La conf�rence de presse de l�Union des Combattants marque ind�niablement un tournant dans la situation corse. Mais �a n�est ni un nouveau Tralonca ni n�cessairement le signe d�une d�tente.
La derni�re "tr�ve illimit�e" du FLNC Union des Combattants remonte au 23 d�cembre 1999, dix jours apr�s l�ouverture par le premier ministre Lionel Jospin du processus de Matignon". C�est dire que la notion de � tr�ve illimit�e � a en Corse ses propres limites.
Le processus avait d�ailleurs lieu quelques semaines � peine apr�s le double attentat contre l�URSAFF et la DDE � Ajaccio perp�tr� par des militants du FLNC du 5 mai qui passait ainsi leur examen d�entr�e dans l�Union des Combattants qui allait voir le jour d�but d�cembre.
La d�claration du FLNC Union des Combattants appelle d�abord quelques remarques de d�tail qui n�en sont peut-�tre pas. Le style du texte est diff�rent de ce qu�il est d�habitude. Quelques mots sur les contre v�rit�s historiques �normes qui ouvrent le texte. Osez pr�tendre que les armes et la guerre sont arriv�s en Corse avec la France d�montre pour le moins une m�connaissance totale de l�histoire de notre pays au pire une r�vision qui ressemble fort � celle op�r�e par les fascistes irr�dentistes entre les deux guerres. C�est tout simplement oublier que la r�volution a commenc� en 1729 contre les G�nois et qu�elle ne se termina que de mani�re incidente contre les Fran�ais.
C�est passer sous silence les pourparlers tr�s pouss�s qui eurent lieu entre le G�n�ralat de Pasquale Paoli et la royaut� fran�aise. Mais passons et mettons ces �neries sur le compte d�une certaine paresse intellectuelle.
Affirmer �galement que l�Europe toute enti�re saluait cette exp�rience d�ind�pendance nationale c�est m�conna�tre le fait que � toute l�Europe � de l��poque �tait royale ou imp�riale � l�exception des r�publiques italiennes. Pasquale Paoli a �t� salu� par l�imp�ratrice de Russie, Catherine la Grande et par la royaut� anglaise mais ils se gard�rent bien d�aider financi�rement les efforts du P�re de la Patrie. Ignorons par charit� le langage h�sitant qui rend parfois difficilement compr�hensible certaines phrases et abordons le fond.
En premi�re partie tous les arguments sont avanc�s pour conclure par une continuation de la violence. Et pourtant la tr�ve sans condition y est proclam�e au nom de la lutte l�gale. C�est terriblement contradictoire. C�est un raisonnement qui marche sur la t�te. C�est le FLNC.
La phrase importante sortie de sa gangue de discours inutile est celle-ci : � Nous avons conscience aujourd�hui qu�il est de notre devoir de cr�er les conditions d�finitives de l�union strat�gique nationale. Ce moment est important et historique pour nous , pour le mouvement national, pour notre peuple. Nous d�cidons � dater de ce jour de suspendre les actions militaires sans conditions de temps ni de lieu. �
Plus haut, le FLNC a donn� sa d�finition de l�union qui, surprise, d�passe celle des nationalistes puisqu�elle s�adresse � � tous ceux qui ont pris le parti de d�fendre son peuple, ses droits, ses int�r�ts, en particulier le mouvement national mais aussi ceux qui ont fait le choix politique d�une voie progressiste. �
C�est donc une mise en place du fameux � compromis historique � demand� depuis des ann�es par Pierre Poggioli, responsable de la petite ANC. Termin�e les r�ves de contre-pouvoirs et les condamnations des partisans de la troisi�me voie. Au contraire la voici sacralis�e. Cela signifie aussi tr�s concr�tement la mort de la fameuse Consulta di u populu corsu aussi d�sign�e par les nationalistes comme l�ANP, l�assembl�e nationale provisoire. C�est dans ce sens qu�avait �t� lanc�e l�op�ration carte d�identit� du peuple corse, belle et bien enlis�e dans les sables de l�oubli.
D�sormais, le lieu de pouvoir r�habilit� est l�assembl�e territoriale avec un double espoir : obtenir 30% des suffrages et devenir la majorit� absolue et � d�faut, �tre la liste de t�te et ainsi imposer sa l�gitimit� � l��tat fran�ais.
