Les troupes am�ricaines en Irak ont multipli� les raids ces derni�res vingt-quatre heures, capturant plus de cent suspects et mettant la main sur des caches d'armes. Le chef d'une tribu du Nord, accus� d'avoir accueilli le num�ro deux de l'ancien r�gime irakien, Ezzat Ibrahim, a m�me �t� arr�t�.
Ezzat Ibrahim est soup�onn� de coordonner les attaques men�es par des combattants �trangers et des partisans de l'ancien r�gime. Les forces am�ricaines ont mis sous les verrous trente-cinq personnes qu�elles pensent �tre responsables de l'attaque � la roquette ayant vis� fin octobre l'h�tel al-Rachid � Bagdad, tuant un officier am�ricain et blessant 17 personnes.
Malgr� la r�action am�ricaine, la situation ne cesse de s�aggraver. Et la coalition commence � comprendre que la seule mani�re de s�en tirer est d�impliquer de plus en plus les Irakiens eux-m�mes. Et paradoxe de l�histoire, qui vont-ils chercher pour devenir ces suppl�tifs? D�anciens soldats de Saddam, presque tous sunnites afin de leur faire jouer le r�le des harkis locaux.
Pour Bush, c�est une course contre la montre qui s�est engag�e. Les Am�ricains risquent de lui faire payer lors des prochaines �lections son incapacit� � g�rer la situation sur place. La grande question est de savoir comment la plus puissante nation du monde s�av�re incapable de g�rer les situations d�occupation lorsqu�elle ne parvient pas � s�appuyer comme en Europe au lendemain de la seconde guerre mondiale, sur des structures �tatiques locales.
C�est le spectre de la Somalie apr�s l�op�ration Restore Hope qui devient de plus en plus cr�dible. Mais aujourd�hui le d�fi est double. Financier d�abord. Le sabotage des pipe-lines de p�trole fait perdre des milliards aux �tats-Unis qui ont d�pens� dans cette guerre pr�s de deux cents milliards de dollars. Or les puits irakiens peuvent rapporter au maximum 17 milliards par an. L�op�ration n�est donc pas excellente. Mais pire que cela, le d�fi est m�diatique. � bien y regarder de pr�s, cette guerre est peu gourmande en chair humaine. Moins de deux cents soldats ont �t� tu�s depuis la fin de la guerre. C�est d�risoire en regard des guerres conventionnelles. Mais la strat�gie de l�islamisme radical est celui d�une gu�rilla � l��chelle plan�taire. Rien de plus usant pour la population en th�orie gagnante. Chaque jour, les m�dias distillent leurs lots de mauvaises nouvelles. � ce jeu-l�, les �tats-Unis n�ont aucune chance de gagner politiquement m�me si militairement ils parviennent � infliger des d�faites � leurs ennemis. Toutes les guerres de type coloniales ont �t� perdues par les insurg�s qui, pourtant ont gagn� dans les faits.
De plus, la vie humaine n�a pas le m�me prix pour un musulman fanatique et pour un Occident qui bondit sit�t qu�une bavure est d�nonc�e. Or les guerres contre-r�volutionnaires ne peuvent se gagner que par l�usage de sales moyens. Peut-�tre est-ce la raison pour laquelle Donald Rumsfeld s�est fait projeter le film de Pontecorvo � La bataille d�Alger � qui avait d�j� �t� le mod�le des g�n�raux tortionnaires argentins.
Comment donc r�pondre au d�fi des islamistes sinon en offrant tr�s rapidement aux pays en question les moyens de se d�velopper en esp�rant que ces progr�s fabriqueront des anticorps locaux au fanatisme religieux. Il serait dramatique que dans un an, l�Occident tire un bilan cynique � savoir qu�un Saddam Hussein, un Misolevic, une mafia de g�n�raux corrompus et sans scrupule, valent mieux pour nous qu�une horde de sauvages pour qui la mort est pr�f�rable � la vie.
Mais pour ne pas en arriver l�, il faudra aussi que les �tats-Unis comprennent que leur culture n�est pas celle du monde, que leurs m�thodes brutales, stupides provoquent le contraire de ce qu�elles pr�tendent obtenir. Ce sont les �tats-Unis qui ont permis aux Talibans et � Al-Qaida de grandir afin de lutter contre le danger communiste. Ce sont � eux de d�truire leurs Frankenstein sans pour autant faire sauter le monde entier. Les �tats-Unis ont fourni l�arme nucl�aire au Pakistan et permis � ce pays de soutenir militairement des r�gimes immondes.
En d�finitive les �tats-Unis paient le prix de leurs effroyables erreurs. Les Am�ricains sont souvent b�tes, enfantins. Mais ce sont souvent leurs contradictions qui ont apport� la d�mocratie dans le monde. Aujourd�hui pourtant tout s�acc�l�re et il devient urgent que les �tats-Unis comprennent que l�int�r�t de la plan�te ne saurait �tre subordonn� aux leurs. Sinon, l�humanit� se pr�pare des jours d�une noirceur difficile � imaginer.
|
|