Perquisition en Corse d'un h�tel g�r� par la famille de Charles Pieri
Oct 23, 2003

Des policiers du RAID ont entam� hier une quinzaine de perquisitions dans la r�gion bastiaise dont une d'un h�tel de Saint-Florent, dans le Cap corse, g�r� par la fille du leader nationaliste Charles Pieri.

Huit policiers du RAID (Recherche, assistance, intervention, dissuasion), venus de Paris, ont p�n�tr� vers 7h00 dans l'�tablissement apr�s que trois d'entre eux, les visages masqu�s par des cagoules, eurent crochet� le cadenas de la grille d'entr�e.

Les policiers �taient en tenues civiles et circulaient � bord de deux voitures banalis�es. Ils ont �t� rejoints, quelques instants plus tard, par des CRS et des policiers circulant � bord de trois fourgonnettes de CRS.

D'autres commerces, g�r�s par l'entourage de Charles Pieri doivent �galement faire l'objet de perquisitions, notamment un autre h�tel � Miomo, commune limitrophe de Bastia, et un magasin de sport, Sport 2000. Le directeur de l�hebdomadaire U Ribombu a par ailleurs �t� lui aussi perquisitionn�. Miomo, Petrabugno, le cap, ce sont en tout quinze endroits qui ont �t� investis par la police second�e par le RAID qui a remplac� avec Nicolas Sarkozy une DNAT d�sormais r�duite aux t�ches annexes.

Charles Pieri, ex-dirigeant ind�pendantiste d'A Cuncolta (devenue Indipendenza) et figure du nationalisme corse est implicitement vis� par une enqu�te confi�e au juge parisien Philippe Courroye, sp�cialis� dans les affaires financi�res.

Une information judiciaire contre X, a �t� ouverte courant septembre et vise des faits d'"abus de biens sociaux", "escroquerie � la TVA" et "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Elle est instruite par le juge Courroye qui se trouvait il y a deux semaines dans l��le.

Charles Pieri, qui n'est plus, officiellement, qu'un simple militant depuis sa sortie de prison en mai 2002, est notamment soup�onn� par les enqu�teurs d'avoir achet� en sous-main l'h�tel du Golfe de Saint-Florent, objet de la perquisition, par le biais d'une soci�t� cr��e en 2001 et g�r�e par sa fille Elodie Pieri.

Lors de l'enqu�te pr�liminaire conduite par le parquet de Bastia, les enqu�teurs auraient estim� que Charles Pieri se comportait comme le g�rant de fait de l'h�tel. La justice s'int�resserait �galement � la comptabilit� de l'�tablissement et � d'�ventuels abus de biens sociaux. L'h�tel du Golfe a r�cemment fait l'objet d'une mise aux ench�res. L�h�tel qui est un des plus m�diocres de la r�gion donne sur le bassin de d�cantation de la station d��puration de Saint-Florent. On est donc loin d�un ch�teau relais.

La soci�t� g�r�e par la fille de Charles Pieri a fait une offre de rachat qui a �t� rejet�e lundi par le tribunal de Commerce de Bastia. Les juges ont estim� qu'elle ne pr�sentait pas de garanties financi�res et bancaires suffisantes.

Par un hasard de calendrier, dix organisations nationalistes donnaient une conf�rence de presse ce mercredi matin � Bastia afin de faire sur la r�pression. Les coups de filet ont donc �t� au centre de cette rencontre avec la presse � l'H�tel Ostella pr�s de Bastia qui a permis de � d�noncer et condamner l'action r�pressive que conna�t la Corse depuis quelque mois �.

"Sur fond de corsophobie et de d�cha�nement m�diatique, et alors que les fraudeurs continuent de b�n�ficier de l'impunit� la plus totale, les interpellations et les emprisonnements se poursuivent de fa�on violente et tout � fait arbitraire", ont fait savoir d'une m�me voix Corsica Nazione, Indipendenza, PNC, ANC, Chjama Naziunale, Manca Naziunale, Partitu di a Chjama, PSI et I Verdi Corsi par la bouche du mod�r� Jean-Christophe Angelini qui a eu la lourde charge d�assurer Charles Pieri � et tous les militants pers�cut�s � de leur soutien unanime et sans faille. Un exercice qui ressemble fort � un passage sous les fourches caudines du FLNC Union des combattants.

Pour eux, "la libert� d'opinion est � nouveau sacrifi�e sur l'autel de la raison d'Etat et la perspective d'un r�glement politique et n�goci� de la question corse s'�loigne chaque jour davantage". Jean-Guy Talamoni, chef de file de Corsica Nazione, et Jean-Christophe Angelini, secr�taire g�n�ral du PNC (Partitu di a Nazione Corsa), ont indiqu� qu'ils apportaient leur soutien � Charles Pieri.

Les raisons de cette perquisition pourraient �tre doubles. D�abord le juge Courroye devait op�rer une perquisition apr�s la fuite m�diatique de cette enqu�te il y a peu. Ensuite, cela ressemble fort � une r�ponse de l��tat aux attentats perp�tr�s sur le continent la semaine derni�re. La mise en sc�ne rappelait d�ailleurs la p�riode durant laquelle la DNAT convoquait les journalistes qui, cam�ra au poing, filmait les perquisitions. On doute fort du r�sultat sur la population insulaire qui, au contraire, risque de prendre en piti� les personnes perquisition�es. � l�inverse que sur le continent, une telle dramaturgie plaise et d�monre les efforts du ministre de l�int�rieur en mati�re de s�curit�.

N�anmoins nous ne saurions que conseiller d�arr�ter ce type de pratiques qui se sont toujours retourn�s contre ses auteurs. En Corse du moins.

Reste � savoir quelle va �tre la r�action du FLNC. On peut pr�voir que tant que durera la garde-�-vue des personnes interpell�es il ne se passera rien. De plus le soutien de la famille nationaliste ne peut que renforcer la position de Charles Pieri. N�anmoins la venue de Nicolas Sarkozy fin octobre risque d��tre salu�e de mani�re explosive, au moins par des manifestations tr�s vives et beaucoup de d�sordres. D�autant que le FLNC 3 est bel et bien d�cid� � s�imposer dans l�ar�ne politique.

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