Jamais le mouvement nationaliste n�a �t� en aussi piteuse forme politique. En termes programmatiques, c�est le z�ro absolu. Si on veut bien mettre de c�t� les incantations habituelles sur la langue corse, l��conomie etc. la d�marche nationaliste revient aujourd�hui � demander toujours plus � l��tat qualifi� de colonial. En termes de construction rien n�a �t� fait. � l�inverse il est exact que le d�sengagement de l��tat providence a suscit� une ranc�ur qui profite aux nationalistes dans les institutions parall�les comme les associations voire les syndicats.
N�anmoins, on ne construit pas une politique avec de l�aigreur et de la ranc�ur. La victoire nationaliste consiste donc en un formidable trompe l��il. Face au n�ant des partis traditionnels qui atteignent d�sormais le maximum de leurs capacit�s � la dispersion, les nationalistes ont beau jeu de laisser penser qu�ils pourraient faire mieux. L�originalit� de ce texte est de faire croire qu�ils le d�sirent. En effet, jusqu�alors, les nationalistes de Corsica nazione, � l�exception m�ritante de Jean-Guy Talamoni, donnaient l�impression de l�zarder dans une opposition facile. La pi�ce de th��tre semblait avoir donn� � chacun un r�le immuable. Les chefs de clan faisaient mine de s�offusquer de la violence mais en tiraient le plus grand avantage. Les nationalistes faisaient semblant de combattre l�immobilisme culturel mais s�en satisfaisaient fort bien. Les clandestins posaient des bombes en �vitant de faire trop de d�g�ts d�non�ant au passage ceux qui transgressaient cette r�gle de conduite. Quant � l��tat, il r�p�tait � l�infini sa valse h�sitation.
Qu�est ce qui dans cette toile de peintre amateur a chang� au point de donner vie � cette sc�ne mill�naire. Un �l�ment nous semble d�terminant : la d�termination sans faille affich�e par le ministre de l�int�rieur. Jamais il n�a sembl� c�der � la violence. C�est unique et c��tait la bonne attitude � avoir en face de chefs nationalistes dont la seule vocation malgr� les apparences est d�appara�tre comme des interlocuteurs respectables par Paris.
Chacun se rend bien compte que le v�ritable avenir de la Corse n�est �videmment pas une ind�pendance dont plus de 90% des Corses ne veulent pas. Nous avons �t� habitu� durant des si�cles � vivre contre mais aussi gr�ce � nos occupants qui devenaient au fil du temps nos partenaires. La permanence du fait corse d�montre que l�int�gration n�a jamais �t� compl�te. Non pas � cause d�une histoire d�tach�e d�autres consid�ration mais du fait d�une histoire �troitement li�e � notre insularit�.
Le caract�re si particulier de l��tat fran�ais a souvent crisp� les probl�mes. Mais pas seulement. Par exemple, lorsqu��clate Aleria en 1975, l�envoy� de Giscard Liber Bou est venu mettre en place un d�but de d�centralisation. Mais la d�mocratie est un �tat fragile qui tient au bon vouloir de la quasi totalit� de ses citoyens. Il suffit d�une dizaine d�hommes d�cid�s pour briser le consensus. Et en Corse il s�en est trouv� quelques centaines. Ils auraient �t� balay�s s�ils n�avaient b�n�fici� non de la complicit� mais de la passivit� d�une majorit� de Corses, passivit� entretenue par la m�diocrit� du personnel administratif envoy� par l��tat dans notre �le.
La Corse requiert du courage non parce qu�elle est violente mais parce que chaque individu peut poser probl�me. C�est donc une �le � embrasser et non pas � simplement g�rer. Si on n�aime pas les Corses mieux vaut s�en aller et laisser la place.
La d�cision du FLNC est la d�cision d�une organisation en �tat d�appauvrissement intellectuel, de vieillissement et de manque d�imagination. Mettre la cagoule et faire sauter la maison de quelques malheureux ne constitue pas un programme au mieux une occupation. Et lorsque le ministre de l�int�rieur a fait comprendre que d�sormais ces petites sorties nocturnes se paieraient � leur juste prix, le nombre de vocations parmi les plus anciens a baiss�. Le PNC a fait le reste en restant intransigeant sur ses cinq questions.
N�anmoins les nationalistes mod�r�s devraient se souvenir de la mani�re dont le PNV qui poss�de une puissance autre que celle du PNC, s�est fait rouler dans la farine par Batasuna et ETA au pays basque. La tr�ve propos�e n��tait qu�un leurre destin� � ce qu�ETA se refasse une sant�.
