puce � l�oreille des autonomistes qui en informent les autorit�s sardes. En France c�est Pierre Ciabrini de Corse-Matin qui �crit le premier article aussit�t relay� par L�investigateur. L�hebdomadaire, Le Journal de la Corse a fait sa Une sur l��v�nement et pose une question vraie : pourquoi la ministre de l�environnement du gouvernement Raffarin n�a fait aucune d�claration sur le sujet ?. Il faudra attendre plusieurs jours pour que la presse nationale en parle. La premi�re d�p�che de l�AFP date d�hier, deux jours apr�s un article du Figaro. Le Monde n�en parlera qu�en m�me temps que l�AFP.
L�article du Journal de la Corse
L�inqui�tante incertitude
L�accident du sous-marin nucl�aire am�ricain dans les bouches de Bonifacio
Le 25 octobre dernier, des rumeurs font �tat d�un incident � bord d�un sous-marin nucl�aire am�ricain dans l�archipel de La Maddalena, � moins de dix kilom�tres des c�tes corses.
Les autorit�s am�ricaines assurent que l�incident est mineur, mais pourtant les marins sont relev�s de leurs fonctions.
Le ministre italien de l�Environnement a demand� des explications au Pentagone. Au moment o� nous mettons sous presse, les autorit�s fran�aises se r�f�rent � la d�claration am�ricaine et n�ont proc�d� � aucune analyse . Ati Lantieri, maire de Bonifacio, demande aux pouvoirs publics de faire toute la lumi�re sur cette affaire : " Nous ne savons rien et ce silence est insupportable".
Interrog� sur l�accident qui aurait endommag� le sous-marin nucl�aire Hartford, le directeur r�gional des affaires maritimes de la Corse, Jean-Marie Coupu, se r�f�re au communiqu� que les autorit�s am�ricaines ont adress� � la Pr�fecture maritime de M�diterran�e et dont la Corse d�pend.
Selon ce communiqu�, le sous-marin aurait heurt� le fonds et aurait subi des avaries sur le gouvernail et quelques �raflures sur la coque. Mais l�incident n�aurait provoqu� aucun dommage corporel aux membres de l��quipage et surtout, " l��tanch�it� de l�appareil et le r�acteur n�auraient pas �t� affect�s par l�incident ". Le sous-marin aurait �t� remorqu� jusqu�� sa base, dans l��le de Santo Stefano o� il aurait �t� inspect� par des plongeurs. Quelques r�parations auraient �t� faites pour redresser le gouvernail et le sous-marin aurait repris son programme de navigation vers les �tats-Unis. Selon Jean-Marie Coupu, les autorit�s am�ricaines assurent qu�il n�y aurait eu aucun d�versement en mer de produits polluants.
� la question de savoir si les citoyens peuvent se contenter de la seule all�gation am�ricaine pour �tre rassur�s sur un �ventuel risque nucl�aire, le directeur r�gional des affaires maritimes se retranche derri�re le fait que cet incident a eu lieu dans les eaux territoriales italiennes. Mais sachant que les courants marins ne s�arr�tent pas aux fronti�res, on aurait pu imaginer que les pouvoirs publics fassent proc�der � des analyses de l�eau pour y d�celer d��ventuels radio�l�ments. N�anmoins pour Jean-Marie Coupu, " l�incident est consid�r� comme n�ayant entra�n� aucun dommage sur le milieu marin et il n�a pas �t� estim� n�cessaire de faire proc�der � des analyses de l�eau ", d�autant qu�� sa connaissance " les autorit�s italiennes elles-m�mes n�ont pas jug� bon de le faire ".
Pourtant d�apr�s notre confr�re "La Nuova Sardegna", le ministre italien de l�Environnement aurait qualifi� cet accident de " s�rieux ".
Silence radio
Son homologue fran�aise, Roselyne Bachelot, n�a fait � ce jour aucune d�claration. Interrog�, le service de presse de la ministre, d�clare ne pas �tre au courant de l�affaire.
L�Institut de Radioprotection et de S�ret� Nucl�aire (IRSN) affirme ne pas avoir �t� saisi par les autorit�s et n�a donc pas proc�d� � des pr�l�vements dans les Bouches de Bonifacio. D�une fa�on habituelle, un pr�l�vement d�eau de mer a lieu une fois par mois dans le golfe d�Ajaccio et les analyses sont trait�es par le laboratoire de l�Institut en r�gion parisienne. Mais selon cet organisme, la direction des courants ne permet pas de fixer avec certitude les radio�l�ments.