Un ultime �l�ment a jou� : les Corses en ont plus qu�assez des plasticages. La folle �quip�e de l�autre FLNC a fait le reste. L�Union des Combattants est persuad�e que ces derniers sont pr�t � refaire un Erignac bis pour faire capoter l�Union et s�imposer dans le cercle des convertis � la nouvelle politique.
La faiblesse du FLNC3 fait qu�ils peuvent difficilement s�attaquer � l��tat, cet �tat qui jusqu�� maintenant les a miraculeusement �pargn�s. Ils ne saurait s�en prendre � des Corses sans risquer d��tre �limin�s dans les jours qui suivent le crime. Reste donc une action meurtri�re contre une gendarmerie.
Cette conf�rence de presse n�est pas Tralonca ni par la taille ni par la p�riode. Mais les moyens de briser un consensus dont vous �tes �cart� reste une attitude inchang�e : frappez fort pour d�montrer que l�autre ne domine pas la situation. C�est cela qui est � craindre.
Mais on a rien sans rien. Et il convient de se r�jouir de la d�cision du FLNC UC en esp�rant que tout cela n�est pas un mirage. La pr�sence ostensible d�armes de poing, de fusils d'assaut, d�une mitrailleuse, et de deux lance-roquettes et des grenades �taient l� pour nous rappeler que la paix n�est qu�un �tat fragile.
Dans cette m�me nuit, la voiture personnelle d'un gendarme �tait endommag�e jpar un attentat � l'explosif � Morta, non loin de Ghisonaccia le fief du FLNC 3. La voiture, vide, �tait stationn�e sur la chauss�e publique dans ce village de la Plaine orientale quand la bombe a explos�, provoquant des d�g�ts moyens.
Par ailleurs, � Sari Solenzara, non loin de Ghisonaccia, une r�sidence en construction a �t� tr�s l�g�rement endommag�e par l'explosion, vers 22h00 jeudi soir, d'une charge de faible puissance. Cette r�sidence appartient � un concessionnaire automobile de Ghisonaccia. L� encore, nous restons dans l�aire de parcours du groupe fium�orbais du FLNC3.
Le texte de la conf�rence de presse du FLNC Union des combattants
Voici le texte in extenso lu lors de la conf�rence de presse du FLNC UC tenue dans la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 quelque part dans le sud de la Corse
� Les armes et la guerre sont arriv�es en Corse avec la France, auparavant notre peuple �tait libre. C'est l'invasion fran�aise qui a mis fin � notre exp�rience d'ind�pendance nationale que l'Europe enti�re saluait. Elle a sonn� le glas de nos libert�s et de nos institutions d�mocratiques. Jamais le Peuple Corse n'a accept� le joug colonial, il a toujours su maintenir vivante sa conscience nationale, enfouie dans notre culture et notre langue.
La France a en permanence combattue ces derni�res farouchement, elle a tent� de nous noyer sous une colonisation de peuplement effr�n�e, en niant toutes nos valeurs ancestrales. La paix n'a jamais figur� au programme d'aucun chef d'Etat fran�ais depuis deux si�cles et demi. Tous ont fond� leur pr�sence sur la domination et la soumission. La r�sistance existe, elle continue sans discontinuer depuis toujours, nous n'en sommes que ses h�ritiers. Notre organisation, notre mouvement politique n'a jamais eu le choix depuis sa cr�ation en 1976 que de s'opposer par les moyens l�gitimes de la lutte arm�e.
Jamais nous n'avons eu en face de nous un interlocuteur porteur de paix. Et aujourd'hui encore moins qu'hier. Certains nous reprochent des tr�ves qui ont �t� interrompues, pourtant � l'occasion de l'une d'entre elles, la France n'a jamais eu le courage politique de faire des propositions r�elles et concr�tes de paix. Jamais elle n'a assum�, alors que le mouvement national y �tait pr�t, les responsabilit�s qui sont les siennes. Elle a constamment fait le choix de la fuite en avant par la r�pression. Les victimes de cette r�pression sauvage et disproportionn�e au si�cle que nous vivons sont nombreuses, par centaines et par milliers. Nos combattants sont morts pour une juste cause et sont � nos c�t�s pour en t�moigner. En ces jours anniversaires de l'assassinat de Batti Acquaviva, nous leur d�dions tous nos combats, ceux du pass� et ceux � venir, nous leur d�dions notre qu�te inlassable de la paix pour notre peuple. Sans eux et sans leurs sacrifices le peuple corse figurerait aujourd'hui sur la liste des peuples disparus.
Nous avons �t� de ceux qui ont approuv� et soutenu les efforts du mouvement national, dans sa reconstruction, depuis le processus du Fiumorbu. Ces efforts peuvent et doivent se traduire sur le terrain politique aujourd'hui par la mise en �uvre d'une union strat�gique. Depuis des ann�es, nous demandons aux nationalistes de s'engager dans une telle d�marche. Elle est symbolique � nos yeux car elle est porteuse des espoirs de notre peuple et qu'elle a en elle les germes de la paix. Elle est de nature � amener l'Etat Fran�ais � engager de v�ritables n�gociations � partir d'un projet politique et institutionnel qui aura re�u l'aval du peuple corse.
Ce projet, s'il est suffisamment ambitieux et construit, permettra d'installer, pour une p�riode transitoire, de nouvelles institutions corses. Il devra �tre accompagn� d'un v�ritable processus de paix et du droit � l'autod�termination. Nous saurons y contribuer. Nous demandons au mouvement 'national de comprendre que son r�le est aujourd'hui de participer � cette construction de paix en s'impliquant si la situation le commande. Cela ne pourra se faire que dans le cadre d'une union nationale large, totale et sinc�re. La Corse aujourd'hui a besoin d'�tre g�r�e par tous ceux qui ont pris le parti de d�fendre son peuple, ses droits et ses int�r�ts, en particulier le mouvement national mais aussi ceux qui ont fait le choix politique d'une voie progressiste.
Il est temps de tourner d�finitivement le dos � ceux qui demeurent les valets de l'Etat colonial, � ceux qui perp�tuent le parti fran�ais � travers la classe politique traditionnelle. Nous combattons depuis vingt sept ans la main mise de la France sur notre terre, notre lutte est d�sint�ress�e et au service exclusif des int�r�ts collectifs de notre peuple. Elle a toujours su tenir compte des avanc�es et des progr�s de ceux qui m�nent l'ensemble des luttes publiques. Fid�les � nos engagements, nous n'avons jamais eu de volont� h�g�monique sur le mouvement national, nous en respectons chacune de ses tendances et chacun de ses militants. Nous avons su l'accompagner chaque fois que cela a �t� n�cessaire, notre action politique n'est en rien dissoci�e de notre action militaire. Nous avons conscience aujourd'hui qu'il est de notre devoir de cr�er les conditions d�finitives de l'union strat�gique nationale. Ce moment est important et historique pour nous, pour le mouvement national, pour notre peuple.
NOUS DECIDONS A DATER DE CE JOUR DE SUSPENDRE NOS
ACTIONS MILITAIRES SANS CONDITIONS DE TEMPS NI DE LIEU.
Ceci constitue un acte majeur de paix en direction du mouvement national et de notre peuple. Ce sera en trente ann�es de luttes et de sacrifices la premi�re fois qu'un tel geste est consenti, hors de toute n�gociation avec l'Etat fran�ais. Le temps n'est plus aux tr�ves de circonstance, le moment est velu de construire la paix en Corse. D�sormais notre peuple en a les moyens.
A pr�sent, nous attendons du mouvement national uni, et ce n'est pas une
exigence, qu'il conduise sur le terrain des luttes publiques, tous les combats
vitaux pour l'�mancipation nationale. Les droits sociaux et culturels de notre peuple et la d�fense des travailleurs sont pour nous des priorit�s. Tous les moyens devront �tre mis en �uvre pour la protection de notre environnement et la protection de notre patrimoine. Les luttes contre la colonisation de peuplement et la sp�culation immobili�re doivent �tre renforc�es. La lib�ration des prisonniers politiques et l'arr�t des poursuites sont des constantes de nos combats.
Ces combats sont n�cessaires, ils le seront davantage si chacun d'entre nous, � sa place, contribue � l'�laboration d'une union militante d�passant les chapelles. La confiance est revenue, nous pensons que, contrairement au pass�, le temps des divisions est derri�re nous. Nous sommes tout aussi conscients que la frange la plus r�trograde de l'Etat colonial n'acceptera pas la paix et tentera � nouveau, par esprit partisan, de semer la division par la r�pression et voire par d'autres moyens. Mais nous sommes s�rs aujourd'hui que l'union strat�gique du mouvement national nous permettra de surmonter, ensemble, ces �cueils et d'ouvrir d�finitivement les portes de la paix.
A POPULU FATTU BISOGNU � MARCHJ�
TOUT LE DOSSIER CORSE
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