Nous avons par ailleurs demand� au repr�sentant de l�Etat en Corse de r�pondre � quelques questions. Hormis la d�claration du directeur des affaires maritimes qui reprend le communiqu� de presse de l�US Navy, ni le secr�taire g�n�ral de la pr�fecture ni le directeur de cabinet du pr�fet n�ont pu nous expliquer pourquoi les pouvoirs publics ont tard� � informer la population. Nous aurions �galement aim� savoir si cet accident peut avoir des r�percussions sur l�environnement et si le gouvernement fran�ais a interpell� le gouvernement am�ricain. Enfin, nous aurions aim� conna�tre le r�le de la cellule de veille et savoir quelle a �t� son action dans cette affaire. Force est de constater que les autorit�s publiques se contentent des d�clarations am�ricaines sans proc�der � des investigations compl�mentaires ou � des contre-enqu�tes. Le pr�c�dent de Tchernobyl et l�inertie dont les autorit�s ont fait preuve dans cette affaire ne peut que g�n�rer de l�inqui�tude aupr�s de la population.
Marie-Anne Andreani
L�article du Monde
Un sous-marin nucl�aire am�ricain inqui�te la Corse
Apr�s un incident dans les bouches de Bonifacio, l'�le attend le r�sultat d'analyses en fin de semaine.
La tension, mais non toutes les inqui�tudes, est retomb�e le 18 novembre � la lecture de l'unique communiqu� officiel consacr� par les autorit�s fran�aises � l'"affaire" du sous-marin nucl�aire am�ricain. Cet incident, "sans aucune cons�quence pour les personnes, l'environnement et le syst�me de propulsion nucl�aire", selon Kate Muller, porte-parole de la 6e flotte am�ricaine, cit�e par le quotidien Corse-Matin, vient de d�frayer la chronique pendant deux bonnes semaines.
L'histoire remonte au 25 octobre. Ce jour-l�, � 12 h 40, le sous-marin � propulsion nucl�aire USS-Hartford quitte la baie de Santo Stefano, au c�ur de l'archipel de la Maddalena, au nord-est de la Sardaigne. "Pendant une navigation en surface par faibles fonds dans les eaux territoriales italiennes, � trente kilom�tres au sud de Bonifacio, indiquera le communiqu� fran�ais, le sous-marin heurtait bri�vement le fond. De retour au port, il �tait inspect� par les plongeurs qui identifi�rent des avaries au gouvernail et des �raflures sur la coque. L'�tanch�it� du navire et le r�acteur n'ont pas �t� affect�s par l'incident. Il n'y a eu aucun d�versement en mer de produit polluant."
DES RIVERAINS SENSIBILIS�S
R�par� � Santo Stefano, le sous-marin a imm�diatement repris son programme de navigation, tandis que deux officiers sup�rieurs �taient relev�s de leur commandement. Enfin, toujours selon le communiqu�, "les autorit�s italiennes (...) n'ont pas inform� les autorit�s fran�aises de la n�cessit� d'investigations compl�mentaires (...). Les proc�dures de coop�ration en mati�re de lutte contre la pollution maritime (...) n'ont donc pas eu � �tre activ�es".
Un incident jug� banal qui aurait �t� grossi par les m�dias de Sardaigne et de Corse ? C'est apparemment le sentiment du commandement de la 6e flotte am�ricaine bas�e � Naples, de la pr�fecture maritime de Toulon et des autorit�s des deux �les. Mais les riverains des bouches de Bonifacio, � 17 kilom�tres seulement de Santa Teresa di Gallura, sont tr�s sensibles aux risques de pollution. Depuis 1992, les p�troliers battant pavillons fran�ais et italien doivent se conformer � l'interdiction de traverser le d�troit, il n'en est pas de m�me pour tous les autres, s'agissant d'eaux internationales, malgr� plusieurs d�marches de la France et de l'Italie.
Par ailleurs, la base am�ricaine cr��e en 1972 sur l'�lot de Santo Stefano, qui abriterait 2 500 hommes, n'est pas accept�e par les �cologistes sardes et corses. L'incident du sous-marin a raviv� la protestation, et les contestataires ont soulign� que cette base n'a plus sa place depuis la cr�ation du parc marin international des bouches de Bonifacio en 1998.
Le maire de Bonifacio, Ati Lantieri (UMP), et le maire de Maddalena, Rosana Guidice, ont, en tout �tat de cause, regrett� de n'avoir pas �t� inform�s. Et l'Office de l'environnement de la Corse que pr�side J�r�me Polverini (UMP) a d�cid� le 17 novembre de confier � "l'Institut fran�ais de radioprotection et de s�ret� nucl�aire une campagne de mesure de la variation de la radioactivit� dans le p�rim�tre du parc international". Les r�sultats des analyses, qui seraient n�gatifs, devraient �tre connus � la fin de cette semaine.
(Paul Silvani)
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